Jean Sainteny
Jean Sainteny, né Jean Roger ( au Vésinet - à Paris), est un homme politique français, Compagnon de la Libération.
Pour les articles homonymes, voir Sainteny.
Jean Sainteny | |
Fonctions | |
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Membre du Conseil constitutionnel | |
– | |
Prédécesseur | André Deschamps |
Successeur | André Ségalat |
Ministre des Anciens Combattants et Victimes de guerre | |
– | |
Gouvernement | Pompidou II |
Prédécesseur | Raymond Triboulet |
Successeur | Alexandre Sanguinetti |
Député français | |
– (1 mois et 12 jours) |
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Circonscription | 2e circonscription de Paris |
Législature | IIe (Cinquième République) |
Prédécesseur | Michel Junot |
Successeur | Amédée Brousset (son suppléant) |
Biographie | |
Nom de naissance | Jean Roger |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Le Vésinet (Seine-et-Oise) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Paris 1er |
Parti politique | UNR-UDR |
Conjoint | Lydie Sarraut Claude Dulong |
Enfants | Philippe, Guillaume et Elvire Sainteny |
Biographie
Jean Roger (en , il est autorisé à porter officiellement son pseudonyme de résistant de Sainteny) étudie à Paris, aux lycées Condorcet et Janson-de-Sailly. Il intègre la banque de l’Indochine qui l’envoie en Indochine française en . Il rentre en France en pour fonder une affaire d'assurances-conseil.
En , il épouse Lydie Sarraut (-), devenant ainsi gendre du président du Conseil Albert Sarraut (par ailleurs ancien gouverneur général de l'Indochine). Ils ont un fils.
Seconde guerre mondiale
Démobilisé en , il rejoint la Résistance dans le Cotentin. Il est contacté dès le mois d' par le commandant Georges Loustaunau-Lacau, qui est en train de monter un réseau de renseignement avec l'aide (plus ou moins volontaire) des autorités vichystes[1]. Jean Roger n'est pas alors rattaché au réseau qui deviendra l'Alliance, et reste dans le Cotentin. Arrêté en , il est relâché faute de preuves[1]. Lui et son groupe rejoignent l'Alliance début 1942[1], Roger conservant le contrôle du secteur du Cotentin[2].
Il recrute notamment le mari de sa sœur, le lieutenant Michel Fourquet[3],[4]. En , il permet à Claude Hettier de Boislambert et à Antoine Bissagnet de s'évader[5].
« Dragon » (nom de code qui lui est attribué) devient peu après le responsable de la Normandie au complet. Arrêté une nouvelle fois en , il s'échappe et passe dans la clandestinité[1], sous le nom de Sainteny. Parti à Londres en , alors que le réseau est quasiment démantelé par les arrestations de ses chefs successifs (Léon Faye en septembre 1943, Paul Bernard en ), Roger retourne en France sur ordre de Marie-Madeleine Fourcade, chef historique du réseau, afin de prendre la tête des effectifs survivants en zone occupée[6].
Son travail est efficace, permettant à neuf émetteurs situés entre Lorient, Paris, Le Mans et Soissons de transmettre les renseignements[7]. Roger est également responsable du plan « DIP », visant à sonder les personnalités de Vichy concernant l'issue de la guerre ; il semble que des contacts aient été pris au moins avec Pierre Laval, intéressé[8]. Mais à la suite du recrutement d'un radio agent double, Roger et la plupart de ses agents sont arrêtés le 7 juin[9].
Évadé le de la rue des Saussaies[1], il retrouve à la fin du mois Fourcade à Paris, qui vient reprendre en main la totalité du réseau. De par les opérations du débarquement de Normandie, les résistants ont la possibilité d'apporter directement leurs renseignements à ceux qui en ont besoin ; si les émissions radios continuent, Roger est chargé de transporter une partie du courrier à travers la ligne de front[10]. Roger effectue par deux fois ce trajet dangereux[1],[11], apportant notamment au général Patton les renseignements qui lui permettront d'investir Paris.
Après la libération de Paris, Jean Roger permet l'arrestation de Jean-Paul Lien, agent double de l'Abwehr qui avait permis la capture de Léon Faye et les arrestations qui ont suivi en [12].
