Jean-Rodolphe Perronet

Jean-Rodolphe Perronet, né à Suresnes le , mort à Paris le , est un ingénieur et architecte français, fondateur et premier directeur de l’École des ponts et chaussées[2].

Pour les articles homonymes, voir Perronet.

Vie et carrière

Jean-Rodolphe Perronet est né à Suresnes le 25 octobre 1708, enfant naturel d'un jeune « cadet » des Gardes suisses protestant, et d’une jeune vigneronne catholique de 19 ans[3]. Après l’assassinat de son père en 1725[3], il entre à dix-sept ans comme apprenti-architecte au cabinet de Jean Beausire, premier architecte de la ville de Paris[2]. Il est chargé du projet et de la conduite du grand égout de Paris, des travaux des quais et de l’entretien des chemins de banlieue. En 1735, il est nommé sous-ingénieur à Alençon et il entre en 1736 au corps des ponts et chaussées. Néanmoins, il aimera toujours se dire architecte et c'est en cette qualité qu'il apparaît dans son portrait par Alexandre Roslin, actuellement au musée de Göteborg[4].

En 1737, il devient sous-ingénieur, puis ingénieur de la généralité d'Alençon[2]. En cette qualité, il construit la lanterne de la basilique Notre-Dame d'Alençon[4].

Le 14 février 1747, un arrêt nomme Perronet à la direction du Bureau des dessinateurs du Roi, que vient de créer Trudaine, pour lever les cartes et les plans du royaume. Il a pour mission de former les ingénieurs des ponts et chaussées et d’en contrôler l’action dans les généralités où ils sont employés. Il reçoit en outre la direction du lever de tous les plans des routes et le droit de projeter, conduire et inspecter tous les travaux dans les provinces, concurremment avec les inspecteurs généraux[2].

En 1750, il obtient le grade d'inspecteur général et, en 1764, celui de premier ingénieur dont il remplit les fonctions pendant plus de trente ans[2]. Il réalise de très nombreux ponts, dont le pont de la Concorde à Paris. Entre 1747 et 1791, 2 500 km de routes sont ouvertes ou rectifiées sous sa direction.

Double portrait dit l'Architecte Jean-Rodolphe Perronet et son épouse, Antoinette Charlotte Besson, par Alexandre Roslin (1759), au musée des beaux-arts de Göteborg.

Il entre en 1756[4] à l'Académie royale d'architecture. Il est nommé premier ingénieur du roi en 1763 et devient membre associé de l’Académie royale des sciences en 1765[2].

Le Bureau des dessinateurs du Roi qu'il dirige depuis 1747 devient le Bureau des élèves des ponts et chaussées puis, en 1775, l’École des ponts et chaussées. Organisateur, animateur et pédagogue, il est le véritable père spirituel de ses élèves et met en œuvre une pédagogie originale qui, encore aujourd’hui, semble d’actualité.

La première École des ponts et chaussées est installée dans l’hôtel Libéral Bruant à Paris.

Jean-Rodolphe Perronet a contribué aux articles « pompe à feu » et « épinglier[5] » dans l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Diderot et d’Alembert. En 1772, il devient membre de l'Académie royale des sciences de Suède[1].

Selon Michel Gallet : « On est encore mal informé sur sa propriété de Perroy, sur le lac de Genève, où la villa palladienne, de forme ronde, évoque l'architecture de son ami Louis Le Masson[6]. »

Le nom de Jean-Rodolphe Perronet est souvent cité dans la correspondance de Diderot, car Perronet était amoureux de Marie Charlotte Legendre, la sœur de Sophie Volland et l'épouse de Jean-Gabriel Legendre, lui-même inspecteur général des ponts et chaussées[7]. Il avait épousé Antoinette Charlotte Besson.

Réalisations

Outre les ponts ci-dessous, l'ingénieur Perronet a supervisé la construction de la première manufacture de Sèvres dont l'architecte est Laurent Lindet.

Ponts

Première pensée de Perronet pour le pont de la Concorde[8].
Le second pont de Neuilly, conçu par Perronet.

Publications

Hommages

L'église Saint-Pierre de Neuilly et le monument à Perronet dans les années 1910.
Statue de Jean-Rodolphe Perronet, à l'extrémité de l'île de Puteaux.
  • La rue adjacente à l'ancien site de l’École nationale des Ponts et Chaussées porte aujourd’hui son nom, à la limite des 6e et le 7e arrondissements de Paris.
  • Une statue de Perronet, réalisée par le sculpteur Adrien Étienne Gaudez et l'architecte Édouard Guiard pour le socle, est inaugurée en 1897 rond-point d’Inkermann (actuelle place Winston-Churchill). Fondue en 1942 sous le régime de Vichy, elle a laissé la place à un monument aux morts[10],[11].
  • En 1981, la ville de Neuilly acquiert une statue en pierre de Perronet datant du XVIIIe siècle, d’origine inconnue, et l'installe à la pointe nord-est de l’île de Puteaux, au pied du pont de Neuilly (dont l'ingénieur avait créé la première version en pierre en 1772)[10].
  • On a, à Neuilly-sur-Seine, une rue, une avenue et un square Perronet. Une rue lui rend aussi hommage à Suresnes, sa ville de naissance.

