Île de Mainau
Mainau () est une petite île allemande de 45 hectares, dans le Land de Bade-Wurtemberg, située dans la partie nord-ouest du lac de Constance, l'Überlinger See. Ses côtes méridionales sont accessibles grâce à un pont et par bateau. L'île, qui fait partie du quartier Litzelstetten-Mainau de la ville de Constance, également appelée l'« île aux Fleurs », est un lieu touristique.
île de Mainau Insel Mainau | ||||
Géographie | ||||
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Pays | Allemagne | |||
Localisation | Lac de Constance | |||
Coordonnées | 47° 42′ 18″ N, 9° 11′ 43″ E | |||
Superficie | 0,447 584 km2 | |||
Point culminant | Colline du château (425,0 m) | |||
Géologie | Île lacustre | |||
Administration | ||||
Land | Bade-Wurtemberg | |||
Démographie | ||||
Population | 185 hab. (2008) | |||
Densité | 413,33 hab./km2 | |||
Plus grande ville | Mainau | |||
Autres informations | ||||
Site officiel | www.mainau.de | |||
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Géolocalisation sur la carte : Europe
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
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Île en Allemagne | ||||
Elle est la propriété des descendants de Lennart Bernadotte, un membre de la branche cadette des Bernadotte, la famille royale de Suède, puisque Lennart était le cousin germain de Gustave Adolphe de Suède, duc de Västerbotten, le père du roi Charles XVI Gustave.
Situation géographique
L'île de Mainau est la troisième île du lac de Constance par la taille. L'île se situe à une hauteur entre 395 et 425 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ses dimensions sont pour sa longueur 1100 mètres et en sa plus large partie 610 mètres. Sa population est très faible : en 2008, on estime son nombre à 185 habitants.
Aménagement de l'île
Le parc et les jardins du château
Le doux climat du lac de Constance est très propice au développement de palmiers et d'autres plantes méditerranéennes qui composent le parc du château et les jardins de l'île. En raison de cette richesse en plantes tropicales, l'île de Mainau est également appelée « l'île aux fleurs du lac de Constance » (die Blumeninsel im Bodensee). Le comte Lennart Bernadotte, disparu en 2004, aimait l'appeler « le bateau de fleurs » (Blumenschiff).
Une des pièces maîtresses de l'île aux fleurs est l'arboretum, créé à partir de 1856. Il abrite plus de 500 espèces d'arbres dont en partie des arbres rares et précieux, telles certaines espèces de conifères. La fierté de l'arboretum est entre autres un des plus anciens Metasequoia glyptostroboides d'Allemagne qui, importé de Chine, a été planté sur les rives du jardin en 1952 alors qu'il ne mesurait que 70 centimètres. Il a plusieurs exemplaires du séquoia géant (Sequoiadendron giganteum). Les graines de ces arbres ont été importées de Californie en 1853 et plantées en 1864. À côté des séquoias se trouvent également des cèdres, des metasequoia et des arbres à tulipe. L’arboretum s’étend sur la plaine haute au nord-ouest du château.
Au printemps, fin mars-début avril, commence l’année de floraison sur l’île de Mainau, à commencer par la serre tropicale (Palmenhaus) avec une grande exposition d’orchidées. De fin mars à la mi-mai fleurit ensuite un feu d’artifice de couleurs avec des tulipes, des narcisses et des jacinthes. Dans la partie Est de l’île se trouve l’« allée du printemps » (Frühlingsallee) composée de milliers de tulipes, narcisses et jacinthes. Pensées, myosotis et primevères font également partie de la palette de couleurs.
Dans la période transitoire de mai à juin, fleurissent plus de 200 rhododendrons et autres variétés d’azalées. Le jardin aux roses, dessiné dans le style italien, est une conception strictement géométrique comprenant des pergolas, des sculptures et des fontaines. En été, le jardin aux roses est baigné dans le parfum de ses plus de 500 variétés de roses ; 30 000 rosiers de 1200 variétés différentes recouvrent l’île. L’allée du printemps mène à la terrasse méditerranéenne ornée de plantes exotiques en pot telles que des palmiers, des cactus, des bougainvilliers et des agaves. De cette terrasse, la vue sur le paysage du lac de Constance et des Alpes est imprenable. En juillet fleurissent les brugmansias et les hibiscus, en août s’ajoutent les passiflores.
