Bronzino
Angelo di Cosimo ou Agnolo di Cosimo dit le Bronzino ou Agnolo Bronzino (17 novembre 1503, Florence – 23 novembre 1572, Florence) est un peintre maniériste italien. Il est le fils adoptif et apprenti de Pontormo, et aussi l'élève de Girolamo Genga. Il devrait son surnom à son teint sombre ou à la couleur de ses cheveux. Son disciple et fils adoptif, Alessandro Allori, est également surnommé « il Bronzino ».
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Agnolo di Cosimo |
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Biographie
Il a partiellement inspiré à Hans Christian Andersen le conte Le Sanglier de bronze où l'un de ses tableaux est mis en scène :
« Beaucoup de gens passent devant ce tableau et le négligent, et il renferme pourtant un trésor de poésie ; c'est Le Christ descendu dans le monde souterrain (...). Le florentin Angiolo Bronzino (sic) a peint ce tableau ; ce qu'il y a de plus parfait, c'est la certitude exprimée dans le visage des enfants qu'ils iront au ciel (...)[1]. »
Vers 1518 (probablement dès 1515), il est l'apprenti du Pontormo, qui l'aurait représenté (d'après Giorgio Vasari) dans son tableau Joseph en Égypte (assis sur une marche). Il l'aide dans des commandes importantes telles que les fresques de la chartreuse de Galluzzo, où il s'est réfugié pendant la peste, et les décorations de la chapelle Capponi à Santa Felicità.
Devenu peintre indépendant, les Della Rovere l'appellent à leur cour du Duché d'Urbino en 1530. Il y fait ses premiers portraits et élabore un style personnel. Au soin presque obsessionnel du dessin qui caractérise les œuvres de Pontormo, il ajoute un traitement très particulier de la couleur qu'il étale de façon claire et compacte, presque émaillée.
À Pesaro, il décore la villa impériale puis revient à Florence où Pontormo le réclame pour des portraits (comme ceux d'Ugolino Martelli, de Bartolomeo Panciatichi et de sa femme),
Il entre au service des Médicis en 1539 pour les décorations du mariage de Côme de Médicis et d'Éléonore de Tolède, pour laquelle il décorera toute une chapelle du Palazzo Vecchio et dont il fera le portrait en 1545. Ses portraits offrent l'image officielle de la cour des Médicis. Ils sont l'expression d'un pouvoir aristocratique, hors des contingences matérielles.
Ses deux œuvres clairement maniéristes sont La Déploration sur le Christ mort (1543-1545) et l’Allégorie du triomphe de Vénus (à la National Gallery de Londres) qui, selon Erwin Panofsky, représenterait plutôt la Luxure[2].
Il exécute ensuite de nombreux cartons de tapisseries.
Il réalise le portrait de la poétesse Laura Battiferri en 1560 en suivant les canons imposés par la contre réforme.
Sa dernière œuvre marquante est la fresque du Martyre de Saint Laurent dans la Basilique San Lorenzo de Florence.
Il a eu sa part dans les débats qui ont animé les artistes de l'époque sur la supériorité de la peinture ou de la sculpture. Ardent défenseur de la peinture, le Bronzino réalise un tableau à deux faces, le Nain Morgante, où il représente un homme de face et de dos, pour démontrer la capacité de la peinture à faire sentir les volumes de la chair[3].
L'activité du Bronzino en tant que poète est moins reconnue. Il a néanmoins composé quelques recueils[4].
Œuvres
A Florence
- Saint Marc évangéliste (Bronzino ou Pontormo) (1525-1528), église Santa Felicita,
- Saint Mathieu évangéliste (1525-1528), église Santa Felicita,
- Saint Luc Evangéliste (1525-1528), église Santa Felicita
- Portrait allégorique de Dante Alighieri (1532-1533), collection privée,
- Chapelle d'Eléonore de Tolède (1540-1545), fresque, Palazzo Vecchio
- Saint Michel[5]
- Portrait de Laura Battiferri (1555-1560), Palazzo Vecchio,
- La Descente du Christ aux limbes (1552), Musée de Santa Croce,
- Résurrection (1552), Basilique de la Santissima Annunziata
- La Déposition de Croix (v. 1553) huile sur bois, 243 × 174 cm, Chapelle d'Éléonore de Tolède, Palazzo Vecchio. Réplique à peu près exacte de celle de Besançon qui date de 1545
- Portrait de Luca Martini (1554-1556), Palais Pitti, Galleria Palatina,
- Portrait de Guidobaldo II della Rovere (1530-1532), Palais Pitti, Galleria Palatina,
- Noli me tangere (1532), Casa Buonarroti,
- Déposition (1565), Galleria dell'Accademia,
- Martyre de Saint Laurent (1565-1569), fresque, Basilique San Lorenzo,
- Pieta (1569), Basilique Santa Croce,
- Résurrection de la fille de l'archisynagogue par l'œuvre de Jésus-Christ (1570-1572), retable de la chapelle Gaddi dans la basilique Santa Maria Novella, sa dernière œuvre,
- Les œuvres de Bronzino aux Offices de Florence :
- Lamentation sur le Christ mort (1529)
- Portrait de Giovanni de Médicis enfant (1545)
- Annonciation
- Pietà ou Jésus mort entre la Vierge et Marie-Madeleine (1528-1530) huile sur panneau, 115 × 100 cm
