Delta Crucis

Delta Crucis (δ Cru), en français Delta de la Croix du Sud, officiellement nommée Imai, est une étoile de la constellation de la Croix du Sud. C'est la plus faible des quatre étoiles les plus brillantes de l'astérisme de la Croix du Sud, avec sa magnitude apparente de 2,79[2].

Pour les articles homonymes, voir Imai.

δ Crucis
Imai
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 12h 15m 08,717s[1]
Déclinaison −58° 44 56,14[1]
Constellation Croix du Sud
Magnitude apparente 2,79[2]

Localisation dans la constellation : Croix du Sud

Caractéristiques
Type spectral B2IV[3]
Indice U-B −0,921[4]
Indice B-V −0,235[4]
Variabilité β Cep[5]
Astrométrie
Vitesse radiale +22,2 km/s[2]
Mouvement propre μα = −35,81 mas/a[1]
μδ = −10,36 mas/a[1]
Parallaxe 9,45 ± 0,15 mas[1]
Distance 345 ± 5 al
(106 ± 2 pc)
Magnitude absolue −3,2[6]
Caractéristiques physiques
Masse 8,9 ± 0,1 M[7]
Rayon 8,0 R[8]
Gravité de surface (log g) 3,88[6]
Luminosité 10 000 L[6]
Température 22 570 ± 1 840 K[9]
Rotation 210 km/s[10]
Âge 18,1 ± 3,2 × 106 a[7]

Autres désignations

Imai, δ Cru, HR 4656, HD 106490, CD-58 4466, CPD-58 4189, FK5 455, HIP 59747, SAO 239791, NSV 5510[11]

Delta Crucis est une jeune étoile bleutée, massive, chaude et qui tourne rapidement sur elle-même. Elle est située à environ 345 a.l. (106 pc) de la Terre.

Noms

δ Crucis, latinisé en Delta Crucis, est la désignation de Bayer de l'étoile. Elle est parfois appelée Pálida, « [la] Pâle », en portugais[12].

Les Mursis, peuple de l'actuelle Éthiopie, ont donné à l'étoile le nom d'Imai. Elle possède pour eux une « certaine importance » car lorsqu'elle « cesse d'apparaître dans le ciel crépusculaire du soir (vers la fin du mois d'août), il est dit que la [rivière] Omo deviendra assez haute pour aplanir l'herbe imai qui pousse sur ses berges, avant de s'effacer ». Les Mursis utilisent en effet un groupe d'étoiles australes pour marquer leur calendrier et suivre les crues saisonnières de la rivière Omo[13]. Le , le Groupe de travail de l'Union astronomique internationale sur les noms d'étoiles a choisi et approuvé le nom d'Imai pour désigner δ Crucis et elle figure désormais dans la liste des noms d'étoiles officiellement reconnus par l'UAI[14].

Propriétés

La constellation de la Croix du Sud.

Dans la nouvelle réduction des données du satellite Hipparcos, δ Crucis présente une parallaxe annuelle de 9,45 ± 0,15 mas[1], ce qui signifie qu'elle est distante de 345±5 a.l. (106 pc) de la Terre, et elle s'en éloigne avec une vitesse radiale de +22 km/s[2]. Elle est membre du groupe Bas-Centaure Croix du Sud (LCC) de l'association Scorpion-Centaure, qui est l'association d'étoiles massives de types O et B la plus proche du Système solaire ; l'âge du groupe LCC est estimé entre 16 et 20 millions d'années[15].

δ Crucis est une étoile bleutée de type spectral B2IV[3], environ 9 fois plus massive que le Soleil[7]. Sa classe de luminosité IV (lire « quatre ») suggère qu'il s'agit d'une étoile sous-géante qui a commencé à évoluer hors de la séquence principale et qui à terme deviendra une géante rouge. Cependant, sa température effective et sa luminosité suggèrent plutôt qu'elle est en fait une naine qui en est à peu près à la moitié de sa vie[16]. Elle est 10 000 fois plus lumineuse que le Soleil et sa température effective est de 22 570 K[6]. Elle tourne très rapidement sur elle-même avec une vitesse de rotation projetée de 210 km/s[10].

δ Crucis est fortement suspectée d'être une étoile variable de type β Cephei, avec période d'environ 3,6 heures[17],[5]. Sa classification en tant que variable de type β Cephei a toutefois été remise en question dans une étude de 2005 portant sur les variables de ce type[18].

Dans la culture

Les peuples Arrernte et Loritja (en), habitant autour de Hermannsburg en Australie-Centrale, désignaient sous le nom de Iritjinga, soit « l'aigle-faucon », un quadrilatère d'étoiles formé de, outre δ Crucis, γ Crucis (Gacrux), γ Centauri (Muhilfain) et δ Centauri (Ma Wei)[19].

