Kasabian (album)

Kasabian est le premier album studio du groupe de rock britannique Kasabian sorti le au Royaume-Uni, puis le en France et enfin le aux États-Unis sur le label RCA Records. Enregistré dans une ferme sur les bords de Rutland Water, près d'Oakham, avec différents batteurs et producteurs sur une période d'un an et demi, il est précédé par les singles Reason Is Treason, Club Foot et L.S.F. (Lost Souls Forever) et par la saison estivale des festivals qui génèrent une forte attente auprès de la formation.

Kasabian
Album de Kasabian
Sortie

Enregistré Printemps 2002 - août 2003
Une ferme près de Rutland Water Royaume-Uni
Durée 47:31
Genre Rock alternatif
Producteur Kasabian
Jim Abbiss
Jacknife Lee
Label RCA Records

Albums de Kasabian

Singles

Le disque reçoit un accueil favorable de la part du public et de la presse spécialisée. Ainsi, il entre directement à la 4e place du classement britannique des ventes d'albums et est certifié disque d'or en dix jours. Son succès est plus mesuré dans les autres pays, mais l'album permet à Kasabian d'être nommé dans plusieurs catégories lors de différentes cérémonies de récompenses musicales, sans toutefois en remporter une seule.

Sa sortie est suivie d'intenses tournées en Europe, au Japon et en Amérique du Nord jusqu'à la fin de l'année 2005, donnant lieu à un album live, Live from Brixton Academy, proposé en téléchargement à partir du . Vu comme l'héritage musical britannique des deux décennies le précédant et décrit comme un mélange de britpop, de madchester et de touches electro, Kasabian s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires dans son pays d'origine, lui permettant ainsi d'être triple disque de platine.

Historique

Contexte

Camarades au Community College de Countesthorpe, Sergio Pizzorno, Chris Edwards et Tom Meighan forment avec le batteur Ben Kealy un groupe qui reprend, dans un premier temps, les différents classiques d'Oasis[s 1]. Rejoints par Chris Karloff[s 2], ils commencent à se produire à partir de septembre 1997 sous le nom de Saracuse[s 3]. Leurs premières compositions les amènent à enregistrer au studio Bedrock de Leicester[s 4]. Se cherchant encore musicalement, la formation explore différents styles musicaux tels que ceux des Who ou des Beatles[s 5], avant de s'orienter vers des chansons plus expérimentales, influencées par Can, Tangerine Dream, les Beastie Boys, Stereophonics et la musique électronique[s 6].

En 2001, après le départ de Ben Kealy[s 7], le groupe se rend à Bink Bonk, un studio de Bristol, afin d'y enregistrer une démo dont les morceaux sont davantage influencés par Primal Scream, les westerns spaghettis de Sergio Leone, les Stone Roses et dans une moindre mesure par Happy Mondays[s 8],[s 9]. Grâce à celle-ci, ils signent par la suite un contrat avec Sony BMG[s 10] et se rendent dès le printemps 2002 dans une ferme sur les bords de Rutland Water, un lac artificiel près d'Oakham, pour composer et enregistrer de nouvelles chansons dans l'optique de faire un album. C'est à ce moment que la formation prend le nom de Kasabian[s 11].

Neil Ridley, chercheur de talents pour le label, s'inquiète de l'absence d'un batteur et suggère l'essai d'Alex Thompson, un de ses amis batteurs professionnels. Les quatre jeunes hommes acceptent de lui faire passer une « audition » pendant une journée. Celle-ci se déroule sans accroc, son jeu de batterie s'accordant bien avec le reste du groupe. Cependant, aucun d'entre eux n'a l'impression que la magie opère. Ils décident donc d'en rester là. Kasabian s'en remet alors pendant un temps à leur vieil ami Daniel Ralph Martin, DJ, qui a commencé depuis peu l'apprentissage de la batterie[s 12].

Enregistrement et changements de batteur

C'est dans une ferme aux abords de Rutland Water que Kasabian enregistre les pistes de son premier album studio.

À l'heure de parler d'album, leur A&R Nick Raymonde considère aussi qu'ils ont besoin d'un producteur, car Pizzorno ne peut exercer cette fonction en étant au sein du groupe. Ils font donc appel à Garret « Jacknife » Lee[s 13], qui a notamment réalisé une chanson de la musique du film 28 jours plus tard, pour remplir ce rôle et discutent dans un premier temps de l'orientation vers laquelle ils veulent se diriger, des instruments qu'ils comptent garder et du problème de batteur. En effet, dès la première session, Lee remarque la pauvreté du jeu de Martin. Ils proposent alors à Mitch Glover, de Kosheen, de prendre sa place[s 14]. En , Glover fait ses débuts sur scène avec Kasabian à la gare ferroviaire centrale de Wrexham. Son expérience et les conseils du producteur portent leurs fruits puisqu'ils commencent à se faire un nom auprès du public et de la presse au Royaume-Uni[s 15].