- Martyre des Dix Mille (1529-1530)
- Sainte Famille avec saint Jean Baptiste (1538-1540) (v. 1535) huile sur bois, 117 × 89,5 cm
- Portrait de Bartolomeo Panchiatichi, (v. 1540) huile sur panneau, 104 × 85 cm
- Portrait de Lucrezia Panciatichi (1541-1545) huile sur bois, 104 × 85 cm
- Portrait de Bia de Médicis, fille illégitime de Cosme Ier (v. 1545) huile sur panneau, 58 × 46,5 cm
- Portrait de Cosme Ier de Médicis en armure, tempera sur bois (1543)
- Portrait d'Éléonore de Tolède et de son fils Giovanni, huile sur bois (1545)
- Portrait du nain Morgante de face (av. 1553)
- Portrait du nain Morgante de dos (av. 1553)
- Portrait de Marie de Médicis (1550) huile sur bois, 52 × 38 cm
- Portrait de François Ier de Médicis enfant (1551) huile sur bois, 52 × 38 cm
- Portrait d'un jeune homme au luth, tempera sur bois (1532-1534)
- Portrait d'une jeune femme au livre, tempera sur bois (1548-1550)
- Pygmalion et Galatée (1529-1530)
- Allégorie de la Félicité (1567-1568)
- Lamentation sur le Christ mort (1568-1569)
Ailleurs en Italie
- Madone et Enfant avec Saint Jean-Baptiste (1526-1529), Rome, Galleria Corsini
- Portrait de Lorenzo Lenzi, huile sur bois (1527-1528), castello Sforzesco, Milan (tableau probablement commandé par son ami le poète Benedetto Varchi, dont un sonnet est reproduit sur le livre ouvert).
- Saint Michel Archange (1525-1528), Turin, palais Madame
- Madone et Enfant avec Saint Jean-Baptiste (1530), Milan, collection privée
- Portrait d'Andrea Doria en Neptune (1545-1546), Milan, Pinacoteca di Brera,
- Vénus, Cupidon et un satyre (1553-1555) Rome, Galleria Colonna
- Saint Bartholomée (1556), Rome, Galleria dell'Accademia di San Luca
- Saint André (1556), Rome, Galleria dell'Accademia di San Luca
- Portrait de Stefano IV Colonna (1546), Rome, Palazzo Barberini, Galleria Nazionale di Arte Antica,
- Portrait d'une dame (1550-1555), Turin, Galleria Sabauda,
- Saint Jean-Baptiste (1560-1561), Rome, Galleria Borghese,
En Europe
- La Déploration sur le Christ mort (1543-1545), Besançon, musée des beaux-arts et d'archéologie
- Saint Pierre en extase, Gray (Haute-Saône), musée Baron-Martin
- Christ en croix (v. 1540), huile sur bois, Nice, Musée des beaux-arts de Nice
- Saint Sébastien (1532-1535), Madrid, Musée Thyssen-Bornemisza,
- Portrait de Garzia de Médicis enfant (v. 1550), Madrid, Musée du Prado,
- Portrait d'une dame avec un chien (1530-1532), Francfort, Städel Museum,
- Portrait d'une dame en vert (1530-1532), Angleterre, Château de Windsor,
- Châtiment de Marsias (1530-1532), Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage,
- Sainte Famille, Sainte Elisabeth et Saint Jean-Baptiste (1534-1540), Vienne, Kunsthistorisches Museum,
- Sainte Famille avec Sainte Anne et Saint Jean-Baptiste (1545-1550), Vienne, Kunsthistorisches Museum
- Portrait d'Ugolino Martelli (1537-1538), Berlin, Staatliche Museen,
- Adoration des bergers (1539-1540), Budapest, Szépmüvészeti Múzeum,
- Vénus, Cupidon et la Jalousie (v. 1550), Budapest, Szépmüvészeti Mùzeum
- Allégorie du triomphe de Vénus (en) ou Allégorie avec Vénus et Cupidon (1540-1545), Londres, National Gallery,
- Saint Cosmas (1543-1545), Angleterre, collection privée
- Portrait d'un jeune homme tenant une statue (1550-1555), Paris, musée du Louvre
- Sainte Famille avec Sainte Anne et Saint Jean-Baptiste (1550-1559), Paris, musée du Louvre
- Noli me tangere (1561), Musée du Louvre, Paris
- Antoine Perrenot de Granvelle, Cardinal, Besançon, musée des Beaux-Arts et d'Archéologie[6]
- Sainte Famille et Saint-Jean-Baptiste (1555-1559), Moscou, Musée Pouchkine,
Aux États-Unis
- Portrait d'un jeune homme au livre (1535-1540) huile sur panneau, 95,5 × 75 cm, Metropolitan Museum of Art, New York
- Portrait de Cosme Ier en Orphée (1537-1539), Philadelphie,Philadelphia Museum of Art,
- Portrait d'une vieille femme (v.1540), San Francisco, Fine Arts Museum,
- Saint Côme, vers 1543-1545, huile sur toile, 81 × 56,2 cm, collection Alana (acquisition 2011), Newark (Delaware)[7]
- Saint Jean Baptiste (1543-1545), Los Angeles, J. Paul Getty Museum,
- Eléonore de Tolède (v. 1560), Washington, National Gallery of Art,
- Sainte Famille avec Sainte Anne et Saint Jean-Baptiste (1526-1528), Washington, National Gallery of Art
- Portrait de Lodovico Capponi (1555), New York, Frick Collection,
- Christ portant la croix (1555-1560), New York, collection privée,
- Vierge à l'Enfant avec sainte Elisabeth et saint Jean-Baptiste, huile sur panneau, 102,7 × 83,4 cm,
- Cosme Ier de Médicis (vers 1560), huile sur bois, 82,5 × 62 cm, collection Alana (acquisition 2015), Newark (Delaware)[7]
Au Canada
- Portrait de Pierantonio Bandini (1550-1555), Ottawa, National Gallery of Canada,
En Australie
- Portrait de Cosme Ier de Médicis en armure (1544-1545), Sydney, Art Gallery of New South Wales.