Au Sud de l’île se trouve le jardin du Sud (Südgarten) où les champs de dahlias composés d’environ 20 000 buissons de dahlias de 250 variétés différentes fleurissent de septembre à octobre. Dans son prolongement vers l’est se situe le jardin du bord de lac qui comporte une collection de différentes variétés de fuchsias. L’attraction de ce jardin est le modèle réduit en relief du lac de Constance exclusivement dessiné avec des fleurs et qui change de couleur au fil des saisons par le changement des floraisons(jaune, vert, rouge, gris, bleu, marron et noir).
Dans la serre aux papillons (Schmetterlingshaus) d’une superficie de 1 000 m2 ouverte toute l’année, les visiteurs peuvent se promener dans une atmosphère très tropicale. En effet, à une température constante de 26 °C et avec un taux d’humidité de l’air entre 80 % et 90 %, des plantes tropicales et des cascades garantissent la sensation d'une promenade en terres inconnues. Selon la saison, entre 700 et 1000 papillons de près de 80 espèces différentes volent librement entre les visiteurs. Près d’un tiers des papillons présents dans la serre se reproduisent naturellement. L’estimation du nombre de papillons reste de ce fait difficilement contrôlable ; c’est pour cela que la serre se voit livrer chaque semaine 400 cocons d’éleveurs du Costa Rica, d’Angleterre et des Pays-Bas. Le budget en cocons s’élève annuellement à 20 000 euros. Aux alentours de la serre aux papillons a été aménagée une zone attirant les espèces de papillons locales, dont fait partie le jardin aromatique avec près de 150 plantes odorantes.
En dehors des jardins, le parc abrite également un enclos réservé aux paons, une ferme avec des chèvres et des poneys et des restaurants. Un espace spécialement conçu pour les plus jeunes visiteurs est le jardin aquatique (Wasserwelt) qui s’étend sur 1 100 m2. Une aire de jeu avec un bassin d’une profondeur de 60 cm aménagé dans l’esprit d’un petit lac. Au centre du bassin de 170 000 litres se trouve une petite île. Les enfants peuvent ainsi s’amuser à faire des traversées en radeau et à jouer aux aventuriers. Tout autour du petit lac et sur l’île sont construites des cabanes reliées entre elles par des passerelles, des jeux d’escalade et des jeux d’eau.
Ses ouvrages d'art
Le château
Le château a été construit d’après les plans et sous les commandes de Johann Caspar Bagnato (Giovanni Gaspare Bagnato) dès 1739 et terminé en 1746. Le château baroque composé de trois ailes est construit autour d’une cour d’honneur et il est bordé par des jardins en terrasse. La façade centrale du château est ornée du blason monumental de l’ordre allemand des chevaliers teutoniques.
À l’exception de l’aile Nord, qui est l’aile privée réservée à l'usage de la famille Bernadotte, le château est ouvert aux visites.
La pièce maîtresse de l’aile privée du château est l’ancienne salle d’audience tout en blanc et or également appelée « salle blanche » (Weisser Saal). Ses portes sont ouvertes au public uniquement lors de concerts et d’évènements extraordinaires.
L’aile centrale abrite des expositions temporaires et dans l’aile Sud est installé un café avec terrasse donnant sur la maison des palmiers.