Cependant, les relations du groupe avec Lee se détériorent après le départ de Raymonde de Sony BMG, d'autant que le label les presse de finir leur album : les membres du quintette trouvent que Lee « changeait un peu trop leur musique ». Ce dernier met alors un terme à leur collaboration pour rejoindre Snow Patrol aux studios Britannia Row de Londres, et les jeunes gens font part à la major de leur intention de produire eux-mêmes leur album[s 16]. Néanmoins, au moment de finaliser le disque, ils demandent quand même à leur label de leur trouver un producteur pour le mixer. Jim Abbiss leur est proposé et celui-ci travaille dans un premier temps sur le morceau Club Foot. Le groupe, ravi du résultat, décide de le conserver pour achever les autres chansons[s 17].

Kasabian profite de cette période pour remonter sur scène et tester ses titres devant un public, avec notamment des passages à Coventry, Leicester et Glasgow[s 18]. Grâce à leur démo intitulée Kasabien, qui comporte la version de Processed Beats enregistrée au Bink Bonk et celles de Rain in My Soul et de Gone So Far du Bedrock, certains journalistes musicaux rédigent un article sur eux. En parallèle, Kosheen prend également de l'ampleur et entame une tournée majeure au Royaume-Uni. Mitch Glover est dans l'obligation de quitter Kasabian pour y participer, mais enseigne à son jeune frère ce qu'il faut pour que ce dernier prenne sa place. Une audition lui est donc proposée à la ferme en août[s 19]. Une quinzaine d'autres batteurs sont mis à l'épreuve la semaine suivante à Londres, mais c'est Ryan Glover qui obtient le poste. Il arrête alors l'école, quitte son groupe et son travail, et va rejoindre ses nouveaux compagnons dans la capitale anglaise pour répéter avec eux. Sa première apparition sur scène se fait au Patti Pavilion, le à Swansea[s 20],[1].

Parution et réception

Promotion et sortie de l'album

Kasabian publie le sa première démo, Processed Beats. Elle est tirée à un peu plus de 1 000 exemplaires. La pochette représente Stealth, un homme mystérieux surnommé Kasabian Man, dont le visage est masqué par un foulard[s 21],[2]. Envoyée à différents médias dont le New Musical Express, Kasabian en fait également la promotion lors d'une mini-tournée qu'ils font en première partie de The Cooper Temple Clause. Sony BMG invite les fans les plus fervents du groupe lors du concert du au Shepherd's Bush Empire, à Londres, afin qu'ils participent à la mise en avant du quintette. Réunis sous l'appellation The Movement, ceux-ci ont pour but de poser des autocollants à l'effigie de la formation ou du Kasabian Man un peu partout dans le Royaume-Uni pour en faire connaître le nom[s 22],[3]. Eddy Temple-Morris, animateur sur XFM, qui a apprécié instantanément la démo quand il l'a découverte, propose au groupe de venir à l'une de ses soirées Kill All Hippies pour qu'ils y jouent. Leur performance, et notamment celles de Pizzorno et Meighan, est louée par le DJ : « c'est un groupe de rock que vous pouvez jouer en club [...], le genre de groupes qui inspirent presque une dévotion religieuse, comme Manic Street Preachers. The Movement est d'ailleurs un très bon moyen de galvaniser les foules ». Grâce à ce soutien de taille, Kasabian bénéficie de quelques passages à la radio[s 23].

La présence de L.S.F. (Lost Souls Forever) parmi les musiques de FIFA Football 2004 permet à Kasabian d'attirer l'attention sur eux.

