Jagdpanzer Elefant
Le Jagdpanzer Elefant est un Schwerer Panzerjäger (chasseur de chars lourd en allemand) utilisé par l'Armée allemande (Wehrmacht) durant la Seconde Guerre mondiale.
Pour les articles homonymes, voir Éléphant (homonymie) et Jagdpanzer.
8,8 cm PaK 43/2 Sfl L / 71 Panzerjäger Tiger (P) (Sd.Kfz.184) Elefant Ferdinand | |
Un Panzerjäger Tiger (P) Elefant restauré exposé au United States Army Ordnance Museum de Fort Lee (États-Unis). | |
Caractéristiques de service | |
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Type | Chasseur de char lourd |
Service | 1943 - 1945 |
Utilisateurs | Allemagne nazie |
Conflits | Seconde Guerre mondiale |
Production | |
Concepteur | Ferdinand Porsche |
Année de conception | 1942–1943 |
Constructeur | Porsche GmbH |
Production | Mars – Mai 1943 (modification Elefant Octobre –Novembre 1943) |
Unités produites | 90 exemplaires + 1 VK 45.01 P |
Variantes | Elefant (ajout MG34, coupole commandant , Zimmerit et blindage frontal) |
Caractéristiques générales | |
Équipage | 6 (Chef de char, pilote, tireur, radio-opérateur, chargeur x2) |
Longueur | 8,14 m (avec canon) |
Largeur | 3,38 m |
Hauteur | 2,97 m |
Garde au sol | 48,5 cm |
Masse au combat | 68 tonnes |
Blindage (épaisseur/inclinaison) | |
Type | Acier laminé soudé |
Frontal (caisse) | 200 mm / 12° |
Latéral (caisse) | 80 mm/0° |
Arrière (caisse) | 60 mm/ 0° |
Dessus (caisse) | 200 mm/ 35° |
Plancher (caisse) | 20 - 50 mm |
Frontal (tourelle) | 115 - 200 mm /12 - 25° |
Latéral (tourelle) | 80 mm/ 40° |
Haut (tourelle) | 30 mm / 85° |
Armement | |
Armement principal | 1 canon StuK 43 L/71 de 8,8 cm (50 à 55 obus) |
Armement secondaire | 1 mitrailleuse MG 34 de 7,92 mm (Elefant) |
Mobilité | |
Moteur | 2 x Maybach HL 120 TRM - v12 |
Puissance | 600 ch (441,3 kW) au total à 2600 tr/min |
Transmission | Pétroléo-électrique |
Suspension | Barre de torsion longitudinale |
Pression au sol | 1,2 kg/cm2 |
Vitesse sur route | 30 km/h |
Vitesse tout terrain | 8 à 10 km/h |
Pente franchissable | 22 % |
Puissance massique | 8 ch/tonne |
Réservoir | 1020 l |
Consommation | 909 litres/100 km (tout terrain) 667 litres/100 km (route) |
Autonomie | 153 km |
Autonomie tout terrain | 90 km |
Il est issu directement du Tigerprogramm, compétition entre Porsche et Henschel remportée par cette dernière.
Porsche, qui était sûr du succès de son prototype, en avait déjà lancé la production de 90 châssis, qui lui restent sur les bras. Il est alors décidé de les recycler en chasseur de chars lourd.
Celui-ci reçut tout d'abord le surnom de Ferdinand en référence à son concepteur Ferdinand Porsche. Contrairement à une idée largement répandue, le changement d'appellation de « Ferdinand » à « Elefant »[1] n'est pas liée à l'adoption de la mitrailleuse de caisse et de quelques modifications : les chars passent juste sous la tutelle d'unités de chasseurs de chars. Même si les deux événements coïncident, ils ne sont donc aucunement liés.
La désignation officielle allemande était 8,8 cm PaK 43/2 Sfl L / 71 Panzerjäger Tiger (P) ou Panzerjäger Tiger (P) en version courte[n. 1] et sa désignation d'inventaire était Sonderkraftfahrzeug 184 (ou Sd. Kfz. 184).