L’église du château
L’église Sainte-Marie située à côté du château sur la côte Sud-est de l’île, bâtie de 1732 à 1739, est la première des églises construite par Bagnato. L’église du château est une salle d’église rectangulaire de 20 mètres le long et 9.5 mètres de large avec un chœur en arc de cercle. L’église comporte un majestueux orgue et des sculptures de Joseph Anton Feuchtmayer (1696-1770). Franz Joseph Spiegler (1691-1757) ajouta en 1737/1738 les fresques et les peintures des voutes. Johann Baptist Babel (1716-1799) ajouta une madone noire aux sculptures. Les deux autels sont ornés de nombreuses sculptures d’anges. L’autel de gauche est couronné par la statue du martyr Sébastien. L’autel principal est mis en valeur par un tableau où figure la Vierge Marie et l’enfant, la sainte famille et l’anabaptiste. Dans la crypte se trouve la tombe de Bagnato. Le grand-duc Dmitry Pavlovitch Romanov (meurtrier de Raspoutine) y est enterré. Cette église est considérée comme le point de départ de l’art baroque en souabe. Elle est fréquemment utilisée pour les mariages.
Histoire
Préhistoire et histoire ancienne
Sur les côtes du Sud de l’île ont été retrouvées en 1862 des traces préhistoriques. On y retrouva des fragments de poterie, des éclats de silex, des cales et une hache. Cependant, ces trouvailles furent dérobées par le gérant du domaine Walter en 1864.
Un village palafitte de 6 maisons a été retrouvé en 1930 et daté vers 3000 av. J.-C. dans l’ère Néolithique, sur toute la plage du Nord et du Sud-ouest.
Aux environs de l’an 400 av. J.-C., l’île de Mainau était vraisemblablement terre d’accueil de tribus celtes. Des preuves concrètes n’ont cependant pas encore été mise au jour.
L’Antiquité
Dans les années 15 à 13 av. J.-C., sous les ordres de l’empereur Romain Auguste, Tibère et Drusus œuvrèrent pour soumettre le peuple Rhète, établit en Rhétie, soit une partie des territoires entourant le lac de Constance actuellement et de ce fait également l’île de Mainau. D’après les écrits de Strabon, Tibère a utilisé une île du lac de Constance comme base navale lors de sa bataille navale contre les Vendéliques en 15 av. J.-C.[1]. Les quatre plus grandes îles du lac de Constance entrèrent en considération : Lindau, Mainau, Wasserburg et Reichenau. Après l’élimination de Lindau et Wasserburg grâce à certaines données historiques, Mainau et Reichenau restèrent longtemps deux possibilités. Cependant, des découvertes d’objets soutiennent aujourd’hui la thèse que la base navale se trouvait sur l’île de Mainau.
Au Moyen Âge et au début des temps modernes
Au IVe siècle, les Alamans ont relayé les Romains sur les territoires entourant le lac de Constance. On ne retrouva cependant pas de traces de villages sur Mainau. Aux Ve et VIe siècles, l’île de Mainau devient, en raison de sa situation stratégique, un bien du duché alaman puis, un bien du royaume franc. Ainsi, l’île de Mainau devient un siège de chevaliers.
En 724, l’île de Mainau fut offerte, avec d’autres terres, au très puissant monastère de Reichenau. Des écrits témoignant des constructions sur l’île n’ont cependant pas été retrouvés. Le monastère de Reichenau a possédé l'île du IXe au XIIIe siècles. Elle est passée ensuite aux mains des chevaliers de l'Ordre Teutonique.
Aux XVIIIe et XIXe siècles
En 1732, sous la direction de l’architecte de l'Ordre Johann Caspar Bagnato, a débuté la construction de l'église Sainte Marie et du château, tous deux de style baroque. Les fresques de l'église ont été ébauchées par Franz Joseph Spiegler en 1737/1738. En 1806, à la suite de la sécularisation imposée par Napoléon Ier, l'Ordre perdit Mainau ; différents propriétaires privés se succédèrent jusqu'à ce que l'île soit acquise en 1853 par le grand-duc régent de Bade Frédéric Ier, qui en fit sa résidence d’été.
Le grand-duc transforma l'île grâce à ses jardiniers Chr. Schlichter et surtout Ludwig Eberling, qui fut au service de Frédéric Ier de 1856 à 1898. Les visions et les idées du grand-duc alliées au savoir-faire de ses jardiniers donnèrent à l'île son aspect actuel. Bien que Mainau ait été laissée à l'abandon après la mort de Frédéric Ier en 1907, c'est pourtant au cours de sa régence que fut posée la première pierre de l'île aux fleurs.
