Irina Alexandrovna de Russie
Irina Alexandrovna de Russie (en russe : Княжна Ирина Александровна Романова), princesse de Russie, est née le à Peterhof et morte le à Paris.
Irina Alexandrovna de Russie | ||
La princesse Irina Alexandrovna de Russie en 1913 | ||
Titre | Princesse impériale de Russie | |
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Autres titres | Princesse Ioussoupova, comtesse Soumarokova-Elston. | |
Biographie | ||
Dynastie | Maison Romanov | |
Naissance | Peterhof |
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Décès | Paris |
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Père | Alexandre Mikhaïlovitch de Russie | |
Mère | Xenia Alexandrovna de Russie | |
Conjoint | Félix Ioussoupov | |
Enfants | Irina Ioussoupova | |
Biographie
La princesse Irina Alexandrovna de Russie fut considérée à juste titre comme l'une des plus belles princesses d'Europe[réf. nécessaire].
Unique fille du grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch dit « Sandro » et de la grande-duchesse de Russie Xenia Alexandrovna. Par sa mère, elle est donc la nièce du Tsar Nicolas II de Russie et par son père, l'arrière-petite-fille du Tsar Nicolas Ier de Russie.
Enfance
En raison de désaccords politiques avec le tsar Nicolas II[1], à partir de 1906, ses parents firent de nombreux séjours dans le sud de la France. Son père, le grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch de Russie entretint une liaison amoureuse avec une femme dans le sud de la France, celui-ci proposa à maintes reprises le divorce à son épouse, la grande-duchesse Xenia Alexandrovna de Russie lui opposa toujours un refus[2]. La grande-duchesse eut également des relations extra-conjugales. Les parents tentèrent de cacher leur union malheureuse à leurs sept enfants. La princesse Irina Alexandrovna de Russie fut une jeune fille timide aux yeux d'un bleu profond, des cheveux de couleur sombre. Elle eut une enfance heureuse[3]. Elle fut souvent appelée « Irène », traduction d'« Irina » en français, et sa mère la surnomma parfois « Baby Rina ». Les Romanov, fortement influencés par le français et l'anglais, parlèrent plus aisément le français que le russe.
Fiançailles
Le futur époux de la princesse Irina Alexandrovna de Russie, le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov, comte Soumarokov-Elston fut un homme issu d’un famille de la noblesse russe. En 1908, après le décès de son frère aîné, le prince Nikolaï Feliksovitch Ioussoupov (1882-tué en duel en 1907), il devint l'unique héritier de la famille Ioussoupov, il fut l’une des personnalités les plus riches de Russie mais également des plus complexes. Il aimait à se vêtir de vêtements de femmes, ses relations bisexuelles scandalisèrent la société russe de cette époque[4]. Il fut un prince sincèrement croyant, toujours prêt à venir en aide à son prochain même dans les périodes les plus difficiles de sa vie. À l’exemple de la grande-duchesse Elizaveta Fiodorovona, le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov conçut l’idée d’offrir ses richesses aux pauvres, ce geste fut désapprouvé par l’impératrice Alexandra Fiodorovna. Sa mère dissuada le prince, elle lui conseilla de fonder une famille afin de perpétuer la lignée des Ioussoupov[5]. Le futur assassin du « starets » Raspoutine ne supportait pas les effusions de sang ni la violence de la guerre[6]. Le prince Félix Feliksovitch de Russie fut une grande figure de la dernière année de la Russie impériale, comme beaucoup, il sentit approcher l’apocalypse.[réf. nécessaire]