Kasabian assure début 2004 les premières parties de Black Rebel Motorcycle Club et est de nouveau invité à un concert organisé par Eddy Temple-Morris le au Cargo de Londres[4]. Grâce au titre L.S.F. (Lost Souls Forever), qui figure parmi les musiques du jeu vidéo de football FIFA Football 2004[s 24], le groupe commence à attirer l'attention des médias et des artistes : le magazine The Fly rédige un article complet sur eux, Liam Gallagher d'Oasis félicite Meighan en personne le au Death Disco, le club d'Alan McGee, et Karloff donne une interview au magazine Clash[s 25]. Peaufinant leur album avec le producteur Jim Abbiss, ils publient leur premier single, Reason Is Treason, le en édition limitée sur vinyle 10" et avec le Kasabian Man en couverture[5]. Un clip vidéo est même réalisé par Scott Lyon pour l'accompagner[s 25]. Se donnant au maximum à chaque spectacle et produisant des performances régulières et de bonne qualité, ils profitent de cette nouvelle attention pour répondre à chaque fois à une interview avec le magazine  spécialisé, local ou étudiant  qui s'est déplacé pour les rencontrer[s 26]. Ils sont finalement privés de leur dernière date le à Southampton à la suite de la panne de leur vieux van. Ryan Glover, qui se faisait un plaisir de jouer à domicile, rentre chez lui, laissant les autres membres à Leicester en leur demandant de le prévenir lorsqu'ils reprendraient la route[s 27].

Le single Club Foot est alors prêt à être publié : ils partent donc à Budapest pour tourner avec le vidéaste W.I.Z. le clip de la chanson, dont le scénario se déroule dans un camp de l'armée russe. Ryan Glover, ne possédant pas de passeport, reste à Southampton et ne participe pas à la vidéo, mettant un terme définitif à leur collaboration et laissant ainsi le fauteuil à son frère Mitch[s 28]. Sortie le [6], la chanson accède au classement britannique des ventes de singles  une première pour le groupe  et y atteint la 19e place[7],[s 29]. Elle fait également son apparition sur la BBC Radio 1 dans les émissions de Zane Lowe, Jo Whiley (en) et Annie Mac (en)[s 30]. Grâce à cette popularité grandissante, The Who leur demande d'ouvrir pour leurs concerts des 7 et au National Indoor Arena de Birmingham et à l'International Arena de Cardiff[s 31], propulsant par là même Kasabian sur la scène des principaux festivals estivaux du Royaume-Uni : Glastonbury Festival, T in the Park, V Festival, Reading and Leeds Festivals[s 30],[s 32],[8]. Le groupe participe ensuite au Summer Sonic Festival dans les villes d'Osaka et Tokyo, au Japon[s 33].

Alors que la presse et les fans attendent la sortie de l'album, Kasabian publie un troisième single, L.S.F. (Lost Souls Forever), le [s 34], celui-ci se classant 10e de l'UK Singles Chart dès sa première semaine[s 35],[9],[7]. La présence de Ryan Glover n'étant que temporaire, les quatre autres membres du groupe contactent Ian Matthews, qui avait participé à la session du Bink Bonk, pour stabiliser définitivement la formation. Celui-ci, ne voyant pas d'évolution dans la musique d'Ilya, accepte et décide de s'investir totalement dans ce nouveau projet[s 36]. Un mois plus tard, le , Kasabian sort sur RCA Records, une filiale américaine de Sony BMG[10],[s 37]. En fonction de la zone géographique où il est publié, la pochette diffère : au Royaume-Uni, Stealth est en blanc sur fond noir, rouge en Europe et bleu aux États-Unis[11]. Deux autres singles sortent ultérieurement : Processed Beats le (17e au Royaume-Uni) et Cutt Off le (8e, soit leur meilleure performance)[s 38].

Accueil critique

Kasabian reçoit globalement de bonnes critiques, puisqu'il obtient un score de 65/100 sur Metacritic, sur la base de vingt-et-un avis collectés[12]. Betty Clarke, du Guardian, décrit le groupe comme le « Aleister Crowley du baggy », estimant que « c'est ainsi que le deuxième album des Stone Roses pourrait — aurait dû — être »[13], alors que Marc Savlov, pour l'Austin Chronicle considère que « si Primal Scream n'avait pas sorti son premier album Sonic Flower Groove, Kasabian aurait pu le faire », notant tout de même que « la guitare est beaucoup plus sombre sur ce disque »[17]. Paul Moody, du NME, trouve que « Pinch Roller et Orange sont des pures merveilles, [...] mais que le chef-d’œuvre vient avec Test Transmission »[14], tandis que David Jeffries, d'AllMusic, qualifie l'opus de « débuts éblouissants »[16], et Mojo de « début en fanfare » dont les compositions se placent « bien au-dessus d'une frime futile et maniérée »[p 3].

