Kim Dae-jung

Kim Dae-jung (/kim tɛ.dʑuŋ//kim.dɛ.dʑuŋ/), né le à Hauido[1] et mort le à Séoul, est un homme d'État sud-coréen, président de la République de 1998 à 2003.

Dans ce nom coréen, le nom de famille, Kim, précède le nom personnel.

Pour les articles homonymes, voir Kim.

Kim Dae-jung
김대중

Portrait officiel de Kim Dae-jung, 1998.
Fonctions
Président de la République de Corée

(5 ans)
Élection 19 décembre 1997
Premier ministre Kim Jong-pil
Park Tae-joon
Lee Han-dong
Chang Sang
Jeon Yun-churl
Chang Dae-whan
Kim Suk-soo
Prédécesseur Kim Young-sam
Successeur Roh Moo-hyun
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Hauido (en) (Corée japonaise)
Date de décès
Lieu de décès Séoul (Corée du Sud)
Nature du décès embolie pulmonaire
Nationalité sud-coréenne
Parti politique Parti démocratique du millénaire
Conjoint Lee Hee-ho
Religion Catholicisme


Présidents de la République de Corée
Prix Nobel de la paix 2000

Kim Dae-jung
Hangeul 김대중
Hanja 金大中
Romanisation révisée Gim Daejung
McCune-Reischauer Kim Taejung

Il a été pendant longtemps le chef de l'opposition dans son pays. Œuvrant en faveur de la transition démocratique, il se présente à quatre reprises à l'élection présidentielle, en 1971, 1987, 1992 et 1997. Il échappe in extremis à une tentative d'assassinat en août 1973 organisée par le KCIA du dictateur Park Chung-hee. Kim Dae-jung est élu président (après Kim Young-sam) en 1997 et le reste jusqu'en 2003. Il obtient le Prix Nobel de la paix en 2000 pour sa « politique du rayon de soleil », inspirée de l'Ostpolitik de Willy Brandt, qui vise à réconcilier les deux Corées.

Début de carrière politique

Il entre en politique en 1954 en s'opposant au maintien de Syngman Rhee. Élu à l'Assemblée nationale en 1961, il perd son poste après le coup d'État militaire mené par Park Chung-hee le , le nouveau dictateur annulant immédiatement les élections en proclamant l'état d'urgence.

Parvenant à se faire élire député lors d'élections organisées en 1963 et 1967, malgré les fraudes, il devient la principale figure de l'opposition. Après la réforme de la Constitution de 1963 organisée par le dictateur Chung-hee pour lui permettre de se présenter à un troisième mandat, Kim Dae-jung est son opposant lors de la présidentielle de 1971, obtenant 45 % des voix (dont près de 60 % à Séoul)[2] malgré les nombreuses pressions émanant de la dictature.

Échappant peu après les élections à une tentative d'assassinat maquillée en accident de la circulation, qui lui vaudra un handicap permanent à la hanche, il s'exile au Japon, d'où il organise un Front démocratique d'opposition, basé au Japon et aux États-Unis. Le , il est enlevé par des agents du KCIA à Tokyo. Il est enchaîné à des blocs de béton et emmené dans un bateau en vue d'être noyé en haute mer. Il échappe de peu à la mort grâce à l'intervention, de leur propre initiative, de quelques fonctionnaires américains rétifs à la ligne officielle de l'administration Nixon (soutien aux régimes anticommunistes quelle que fût leur politique en matière de droits de l'homme), dont notamment l'ambassadeur Philip Habib[3],[4].

Il est par la suite banni.

En 1980, Kim Dae-jung est condamné à mort[2] pour sédition et conspiration à la suite d'un autre coup d'État de Chun Doo-hwan et du soulèvement populaire à Gwangju, son fief politique. Grâce à l'intervention du gouvernement des États-Unis, la sentence est commuée en 20 ans de prison, puis, plus tard, à l'exil pour les États-Unis.

