IsiNgqumo
L’IsiNgqumo (ou IsiGqumo) est un argot parlé en Afrique du Sud et au Zimbabwe par les homosexuels dont les langues usuelles sont d’origine bantoue (co-existant avec le Gayle, utilisé par les populations de langue germanique).
Origines
L’émergence de l’isiNgqumo dans les années 1940[1] pourrait être liée aux relations homosexuelles dans les mines sud-africaines du Witwatersrand[2], ou à l’activité du district de Mkhumbane, proche de Durban[3]. Ce langage est construit à partir de mots zoulous anciens et d’euphémismes, ce qui permet à ses locuteurs de rester invisibles et cachés de la population hétérosexuelle majoritaire[4]. De plus, l’isiNgqumo sert à certains à ancrer leurs pratiques homosexuelles dans l’identité zouloue, face aux arguments homophobes présentant l’homosexualité comme une perversion amenée lors de la colonisation[5].
Utilisation
Des études ont montré que la pratique de l’isiNgqumo était plus fréquente et plus poussée chez les hommes s’identifiant comme skesana, c’est-à-dire partenaire passif[5], tandis que l’isiNgqumo reprend des aspects d’une variante du zoulou appelée ukuhlonipha[1] ou isiHlonipho[6] (du mot hlonipha, respect[5]) parlée par les femmes et caractérisée par l’utilisation de mots spécifiques et de marques de respect vis-à-vis des hommes[1],[5].
De plus, l’isiNgqumo est plus répandu dans les classes basses ou moyennes, ainsi qu’en zones rurales ; les classes plus favorisées ou les citadins utilisant plus souvent l’anglais comme langue de communication[5].
Étymologie
Le terme isiNgqumo est utilisé en Afrique du Sud et dériverait du zoulou ukungquma, « parler en secret »[1] ; le même argot est dépourvu de dénomination spécifique au Zimbabwe[4].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « IsiNgqumo » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
- (en) Hugh McLean et Linda Ngcobo, Abangibhamayo bathi ngimnandi (Those who fuck me say I am tasty),
- (en) Marc Epprecht, « The 'Unsaying' of Indigenous Homosexualities in Zimbabwe: Mapping a Blindspot in African Masculinity », Journal of Southern African Studies, Routledge et Taylor & Francis, vol. 24, , p. 631-651 (ISSN 0305-7070 et 1465-3893, OCLC 48532114, DOI 10.1080/03057079808708594)
- (en) Stephanie Rudwick, « 'Gay and Zulu, we speak isiNgqumo': Ethnolinguistic identity constructions », Transformation: Critical Perspectives on Southern Africa, no 74, , p. 112-134 (ISSN 1726-1368 et 0258-7696, OCLC 682036603, DOI 10.1353/TRN.2010.0016)
- (en) Stephanie Rudwick, « Defying a Myth: A Gay Sub-Culture in Contemporary South Africa », Nordic Journal of African Studies, vol. 20, , p. 90-111 (ISSN 1235-4481 et 1459-9465)
- (en) Mduduzi Ntuli, « IsiNgqumo: Claiming public space through language in South Africa », Race Equality Teaching, vol. 31, , p. 30-32 (ISSN 1478-8551 et 0263-0869, DOI 10.18546/RET.31.3.07)
- (en) Stephanie Rudwick et Thabo Msibi, « Intersections of two isiZulu genderlects and the construction of skesana identities », Stellenbosch Papers in Linguistics, Université de Stellenbosch, vol. 46, , p. 51-66 (ISSN 1027-3417 et 2223-9936, DOI 10.5842/46-0-616)