Israel Beytenou
Israel Beytenou (en hébreu : ישראל ביתנו, littéralement « Israël (est) notre maison ») est un parti politique israélien laïc et nationaliste de centre droit ou de droite, constitué afin de représenter les Israéliens d'origine russe. L'un de ses fondateurs est Avigdor Liberman, un ancien membre du Likoud.
Israel Beytenou ישראל ביתנו (he) | |
Logotype officiel. | |
Présentation | |
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Président | Avigdor Liberman |
Fondation | 1999 |
Scission de | Likoud |
Siège | Jérusalem, Israël |
Slogan | « Oui à un État juif, non à un État halakhique » |
Positionnement | Centre droit[1] à droite[2] |
Idéologie | Nationalisme[3] Anticléricalisme Libéralisme économique[2],[4] Défense des intérêts des Israéliens d'origine russe[5] Sécularisme[6] National-libéralisme[7] Sionisme révisionniste[8] |
Site web | beytenu.org.il |
Représentation | |
Knesset | 7 / 120 |
La base du parti était à l'origine des Israéliens russophones laïques, bien que le soutien de ce groupe démographique soit en déclin. Le parti se décrit comme « un mouvement national avec la vision claire de suivre la voie audacieuse de Vladimir Jabotinsky », le fondateur du sionisme révisionniste. Il a principalement représenté des immigrants de l'ex-Union soviétique, bien qu'il ait étendue son attrait à des Israéliens d'autres horizons.
Sa revendication principale se fonde sur une position anticléricale et laïque, qui comprend l'enrôlement des Juifs ultra-orthodoxes dans l'armée et défend plus d'opportunités socio-économiques pour les immigrants. Au sujet du conflit israélo-palestinien, le parti soutient une solution à deux États, qui comprendrait la création d'un État palestinien et le rattachement de certaines parties d'Israël largement habitées par des Arabes, comme Umm al-Fahm dans le « Triangle »[9].
Le parti a remporté 15 sièges aux élections de 2009, le plus grand nombre de voix de son histoire. Lors des élections de 2021, le parti a remporté sept sièges.
Israel Beytenou est un parti sectoriel c'est-à-dire qu'il défend avant tout les intérêts de la communauté russophone d'Israël qui est sa base électorale. Ce parti est un fervent défenseur de la laïcité[10],[11]. Le parti est aussi populaire auprès des Druzes, minorité arabophone et musulmane, établis dans le nord d'Israël[12].
Histoire
Plus d’un million de juifs soviétiques ont émigré vers l'État d'Israël depuis les années 1970 et surtout les années 1990, après l'écroulement de l'URSS.
Le parti a été fondé par Avigdor Liberman afin de regrouper les immigrés juifs provenant de l'ancienne URSS. Cette fondation en 1999 fait suite aux concessions faites en 1997 par Benyamin Netanyahou, ancien dirigeant du Likoud, qui avait amené Liberman à quitter ce parti. Israël Beytenou a provoqué la surprise aux législatives de en remportant 11 sièges à la Knesset. Sa percée s’explique, en premier lieu, par la participation massive des ex-immigrants originaires de l'URSS au débat démocratique[13]. En , Avigdor Liberman entre au gouvernement israélien comme ministre des affaires stratégiques. Il est chargé du dossier du nucléaire iranien[14]. Lieberman tente depuis de se forger une image d'homme providentiel. « Je veux sauver Israël. Cet État a besoin d'un propriétaire et d'un patron... », a-t-il déclaré, en , dans le quotidien Yediot Aharonot[15].
d'après l'hebdomadaire Le Monde, Israël Beytenou s'oppose aux discussions de paix commencées depuis la conférence d'Annapolis () sur les questions-clefs du conflit avec les Palestiniens, comme le tracé des frontières, le statut de Jérusalem, le sort des colonies juives et des réfugiés palestiniens. Pour le parti, « Démanteler les colonies sauvages est un casus belli ». La conséquence de cette opposition est le départ du gouvernement d'Ehud Olmert le [14].
En , le parti quitte l'alliance avec le Likoud, tout en restant dans la coalition gouvernementale ; il reprend ainsi sa liberté de vote au Parlement[16]. Après de premières accusations en 2013[17], un nouveau scandale de corruption éclabousse en vingt-quatre des membres du parti, dont les anciens ministres Faina Kirschenbaum et Stas Mesezhnikov, accusés d'avoir détournés des millions de shekels vers des associations proches du parti[17].
En , il rejoint le gouvernement Netanyahou IV à la demande de Benyamin Netanyahou qui souhaite élargir sa majorité. En , après la démission du ministre Avigdor Liberman, il quitte la coalition gouvernementale[18].
En 2021, le parti soutient la reconnaissance d'un marriage homosexuel et l'avancement des droits LGBTQ+[19].
Idéologie
Parti de centre droit[20] ou de droite[21],[22],[23],[24], Israel Beytenou est cependant considéré par la plupart des commentateurs comme un parti d’extrême droite[25],[26],[27],[28],[29],[30],[31],[32],[33],[34],[35],[36]. On lui reproche notamment de prôner l'expulsion des Arabes israéliens vers les territoires palestiniens[30]. Pourtant, Avigdor Liberman a déclaré être favorable à la création d'un État palestinien[37]. Le parti reconnaît donc une solution à deux États, et c'est un parti laïc, avec certaines de ses thématiques défendues dans son programme décrites comme « ultra-libérales »[38]. Ces positions sont en contradiction avec les postures politiques traditionnelles de la droite, tant nationaliste que religieuse, en Israël.
