Joseph-Henri-Joachim Lainé
Joseph-Henri-Joachim[1], vicomte Lainé, né le à Bordeaux et mort le à Paris, est un avocat et homme politique français.
Pour les articles homonymes, voir Lainé.
Joseph Henri Joachim Lainé | |
Buste du vicomte Lainé au palais du Luxembourg (Paris) | |
Fonctions | |
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Président de la Chambre des députés des départements | |
– (10 mois et 24 jours) |
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Prédécesseur | Jean-Denis Lanjuinais, Président de la Chambre des représentants |
Successeur | Étienne-Denis Pasquier |
– (9 mois et 9 jours) |
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Prédécesseur | Claude Ambroise Régnier, Président du Corps législatif |
Successeur | Jean-Denis Lanjuinais, Président de la Chambre des représentants |
Ministre de l'Intérieur | |
– (2 ans, 7 mois et 22 jours) |
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Prédécesseur | Vincent-Marie Viénot de Vaublanc |
Successeur | Élie Decazes |
Ministre sans portefeuille | |
– (1 an, 9 mois et 24 jours) |
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Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Bordeaux |
Date de décès | |
Lieu de décès | Paris |
Sépulture | Saucats |
Nationalité | Royaume de France |
Résidence | France |
Présentation
Origines et jeunesse
Les parents de Lainé, Guillaume Lainé, substitut du procureur du roi, et Jeanne Ravel[2], sont arrivés de Saint-Domingue en 1763. Leur fortune, sans être extravagante, leur permit de devenir les nouveaux seigneurs de Laguloup, à Saucats[3]. Ils ont poursuivi l’activité familiale dans le négoce entre Bordeaux et les Antilles, où ils conduisaient encore des affaires et possédaient des esclaves.
Après des études au collège de Guyenne[4], Lainé fut reçu avocat au barreau de Bordeaux en 1789 et plaida ensuite avec un grand succès à Paris. L'année suivante, sa mère le rappela pour l'envoyer aux colonies défendre leur fortune en péril à la suite des révoltes d'esclaves. Il servit en qualité de garde national contre les captifs insurgés de Saint-Domingue. S'étant opposé à l'émancipation instantanée des esclaves lors d'une assemblée générale, il reçut un coup de sabre au visage. Conscient que tout espoir de conserver leurs possessions était perdu, il revint en France en 1792. Il bénéficiera néanmoins de l'indemnité affectée aux anciens colons[5].
Carrière politique
Il est nommé administrateur du district de La Réole en 1793, ce qui permit, par cette fonction, à sa famille d’échapper à l'échafaud. Il fit partie du Directoire du département de la Gironde en 1795. De 1796 à 1808, il reprend son métier d'avocat.
Rallié au Consulat et à l'Empire, il est nommé en 1808 par le Sénat conservateur, député de la Gironde du Corps législatif. Membre en 1813 de la commission extraordinaire nommée par le Corps législatif pour chercher quels étaient les « besoins et les désirs de la Nation », il en fut le rapporteur. Son rapport qui demandait des réformes plus libérales et osait parler de « Paix et de Liberté » déplut à Napoléon. Victime de la colère de l’Empereur, Lainé quitte alors le Corps législatif et se retire à Bordeaux où il accueille la Restauration avec faveur[6].
Le , il est aux côtés de Lynch, maire de Bordeaux, pour livrer la ville aux Anglais et au duc d’Angoulême. Ce dernier le nomme préfet provisoire de la Gironde en . A cette date, il rentre à la Chambre des députés des départements et en est nommé Président par le roi Louis XVIII. Pendant les Cent-Jours, Lainé s'enfuit en Angleterre, accompagnant la duchesse d'Angoulême : Napoléon revenu annonce qu'il pardonne à tous, excepté à ses deux « plus grands ennemis », Lynch et Lainé[7],[8].
Il redevient Président de la Chambre des députés de 1815 à 1816, devient ministre de l'intérieur entre 1816 et 1818 en remplacement du comte de Vaublanc. Comme ministre de l'Intérieur, il développe les ateliers de charité.
Il fit voter le 5 février 1817 une nouvelle loi électorale permettant de favoriser l'élection d'une bourgeoisie libérale urbaine. Il fut nommé ministre d'État du 21 décembre 1820 au 14 décembre 1821.
Il est aussi, avec le baron Portal, un représentant du lobby des armateurs négriers, et s'opposa à l'interdiction de la traite. Le , il fit annuler l'élection comme député de l'Abbé Grégoire, fervent défenseur de l'abolition de l'esclavage, mais aussi régicide, pour cause d'« indignité nationale »[9].