Après-guerre
En ], il est commissaire de la République pour le Tonkin et l'Annam du Nord et négocie avec Hồ Chí Minh. Il est d'ailleurs à l'origine d'un accord avec le dirigeant Việt Minh pour que l'Indochine demeure dans l'Union française : l'accord Hô-Sainteny, qui devient caduc avec l'éclatement de la guerre d'Indochine. Dès lors, les partisans de la négociation étant devenus minoritaires, Sainteny ne joue plus qu'un rôle secondaire sur le théâtre indochinois. Il est par ailleurs blessé dans une embuscade. Après les accords de Genève de, il retourne à Hanoï comme délégué du gouvernement français auprès du Nord Viêt Nam.
En , divorcé, il épouse Claude Dulong, archiviste paléographe, qui est plus tard membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Ils ont deux enfants, Guillaume et Elvire.
Il est commissaire général au Tourisme de à . Élu député UNR-UDT en de la deuxième circonscription de la Seine (2e et 3e arrondissement de Paris), il entre au gouvernement Georges Pompidou en qualité de ministre des Anciens Combattants et Victimes de guerre et est titulaire de ce portefeuille entre le et le .
De l'année à , il est administrateur d'Air France. Il est également administrateur de l’Institut International d’administration publique en et fondateur et président de l’Office général de l’air (en et du Fonds français pour la nature et l’environnement en .
En , il fonde l'Institut international bouddhique qui donne lieu à la création de la pagode du bois de Vincennes[13]. À partir de l'année , il sert d'intermédiaire entre Henry Kissinger et l'ambassadeur de Chine à Paris pour établir des contacts avec Chou-EnLaï, ce qui conduit au voyage de Richard Nixon à Pékin en [14].
Le général de Gaulle le nomme membre du Conseil constitutionnel en . Il y reste jusqu'à la fin de son mandat en .[réf. nécessaire]
Pour lui rendre hommage, l'Académie des sciences morales et politiques distribue annuellement un prix Jean-Sainteny, destiné « à couronner un ouvrage concernant le développement politique, économique ou culturel ou les relations internationales, notamment en Asie du Sud-Est et en Afrique, dans l'esprit qui fut celui de l'action de Jean Sainteny »[15].
Décorations
- Grand officier de la Légion d'honneur
- Compagnon de la Libération par décret du [1]
- Croix de guerre 1939-1945 (4 citations)
- Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs
- Médaille de la Résistance française avec rosette par décret du 24 avril 1946[16]
- Médaille coloniale avec agrafe "Extrême-Orient"
Notes et références
- « Jean SAINTENY », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
- Fourcade, tome 1, p. 259.
- Eric Chiaradia, L'entourage du général de Gaulle: juin 1958-avril 1969, Editions Publibook, (ISBN 978-2-7483-6016-5, lire en ligne), p. 713
- Bernard Dupérier, Chasseur du ciel (1940-1945), Perrin (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-262-05740-4, lire en ligne)
- Noguères et Degliame-Fouché 1972, Partie 1, chapitre XI : « Novembre 1942 ».
- Fourcade, tome 2, p. 270.
- Fourcade, tome 2, p. 275.
- Fourcade, tome 2, p. 278.
- Fourcade, tome 2, p. 377.
- Fourcade, tome 2, p. 379.
- Fourcade, tome 2, p. 386.
- Lormier 2017.
- Sciences Po - Centre d'histoire
- Henry Kissinger, A la Maison Blanche, Paris, FAYARD, , P. 763;768;777
- « Prix Jean-Sainteny », sur Académie des sciences morales et politiques (consulté le )
- « - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
Bibliographie
Ouvrages de Jean Sainteny
- 1953 : Histoire d'une paix manquée : Indochine, 1945-1947, éd. Amiot-Dumont
- 1967 : Histoire d'une paix manquée : Indochine, 1945-1947, seconde édition augmentée d'annexes nouvelles, éd. Fayard
- 1970 : Face A Hô Chi Minh, éd. Seghers
Autres
- Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de Noé, t. 1, Paris, éditions Fayard, coll. « Le Livre de poche » (no 3139), (réimpr. 1998) (1re éd. 1968), 414 p. (lire en ligne).
- Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de Noé, t. 2, Paris, éditions Fayard, coll. « Le Livre de poche » (no 3140), (réimpr. 1998) (1re éd. 1968), 446 p.
- Henri Noguères et Marcel Degliame-Fouché, Histoire de la Résistance en France : Et du Nord au Midi : novembre 1942-septembre 1943, vol. 3, Paris, Robert Laffont, , 764 p. (ISBN 9782221236048, lire en ligne).
- Dominique Lormier, Les 100 000 collabos : Le fichier interdit de la collaboration française, Le Cherche-midi, coll. « Documents », , 197 p. (ISBN 9782749150635, lire en ligne).
Liens externes
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