Pour l'historien et journaliste américano-israélien Gershom Gorenberg[39], « Lieberman n'est pas un politicien de droite, car il parle de céder des terres. En fait, il est même prêt à céder des terres dont la souveraineté est israélienne. [...] Je pense qu'une des raisons pour lesquelles les gens disent que Lieberman est au centre est qu'ils ne réalisent pas qu'il a en réalité redéfini les termes. ». Dans un article d'opinion de [40] considéré comme destiné à l'administration Obama, Avigdor Lieberman a déclaré qu'Israel Beytenou n'était ni d'extrême droite ni ultranationaliste[41].
L'ancien universitaire et politicien israélien Yehuda Ben-Meir (en) a écrit dans les colonnes d'Haaretz qu'il ne votait pas et ne voterait jamais pour Lieberman, mais il a également critiqué la délégitimation et la diabolisation du parti venant à la fois de droite et de gauche : « Lieberman n’est ni un raciste ni un fasciste, et le représenter comme tel est une injustice envers ses électeurs et un préjudice pour Israël. Ce qui est raciste, c'est de nier au peuple juif son propre État. Certains membres arabes de la Knesset parlent sans cesse des droits du peuple palestinien, y compris de son propre État. Mais dans le même souffle, ils refusent de reconnaître Israël comme l’état du peuple juif et nient l’existence même d’un peuple juif en tant que nation dotée de droits nationaux … Tout comme nous devons condamner les tentatives de la droite de jeter le doute sur le patriotisme de Yossi Beilin et de ses collègues adhérents à l'Initiative de Genève - aussi provocateur que ce plan puisse être pour la plupart des Israéliens - nous devons condamner la lamentable habitude de gauche de dénigrer Lieberman. L'idée de changer les frontières de l'État dans un accord de paix peut ne pas être pratique ou applicable dans nos circonstances, mais nous ne pouvons pas nier sa légitimité et son sens. Et en tout cas, cela n'a rien à voir avec le racisme. Lieberman a déclaré publiquement qu'il soutenait le principe de la création d'un État palestinien »[42].
Selon le magazine Time, de nombreux immigrants russes sont attirés par les idées du parti de Lieberman. Il note également que, selon les analystes, « les sombres perspectives de paix et les récents attentats terroristes infligés par des Arabes israéliens » ont contribué à la popularité de Lieberman parmi les autres segments de la société israélienne[43].
Israel Beytenou est considéré comme ayant appartenu au camp national (en), avec le Likoud et d'autres partis de droite, au sein de la classe politique israélienne[44]. Le parti a néanmoins quitté cette alliance sur fond de désaccords avec les partis ultra-orthodoxes.
- L'essentiel de la plate-forme politique d'Israël Beytenou consiste en un plan de modification des frontières d'Israël afin de séparer la majorité juive du 1,4 million d'Arabes israéliens, dont la loyauté à l'État hébreu est régulièrement mise en doute par son leader[15].
- En , Lieberman appelle au jugement des députés arabes israéliens en contact avec le Hamas ou ayant célébré le jour de la Nakba, « la catastrophe », au lieu de celui de l'Indépendance israélienne[15].
Résultats électoraux
- 2006 : Israel Beytenou réalise ses meilleurs résultats dans les circonscriptions du sud de Tel Aviv 11,08 % (Kadima : 27,55 %), d’Ashkelon 17,65 % (19,05 %) et de Beer-Sheva 13,77 % (18,85 %) ainsi que dans celle d’Haïfa 12,21 % (28,91 %).
Année | Chef de file | % | Voix | Sièges | Rang | Gouvernement |
---|---|---|---|---|---|---|
1999 | Avigdor Liberman | 2,6 | 86 153 | 4 / 120 | 13e | Opposition (1999-2001), Sharon I (2001-2003) |
2003 | Avigdor Liberman | Union nationale | 3 / 120 | 5e | Sharon II | |
2006 | Avigdor Liberman | 9,0 | 281 880 | 11 / 120 | 5e | Olmert (2006-2008), opposition (2008-2009) |
2009 | Avigdor Liberman | 11,7 | 394 577 | 15 / 120 | 3e | Netanyahou II |
2013 | Avigdor Liberman | avec Likoud | 11 / 120 | 1er | Netanyahou III | |
2015 | Avigdor Liberman | 5,1 | 215 083 | 6 / 120 | 8e | Opposition (2015-2016, 2018-2019), Netanyahou IV (2016-2018) |
04/2019 | Avigdor Liberman | 4,0 | 173 004 | 5 / 120 | 7e | Pas de gouvernement |
09/2019 | Avigdor Liberman | 7,0 | 310 154 | 8 / 120 | 5e | Pas de gouvernement |
2020 | Avigdor Liberman | 5,7 | 263 335 | 7 / 120 | 7e | Opposition |
2021 | Avigdor Liberman | 5,6 | 248 391 | 7 / 120 | 8e | Bennett |
Principaux membres du parti
Présidents
- Avigdor Liberman (depuis 1999)
24e Knesset (depuis 2021)
- Avigdor Liberman
- Oded Forer
- Evgeny Sova
- Eli Avidar
- Yulia Malinovsky
- Hamad Amar
- Alex Kushnir
Anciens députés
- Yuri Shtern
- Danny Ayalon
- Yair Shamir
- Sofa Landver
- Robert Ilatov
Notes et références
- (en) « Israel's Central Elections Committee Releases Final Results After Day of Delays, Computer Malfunctions », sur The Algemeiner,
- (en) Vladimir (Ze'ev) Khanin, Contemporary Israel: Domestic Politics, Foreign Policy and Security Challenges, Robert O. Freedman, (ISBN 978-0813343853), « Israel's "Russian" Parties », p. 165.
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- (en) Michal Shamir, The Elections in Israel 2015, Taylor & Francis, , p. 77
Voir aussi
Liens externes
- Sites officiels : (he) beytenu.org.il et (ru) ndi.org.il
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
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