δ Crucis est représentée sur les drapeaux de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, des Samoa et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, en tant que l'une des cinq étoiles constituant la Croix du Sud. L'étoile figure également sur le drapeau du Brésil avec vingt-six autres étoiles, chacune symbolisant un État différent. δ Crucis représente l'État du Minas Gerais[20].

Références

  1. (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2, , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. (en) R. Wielen et al., « Sixth Catalogue of Fundamental Stars (FK6). Part I. Basic fundamental stars with direct solutions », Veroeffentlichungen des Astronomischen Rechen-Instituts Heidelberg, Astronomisches Rechen-Institut Heidelberg, vol. 35, no 35, , p. 1 (Bibcode 1999VeARI..35....1W)
  3. (en) Nancy Houk et A. P. Cowley, Catalogue of two-dimensional spectral types for the HD stars: Declinations -90 to -53, vol. 1, Ann Arbor, Département d'astronomie de l'Université du Michigan, (Bibcode 1975mcts.book.....H)
  4. (en) Adelina Gutierrez-Moreno et Hugo Moreno, « A photometric investigation of the Scorpio-Centaurus association », The Astrophysical Journal Supplement, vol. 15, , p. 459 (DOI 10.1086/190168, Bibcode 1968ApJS...15..459G)
  5. (en) J. H. Telting et al., « A high-resolution spectroscopy survey of β Cephei pulsations in bright stars », Astronomy & Astrophysics, vol. 452, no 3, , p. 945–953 (DOI 10.1051/0004-6361:20054730, Bibcode 2006A&A...452..945T)
  6. (en) E. J. de Geus, P. T. de Zeeuw et J. Lub, « Physical parameters of stars in the Scorpio-Centaurus OB association », Astronomy & Astrophysics, vol. 216, nos 1–2, , p. 44–61 (Bibcode 1989A&A...216...44D)
  7. (en) N. Tetzlaff, R. Neuhäuser et M. M. Hohle, « A catalogue of young runaway Hipparcos stars within 3 kpc from the Sun », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 410, no 1, , p. 190–200 (DOI 10.1111/j.1365-2966.2010.17434.x, Bibcode 2011MNRAS.410..190T, arXiv 1007.4883)
  8. (en) A. B. Underhill et al., « Effective temperatures, angular diameters, distances and linear radii for 160 O and B stars », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 189, no 3, , p. 601–605 (DOI 10.1093/mnras/189.3.601, Bibcode 1979MNRAS.189..601U)
  9. (en) N. A. Sokolov, « The determination of T_eff_ of B, A and F main sequence stars from the continuum between 3200 A and 3600 A », Astronomy & Astrophysics Supplement, vol. 110, , p. 553 (Bibcode 1995A&AS..110..553S)
  10. (en) P. L. Bernacca et M. Perinotto, « A catalogue of stellar rotational velocities », Contributi Osservatorio Astronomico di Padova in Asiago, vol. 239, no 1, , p. 1 (Bibcode 1970CoAsi.239....1B)
  11. (en) * del Cru -- Pulsating variable Star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  12. (pt) R. da Silva Oliveira, « Crux Australis: o Cruzeiro do Sul » [archive du ], sur Artigos: Planetario Movel Inflavel AsterDomus
  13. (en) « IAU Working Group on Star Names (WGSN) », sur IAU.org, Union astronomique internationale (consulté le )
  14. (en) « IAU Catalog of Star Names », Union astronomique internationale (consulté le )
  15. (en) E. Jilinski et al., « Radial velocity measurements of B stars in the Scorpius-Centaurus association », Astronomy & Astrophysics, vol. 448, no 3, , p. 1001–1006 (DOI 10.1051/0004-6361:20041614, Bibcode 2006A&A...448.1001J, arXiv astro-ph/0601643)
  16. (en) James B. Kaler, « Delta Crucis », sur Stars
  17. (en) N. N Samus', E. V. Kazarovets et al., « General Catalogue of Variable Stars: Version GCVS 5.1 », Astronomy Reports, vol. 61, no 1, , p. 80-88 (DOI 10.1134/S1063772917010085, Bibcode 2017ARep...61...80S, lire en ligne)
  18. (en) Anamarija Stankov et Gerald Handler, « Catalog of Galactic β Cephei Stars », The Astrophysical Journal Supplement Series, vol. 158, no 2, , p. 193–216 (DOI 10.1086/429408, Bibcode 2005ApJS..158..193S, arXiv astro-ph/0506495)
  19. (en) Raymond Haynes, Roslynn D. Haynes, David Malin et Richard McGee, Explorers of the Southern Sky: A History of Australian Astronomy, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-36575-8, lire en ligne), p. 8
  20. (en) « Astronomy of the Brazilian Flag », sur FOTW Flags Of The World website

Liens externes

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