Jacques Coitier

Jacques Coitier est né vers 1430 à Poligny en Franche-Comté et mort le à Paris. Il fut premier médecin de Louis XI et aussi président de la Chambre des comptes.

Jacques Coitier
Naissance
Poligny
Comté de Bourgogne
( Saint-Empire)
Décès
Paris
 Royaume de France
Nationalité Naturalisé en août 1473
Pays de résidence  Royaume de France
Diplôme
Docteur en médecine
Activité principale
Médecin de Louis XI
Autres activités
Président de la Chambre des comptes

Son nom a été diversement orthographié, le plus souvent Coictier[1], mais aussi Coittier, Cotier, Coytier ou Coctier. C'est l'analyse approfondie de ses signatures par Achille Chéreau qui a permis de la fixer en Coitier, nom sous lequel il est le plus souvent cité dans les annales médicales[2].

Biographie

Des origines incertaines

Peu d'informations nous sont parvenues de la naissance de Jacques Coitier, sinon qu'elle eut lieu vers 1430 à Poligny, petite ville du comté de Bourgogne. On en sait aussi peu sur son enfance dans un milieu bourgeois que sur la faculté qui lui délivra son titre de docteur. Les recherches effectuées à la faculté de médecine de Paris ainsi qu'à celle de Montpellier sont restées vaines. On peut éventuellement envisager la faculté de Dole, comtoise, mais le premier client attitré de Coitier ayant été Philippe de Bresse, fils du duc de Savoie Louis Ier et beau-frère de Louis XI, incarcéré à Loches de 1463 à 1466, il est également possible qu'il ait fait ses études en Italie, peut-être à Turin. On peut alors penser que c'est à cette occasion qu'il fut remarqué par Louis XI. C'est en tous cas à cette époque que celui-ci l'engagea comme médecin personnel pour 400 livres tournois par an[3].

Médecin de Louis XI

L'ascension du médecin dans les faveurs du roi fut rapide et son emprise sur le souverain dura pendant les dix-sept ans qui suivirent, jusqu'au décès de Louis XI, le . Outre ses indéniables talents médicaux, le docteur Coitier sut trouver la faille de son protecteur, notoirement connu pour son caractère hypocondriaque et sa superstition. Il sut le convaincre que sa santé était précaire et que lui seul pouvait le maintenir à l'abri d'une mort précoce. Si l'on en croit Philippe de Commines, il traitait sans ménagement son royal patient :

« Il avoit son médecin, appelé maistre Jacques Coctier, à qui, en cinq mois, il donna cinquante quatre mil escus comptans (qui estoit à la raison de dix mil escus le mois) et l'évesché d'Amyens pour son neveu, et autres offices et terres pour luy, et pour ses amys. Ledit médecin luy estoit si bien rude, que l'on ne diroit point à un valet les outrageuses et rudes paroles qu'il luy disoit, et si le craignoit tant ledit seigneur, qu'il ne l'eust osé renvoyer hors d'avec luy, et si s'en plaignoit à ceux à qui il parloit ; mais il ne l'eust osé changer comme il faisoit tous autres serviteurs, parce que ledit médecin luy disoit audacieusement ces mots : « Je scays bien qu'un matin vous m'envoyerez comme tant d'autres, mais par la… [un grand serment qu'il juroit], vous ne vivrez point huit jours après. » De ce mot-là s'espouventoit tant qu'après ne faisoit que flatter[4]. »

Ce qui fit écrire à Voltaire ce jugement aussi abrupt que définitif :

« L'impudent charlatanisme du médecin était aussi grand que l'imbécillité de Louis XI et son imbécillité était égale à sa tyrannie. »

Les faveurs royales

Si ces connaissances médicales sont attestées par une vingtaine de lettres qui lui furent envoyées, il sut tirer d'immenses profits de sa situation auprès du roi mais aussi de beaucoup d'autres ; Louis XI le couvrant d'or, de titres et d'honneurs à chaque occasion. La première faveur royale fut sa naturalisation accordée par une ordonnance en  :

« Louis XI, par la grâce de Dieu, roi de France. Savoir faisons à tous, présent et avenir. Nous avons reçu l'humble supplication de notre ami et féal conseiller et médecin ordinaire, Maître Jacques de Coitier, écuyer, docteur en médecine, natif de Poligny au comté de Bourgogne, compte tenu qu'il est venu depuis demeurer en notre royaume auquel il s'est depuis tenu et vit encore à notre service, y a acquis des biens, en espérant d'y faire sa résidence toute sa vie. »

Suivirent sa nomination comme clerc à la Chambre des comptes (), son anoblissement (), la vice-présidence de ladite Chambre (1480)[5], la charge de bailli et concierge du Palais ()[6], puis, enfin, sa nomination à la présidence à cette Chambre des comptes, le , après en avoir fait destituer son prédécesseur, Jean de la Drièche.
En outre, il reçut la châtellenie de Rouvres[7], domaine des derniers ducs d'une Bourgogne désormais rattachée au royaume (), les châtellenies de Saint-Germain-en-Laye, Poissy, Triel et Saint-James (), celles de Grimont et de Poligny (). Toujours en , il reçut la clergie et le greffe du bailliage d'Aval. L'année suivante, il reçut encore, toujours en Bourgogne, les châtellenies de Saint-Jean-de-Losne et de Brazey ()... Au regard des dates, on s'aperçoit que la plus grande partie de ces bénéfices ont été accordés dans les derniers mois de la vie du souverain, alors qu'il était déjà gravement malade.
À la mort de Louis XI, le parlement cassa la donation[8] faite par le roi et rendit à la couronne les propriétés aliénées.