Le penchant pour l’homosexualité de Félix Feliksovitch Ioussoupov fit douter sur ses capacités à contracter un mariage. « Un jour, montant à cheval, il rencontra une très belle jeune fille accompagnée d'une dame âgée. Nos yeux se sont rencontrés, elle a fait une telle impression sur moi que je freine mon cheval pour admirer sa démarche » écrit-il dans ses Mémoires. Un jour, de l’année 1910, il fut invité par le grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch de Russie et la grande-duchesse Xenia Alexandrovna de Russie, il fut heureux de voir la jeune fille vue sur la piste des cavaliers, la princesse Irina, l’unique fille du grand-duc : « cette fois, j’ai eu beaucoup de temps pour admirer la merveilleuse beauté de la jeune fille qui a fini par devenir ma femme et mon épouse. Elle avait de beaux traits, transparente comme un camée[7] ». De nouveau en 1913, le prince rencontra la princesse Irina Alexandrovna de Russie, son attirance pour la jeune fille fut encore plus forte. « Elle était très timide et réservée ce qui ajoutait un certain mystère à son charme... Peu à peu, Irina devint moins timide. Au début ses yeux étaient plus éloquents que sa conversation, mais, comme elle est devenue plus expansive j’ai appris à admirer la finesse de son intelligence et son bon jugement, ne dissimulant rien de ma vie, de mon passé, et, loin d’être perturbée, elle a fait preuve d’une grande tolérance et de compréhension ». En 1913, dans une conversation avec le grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch de Russie et son épouse, la grande-duchesse Xenia Alexandrovna de Russie, la famille Ioussoupov demanda la main de leur fille unique, la princesse Irina, les parents de la jeune fille acceptèrent avec plaisir. Ce mariage fut arrangé par la famille Ioussoupov, soucieuse de la respectabilité de son fils unique connu pour ses frasques et par le grand-duc Alexandre qui visait à assurer à sa fille le plus beau parti de Russie. Le couple Ioussoupov, malgré des différences marquées de caractère sera inébranlable dans les épreuves traversées.
La princesse Irina Alexandrovna de Russie n’ignora rien sur le passé du prince Félix Feliksovitch Ioussoupov, mais ses parents, sa grand-mère, l’impératrice douairière Maria Fiodorovna ignoraient tout de la vie passée du prince[8], lorsqu’ils eurent vent des rumeurs circulant au sujet de Félix Feliksovitch Ioussoupov, les parents d’Irina Alexandrovna de Russie et sa grand-mère voulurent annuler la mariage. La plupart de ses rumeurs provenaient du grand-duc Dmitri Pavlovitch de Russie, l’un des cousins de la princesse, selon certains bruits circulant à Saint-Pétersbourg, ce dernier aurait eu une relation amoureuse avec le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov. Le grand-duc Dmitri Pavlovitch de Russie porta également un grand intérêt à la princesse Irina mais elle lui préféra le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov. Ce dernier fut en mesure de convaincre les parents de la princesse.
Mariage
Le mariage eut lieu le en l'église du palais Anitchkov à Saint-Pétersbourg, ce fut le mariage de l'année et la dernière occasion pour la haute société russe de se réunir avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. La cérémonie du mariage fut célébrée en grand apparat. Née princesse de Russie selon la loi de succession régissant la famille impériale de Russie, la princesse Irina Alexandrovna de Russie âgée de 19 ans ne porta pas la traditionnelle robe de cour russe mais était vêtue d'une simple robe du XXe siècle. Coiffée d'une tiare sertie de diamants et de cristal de roche commandée à la bijouterie Cartier la princesse était recouverte d'un voile ayant appartenu à Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine (dans ce signe symbolique l'ombre de la Révolution française planait avant la catastrophe de 1917.) La princesse Irina Alexandrovna de Russie fut reçue dans une salle du palais par son oncle maternel Nicolas II de Russie et son épouse l'impératrice Alexandra Fiodorovna, en cadeau de mariage, elle reçut de la main du tsar un petit sac contenant vingt-neuf diamants bruts, de trois à sept carats[9] les jeunes mariés reçurent la bénédiction de l'empereur et de son épouse. Le jeune couple reçut également un large assortiment de pierres précieuses offert par d'autres invités du mariage. Après la Révolution russe, ils réussirent à prendre un grand nombre de ces joyaux, ils furent utilisés pour leur permettre de vivre en exil.