Ascension vers la présidence

Après son retour en Corée du Sud en 1985, il reprend son rôle de chef de l'opposition. Lorsque la première élection présidentielle démocratique se tient en 1987 après la retraite de l'ex-général Chun Doo-hwan, Kim Dae-jung et Kim Young-sam, son camarade et rival politique de longue date, se portent candidats et obtiennent respectivement 27 % et 27,5 % des voix. Cela divise les votes pour l'opposition et permet la victoire avec environ 37 % des voix de l'ex-général Roh Tae-woo, successeur désigné de Chun Doo-hwan.

Kim Dae-jung échoue à nouveau à la présidentielle de 1992 avec 33,8 % des voix, cette fois seulement contre Kim Young-sam qui succède à Roh Tae-woo. Cependant, lors des élections de 1997, sa quatrième candidature, il gagne finalement avec 40,3 % des voix, et succède ainsi à Kim Young-sam.

Les présidents précédents Park Chung-hee, Chun Doo-hwan, Roh Tae-woo et Kim Young-sam venaient tous d'une région relativement hospitalière, la province de Gyeongsang. Kim Dae-jung est le premier président venant de la région de Jeolla, dans le sud-ouest, une région qui avait été traditionnellement négligée et moins développée, en partie à cause de la discrimination politique des présidents précédents. Il obtient d'ailleurs plus de 90 % des voix dans cette région. Il reçoit le prix Rafto en 2000 pour l'action en faveur de la démocratie qu'il exerce en Corée du Sud.

Présidence

Kim Dae-jung arrive au pouvoir en plein milieu d'une crise économique qui touche la Corée du Sud à partir de la dernière année de la présidence de Kim Young-sam. Sous les conseils du FMI, il instaure une vigoureuse politique de réformes économiques et une importante restructuration afin de revitaliser l'économie, qui se traduisent par un certain nombre de résultats remarquables pour l'économie sud-coréenne.[5]

Sa politique d'engagement avec la Corée du Nord est appelée la « Politique du rayon de Soleil » (sunshine policy). Elle s'inspire de l'Ostpolitik de Willy Brandt. Dans ce cadre, Kim Dae-jung est le premier chef d'État sud-coréen à se rendre à Pyongyang, où il signe la déclaration conjointe du avec son homologue nord-coréen Kim Jong-il. La déclaration du constitue la pierre angulaire des relations intercoréennes en vue de la réunification de la péninsule. Cependant, l’événement historique a été fortement entaché par des allégations selon lesquelles plusieurs centaines de millions de dollars avait été payé à Pyongyang[6]

La « sunshine policy » de Kim Dae-jung lui vaut d'obtenir le Prix Nobel de la paix en 2000. Cette attribution est cependant controversée : la Corée du Nord conteste que cette récompense soit décernée au seul président sud-coréen, tandis que les adversaires politiques de Kim Dae-jung critiquent l'instauration d'un dialogue ne comportant pas, selon eux, de contreparties suffisantes de Pyongyang (voir les articles détaillés relations inter-Corées et réunification de la Corée).

Après la présidence

Roh Moo-hyun, qui appartient à ce moment au même parti politique que Kim Dae-jung, lui succède en 2003. Il poursuivra notamment sa « politique du rayon de soleil ». Après le suicide de Roh Moo-hyun, Kim Dae-jung assiste à ses funérailles le . Il décède quelque temps après d'une embolie pulmonaire le .

Référence

  1. Date retenue par l'Académie Nobel, mais plusieurs biographes ont avancé celle du 6 janvier 1924.
  2. (en) Kim Dae-jung, 83, Ex-President of South Korea, Dies, New York Times, 18 août 2009.
  3. Donald Ranard, Kim Dae Jung's Close Call: A Tale of Three Dissidents, Washington Post, 23 février 2003
  4. Saving Kim Dae-jung: A tale of two dissident diplomats, The Boston Globe, 24 août 2009.
  5. « Le redressement de la crise asiatique et le rôle du FMI - Études thématiques du FMI », sur www.imf.org (consulté le )
  6. « Un patron controversé se défenestre à Séoul », sur Libération.fr, (consulté le )

Liens externes

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