Conception
Durant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les ingénieurs allemands voulurent contrer la machine de guerre blindée alliée, ils conçurent un projet de nouveau panzer. Le projet Tiger I devait déboucher sur un nouveau type de char à blindage renforcé.
Deux projets de châssis sont créés, l'un par Porsche, appelé VK 45.01 (P), et l'autre par Henschel, appelé VK 45.01 (H). Lors de tests dynamiques en , le projet de Porsche se montra inférieur à celui de Henschel, c'est donc le prototype VK 45.01 (H) qui fut retenu.
Armement
L'armement est limité à un canon de 88 mm Pak43/2 L71, dérivé du fameux 88 mm Flak 38 antiaérien dont on a allongé significativement le tube, ce qui le rend particulièrement redoutable à longue distance. Les munitions tirées sont les Pz Granate (perforants anti-blindage) 39/43, 40/43 et les Spr Granate 43 (explosif), 50 coups sont embarqués (les obus sont en une seule pièce). Les performances des obus perforants sont impressionnantes : 241 mm à 1 000 mètres et 184 mm à 2 000 mètres. Cela laisse peu de chance de survie lorsque le coup porte. Afin de manier plus rapidement les obus (22 kg), un deuxième chargeur est ajouté aux membres d'équipage. Une lunette de tir SflZf1 a/Rblf36 équipe le Ferdinand (la même qui équipe les Stug, Jagdpanzer, Hetzer...).
Mais les ingénieurs omettent complètement la protection rapprochée du Ferdinand. Aucune mitrailleuse n'est en effet montée sur les superstructures, le but du Ferdinand étant d'engager et détruire l'ennemi à distance. Aussi, lorsque les panzer sont débordés et attaqués de près, la seule défense à disposition du personnel est constituée des deux pistolets mitrailleurs MP 40 embarqués et des pistolets automatiques des membres d'équipage. Ceux-ci ne peuvent tirer que par de petites ouvertures blindées placées sur les côtés et à l'arrière, ce qui est bien mince face à des soldats déterminés, certains soldats iront même jusqu'à ouvrir le feu avec leurs armes individuelles par le canon du char culasse ouverte.
Afin que le Ferdinand puisse encaisser les coups, son blindage initial de 100 mm est porté à 200 mm sur la face avant, les côtés étant blindés à 80 mm. La conception même de ce panzer préfigure les futurs projets d'engins de plus en plus blindés, mais aussi de plus en plus lourds.
Au combat
Le Ferdinand, alors armé d'un canon de 88 mm long, se montra d'une grande efficacité à longues distances (exemple : l'un d'eux a pénétré le blindage et mis hors de combat un T-34 a une distance de 4,5 km).
La première utilisation au front du Ferdinand remonte à l'opération "Citadelle" dans le saillant de Koursk en Juillet-Août 1943, 89 Ferdinand furent mobilisés. 45 assignés au 654e bataillon de chasseurs de chars lourds, 44 dans le 653e bataillon de chasseurs de chars lourds, tous deux regroupés avec le 216e bataillon de Sturmpanzer ; dans le 656e bataillon de chasseurs de chars lourds inclus dans le 21e Panzerkorps sous les ordres de la 9e Armée de Model donc engagé dans le nord du Saillant.[2]
Cependant, il n'était pas équipé d'armes de défense contre l'infanterie : les tacticiens russes en conclurent donc qu'un simple fantassin courageux armé d'une grenade antichar pouvait venir à bout de ces monstres. C'est bien ce qui s'est passé lors de la bataille de Koursk (été 1943) : 2 Ferdinand ont été détruits par une grenade antichar jetée dans les bouches d'air du véhicule. On compte 19 véhicules détruits selon les sources Allemandes de l'OKH et 21 selon les sources Soviétiques[3] (2 par grenades antichars, 1 par un SU-152 et le reste abandonnés par les équipages à cause de problèmes mécaniques) lors de la bataille de Koursk, contrairement au chiffre exagéré donné par la propagande soviétique qui s'élevait à 70.