Pour le Q, « comme pour tout bon disque, les chansons les plus faibles semblent vraiment pauvres en comparaison »[p 2]. John Davidson, de PopMatters, partage cet avis en reprenant le célèbre aphorisme de Samuel Johnson  « Le travail est à la fois bon et original. Mais la partie qui est bonne n'est pas originale, et celle qui est originale n'est pas bonne »  en référence à la volonté de Kasabian d'embrasser la même carrière qu'Oasis[15]. Entertainment Weekly complète cette analyse en leur conseillant « d'avoir l'aptitude avant l'attitude »[p 1]. Johnny Loftus, de Pitchfork, abonde également dans ce sens, qualifiant l'album d'« impétueux, rustre et susceptible de vous blesser » et le considérant « plus gueulard que cossu »[19]. Tom Edwards, pour Drowned in Sound, estime même que pour l'apprécier, « il faut sniffer un mètre de cocaïne ou avoir pris un cocktail de champignons hallucinogènes et de LSD, mais que pour une personne sobre, cela ne fera que la pousser à prendre des médicaments »[18].

Succès commercial

L'album réussit à rentrer directement à la 4e place du classement britannique des ventes d'albums[7], ce qui amène la presse spécialisée à s'intéresser au phénomène. Ainsi, Kasabian fait la une de multiples magazines, dont le Q, qui les nomme dans la catégorie « Meilleur Nouveau Groupe » pour les Q Awards 2004[s 33],[20]. En dix jours, Kasabian est certifié disque d'or au Royaume-Uni[21], avant de passer disque de platine en [21]. Il se classe également au 94e rang du Billboard 200 et à la 70e place en France[22],[23]. Il est à noter que le disque décroche une 17e place à l'Oricon, le classement de ventes japonais[o 1]. Ces bons résultats, pour les débuts d'un groupe britannique au Japon, s'expliquent par le fait que la formation s'y produit à plusieurs reprises et qu'en plus de la nouvelle parution de l'EP Processed Beat en , Mark Vidler de Go Home Productions (en) réalise un mashup de la chanson homonyme avec Waterfall des Stone Roses, intitulé Processed Waterfall et dont le succès est immense dans les clubs locaux[s 39]. L'omniprésence de Kasabian dans les médias qui en résulte amène certains fans et quelques journalistes japonais à suivre la formation dans toutes ses prestations[s 40].

Le groupe est alors nommé aux Brit Awards dans les catégories « Meilleur Groupe Britannique », « Meilleur Groupe Britannique sur Scène » et « Meilleur Groupe Britannique de Rock » et aux NME Awards dans les catégories « Meilleur Groupe Britannique » et « Meilleur Nouveau Groupe » mais ne remporte aucun trophée[s 41],[24],[25]. Cela n'empêche pas le disque de se vendre à presque un million d'exemplaires dans le monde et d'être double disque de platine au Royaume-Uni à la fin de l'année[s 42], puis triple disque de platine en [21].

Classements et certifications

Meilleures positions de Kasabian dans les classements musicaux
Classement musical Meilleure position
États-Unis (Billboard 200)[22] 94
France (SNEP)[23] 70
Irlande (IRMA)[26] 29
Italie (FIMI)[27] 56
Japon (Oricon)[o 1] 17
Pays-Bas (Mega Album Top 100)[28] 72
Royaume-Uni (UK Albums Chart)[29] 4
Certifications de Kasabian
Pays Ventes Certifications
Royaume-Uni 1 000 000 +  3 × Platine[21]

Tournées

Kasabian enregistre Live from Brixton Academy le à la Carling Brixton Academy, jour du 24e anniversaire de Sergio Pizzorno.

En parallèle de la sortie du disque et dans la continuité des festivals estivaux, la formation entame une tournée au Royaume-Uni, qui commence le à la Scala de Londres[30] et qui s'achève le à York[31], en passant par Leeds[32], Édimbourg[33] ou encore l'Astoria[34],[s 40]. Le groupe joue ensuite dans quelques grandes villes d'Europe, telles que Bruxelles[35], Amsterdam[36] ou Berlin[37], avant de retourner au Japon début novembre pour une série de six concerts afin de promouvoir l'EP Processed Beats[s 40],[38],[39]. Après un passage à New York le , au Bowery Ballroom[s 39], Kasabian enchaîne les concerts, avec notamment les Rencontres trans musicales de Rennes le [40] et la soirée du à la Carling Brixton Academy pour le 24e anniversaire de Pizzorno[s 39].