Enfant
L'unique enfant du couple Ioussoupov, la princesse Irina Feliksovna Ioussoupova naquit le [10] Son père écrivit : « Je n'oublierai jamais mon bonheur quand j'entendis le premier cri de l'enfant[7] ». Appréciant son prénom, la princesse Irina Alexandrovna de Russie désira le transmettre à son premier enfant. La grande-duchesse Xenia Alexandrovna de Russie s'inquiéta tant pour l'accouchement de sa fille que l'impératrice Alexandra Fiodorovna écrivit ces mots : « Xenia Alexandrovna donna l'impression de donner naissance à cet enfant à la place de sa fille, la princesse Irina[11] ».
Première Guerre mondiale
Le jeune couple était en lune de miel en Europe et au Moyen-Orient lorsque le premier conflit mondial éclata. Après l'ouverture des hostilités, la princesse Irina Alexandrovna de Russie et son époux furent brièvement détenus à Berlin, la jeune princesse demanda à sa cousine, la Kronprinzessin Cecilie von Mecklenburg-Schwerin d'intercéder auprès de son beau-père, le kaiser Guillaume II d'Allemagne, l'empereur d'Allemagne refusa de leur accorder la permission de partir mais leur offrit le choix de trois pays de résidence pour la durée du conflit. Le père de Félix Feliksovitch Ioussoupov fit appel à l'ambassadeur d'Espagne afin de permettre à son fils et sa bru de quitter le sol allemand pour regagner Saint-Pétersbourg via deux pays neutres, la Finlande et le Danemark.
Au cours de la Première Guerre mondiale, le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov convertit l'une des ailes de son palais de la Moïka (situé à Saint-Pétersbourg sur la rivière Moïka) en hôpital pour les soldats blessés. Il évita le service militaire, utilisant la loi exemptant l'unique fils d'une famille de prendre part à un conflit armé. Il entra à l'École des Cadets et suivit des cours de formation pour officiers mais n'eut aucunement l'intention de se joindre à un régiment de l'armée impériale de Russie[12]. La cousine germaine de la princesse Irina Alexandrovna de Russie, la grande-duchesse Olga Nikolaïevna de Russie, amie très proche dans leur enfance, eut des paroles dédaigneuses pour le prince Ioussoupov. Après une visite au couple Ioussoupov, le , la grande-duchesse adressa cette lettre à son père Nicolas II de Russie : « Félix est franchement un civil dans l'âme, tout vêtu de marron, allant et venant dans sa chambre recherchant des étagères avec quelques magazines et ne faisant pratiquement rien, il donne l'impression désagréable d'un homme désœuvré dans ces moments là » [13].
Assassinat de Raspoutine
La princesse Irina Alexandrovna de Russie et le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov connaissaient les rumeurs salaces circulant à propos de Raspoutine provoquant la détérioration de la situation politique en Russie impériale générant des émeutes, des manifestations politiques et des violences[14]. Le prince Felix Feliksovitch Ioussoupov et ses coconspirateurs : le grand-duc Dmitri Pavlovitch de Russie, le membre de la Douma, Vladimir Mitrofanovitch Pourichkevitch (1870-1920) prirent la décision d'assassiner Raspoutine afin de l'empêcher de détruire la Russie. Malgré son aversion pour Raspoutine, afin de tenter de gagner la confiance du « starets », le prince lui rendit visite. On suppose que le prince lui demanda de l'aide pour surmonter ses tendances homosexelles afin de vivre une union harmonieuse avec son épouse[14] ou inversement ce fut la princesse Irina qui eut besoin des dons de guérisseur de Raspoutine[15].
