Institution culturelle
L'appellation institution culturelle, dans son acception générale, renvoie le plus souvent à la culture cultivée. La notion comporte également une dimension historique, non seulement parce que chaque institution culturelle a sa propre histoire, mais aussi parce que la plupart d'entre elles sont liées à une histoire nationale, régionale ou locale.
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Le processus d'institutionnalisation
Le rapport entre une activité et une ou plusieurs autorités publiques est ce qui a généralement formé le cœur du phénomène d'institutionnalisation compris comme une légitimation et une pérennisation de l'organisation qui assure cette activité considérée d'intérêt général. Dans tous les domaines des arts et de la culture y compris les enseignements artistiques, on relève l'existence de telles institutions, remontant pour certaines à plusieurs siècles.
Dans l'art lyrique par exemple, l'actuel opéra d'État Staatsoper Unter den Linden de Berlin[1] est en filiation directe avec l'Opéra royal de la cour de Prusse (Königliche Hofoper) fondé au XVIIe siècle et qui obtint alors de Frédéric II l'édification d'un grand théâtre en 1742.
Le lieu (ou l'équipement culturel) est ainsi souvent indissociable et même, le plus souvent, l'expression matérielle de l'institution[2]. Le bâti a souvent subi des transformations au fil du temps[3]. Des incendies[4], des bombardements[5], des nécessités d'aménagement ou d'agrandissements, que ce soit pour l'utilisation de machinerie ou de technologies plus modernes ou encore de pouvoir disposer de locaux de réception et de développement de services annexes (boutiques, restaurants, etc.), tout cela a occasionné au fil des siècles des reconstructions, des modifications, des adjonctions de bâtiments supplémentaires.
Il convient de considérer (peut-être par extension) que des organisations culturelles privées (commerciales ou à but non lucratif) doivent également être considérées comme des institutions culturelles ou du moins, elles en présentent les principales caractéristiques citées plus haut : stabilité, pérennité et reconnaissance de son rôle dans un contexte culturel, qui ne laissent pas indifférents des autorités publiques, des entreprises mécènes ou des philanthropes. Indéniablement, le Metropolitan Museum of Art de New York, même si les soutiens publics directs sous forme de subventions y sont tout à fait marginaux, présente les principales caractéristiques d'une institution culturelle telle que nous la caractérisons. De même n'est-ce pas un abus de langage de dire par exemple que L'Olympia à Paris ou la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence, ou encore l'abbaye de Fontfroide à Narbonne, sont de véritables institutions du fait de la reconnaissance dont chacune dispose dans son activité et dans la vie culturelle considérée soit internationalement, soit nationalement, soit régionalement ou localement.
Le développement des institutions culturelles
Une partie des institutions culturelles sont nées dans une dynamique descendante (l'initiative vient d'en haut) comme le musée du quai Branly à Paris, par le Président de la République Jacques Chirac voulu lors de son premier septennat.
Une autre partie des institutions culturelles sont également nées d'« initiatives du bas » qui ont ensuite été poussées par des acteurs influents, par exemple dans la société locale ; ces acteurs sont le plus souvent des édiles locaux en Europe. En France, la reconnaissance par une ou plusieurs autorités publiques (qui deviennent alors partenaires dans un financement croisé) est un dispositif incontournable à la formation d'une institution culturelle. Cette dernière en tire sa visibilité, sa stabilité et sa reconnaissance.
Il existe deux évolutions importantes au cours de la dernière décennie qui méritent d'être soulignées :
- d'une part, le développement du mécénat d'entreprise et en particulier celui des grandes entreprises qui trouvent dans les institutions culturelles la stabilité, le niveau de qualité des offres culturelles et le prestige nécessaires pour servir leur stratégies de communication[6] ;
- d'autre part, la création d'un type de structure juridique spécifique, l'établissement public de coopération culturelle (EPCC), qui depuis 2002 concernent de plus en plus d'institutions culturelles locales ou régionales dans le spectacle (comme Metz En Scènes), dans les monuments et sites historiques (le Pont du Gard), et l'enseignement artistique (comme l'École supérieure d'art de Clermont Métropole - ESACM). Grâce à ce type de structure juridique, une institution culturelle assure sa stabilité par une coopération entre plusieurs collectivités publiques, sa gestion pouvant être à caractère administratif ou à caractère industriel et commercial.
Notes et références
- Direction musicale Daniel Barenboïm.
- dont la production est essentiellement immatérielle (ou intangible) voire éphémère comme dans le cas d'un spectacle.
- Mario d'Angelo, Les temples de la musique classique en Europe, Revue-Espaces, octobre 2008.
- Par exemple, l'opéra Le Liceu de Barcelone.
- Par exemple La Scala de Milan.
- Virginie Seghers, « Ce qui motive les entreprises pour le mécénat », Autrement, 2007.
Voir aussi
Bibliographie
- Mario d'Angelo, Perspectives de gestion des institutions musicales, Série Activités et institutions, no 4, OMF, Université Paris-Sorbonne, 2006 (ISBN 2-84591-130-0)
- Jean-Marc Lauret, Culture/Université. Le partenariat entre institutions culturelles et universités, Les Presses du réel, Dijon, 1997
- Raymonde Moulin, L'artiste, l'institution et le marché, Flammarion, 1992
- Philippe Poirrier, Les Collectivités locales et la Culture. Les formes de l'institutionnalisation (XIXe–XXe siècles), avec Vincent Dubois, La Documentation française, Paris, 2002
- Maryvonne de Saint-Pulgent, Le syndrome de l'Opéra, Paris, Robert Laffont, 1991
- Jean-Pierre Saez et alii, Institutions et vie culturelle, coll. Notices, La Documentation Française, 2004