Ils continuent de répondre aux différentes sollicitations médiatiques en 2005, allant jusqu'à se produire spécialement à Tokyo et à Chiba, au Japon, pour le week-end des 4 et [s 41]. Ils traversent ensuite le Pacifique pour jouer dans les plus grandes villes américaines et canadiennes de la mi-février à la mi-mars, prenant notamment part au SXSW[41], avant de revenir au Royaume-Uni pour la réédition des singles Cutt Off et Club Foot le et une série de concerts à la fin du mois[s 43]. Ils repartent peu après en Amérique du Nord jusqu'à la mi-juin avec un passage au Coachella Festival le 1er mai[42]. Cependant, le groupe se rend compte que la ferveur n'est pas la même que chez eux et que les salles sont bien moins remplies.

Le , le concert enregistré le à la Carling Brixton Academy est proposé en téléchargement sous le nom Live from Brixton Academy[43]. Kasabian revisite ensuite la plupart des festivals estivaux auxquels ils avaient participé l'année précédente (Glastonbury Festival, T in the Park, Reading and Leeds Festivals et Summer Sonic Festival), et ajoutent l'Oxegen et Benicàssim à leur liste[s 44],[8]. Le groupe accompagne Oasis à la rentrée pour une nouvelle tournée américaine, et joue le au Forum Grimaldi de Monte-Carlo, pour la soirée caritative Fashion Rocks, organisée en faveur de l'association The Prince's Trust[s 45].

Thèmes et compositions

Ce premier album revendique les nombreuses influences que Kasabian a exploré au studio Bedrock et sur les bords de Rutland Water[s 6],[s 11]. Celles-ci sont en grande majorité britanniques et proviennent des années 1980 et 1990. Toujours secondée par la guitare solo de Karloff, la basse d'Edwards sert de fil conducteur à cet album qui possède de nombreuses facettes musicales : rock 'n' roll, musique électronique, musique atmosphérique, beats de hip-hop, acid house et chant accrocheur[15],[11]. Le mélange de ces différentes références génère un rock progressif, proche de celui des années 1960, composé de riffs au clavier, de refrains aguicheurs et de quelques sons electro, comme les Chemical Brothers ou Doves l'avaient fait en leur temps[15],[44],[13]. Le groupe pousse d'ailleurs très loin la comparaison avec leur modèle Oasis et Definitely Maybe tant leur musique présente de « nombreux riffs irrésistibles et d'une grande arrogance », Meighan annonçant en interview que « c'est un disque fantastique ». Néanmoins, leur « son power pop ravageur » emprunte aussi le chemin du madchester des Stone Roses et des Happy Mondays[s 46],[16]. Le disque est d'ailleurs considéré comme ce qui « pourrait — aurait dû — être » le second album de ces premiers[13].

L'album commence avec le single Club Foot, qui partage les deux ascendances puisqu'il ressemble à Breaking into Heaven, introduction de Second Coming, avec la voix de Shaun Ryder. Comme sur de nombreux morceaux de Primal Scream, celui-ci est à vocation scénique, fortement masculin et qui vante l'esprit hors-la-loi[15]. Le rythme effréné de la guitare lui confère une sensation de mouvement féroce et inarrêtable tel un tsunami qui ravage tout sur son passage[17],[19]. L'approche de Processed Beats est bien plus sombre : les paroles chantées par Meighan sur un rythme chaotique évoquent la mort et imitent les voix doublées des Stones Roses. Le côté malveillant que cela confère au titre rappelle le Beta Band et les musiques des films de Guy Ritchie[14],[19]. Reason Is Treason pioche autant dans Primal Scream[15], que dans le rock indépendant[16], tandis qu'I.D. porte tellement l'empreinte vocale de Richard Ashcroft que le parallèle entre Kasabian et The Verve est facile à établir[15]. Néanmoins, le battement sourd et cadencé du synthétiseur nous ramène directement aux premiers albums des Happy Mondays[19].

L.S.F. (Lost Souls Forever), qui semble faire écho à W.F.L. (Wrote For Luck) de ces derniers, marque un tournant sur l'album : la chanson est plus originale, moins empreinte des influences passées et démontre la créativité de Kasabian. C'est l'exemple-même du single rock qui appelle aux armes et déplace les foules, à la manière des Libertines[14],[15]. Sur des notes électro et des claquements de main façon hip-hop, les déferlantes de la guitare de Pizzorno accompagnent les paroles hallucinogènes « grondées » par Meighan[17],[19]. Test Transmission s'approche du répertoire des Chemical Brothers, avec des mélodies électroniques psychédéliques jouées au clavier, et prouve que le groupe peut s'orienter vers le space rock à l'avenir[14],[16]. Le cinquième single et dixième morceau du disque, Cutt Off, se pose également en rival des Libertines avec des paroles orientées autour des expérimentations et de la drogue[13], alors que Butcher Blues serait le résultat de la rencontre entre Isaac Hayes et Ennio Morricone pour un film se déroulant dans les petites rues de Leicester ou le métro de Londres[17],[16]. Entre-coupé des musiques instrumentales bucoliques Orange et Pinch Roller[14], l'album s'achève sur U Boat, aux intonations électroniques de Tangerine Dream et du Beta Band[19],[16].

