Isabelle Brunelle

Isabelle naît dans une famille petite-bourgeoise, le 3 septembre 1724, à Aix-la-Chapelle, où elle est baptisée dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste de la cathédrale. Elle suit son éducation à Liège[1].

En 1748, le comte Pontian d'Harscamp, capitaine de dragons au service de l'Autriche et riche propriétaire né à Namur le 15 mai 1717, vient prendre les eaux à Aix-la-Chapelle et est logé dans la maison d'Herman Brunelle[1]. C'est ainsi qu'Isabelle rencontre son futur époux.

Le comte d'Harscamp possède de nombreuses propriétés dans le Namurois et le pays de Liège, mais aussi à Vireux, en Pologne et en Hongrie, qui lui permettent de faire fi de l'obligation de s'allier à une famille aristocratique[1].

Le mariage de Pontian d'Harscamp et d'Isabelle Brunelle a lieu à Kniesen, en Hongrie, le 3 septembre 1748. En Hongrie, le couple entretient des relations avec le comte Antoine Ignace Charles Auguste de Mercy-d'Argenteau (1692-1767), qui réside à Hőgyész[2].

Du couple naissent trois enfants, qui meurent en bas âge de la petite vérole.

Ces tragédies poussent le comte et la comtesse d'Harscamp à rentrer aux Pays-Bas autrichiens. Ils s'installent au château de Fernelmont, où ils menèrent un grand train de vie et entretiennent des relations étroites avec la noblesse du pays[2].

Riche et charitable, la comtesse est célèbre et accueille même l'empereur Joseph II les 5 et 6 juin 1781, lors d'une brève escale à Namur[3].

À la mort de Pontian d'Harscamp, le 1^er mai 1794, sa veuve hérite d'une véritable fortune. Lorsque la région passe sous domination française, la comtesse retourne vivre en Allemagne, d'abord à Miltenberg, en Bavière, puis à Ansbach, en Prusse. Elle reçoit sa radiation provisoire de la liste des émigrés le 27 mai 1797, et vient séjourner au château de Belle-Maison à Marchin et chez son ami le baron Antoine d'Obin, à Wasseiges[2].

Hélas, la loi du 19 fructidor an V (5 septembre 1797) l'oblige à quitter le territoire de la République dans les plus brefs délais : la comtesse d'Harscamp quitte Wasseiges et se réfugie à Sittard, dans le duché de Juliers, puis à Mülheim[2].

En 1798, elle se trouve à Cologne, puis à Francfort, où elle tombe malade et connaît des soucis financiers. Elle décide alors de se rendre en Galicie avec son vieil ami le baron d'Obin afin de vendre les domaines qu'elle possède dans la région. Elle séjourne à Nawojowa en juin et juillet 1799, puis à Tarnow jusqu'à l'été 1800. Lorsqu'elle a connaissance de sa radiation définitive de la liste des émigrés et de la levée du séquestre sur ses biens, elle entreprend un nouveau voyage pour rejoindre les « départements réunis ». Cependant, elle tombe à nouveau malade à Francfort, où elle restera durant les mois d'août, de septembre et d'octobre 1800[2].

Le 24 novembre 1800, elle arrive à Liège, où elle prête le serment de fidélité à la Constitution de la République française. Rentrée à Namur, elle s'installe dans son hôtel du Marché de l'Ange où elle vit les dernières années de sa vie à administrer ses propriétés, faisant de temps à autre, des séjours à Dhuy, Thon, Wasseiges et à Spa. Elle meurt à Namur le 8 mai 1805, et est inhumée auprès de son mari à Noville-les-Bois. Son oraison funèbre est prononcée le 8 mai 1806 dans la cathédrale d'Aix-la-Chapelle[2].

Isabelle Brunelle est la fille de :

• Herman Brunelle, bourgeois d'Aix-la-Chapelle, coiffeur-perruquier, et
• Jeanne-Marie Tilmans.

Elle épouse, le 3 septembre 1748, le comte François-Pontian d'Harscamp, fils de :

• Charles-François de Paule, comte d'Harscamp, membre de l'État noble du comté de Namur, et de
• Marie-Isabelle d'Argenteau, chanoinesse du chapitre noble de Sainte-Begge à Andenne.

La famille d'Harscamp (en) est une famille noble originaire d'Arnhem, dans la province de Gueldre, enrichie dans la fabrication des armes. François-Pontian est l'unique héritier de sa famille :

• son frère aîné, Charles-Antoine d'Harscamp est moine à l'abbaye cistercienne de la Fontaine de Marie (cs) près de Žďár, en Moravie ;
• son autre frère, Charles-Joseph, officier au service du Roi d'Espagne, est mort en 1747 ;
• son troisième frère, Henri, a été tué à la bataille de Mollwitz en Silésie[1].

Le couple a deux fils et une fille, tous morts alors qu'ils étaient encore enfants :

• Wenceslas-Stanislas, né à Chomranice le 29 août 1751 et mort le 2 juillet 1763.
• François-Joseph, né à Levoča le 4 décembre 1753 et mort le 12 juillet 1763.
• Fille, prénom inconnu (1759–1765)

L'hospice de Namur doit être créé dans son hôtel de la rue de l'Ange, et doit porter le nom d'Harscamp, « en mémoire de son très cher époux »[4]. Toutefois, ce bâtiment ne convient pas pour un hospice, et c'est l'ancien couvent des Récollets, supprimé à la Révolution, qui accueillera finalement, dès le 1^er octobre 1812, des personnes de familles déchues âgées d'au moins soixante ans[2].

La maison de retraite est gérée par le CPAS de Namur depuis 1976[5]^,[6].

La ville natale d'Isabelle Brunelle, Aix-la-Chapelle, bénéficie de la générosité de son testament sous forme de messes, de dons de pain et de bouillon, et de diverses pensions. Au total, elle lègue 20 000 francs de pensions[7].

En 1868, la Fondation Harscamp d'Aix-la-Chapelle dispose encore d'un patrimoine de 230 000 thalers et en 1901 de 15 458 marcs d'or. Le 1^er janvier 1967, la fondation est dissoute et les actifs existants sont versés au fonds municipal des pauvres.

• (de) Friedrich Haagen, « d’Harskamps, Maria Isabella Gräfin », dans Allgemeine Deutsche Biographie (ADB), vol. 10, Leipzig, Duncker & Humblot, 1879, p. 646 f
• (de) Alfred Von Reumont, « Die Grafen von Harscamp », Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, vol. 8,‎ 1886 (lire en ligne)
• Jean Bovesse, « Brunelle (Isabelle), comtesse d'Harscamp », Biographie Nationale de Belgique, vol. 41,‎ 1979, p. 54-57 (lire en ligne [PDF])

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