La nuit du au , la nuit de l'assassinat de Raspoutine, le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov invita le « starets » à sa résidence au palais de la Moïka. Pour attirer le moine, le prince annonça à Raspoutine la présence de la princesse Irina Alexandrovna de Russie au palais. Le « starets » avait souvent exprimé son désir de rencontrer la belle princesse alors âgée de vingt et un ans[16]. Toutefois, à l'époque, la princesse Irina Alexandrovna de Russie séjournait en Crimée. La princesse n'ignora rien du complot visant à éliminer Raspoutine, sa participation fut même envisagée : « Vous aussi vous devez y prendre part, écrivait-il avant le meurtre, DM (Dmitri Pavlovitch) sait tout et il est avec nous. Cela se passera à la mi-décembre lorsque DM sera de retour »[15]. Fin , la princesse Irina adressa cette lettre à son époux : « Je vous remercie de votre lettre insensée. Je ne comprenais pas la moitié. Je vois que vous avez décidé quelque chose de sauvage. S'il vous plaît soyez prudent et ne vous mêlez pas d'une affaire louche. La chose la plus horrible est que vous avez décidé de tout sans moi. Je ne vois pas comment je pourrais y prendre part aujourd'hui, puisque tout est arrangé. En un mot soyez prudent. Je vois par votre lettre que vous êtes enthousiaste et prêt à monter un mur... Je serai à Petrograd le 12 ou 13 donc ne faites rien sans moi sinon je ne viendrai pas du tout »[17].
Le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov lui répondit le : « Votre présence ici est essentielle pour la mi-décembre. Le plan que j'ai écrit a été développé dans le détail et les trois quarts sont réalisés, ne manque plus que le final et votre arrivée est attendue. (L'assassinat) est le seul moyen de sauver la situation presque désespérée... vous servirez d'appât, bien sûr pas un mot à personne »[18] Une peur saisissant la princesse Irina Alexandrovna de Russie elle se retira du projet le « Je sais que si je viens je tomberai malade, je ne sais ce qui se passe en moi, j'ai envie de pleurer tout le temps. Mon humeur est terrible. Je n'ai jamais été comme çà auparavant. Je ne sais pas ce qu'il adviendra de moi. Je ne vais pas traîner à Petrograd. Au lieu de cela venez ici. Pardonnez-moi, mon cher, pour vous avoir écrit de telles choses. Mais je ne peux pas continuer plus, je ne sais pas ce qui se passe, peut-être de la neurasthénie. Ne te fâche contre moi, s'il te plaît ne soit pas en colère. Je t'aime énormément. Je ne peux pas vivre sans toi. Que Dieu vous protège »[17]. Une nouvelle fois, le , la princesse Irina Alexandrovna de Russie adresse une nouvelle lettre à son époux dans laquelle elle lui expose son pressentiment après une conversation avec leur fille âgée de 21 mois : « Une chose incroyable s'est passée avec le bébé. Quelques nuits auparavant, elle ne dormait pas bien et ne cessait de répéter :"La guerre, nourrice, la guerre !" Le lendemain, elle a posé la question : "La guerre ou la paix" ? Et Baby répondit "Guerre"! Le lendemain je lui ai dit de dire la paix elle me regarda et répondit la guerre. C'est très étrange. »[17] La demande de la princesse Irina Alexandrovna de Russie resta vaine. Son époux et les coconspirateurs continuèrent de projeter l'assassinat de Raspoutine sans elle. Désirant rencontrer la princesse Irina Alexandrovna de Russie, Raspoutine se rendit dans la nuit du 16 au au palais de la Moïka à Saint-Pétersbourg, il tomba dans le piège tendu par le prince Félix Ioussoupov, le député de la Douma et le grand-duc Dmitri Pavlovitch de Russie. Cela lui sera fatal. La princesse était ce soir-là en Crimée à Koreiz.
Après l'assassinat du staretz, Nicolas II de Russie exila le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov et le grand-duc Dmitri Pavlovitch de Russie[19]. Le premier part à Ratnikoe, le domaine familial dans la province centrale russe de Koursk, le second fut exilé en Perse. Seize membres de la famille impériale de Russie signèrent une lettre dans laquelle ils demandèrent au tsar de reconsidérer sa décision en raison du faible état de santé du grand-duc Dmitri, mais Nicolas II de Russie refusa d'examiner la pétition, il l'a renvoya à l'expéditeur avec cette note écrite de sa main au bas de la lettre : « Personne n'a le droit de tuer sur son propre jugement »[20].