Après Louis XI

À la mort de Louis XI (), qu'il assista jusqu'au dernier moment, Jacques Coitier était si riche qu'il put prêter à Charles VIII 23 100 livres tournois qui lui furent remboursées par annuités. Ce dernier le rétrograda au titre de vice-président de la Chambre des comptes mais en lui conservant ses autres titres et possessions et en lui reconnaissant :

« Les grands et agréables services que Maitres Jacques de Coitier a fait a feu notre seigneur et père, durant sa maladie, en grande cure, peine, travail et assiduité de sa personne, de jour et de nuit. » À son tour, Louis XII lui conserva les mêmes avantages.

Jacques Coitier avait acquis en 1482, de ses propres deniers cette fois, la seigneurie de Nonneville à Aulnay[9] et un terrain à Paris, à l'extrémité de la rue Saint-André-des-Arts, où il fit construire la maison dite « de l'éléphant » où il se retira en 1490. Cette demeure, construite en 1490 et détruite en 1735, était ainsi désignée parce qu'au-dessus de la porte donnant sur la rue Saint-André-des-Arts était sculpté un éléphant portant une tour. On y trouvait également ses armes (un abricotier) sculptées sur la porte, dans lesquelles l'historien Germain Brice (1652-1727) voyait un calembour avec « abri-Coitier », ainsi que des effigies de la sainte Vierge, de saint Jacques et d'un évêque non identifié avec l'inscription suivante[10] :

JACOBUS COYTIER MILES ET
CONSILIARIUS AC VICE-PRÆSES
CAMARE COMPUTORIUM
PARISIENSIS
AREAM EMIT, ET IN EA
ÆDIFICATVIT HANC DOMUM
ANNO 1490

Il y mourut le et fut inhumé en l'église Saint-André-des-Arts[11], sous les dalles d'une chapelle dédiée à Saint-Nicolas et Saint-Claude qu'il y avait fait ériger le .

Armes

Les armes de Jacques Coitier se blasonnent ainsi : D'or à l'abricotier de sinople


Dans la littérature

Jacques Coitier, orthographié Coictier, est un personnage secondaire important du roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo.

Notes et références

  1. Orthographe employée notamment par Victor Hugo dans son roman Notre-Dame de Paris.
  2. Achille Chéreau, Jacques Coitier, médecin de Louis XI, roi de France, Mareschal, 1861
  3. Léon Gauthier, « Fragments de la correspondance de Jacques Coitier, médecin de Louis XI », Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine, vol. 11, , p. 315-316, n. 2 (lire en ligne).
  4. Philippe de Commines, Mémoire des faits du feu roy Louis onziesme, livre sixième, chapitre 11.
  5. Fonction crée spécialement pour lui avec dispense d'en assumer les obligations tout en conservant les revenus.
  6. Place qui lui rapportait 1 200 livres tournois sans compter les revenus locatifs des échoppes qui entouraient la cour du Palais.
  7. Aujourd'hui, Rouvres-en-Plaine, en Côte-d'Or.
  8. Tout au moins la donation faite sur Saint-Germain-en-Laye comprenant la place, le château, la prévôté et la seigneurie de Saint-Germain-en-Laye.
  9. Attache des gens des comptes notifiant au prévôt de Paris l'hommage rendu par Jacques Le Clerc dit Cottier, vice-président en la chambre des comptes pour la seigneurie de Nonneville., 1496
  10. Germain Brice, Description nouvelle de tout ce qu'il y a de remarquable dans la ville de Paris, J. M. Gandouin et T. Le Gras, Paris, 1725, 8e édition, T3, p. 207.
  11. Cette église, située dans la rue du même nom, fut vendue le 4 fructidor an V et démolie peu après

Voir aussi

Bibliographie

  • Mémoires de Philippe de Commines in Mémoires pour servir à l'histoire de France, Michaud et Poujalat, Paris, 1837
  • Nouvelle biographie générale : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, tome 11, Firmin Didot, 1855, pp. 86-89 (lire en ligne)
  • Achille Chéreau, Jacques Coitier, médecin de Louis XI, roi de France, Mareschal, 1861
  • Victor Advielle, Discussion historique sur le véritable lieu de naissance de Jacques Coitier, médecin du roi Louis XI, Lons-le-Saunier, Henri Damelet, (lire en ligne)
  • Masson et Asselin, Dictionnaire Encyclopédique des Sciences Médicales, t. 18, 1876, pp. 717-718
  • Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine, no 11, 1912, pp. 315-322
  • Docteur J. Colombe, Portraits d’ancêtres - I - Jacques Coitier, Hippocrate revue d'humanisme médical, , no 1, p. 7-30
  • Émile Aron, Louis XI et ses guérisseurs, Chambray-lès-Tours, CLD, coll. « Biblio Touraine », , 197 p. (ISBN 2-85443-044-1)

Articles connexes

Liens externes

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