Doute sur l'authenticité d'une œuvre
À la clôture le 20 janvier 2020 de l'exposition de la collection Alana au musée Jacquemart-André, les autorités françaises saisissent, sur ordonnance de la juge Aude Buresi, le Saint Côme attribué à Bronzino, une huile sur bois de 81 × 56,2 cm[8]. Le tableau pourrait être un faux mis en circulation par Giuliano Ruffini (en) [9],[10].
Entré dans la collection Alana en 2011, le tableau est authentifié et attribué à Bronzino en raison de ses nombreux pentimenti par Philippe Costamagna, conservateur du musée Fesch d'Ajaccio et spécialiste de l'école florentine. Le tableau lui a été présenté chez Giuliano Ruffini. Il semblait appartenir à des marchands d'art espagnols présents lors de la rencontre. Cependant, le nom de Giuliani Ruffini n'apparaît pas dans le catalogue de l'exposition de la collection Alana au musée Jacquemart-André : seules sont mentionnées les provenances Juan Lamella à Londres et Hauser & Wirth à Zurich en 2009 avant l'acquisition par la collection Alana en 2011. La galerie zurichoise indique n'avoir en sa possession aucun document relatif à une vente de cet ordre[8],[10].
Philippe Costamagna, qui a identifié le Saint Côme comme l'une des parties d'un ensemble dont La Déposition conservée au musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon est la pièce maîtresse, considère que le tableau n'est pas un faux[11],[10].
Notes et références
- Andersen, Compilation complète des contes en quatre volumes (vol. 1), Mercure de France,, , 198 p.
- Erwin Panofsky (trad. Claude Herbette et Bernard Teyssèdre), chap. 3 « Le Vieillard Temps », dans Essais d'iconologie, Gallimard,
- « exposition-bronzino-peintre-et-poete-a-la-cour-des-medicis-palazzo-strozzi-florence.php, Rétrospective le Bronzino à Florence », sur lintermede.com
- « Bronzino poeta », sur docs.google.com
- Nancy Grubb, Figures d’anges : Messagers célestes à travers les arts, Editions Abbeville, , 320 p. (ISBN 2-87946-082-4), p. 242
- Correspondance de la Gazette des Beaux-Arts de septembre 1860, p.57.
- Carlo Falciani et Pierre Curie (dir.), La Collection Alana : Chefs-d'œuvre de la peinture italienne, Bruxelles, Fonds Mercator, , 216 p. (ISBN 978-94-6230-1542)Ouvrage publié à l'occasion de l'exposition au musée Jacquemart-André du 13 septembre 2019 au 20 janvier 2020, notice de Carlo Falciani p. 166 et 168.
- (en) Vincent Noce, « Alleged Bronzino seized from the Alana Collection in connection with ongoing Old Master scandal », The Art Newspaper (en), (lire en ligne)
- Agathe Hakoun, « Faux tableaux : le présumé faussaire de l’affaire Ruffini arrêté », Connaissance des arts,
- (en) Tessa Solomon, « Alleged Bronzino Seized in France in Connection to Old Masters Forgery Ring », Art News, (lire en ligne)
- Didier Rykner, « Un Bronzino de la collection Alana saisi par les douanes », La Tribune de l'art,
Annexes
Article connexe
- Giorgio Vasari le cite et en donne une biographie dans Le Vite
Bibliographie
- (en) Catalogue de l'exposition au Palazzo Strozzi, Bronzino, Artist and Poet at the court of the Medici, Florence, Mandragora, , 359 p.
- Maurice Brock, Bronzino, Paris, Éditions du Regard, , 344 p. (ISBN 9782841051403)
- Stefano Zuffi, Le Portrait, Gallimard, (ISBN 2-07-011700-6), p.93
- Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Editions Place des Victoires, , 685 p. (ISBN 2-84459-006-3), p. 219-227
Liens externes
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