En février 1917, le père de la princesse Irina Alexandrovna de Russie, "Sandro" rendit visite au couple Ioussoupov dans le domaine familial de Ratnikoe, il les trouva leur humeur enjouée mais militant[21]. Le prince Félix Feliksovitch de Russie espérait toujours que le tsar et le gouvernement russe réagiraient à la mort de Raspoutine en prenant des mesures pour remédier à l'instabilité politique croissante[22]. La révolution russe ayant éclaté, le prince ne permit pas à son épouse de quitter Ranitkoe pour rejoindre sa mère à Petrograd, il jugea la ville trop dangereuse[23]. Nicolas II de Russie abdiqua le à la suite de la révolution de Février. Arrêté avec sa famille par les Bolcheviks, ils furent finalement assassinés à Ekaterinbourg le , durant la guerre civile russe. L'exil du prince Felix Feliksovitch Ioussoupov et du grand-duc Dmitri Pavlovitch de Russie permit aux deux hommes d'échapper à une mort presque certaine.
Exil
Après l'abdication de Nicolas II de Russie, la princesse Irina Alexandrovna de Russie et son époux retournèrent au Palais de la Moïka à Saint-Pétersbourg puis le prince et sa fille gagnèrent la villa Ai Todor, une propriété de son père située en Crimée[24]. Mariée avec le prince, la princesse Irina Alexandrovna de Russie perdit ses droits à la succession au trône de Russie, contrairement à beaucoup de membres de sa famille, les Bolcheviques la laissèrent en liberté. La jeune femme (elle avait 22 ans) vécut dans un état de constante incertitude, tout particulièrement après la révolution d'Octobre et les arrestations des membres de la famille impériale et de certains membres de la famille Romanov suivies par de multiples assassinats[25]. Plus tard, afin de récupérer les bijoux et deux tableaux de Rembrandt le couple revint au palais de la Moïka. Le produit de la vente des joyaux et des deux tableaux permit à la famille de survivre au cours de leur exil. Dans le port de Yalta en Crimée, le , accompagnée de sa mère, l'impératrice douairière Maria Fiodorovna, de son époux, de sa fille, ses frères et les autres membres survivants de la famille Romanov, la princesse Irina Alexandrovna de Russie put fuir la Russie à bord d'un cuirassé de la Royal Navy le HMS Malborough. À bord, le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov se vanta publiquement de l'assassinat de Raspoutine, tandis qu'un autre officier britannique nota au premier abord, « la réserve et la timidité de la grande-duchesse Irina Alexandrovna de Russie, mais il lui suffit d'accorder un peu d'attention à sa jolie petite fille pour percer sa timidité et découvrir une femme charmante parlant couramment un parfait anglais »[26]. Le HMS Malborough quitta Yalta pour Malte. Le couple et leur fille quittèrent l'archipel et voyagèrent en Italie puis par le train gagnèrent Paris. En Italie, faute de visa, avec quelques diamants, le couple soudoya quelques fonctionnaires. À Paris, ils séjournèrent à l'Hôtel Vendôme puis s'établirent à Londres. En 1920, la princesse Irina Alexandrovna de Russie, son époux et leur fille revinrent à Paris, ils firent l'acquisition d'une maison rue Gutenberg à Boulogne-sur-Seine, où ils vécurent une grande partie de leur exil.
En exil, la princesse Irina Alexandrovna de Russie, son époux et leur fille vécurent mieux que la plupart des émigrants russes après la Révolution. La princesse Irina Alexandrovna de Russie appuiera son mari en devenant l'égérie de leur éphémère maison de couture Irfe (contraction des prénoms Irina et Félix).
En 1934, le couple vécut grâce à une somme gagnée lors d'un procès contre la MGM pour un film réalisé en 1928 par Richard Boleslawski Raspoutine et l'Impératrice. Dans ce film, le lubrique Raspoutine joué par l'acteur américain Lionel Barrymore (1878-1954) séduisait une nièce du tsar, appelée Princesse Natasha, rôle tenue par l'actrice britannique Diana Wynyard (1906-1964)[27]. En 1934, grâce à la plaidoirie de leur avocat, sir Patrick Hasting (1880-1952), le couple gagna le procès contre la firme cinématographique, cette somme assurera la survie du couple en gagnant plus de deux millions de dollars, somme importante à l'époque. Le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov rédigea ses Mémoires, il fut célèbre ou tristement célèbre comme l'homme qui tua Raspoutine.