Au XXe siècle
Après la Première Guerre mondiale, comme tous les souverains allemands, grand-duc Frédéric II abdiqua, mais garda néanmoins Mainau comme propriété privée.
À sa mort, l'île devint en 1928 la propriété de sa sœur, Victoria, épouse du roi Gustave V de Suède et est laissée quasi à l'abandon. À son décès, en 1930, le prince Guillaume de Suède, fils cadet de Gustave V et de Victoria, en hérite. C'est son fils unique, Lennart Bernadotte, qui y avait passé des semaines d'été lorsqu'il était enfant, qui se posa le défi de faire renaître un petit paradis végétal sur l'île. Puis en 1932, il s'y retira entièrement et la rendit accessible au public.
Pendant le troisième Reich, l'île connut un grand succès auprès des organisations de loisirs nationales socialistes comme celle du « Kraft durch Freude ». En 1935, l’île accueillit 50 000 visiteurs.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, durant l’été 1943, Lennart Bernadotte loua l’île au ministère de l’armement d’Albert Speer qui avait le projet d’aménager l’île en maison de repos pour officiers. Le château fut ainsi entièrement restauré et meublé, mais en raison de l’avancée des alliés, l’île ne fut jamais utilisée à cet effet. À l’automne 1944, l’île fut mise à disposition des collaborateurs français sous Jacques Doriot. Jusqu’à la fin de la guerre, il fut chargé d'organiser, depuis l'île de Mainau, une résistance contre le communisme et gaullisme qui régnaient en France. En 1945, Doriot y mis même sur pied un Comité de libération de la France afin de libérer la France des gaullistes et des communistes, ce fut le dernier avatar du PPF[2].
Après la guerre, le général Jean de Lattre de Tassigny fit de l’île un lieu de quarantaine avec un hôpital pour les 8 000 Français survivants du camp de concentration de Dachau atteints par le typhus. L’île de Mainau servit aux malades les plus atteints, l’île de Reichenau aux plus légers. 33 Français furent de ce fait enterrés sur l’île. Mais dans le souci d’effacer ce chapitre sombre de l’île, le comte Bernadotte les fit exhumer pour les faire reposer sur le cimetière militaire de Constance.
De nos jours
De nos jours, l'île de Mainau est gérée par la société privée « Insel Mainau GmbH », créée par Lennart Bernadotte. En 2005, Mainau a été visitée par 1,2 million de touristes. L'artiste Stefan Szczesny a l'intention de transformer l'île en un ensemble d'œuvres d'art en 2007.
Notes et références
- Le circuit de ce lac est de plus de 500 stades, et sa traversée en ligne droite de près de 200. Il s'y trouve en outre une île dont Tibère fit sa base d'opérations dans le combat naval qu'il livra aux Vindéliciens. (« Géographie de Strabon, Livre VII - Le reste de l'Europe, Chapitre I - La Germanie »)
- Ce 22 février comme les jours précédents, le soleil resplendissait sur Mainau et sur le lac, annonçant un printemps précoce. Doriot devait être optimiste. Après les dures privations des débuts de l'exil, qui lui avaient fait perdre des kilos 10, la vie à Mainau s'était radoucie. Alcools, vins fins, denrées rares, rien ne manquait plus; des camions arrivaient régulièrement d'Italie, chargés d'un ravitaillement de choix; l'argent même était réapparu. Les activités politiques laissaient le temps de converser et l'on s'occupait à des jeux divers; dans les grandes salles du château, les dîners aux chandelles servis par « de rondes Ukrainiennes» s'achevaient parfois en bal costumé.Brunet Jean-Paul, Jacques Doriot. Du communisme au fascisme, Paris, Balland, 1986
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- (de)(en)(fr) Site officiel
- (de) Mainau: galerie d'images
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