Après les premiers combats de Koursk, les Ferdinand restants sont renvoyés dans les usines pour y subir des aménagements : ajout sur la face avant d'une mitrailleuse MG 34 avec 600 coups, le radio devenant dès lors radio/tireur ; ajout d'une coupole à épiscopes de StuG III Ausf.G pour le chef de char pour améliorer la visibilité très insuffisante. Le pilote garde malheureusement ses seuls trois épiscopes pour guider l'engin.
Le Ferdinand, contrairement à une idée reçue, n'a pas été décimé à Koursk. Il reste d'ailleurs en service jusqu'à la bataille finale à Berlin. Un ingénieur de Porsche déplacé à Koursk constatera après examens et enquête que seuls 3 Ferdinand eurent leurs blindages percés par des obus perforants : les autres succombèrent à des avaries diverses et à des coups portés dans les trains de roulement et la partie moteur, et ne purent être remorqués pour être dépannés. Le Ferdinand/Elefant était exagérément lourd, ce qui occasionnait des pannes mécaniques catastrophiques en pleine bataille.
Les derniers Elefant retournent sur le front Est sous le commandement de la 17e armée puis de la 4e armée blindée au mois d'. Ils sont alors regroupés et l'unité formée est renommée S.Pz.Jag.Kie.614 le . À la fin de , la situation chaotique de l'Allemagne ne permettant pas de remettre en condition les Elefant endommagés, il n'en reste plus que 4, qui participent à la défense de Berlin, dont 1 sur la place Karl-August et 1 près de l'église de la Trinité (les 2 autres ont été détruits par l'artillerie soviétique sur les hauteurs de Seelow).
Pour conclure, ce chasseur de chars lourds était un très bon véhicule[4], victime presque uniquement de problèmes mécaniques et non des chars adverses.
Dans la culture populaire
Le Jagdpanzer Elefant apparaît dans plusieurs jeux vidéo : dans World of Tanks (« Ferdinand »), dans War Thunder (« Panzerjäger Tiger (P) Ferdinand »), dans Company of Heroes 2 (« Elephant »), dans Steel Division 2 (« Elephant »), et Men of War: Assault Squad (« Elephant »).
Notes et références
Notes
Références
- Roman Töppel, Koursk, 1943, trad. Jean Lopez, Perrin, , 384 p. (ISBN 978-2-262-09544-4), p. 66 : «En 1944, le nom « Ferdinand » est remplacé par celui d'« Éléphant »».
- Roman Töppel, Koursk, 1943, trad. Jean Lopez, Perrin, , 384 p. (ISBN 978-2-262-09544-4), p. 66 : « Sont donc livrées au front, au total, 89 machines, dont 45 sont rassemblées dans la 654e bataillon de chasseurs de chars lourds, et 44 dans le 653e bataillon, l'unité sœur de la précédente. Les deux bataillons forment, avec le 216e bataillon de Sturmpanzer, le 656e régiment de chasseurs de chars lourds et sont subordonnés, pour l'attaque vers Koursk, à la 9e armée de Model. ».
- Roman Töppel, Koursk, 1943, trad. Jean Lopez, Perrin, , 384 p. (ISBN 978-2-262-09544-4), p. 196 : « le 656e régiment de chasseurs de chars lourds a perdu, selon les rapport à l'OKH, 19 Ferdinand. Après le retrait allemand, les Soviétiques en compteront 21 laissés sur le champ de bataille. ».
- Roman Töppel, Koursk, 1943, trad. Jean Lopez, Perrin, 2018, p. 57 : « le canon de char et de chasseur de chars le plus efficace existant alors », « blindage frontal de 200 mm, ce qui le rend quasi-invulnérable par devant ».
Voir aussi
Articles connexes
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