Jusqu'à l'âge de neuf ans, leur fille, la petite princesse Irina Feliksovna Ioussoupova fut élevée par ses grands-parents paternels, ruinés, la petite princesse revint vivre avec ses parents. Les grands-parents éduquèrent mal leur petite fille, selon son père elle se montra capricieuse. La princesse Irina Alexandrovna de Russie et son époux le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov confièrent l'éducation de leur fille à des nurses. Enfant unique, la petite Irina Feliksovna Ioussoupova adorait son père, avec sa mère la jeune princesse était plus distante[28].
La princesse Irina Alexandrovna de Russie et son époux, le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov furent très proches l'un de l'autre, comme ils l'étaient avec leur fille, ce fut un mariage heureux qui dura plus d'un demi-siècle. Au décès du prince, la princesse Irina Alexandrovna de Russie fut accablée de douleur, elle décéda à peine trois ans plus tard[29].
La générosité du prince Félix Feliksovitch Ioussoupov le rendra célèbre auprès des émigrés russes. Cette philanthropie et le niveau de vie élevé du couple aggravées d'une mauvaise gestion financière tarira le reste de la fortune familiale.
En raison de la retransmission télévisée d'une pièce inspirée par l'assassinat de Raspoutine, le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov intenta un procès contre la CBS près du tribunal de New York en 1965. La revendication du prince porta sur certains évènements romancés et sur des droits commerciaux qui, en vertu de la législation new-yorkaise, le personnage du prince Félix Feliksovitch Ioussoupov avait été détourné. Le dernier rapport judiciaire dans cette affaire fut une décision de la 2e juridiction de New-York, l'affaire devait aller en procès. Le prince Félix Feliksovitch Ioussoupov contre CBS Inc 19 AD2d 865 (1963). Selon le rapport de l'avocat de CBS, la firme remporta le procès. New-York, le .
Le prince et la princesse Ioussoupov ont vécu en exil en France de 1920 à leur mort en 1967 et 1970. Leurs adresses à Paris et en région parisienne étaient les suivantes :
- 1920-1939 : 37, rue Gutenberg puis 19, rue de La Tourelle à Boulogne-sur-Seine[30].
- 1939-1940 : ils louèrent une maison à Sarcelles, rue Victor-Hugo.
- 1940-1943 : ils habitèrent successivement rue Agar et 65, rue La Fontaine (16e arrondissement de Paris, quartier d'Auteuil).
- de 1943 jusqu'à leur mort : 38, rue Pierre-Guérin (16e arrondissement de Paris, quartier d'Auteuil), dans une maison achetée à Madame Bottin, propriétaire du dictionnaire du même nom.
Décès et inhumation
La princesse Irina Alexandrovna de Russie décéda le à Paris, elle fut inhumée aux côtés de son époux au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne)[31].
Descendants
Parente matrilinéaire du tsar Nicolas II de Russie, la princesse Irina Alexandrovna de Russie et toutes ses descendantes en ligne de sexe féminin sont des membres de Haplogroupe T (ADNmt) mitochondriale. Un échantillon ADN de la petite-fille de la princesse Irina Alexandrovna de Russie, la comtesse Xenia Nikolaïevna Cheremetieva-Sfiris fut utilisé pour identifier les restes de Nicolas II de Russie après son exhumation en 1991[32].