Nommé par ordonnance (mais non élu) membre de l’Académie française, il remplace Hugues-Bernard Maret en 1816. Dans son rôle d’homme public, Lainé n’a pas laissé d’écrits. Son éloquence, au jugement des contemporains, était chaleureuse et entraînante.
Il est devenu le 10 mai 1820, officier de la Légion d'honneur, et commandeur le 1er mai 1821[10].
Passionné de littérature et ami de Lamartine, il est fait pair de France et vicomte en 1823.
Légitimiste et libéral, il se retire en 1824 dans sa propriété familiale de Saucats, préférant cesser son activité politique sous les règnes de Charles X et de Louis-Philippe. C’est lui qui s'écria douloureusement, en 1830, à l’occasion des ordonnances : « Les rois s’en vont ! »
Il mourut célibataire et pauvre à Paris en 1835, après avoir fait bénéficier les indigents de Bordeaux de son traitement de député.
Il est inhumé au cimetière de Saucats.
Hommages
- L'ancien entrepôt réel des denrées coloniales, achevé en 1824, et qui abrite aujourd'hui le CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux, s'appelle désormais l'entrepôt Lainé.
- Place Lainé : située près de l'entrepôt Lainé et des quais de Bordeaux.
- Melongena (en) lainei, gastéropode fossile décrit en 1825 par Barthélémy de Basterot, dont le nom d'espèce est dédié à Lainé ; espèce tropicale commune de l'Aquitanien et du Burdigalien des Landes et de Gironde (Saucats)[11].
Notes et références
- Parfois cité comme Joseph-Louis-Joachim Lainé. Conformément à l’usage de l’époque, il n’utilisait pas publiquement de prénom devant son nom.
- Vendée Militaire, « Généalogie de Joseph-Henri-Joachim Lainé », sur geneanet.org (consulté le )
- Louis Bergeron, Guy Chaussinand-Nogaret, Jean Valette et Jean Cavignac, Grands notables du Premier Empire : notices de biographie sociale, CNRS Éditions, , 105 p. (ISBN 978-2-222-03853-5, lire en ligne)
- Annales du barreau français : ou choix des plaidoyers et mémoires les plus remarquables, tant en matière civile qu'en matière criminelle, depuis le maistre et patru jusqu'à nos jours, avec une notice sur la vie et les ouvrages de chaque orateur, B. Warée, (lire en ligne)
- Ordonnance du roi concernant l'exécution de la loi du 30 avril-13 mai 1826, relative à la répartition de l'indemnité affectée aux anciens colons de Saint-Domingue
- « Notice de Lainé, Joseph Louis Joachim (1767-1835) », sur siv.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
- Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne..., Paris, 1843-1865, tome 25, p. 556-558.
- Michaud,Biographie universelle ancienne et moderne..., Paris, 1843-1865, tome 22, p. 558-562.
- Eric Saugera, Bordeaux port négrier XVIIe-XIXe siècles, Paris, Karthala, , 384 p., p. 155
- « Dossier de la légion d'honneur du vicomte Lainé », sur culture.gouv.fr (consulté le )
- Claude Bacchiana (Journal de l'association pour la Réserve naturelle nationale géologique de Saucats et la Brède), « Le vicomte Lainé, un habitant de Saucats (immortalisé par le fossile Melongena lainei) », L’Écho des Faluns, nos 49-50, , p. 22-23
Annexes
Article connexe
Bibliographie
- Noëlle Dauphin, « Le président Lainé et l’apprentissage du parlementarisme sous la restauration », dans Jean Garrigues (dir.), Les Présidents de l'Assemblée nationale de 1789 à nos jours, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres » (no 157), , 344 p. (ISBN 978-2-8124-5019-8, présentation en ligne), p. 13-36.
- Émile de Perceval, Le vicomte Lainé, Champion, 1926.
- « Joseph-Henri-Joachim Lainé », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
Liens externes
- Ressource relative à la littérature :
- Ressources relatives à la vie publique :
- Joseph-Henri-Joachim Lainé, Rapport fait au nom de la Commission, par M. Lainé, relatif à la colonie de Saint-Domingue, Paris, Hacquart, , 18 p. (lire en ligne)
- Le Fonds Lainé est conservé aux Archives nationales sous la cote 232AP Voir la notice des Archives nationales
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