Jean Baptiste Clément

Jean Baptiste Clément[Note 1], né à Boulogne-sur-Seine (Seine, désormais appelé Boulogne-Billancourt) le , mort à Paris le , est un chansonnier montmartrois[Note 2], journaliste, syndicaliste et communard français. La plus grande partie de son répertoire est aujourd'hui oubliée, excepté quelques chansons et en particulier les très célèbres Le Temps des cerises et La Semaine sanglante. Dans un registre différent, il rédigea une version parodique de la célèbre ronde enfantine Dansons la capucine[1], contre le Second Empire.

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Jean Baptiste Clément
Jean Baptiste Clément photographié par Nadar.
Biographie
Naissance
Décès
(à 66 ans)
Paris
Sépulture
Nationalité
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Membre de
Arme
Conflit
Condamnation
Œuvres principales
Vue de la sépulture.

Jean Baptiste Clément était militant du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire (POSR).

Biographie

Né dans une famille aisée à Boulogne-sur-Seine le [2],[3],[4],[5], fils d'un riche meunier de Montfermeil, Jean Baptiste Clément quitte très jeune le foyer familial. Dès l'âge de quatorze ans, il exerce le métier de garnisseur de cuivre, métier qu'il qualifiait lui-même de plus insignifiant de tous les métiers. Il exerce encore plusieurs autres professions, travaillant notamment chez ses grands-parents meuniers au moulin de cage[6], et rejoint Paris où il côtoie des journalistes écrivant dans des journaux socialistes, notamment Le Cri du peuple de Jules Vallès. En 1867, il doit se réfugier en Belgique, où il publie la célèbre chanson Le Temps des cerises[7].

Revenu à Paris, il collabore à divers journaux d'opposition au Second Empire, tels que La Réforme de Charles Delescluze et Auguste-Jean-Marie Vermorel[2],[3]. Jean Baptiste Clément est alors condamné pour avoir publié un journal non cautionné par l'empereur. Il est emprisonné à la prison Sainte-Pélagie jusqu'au soulèvement républicain du [2],[3].

Devenu membre de la Garde nationale, il participe aux différentes journées de contestation du Gouvernement de la Défense nationale le et le . Le , il est élu au Conseil de la Commune par le XVIIIe arrondissement, celui de la Butte-Montmartre, avec Auguste Blanqui (mais celui-ci est détenu en dehors de Paris), Auguste-Jean-Marie Vermorel, ou encore Théophile Ferré[2],[3]. Il est membre de la commission des Services publics et des Subsistances. Le , il est nommé délégué à la fabrication des munitions, puis, le , à la commission de l'Enseignement[2],[3]. Dans Le Cri du peuple, il proteste contre la fermeture de certains journaux d'opposition à la Commune. Combattant sur les barricades pendant la Semaine sanglante[2], il écrit peu après la chanson La Semaine sanglante qui dénonce la violente répression contre les communards.


Il réussit à fuir Paris, gagne la Belgique et se réfugie à Londres, où il poursuit son combat[2],[3]. Il est condamné à mort par contumace en 1874. Pendant cette période de à , il se réfugie clandestinement chez ses parents à Montfermeil. En attendant l'amnistie, prononcée en 1879, il se promène dans les bois et pêche dans les étangs de Montfermeil. Il rentre à Paris après l'amnistie générale de 1880.

En 1885, il est envoyé en mission par la Fédération des travailleurs socialistes de France pour observer et soutenir une grève dans une entreprise métallurgique ardennaise, la Grosse Boutique, déclenchée par des licenciements à la suite de la création d'un syndicat. Il reste sur place un mois et demi, écoute, organise des assemblées de travailleurs et des collectes de soutien financier aux grévistes, revient sur Paris informer la Fédération de la situation, puis retourne en Ardennes en 1887. Il y diffuse l'idée de syndicalisation, fonde le cercle d'études socialiste, l'Étincelle de Charleville et la Fédération socialiste des Ardennes qui participe en 1890 à la création du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, ainsi que des coopératives. Fatigué après plusieurs années de lutte, il quitte les Ardennes en décembre 1894, où il est remplacé par Gaétan Albert-Poulain, pour revenir en région parisienne[2],[3].

Tombe de Jean Baptiste Clément au cimetière du Père-Lachaise.
Léo Campion, Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas : les Maillons libertaires de la Chaîne d'Union, Éditions Alternative libertaire, 1996.

Le , Jean Baptiste Clément est initié à la loge Les Rénovateurs du Grand Orient de France à Clichy. Il s'affilie, le , à la loge L'Évolution Sociale à Paris, où il passe compagnon et maître le même jour, le [8],[9].

Alors qu'il demeure 110, rue Lepic, il décède à l'âge de 66 ans au 200, rue du Faubourg-Saint-Denis, Maison Dubois (devenu ensuite Hôpital Fernand-Widal) le [3],[10]. Lorsqu'il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise le , entre quatre et cinq mille personnes assistent à la cérémonie.

Selon l'un de ses amis : « Le souvenir d'un tel homme ne s'effacera jamais, la distance et le temps le rendent plus cher encore à ceux qui purent apprécier toutes les qualités foncièrement bonnes de son cœur de beau poète et de prolétaire révolté contre toutes les injustices sociales... Et pourtant, jamais propagandiste ne fut autant vilipendé que Jean Baptiste Clément. Mais rien ne l'arrêtait : ni les condamnations, ni les méchancetés capitalistes, ni l'indifférence ouvrière. Ce fut vraiment une grande figure de l'époque héroïque du socialisme. »

Toute sa vie il est surveillé par la Sureté Nationale, son dossier aux archives de la Préfecture de Police[11] fait environ 30 cm d'épaisseur. La surveillance de sa mémoire s'est continuée après sa mort, le dernier document du dossier est un programme de cabaret de 1963 organisant une soirée pour les soixante ans de sa mort.