Fiche technique

Les informations proviennent du livret fourni avec l'édition 2004 du CD[o 2].

Pistes de l'album

Toutes les paroles sont écrites par Sergio Pizzorno, toute la musique est composée par Sergio Pizzorno et Chris Karloff.

Version britannique[45]
No Titre Durée
1. Club Foot 3:34
2. Processed Beats 3:07
3. Reason Is Treason 4:35
4. I.D. 4:47
5. Orange 0:46
6. L.S.F. (Lost Souls Forever) 3:17
7. Running Battle 4:15
8. Test Transmission 3:55
9. Pinch Roller 1:13
10. Cutt Off 4:38
11. Butcher Blues 4:28
12. Ovary Stripe 3:50
13. U Boat (Reason Is Treason (version de Jacknife Lee) en chanson cachée à 7:04) 10:50

Interprètes

Équipe de production

Références

Ouvrage

  • (en) Joe Shooman, Kasabian : Sound, Movement & Empire, Independent Music Press, , 176 p. (ISBN 190619100X et 978-1906191009).
  1. Shooman 2008, p. 15.
  2. Shooman 2008, p. 16-17.
  3. Shooman 2008, p. 19.
  4. Shooman 2008, p. 20-21.
  5. Shooman 2008, p. 22-23.
  6. Shooman 2008, p. 28-29.
  7. Shooman 2008, p. 32.
  8. Shooman 2008, p. 33.
  9. Shooman 2008, p. 39.
  10. Shooman 2008, p. 42-43.
  11. Shooman 2008, p. 47.
  12. Shooman 2008, p. 54-55.
  13. Shooman 2008, p. 56-57.
  14. Shooman 2008, p. 58-59.
  15. Shooman 2008, p. 60.
  16. Shooman 2008, p. 62-63.
  17. Shooman 2008, p. 65.
  18. Shooman 2008, p. 66-67.
  19. Shooman 2008, p. 68-69.
  20. Shooman 2008, p. 70-71.
  21. Shooman 2008, p. 73.
  22. Shooman 2008, p. 74-75.
  23. Shooman 2008, p. 80-81.
  24. Shooman 2008, p. 83.
  25. Shooman 2008, p. 84-85.
  26. Shooman 2008, p. 91.
  27. Shooman 2008, p. 92-94.
  28. Shooman 2008, p. 95.
  29. Shooman 2008, p. 96.
  30. Shooman 2008, p. 97.
  31. Shooman 2008, p. 99.
  32. Shooman 2008, p. 100-101.
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  37. Shooman 2008, p. 111-112.
  38. Shooman 2008, p. 121.
  39. Shooman 2008, p. 116-117.
  40. Shooman 2008, p. 114-115.
  41. Shooman 2008, p. 122-123.
  42. Shooman 2008, p. 131.
  43. Shooman 2008, p. 124-125.
  44. Shooman 2008, p. 126-127.
  45. Shooman 2008, p. 128-129.
  46. Shooman 2008, p. 52-53.

Autres ouvrages

  1. (ja) Album Chart-Book Complete Edition 1970~2005, Orikonmāketingupuromōshon, (ISBN 4871310779).
  2. (en) Kasabian, Kasabian, 2004, Livret album, RCA Records, 82876-64317-2.

Articles de presse

  1. (en) « Kasabian Review », Entertainment Weekly, , p. 104.
  2. (en) « Kasabian Review », Q, , p. 111.
  3. (en) « Kasabian Review », Mojo, , p. 71.

Autres sources

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  2. (en) « Processed Beats (Demo) », sur kasabian.co.uk (consulté le ).
  3. (en) « Kasabian Setlist at Shepherd's Bush Empire, London, England », sur setlist.fm (consulté le ).
  4. (en) « Kasabian Setlist at Cargo, London, England », sur setlist.fm (consulté le ).
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