Notes et références

  1. http://runeberg.org/ksvperson/0139.html.
  2. F.-P.-H Tarbé de Saint-Hardouin (1884), Notices biographiques sur les ingénieurs des ponts et chaussées, p. 29–31.
  3. Claude Vacant, « Jean-Rodolphe Perronet », sur le site des Archives nationales de France (consulté le )
  4. Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle : Dictionnaire biographique et critique, Paris, Éditions Mengès, , 494 p. (ISBN 2-8562-0370-1), p. 403.
  5. Tome II, Article « (Art de l') Epinglier », p. 450–478.
  6. M. Gallet, Op. cit., p. 403. V. aussi : (it) P. Hofer, Palladio : La sua eredita nel mondo, Milan, , « Il Palladianesimo in Svizzera ».
  7. Georges Roth, in Diderot, Correspondance, t. V, Minuit, 1959, p. 49.
  8. En ligne : Première pensée de Perronet pour le pont Louis XVI.
  9. Lesage, p. 11.
  10. « Monument à Jean-Rodolphe Perronet – Neuilly-sur-Seine (fondu) », sur e-monumen.net (consulté le ).
  11. Service Archives-Documentation de Neuilly-sur-Seine, « Les statues dans Neuilly », sur neuillysurseine.fr (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Perronet (M.), in Table générale des matières contenues dans l'"Histoire" et dans les "Mémoires de l'Académie royale des sciences", Paris, Panckoucke, 1774, tome 8, 1761-1770, p. 447 (lire en ligne).
  • Perronet (M.), in Table générale des matières contenues dans l'"Histoire" et dans les "Mémoires de l'Académie royale des sciences", Paris, Imprimerie de Moutard, 1786, tome 9, 1771-1780, p. 358 (lire en ligne).
  • François-Pierre-H. Tarbé de Saint-Hardouin, Notices biographiques sur les ingénieurs des Ponts et Chaussées depuis la création du corps, en 1716, jusqu'à nos jours – Jean-Rodolphe Perronet, Paris, Librairie Polytechnique, .
  • Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle : Dictionnaire biographique et critique, Paris, Éditions Mengès, , 494 p. (ISBN 2-8562-0370-1).
  • Pierre-Charles Lesage, Recueil de divers mémoires extraits de la Bibliothèque impériale des ponts et chaussées, à l'usage de MM. les ingénieurs, Paris, Firmin Didot, 1810.
  • François Moureau, Diderot et le portrait de Perronet : trois lettres inédites, Dix-Huitième Siècle , 1984, no 16, p. 243-252.
  • Guy Coriono, 250 ans de l’École des Ponts en cent portraits, Paris, Presses de l’École nationale des Ponts et Chaussées, 1997, p. 37 et suivantes.
  • M. Guillot, Un destin helvétique, Jean-Rodophe Perronet et sa famille suresnoise (1708-1794) in Les gardes suisses et leurs ""familles au XVIIe et XVIIIe siècles en région parisienne, p. 108–116.
  • Yvon Michel, Jean-Rodolphe Perronet (1708-1794) in Monuments historiques, Paris, avril-, n° 150-151, p. 81-86.
  • Claude Vacant, Jean-Rodolphe Perronet (1708-1794), premier ingénieur du Roi et directeur de l’École des Ponts et Chaussées, Paris, Presses de l’École Nationale des Ponts et Chaussées, 2006. 24 cm, 344 p., ill.
  • Emilie Sottiau, « Les réseaux de relations d’un homme de science au siècle des Lumières : Jean-Rodolphe Perronet (1708-1794) », Université de Marne la Vallée.
  • Pierre Charles Lesage, Notice pour servir à l'éloge de M. Perronet, Premier ingénieur des Ponts et Chaussées, Paris, 1805 Lire en ligne.
  • Benjamin Fillon, Jean-Rodolphe Perronet 1778-1791. Deux lettres de Jean Rodolphe Perronet, l'une sur une pyramide à élever sur le pont de Fontenay-le-Comte (1778), l'autre relative aux travaux du pont Louis XVI à Paris (1791), p. 371-377, Nouvelles archives de l'art français, 1872, p. 371 (lire en ligne).
  • Louis de Grandmaison, Essai d'armorial des artistes français. Lettres de noblesse. Preuves pour l'Ordre de Saint-Michel, p. 365-366, Réunion des sociétés savantes des départements à la Sorbonne. Section des beaux-arts, Paris, Ministère de l'instruction publique, 1903, 27e session (lire en ligne)
  • Sous la direction d'Antoine Picon, L'art de l'ingénieur constructeur, entrepreneur, inventeur, p. 364, Paris, Centre Georges Pompidou/Éditions Le Moniteur, 1997, (ISBN 978-2-85850-911-9).

Articles connexes

Liens externes

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