Chansons

Jean Baptiste Clément a écrit un grand nombre de chansons, dont certaines sont passées dans le répertoire enfantin :

  • Au moulin de Bagnolet (1863)
  • Le Moulin des larmes (1865)
  • Le Temps des cerises (1866)
  • La Semaine sanglante (1871)
  • La Chanson du semeur (1882)
  • Les Traîne-misère (1883)
  • Aux loups (1884)
  • La Grève (1893)
  • En avant paysans ! (1900)
  • Dansons la capucine (1860-1870 ?)
  • Le Capitaine « Au mur »
  • La Marjolaine
  • Bonjour printemps
  • Quatre-vingt-neuf
  • L'Eau va toujours à la rivière
  • Fournaise
  • Ah le joli temps !
  • Le Chasse neige
  • Le Bonheur des champs
  • Le Couteau de Jeannette
  • Fille des champs
  • Le Barde Gaulois
  • J'n'en ai pas le courage
  • Le Chant du ruisseau
  • Je vais chez la meunière

Postérité

Hommages artistiques

« Il y a cent ans commun commune
Comme un espoir mis en chantier
Ils se levèrent pour la Commune
En écoutant chanter Pottier
Il y a cent ans commun commune
Comme une étoile au firmament
Ils faisaient vivre la Commune
En écoutant chanter Clément. »

 Jean Ferrat, Chanson « La Commune »

  • Michel Fugain lui rend hommage dans sa chanson Les Cerises de Monsieur Clément dans l’album Fugain et le Big Bazar édité en 1972.

Odonymes

En France, dans de nombreuses villes, des places ou des voies portent le nom de Jean Baptiste Clément (par ordre alphabétique de villes) :

De même plusieurs établissements scolaires portent son nom (par ordre alphabétique de villes) :

Notes et références

Notes

  1. Le nom exact du chansonnier est Jean Baptiste Clément (sans trait d'union entre Jean et Baptiste, à la différence de son père qui avait le même prénom mais avec un trait d'union).
  2. Le poète est ainsi qualifié dans les premières lignes de sa biographie écrite par Tristan Rémy : Le temps des cerises (Jean Baptiste Clément), Les Éditeurs Français Réunis, Paris, 1968.

Références

  1. Eugène Baillet faisant en 1880 la biographie de Jean Baptiste Clément écrit : « C'est un lutteur infatigable ; en plein empire il chantait et publiait Oh le joli temps, Dansons la capucine, et bien d'autres. » Article Galerie de chansonniers : J. B. Clément, La Chanson, 5 septembre 1880, page 130, 1re colonne.
  2. Henri Manceau, Des luttes ardennaises, Trois siècles d'histoire, Paris, Éditions sociales,
  3. « Clément Jean-Baptiste », sur Le Maîtron
  4. « Jean-Baptiste Clément. " Elle s'appelait Louise " », Le Monde, (lire en ligne)
  5. Archives en ligne des Hauts-de-Seine, Actes d'état-civil, Boulogne-Billancourt, Naissances E_NUM_BOU70 1836, page 19/47 acte N°104
  6. Jean Baptiste Clément ou La fraternité en chanson...
  7. « Le temps des cerises : pastorale », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  8. Léo Campion, Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas : les Maillons libertaires de la Chaîne d'Union, Éditions Alternative libertaire, 1996, texte intégral.
  9. Le Temps des cerises, Musée virtuel de la musique maçonnique, lire en ligne.
  10. Acte de décès du 10e arrondissement de Paris cote 10D 277, page 28/31 acte N°904
  11. Archives de la préfecture de Police : cote : BA 1013 et BA 1014
  12. https://www.education.gouv.fr/annuaire/93-seine-saint-denis/le-blanc-mesnil/etab/ecole-elementaire-jean-baptiste-clement.html
  13. https://ecolesprimaires.fr/92/boulogne-billancourt/ecole-elementaire-publique-jean-baptiste-clement-117o Consulté le 27 novembre 2020
  14. « CLG JEAN-BAPTISTE CLEMENT - COLOMBES (0921160L) - Académie de Versailles », sur Annuaire des établissements de l'académie de Versailles (consulté le )
  15. http://clement-dugny.webcollege.fr/
  16. (Seine-Saint-Denis)
  17. https://www.paris.fr/equipements/ecole-maternelle-jean-baptiste-clement-298 Consulté le 27 novembre 2020
  18. « Collège Jean-Baptiste Clément », sur Etablissements de Paris (consulté le )
  19. https://college-lycee.com/ecole-maternelle-jean-baptiste-clement/Le-Petit-Quevilly-0761206Y Consulté le 27 novembre 2020
  20. https://sainte-foy-de-peyrolieres.fr/au-quotidien/enfance/scolarite/ecole-maternelle-jean-baptiste-clement/Consulté le 27 novembre 2020
  21. https://sitetab3.ac-reims.fr/lp-clement/-wp-/ Consulté le 27 novembre 2020
  22. https://lesecoles.fr/trappes-78190/ecole-elementaire-jean-baptiste-clement-xbr.html
  23. https://college-lycee.com/Ecole-elementaire-Jean-Baptiste-Clement/Villetaneuse-0931424T

Voir aussi

Bibliographie

Notices biographiques

Articles connexes

Liens externes

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