Ida Lupino

Ida Lupino est une actrice, scénariste, réalisatrice et productrice américano-britannique, née le ou en 1914[2],[3] à Londres, dans le quartier de Camberwell (Royaume-Uni), et morte le à Burbanks (États-Unis). Féministe et précurseure, elle traite de sujets tabous au cinéma, comme le viol.

Pour les articles homonymes, voir Lupino.

Ida Lupino
Ida Lupino dans les années 1940.
Naissance
Londres (Royaume-Uni)
Nationalité  Britannique
 Américaine[1]
Décès
Los Angeles (États-Unis)
Profession Actrice, réalisatrice
Films notables Une femme dangereuse
La Grande Évasion
La Femme aux cigarettes
La Cinquième Victime

Biographie

Fille des acteurs Stanley Lupino (1893-1942) et Connie Emerald (1892–1959)[4], Ida Lupino s'inscrit dans une longue lignée de marionnettistes, comédiens, danseurs, clowns, mimes. La famille Lupino (en) est d'origine italienne, l'installation en Grande-Bretagne remontant à Giorgio Lupino, de Bologne. Réfugié politique en 1612 à Plymouth, il fut marionnettiste. Ses spectacles montraient le personnage de la Comedia del Arte, Pulcinella, qui devint auprès de ce public britannique Punchinello puis Punch.

À dix ans, Ida Lupino connaît l'intégralité des rôles féminins du théâtre de William Shakespeare. Elle fait ses débuts d'actrice au cinéma dans de petites productions britanniques avant de partir pour Hollywood, où on la remarque en 1935 dans Peter Ibbetson d'Henry Hathaway. Elle rencontre le succès à partir de 1941, avec Une femme dangereuse et La Grande Évasion de Raoul Walsh avec Humphrey Bogart[5]. Tout au long de sa carrière, elle interprète des rôles de composition, incarnant souvent des femmes fatales ou malheureuses. Raoul Walsh, Nicholas Ray, Fritz Lang, Robert Aldrich lui offrent ses plus beaux rôles.

Au milieu des années 1940, Ida Lupino est attirée par la réalisation. Elle raconte comment elle a eu l'impression de s'ennuyer sur les plateaux de tournage alors que « quelqu'un d'autre semblait faire tout le travail intéressant ». Avec son mari, le producteur et scénariste Collier Young[6], elle monte une société de production indépendante, The Filmmakers, et devient productrice, réalisatrice et scénariste de films à petit budget, abordant souvent des questions de société[5].

En 1949, sa première réalisation lui échoit de façon inattendue, quand Elmer Clifton, qui dirigeait, pour The Filmmakers, Avant de t'aimer (Not Wanted), film dont elle avait écrit le scénario, subit une crise cardiaque mineure et doit abandonner le tournage[7]. Ida Lupino reprend le film et le termine. Dans les années qui suivent, elle réalise ses propres projets, et devient à Hollywood l'une des rares réalisatrices de l'époque, avec des films remarqués comme Faire face et Bigamie[8]. En 1950, elle intègre le syndicat des réalisateurs de cinéma, la Directors Guild of America, dont elle est la seule femme sur un millier de membres ; les assemblées générales de l'organisation commencent donc par l'adresse suivante : « Gentlemen & Miss Lupino »[5].

Dans The Village Voice, la journaliste Carrie Rickey a écrit qu'Ida Lupino est un modèle pour les réalisatrices : « Non seulement Lupino prend en main la production, la réalisation et le scénario, mais chacun de ses films aborde frontalement la sexualité, l'indépendance, la dépendance »[9].

Elle réalise des films sur des questions de société. Elle traite notamment des conditions de vie des femmes même si publiquement, elle tient ses distances avec le mouvement féministe[5]. Ses films sont centrés sur les personnages féminins[10]. Dans Outrage, réalisé en 1950, Ida Lupino raconte le viol d'Ann, le traumatisme et les troubles psychiques qu’il a produit sur la victime. Ida Lupino se démarque en traitant d'un sujet de société tabou[11].

En 1953, Ida Lupino réalise son premier film d'action, Le Voyage de la peur (The Hitch-Hiker), faisant d'elle la première femme à diriger un film noir.

Pour l'écrivain Richard Koszarski, « ses films affichent les obsessions et la cohérence d'un véritable auteur... Lupino montre des mâles dangereux et irrationnels, semblables en cela aux femmes telles qu'elles sont représentées dans la plupart des films noirs d'Hollywood dirigés par des hommes »[12].