Les descendants de la princesse Irina Alexandrovna de Russie :
- Princesse Irina Feliksovna Ioussoupova ( à Saint-Pétersbourg- à Cormeilles (France), elle épousa le comte Nikolaï Dmitrievitch Cheremetiev ( à Moscou- à Paris), fils du comte Dmitri Sergueïevitch Cheremetiev et de son épouse la comtesse Irina Ilariovna Vorontzov-Dachkova (descendant du comte Boris Petrovitch Cheremetiev)
De cette union naquit :
- Comtesse Xenia Nikolaïevna Cheremetieva-Ioussoupova (née le 1er mars 1942 à Rome (Italie-), le , elle épousa à Athènes Ilias Sfiris ( à Athènes-)
Une fille naquit de cette union :
- Tatiana Sfiris ( à Athènes-), en mai 1996, elle épousa à Athènes Alexis Giannakoupoulos (né en 1963), divorcée elle épousa Anthony Vamvakidis.
Deux filles naquirent de cette seconde union :
- Marilia Vamvakidis () ;
- Yasmina Xenia Vamvakidis (.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Princess Irina Alexandrovna of Russia » (voir la liste des auteurs).
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Irina Aleksandrovna Romanova » (voir la liste des auteurs).
- (ru) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en russe intitulé « Романова, Ирина Александровна » (voir la liste des auteurs).
- Charlotte Zeepvat, The Camera and the Tsars : A Romanov Family Album, Sutton, , p. 38
- King 1995, p. 108.
- King 1995, p. 109.
- King 1995, p. 83-89.
- King 1995, p. 93-97.
- King 1995, p. 97.
- Ioussoupov 1952.
- King 1995, p. 109-110.
- King 1995, p. 111.
- King 1995, p. 116.
- Lettres de la tsarine au tsar à partir de 1914-1917
- King 1995, p. 115-116.
- Alexander Bokhanov, Dr. Manfred Knodt, Vladimir Oustimenko, Zenaïda Peregudova et Lyubov Tyutyunnik, Les Romanov : Love, Power and Tragedy, Leppi Publications, , p. 240
- King 1995, p. 118-119.
- Radzinsky 2000, p. 439-440.
- King 1995, p. 144.
- Radzinsky 2000, p. 440.
- Radzinsky 2000, p. 400.
- King 1995, p. 189.
- King 1995, p. 190-191.
- Maylunas et Mironenko 1997, p. 530.
- King 1995, p. 193.
- Maylunas et Mironenko 1997, p. 534.
- John Curtis Perry et Konstantin Pleshakov, La fuite des Romanov, Basic Books, , p. 175
- King 1995, p. 205-206.
- King 1995, p. 209.
- King 1995, p. 240-241.
- King 1995, p. 257-258.
- King 1995, p. 275.
- Almanach de Gotha 1936, 3e partie, page 698.
- >
- Robert K. Massie, Les Romanov : Le chapitre final, Random House, (ISBN 978-0345406408), page 94
Bibliographie
- Félix Ioussoupov, Mémoires,
- Henri Troyat, Nicolas II de Russie,
- Greg King, L'Homme qui a tué Raspoutine, Carol Publishing,
- (en) Andreï Maylunas et Sergueï Mironenko, A lifelong Passion: Nicolas and Alexandra : Their Own Story, Doubleday,
- Edvard Radzinsky, Raspoutine : L'Ultime vérité, Lattès,
Annexes
Articles connexes
- Nicolas Ier de Russie (arrière-grand-père paternel)
- Charlotte de Prusse (arrière-grand-mère paternelle)
- Michel Nicolaevitch de Russie (grand-père paternel)
- Alexandre II de Russie (arrière-grand-père maternel)
- Marie de Hesse-Darmstadt (arrière-grand-mère maternelle)
- Alexandre III de Russie (grand-père maternel)
- Dagmar de Danemark (grand-mère maternelle)
- Sainte-Geneviève-des-Bois
- Cimetière russe et église orthodoxe Notre-Dame-de-l'Assomption (Sainte-Geneviève-des-Bois)
- Irina Felixovna
Liens externes
- www.imdb.com
- Cimetière de Sainte Genevieve Des Bois at Find A Grave Tombe du prince Felix Feliksovitch Ioussoupov et de la princesse Irina Alexandrovna de Russie à Sainte-Geneviève-des-Bois
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