Julia Bérénice Crispina
Julia Bérénice Crispina ou Julia Crispina est notamment citée dans des documents découverts par Yigaël Yadin, issus probablement des archives de Babatha trouvées dans la Grotte aux lettres, à l'ouest de la mer Morte en Cisjordanie. Julia Bérénice est le même nom que celui de la fille d'Agrippa Ier, roi de Judée de 41 à sa mort en 44, connue pour avoir été la maîtresse du futur empereur Titus, qui par ses mariages a été reine de Chalcis (mariage avec son oncle Hérode de Chalcis qui meurt en 48), puis reine de Cilicie (mariage avec Marcus Antonius Polemo II). Julia Crispina n'est toutefois pas une descendante directe de Bérénice, comme l'avaient supposé certains critiques lors de la découverte des archives de Babatha, mais descendante d'une branche cousine. Un ancêtre de Julia Bérénice Crispina nommé Alexandre, était le frère d'Aristobule IV, le grand-père de la maîtresse de Titus. Pour Simon Claude Mimouni, elle est la fille de Gaius Julius Alexander Berenicianus consul en 116, lui aussi descendant de la dynastie hérodienne[1].
On dispose de manuscrits documentaires qui montrent qu'une Julia Crispina vivait en Égypte en 133. C'est en 132-133, au début des hostilités de la Révolte de bar Kokhba, que Julia Crispina semble être venue se réfugier en Égypte. Dans les archives de Babatha, Julia Crispina est désignée pour superviser les neveux orphelins du second époux défunt de Babatha appelé « Yehoudah (Judas) ben Eleazar connu comme Khtousion ». Julia a représenté en 130-131 les orphelins et leurs tuteurs dans un procès civil contre Babatha, tenu devant le tribunal de Pétra, capitale de l'Arabie Pétrée, qui est une province directement administrée par Rome depuis son annexion en 106-107. Dans cette affaire, Julia Crispina n'agit pas en tant que tuteur (epitropos), fonction interdite aux femmes tant au regard des lois juives que des lois romaines, mais en tant que superviseur (episkopos)[2]. Babatha et ses amies Salomé Grapte et sa fille Salomé Komaise appartiennent clairement à des familles juives qui se sont installées à Mahoza en Arabie Pétrée, mais qui au moment du déclenchement de la révolte de Bar Kokhba sont venues s'installer en 132 de l'autre côté de la mer Morte à En Gaddi en Judée, contrôlé à ce moment par les révoltés. Lorsque les Romains se sont à nouveau emparés de la région, ils ont cherché à éliminer tous les membres de ce groupe en particulier les femmes et les enfants. Parmi eux Babatha, l'adversaire de Julia Crispina.
Arbre généalogique
Branche paternelle
Archélaos de Cappadoce | Hérode le Grand roi de Judée de -37 à -4 | Mariamne l'Hasmonéenne | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Glaphyra | Alexander | Bérénice fille de Salomé | Aristobule IV | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Tigrane V roi d'Arménie de ~6 à 12[3] | Alexander | Hérodiade | Agrippa Ier roi de Batanée (37) et de Judée 41 à 44 | Aristobule (le Mineur) | Mariamne | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Tigrane VI roi d'Arménie de 59 à 61. | Hérode roi de Chalcis de 41 à 48 | Bérénice reine de Chalcis puis de Cilicie | Agrippa II roi de Batanée de 54 à 92 | Mariamne | Drusilla | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Julia Iotapa fille d'Antiochos de Commagène | Caius Julius Alexander roi de Cétis en Cilicie[4] | Julia | Berenicianus | Hyrcan | Julia Bérénice | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Caius Julius Agrippa | Caius Julius Alexander Berenicianus | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Julia Brnyakianos Krisfina Julia Bérénice Crispina | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
- L'ordre des enfants est arbitraire.
- Tous les mariages ne sont pas représentés.
Branche maternelle (Émèse et Commagène)
- Julia Mamaea I d'Émèse épouse Polémon II du Pont à un moment inconnu.
- (en) Barbara Levick, Julia Domna : Syrian Empress, Routledge, , 288 p. (ISBN 978-1-134-32350-0, présentation en ligne), p. XX.
Notes et références
- Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien. Du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère. Des prêtres aux rabbins, Paris, PUF, 2012, p. 503.
- Tal Ilan, "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive, p. 217-233
- Il est mort vers 36. C'est lui dont Flavius Josèphe dit qu'il est un fils d'Alexandre, fils du roi Alexandre qui fut tué par son père et de « la fille de d'Archélaüs, roi de Cappadoce » (Glaphyra). Il ajoute qu'il a été roi d'Arménie et qu'il « mourut sans enfant pendant qu'il était accusé à Rome » (Antiquités judaïques, livre XVIII, V, 4 (138). De même, il semble qu'il soit le Tigrane « autrefois souverain d'Arménie » évoqué par Tacite (cf. Tacite, Annales, livre VI, chapitre XL), qui est mis à mort en 36 pour sa participation dans la conspiration C. Galba, sous Tibère.
- Smith, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, p. 424.
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