Ida Lupino dans les années 1930.

En 1952, Ida Lupino devient la « quatrième star » de Four Star Productions en rejoignant dans la société de production Dick Powell, David Niven et Charles Boyer, après le retrait de Joel McCrea et de Rosalind Russell.

En 1954, elle écrit un autre scénario de film noir, réalisé cette fois-ci par Don Siegel, Ici brigade criminelle (Private Hell 36). Ida Lupino a souvent plaisanté en disant que si elle avait été, en tant qu'actrice, la « Bette Davis du pauvre », elle était devenue comme réalisatrice le « Don Siegel du pauvre ».

Après ses longs métrages pour le cinéma, elle réalise de nombreux épisodes de série télévisée, notamment pour Alfred Hitchcock présente (A Crime for Mothers par exemple), Ma sorcière bien-aimée, La Quatrième Dimension[5], Le Fugitif, Les Incorruptibles.

Ida Lupino meurt d'un infarctus alors qu'elle est soignée pour un cancer du côlon[13] le à Burbank[14],[15],[16]. Ses cendres ont été dispersées[17] au Forest Lawn Memorial Park en Californie, entre la tombe de sa mère et celle d'Errol Flynn[18].

Vie privée

Ida Lupino a été mariée trois fois[19] :

  • avec l'acteur Louis Hayward de à  ;
  • avec le producteur Collier Young d' à  ;
  • avec l'acteur Howard Duff d'octobre 1951 à 1983.

Elle a eu avec ce dernier une fille, Bridget, née le .

Filmographie

Années 1930

Années 1940

Années 1950

Années 1970

Ida Lupino vers 1950.

Téléfilms

Séries télévisées

Comme scénariste

Séries télévisées

Comme réalisatrice

Séries télévisées

Hommages

  • Carla Bley lui a dédié une composition, Ida Lupino.
  • Paul Bley, Turns, 1964
  • Paul Bley, Closer, 1965
  • Guillaume de Chassy, Faraway So Close, 2008
  • Camélia Films lui consacre une rétrospective pour son travail de réalisatrice le 30 septembre 2020, comprenant Not Wanted (1949), Never Fear (1949), The Hitch-hicker (1953) et The Bigamist (1953).

Notes et références

  1. Par mariage
  2. « Ida LUPINO », sur www.encinematheque.fr (consulté le )
  3. (en) « TSPDT - Ida Lupino », sur www.theyshootpictures.com (consulté le )
  4. (en) « Ida Lupino | Biography, Movies, & Facts », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  5. Thomas Sotinel, « « Ida Lupino. Gentlemen & Miss Lupino », sur OCS : l’itinéraire d’une exception hollywoodienne », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  6. « Ida Lupino - Cinémathèque française », sur cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr (consulté le )
  7. (en) « Pioneering female director was ahead of her time », sur www.dailytelegraph.com.au, (consulté le )
  8. (en) « Images - Ida Lupino - Queen of the B's », sur www.imagesjournal.com (consulté le )
  9. Carrie Rickey, Lupino Noir, Village Voice, 29 octobre 29-4 novembre 1980.
  10. « Féministe, précurseuse... Ida Lupino, une grande cinéaste enfin reconnue », sur Télérama (consulté le )
  11. Aurore Renaut, « Outrage - ♀ le genre & l'écran ♂ », sur genre-ecran.net, (consulté le )
  12. Richard Koszarski, Hollywood Directors, Oxford University Press, 1976
  13. (en) « IDA LUPINO », sur www.cinememorial.com (consulté le )
  14. (en-US) Peter B. Flint, « Ida Lupino, Film Actress and Director, Is Dead at 77 », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) « OBITUARY : Ida Lupino », sur The Independent, (consulté le )
  16. (en) Myrna Oliver, Times Staff Writer, « From the Archives: Ida Lupino; Actress, TV and Film Director », sur latimes.com (consulté le )
  17. (en) « Ida Lupino »
  18. (en) « Ida Lupino Gravesite »
  19. (en-US) « Ida Lupino », sur Biography (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Documentaire

  • (fr) Clara et Julia Kuperberg, Ida Lupino. Gentlemen & Miss Lupino, OCS, 2020.

Liens externes

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