Gustav Klimt

Gustav Klimt, né le à Baumgarten en Autriche et mort le à Vienne, est un peintre symboliste autrichien, et l'un des membres les plus en vue du mouvement Art nouveau et de la Sécession de Vienne.

« Klimt » redirige ici. Pour les autres significations, voir Klimt (homonymie).

Gustav Klimt
Gustav Klimt en 1914,
photographié par Anton Josef Trčka[1].
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Gustav Klimt
Nationalités
Activité
Formation
Maître
Élève
Lieux de travail
Mouvement
Influencé par
Père
Ernst Klimt (d)
Mère
Anna Klimt (d)
Fratrie
Ernst Klimt
Georg Klimt (d)
Enfants
Gustav Ucicky
Otto Zimmermann (d)
Gustav Zimmermann (d)
Distinctions
Croix d'or du mérite artistique (1888)
Médaille d'or de l'Exposition universelle de 1900 à Paris
1er prix à l'Exposition internationale de Rome en 1911.
Œuvres principales
Signature

Peintre de figures, sujets allégoriques, nus, portraits, paysages, il est aussi dessinateur, décorateur, peintre de cartons de tapisseries et de mosaïques, céramiste et lithographe.

Jeunesse et débuts

Egon Schiele, Gustav Klimt en blouse bleue (1913), collection particulière.

Deuxième enfant d'une famille de sept, Gustav Klimt est né à Baumgarten le , près de Vienne[2]. Fils d'Ernst Klimt ( - ), orfèvre ciseleur de métaux précieux, et d'Anne Finster (-), qui a toujours rêvé d'être une chanteuse lyrique mais n'a jamais réussi[3], Gustav a grandi dans la pauvreté[2]. Son père, d'origine tchèque et ne parlant pas bien l'allemand, n'a pas les contacts nécessaires pour gagner assez d'argent pour subvenir correctement aux besoins de sa famille. La famille vit dans une même pièce. Alors que Gustav n'a que 12 ans, sa sœur, Anna, âgée de 5 ans, meurt d'une maladie infantile[2]. Sa mère n'arrive pas à supporter et s'effondre totalement[2]. Scolarisé partiellement, Gustav est la cible des autres élèves et se sent rejeté, se plongeant dans le dessin[2]. Avec son frère Ernst, il commence à aider leur père dans son travail d'orfèvre[2].

En 1876, à l'âge de 14 ans, il s'inscrit à l'école des arts appliqués de Vienne, Ernst le rejoignant un an après en 1877[2]. Il y sont élèves de Ferdinand Laufberger et de Julius Victor Berger (de)[4],[5]. À eux deux, il dessinent des portraits d'après photographies qu'ils vendent six gulden pièce.

En 1879, il débute comme décorateur dans l'équipe de Hans Makart à qui il rêvera de ressembler pendant un temps, en participant à l'organisation du Festzug (noces d'argent du couple impérial). La même année, les frères Klimt et leur ami Franz Matsch décorent la cour intérieure du musée d'Histoire de l'art[4].

En 1880, Gustav Klimt adhère au Künstlerhaus (la Compagnie des artistes), intermédiaire influent entre les artistes et leur public, qui se chargeait de les aider. L'événement le plus important dans ces années est l'achèvement de la décoration des pendentifs du grand escalier du musée d'Histoire de l'art, qu'il mène à bien malgré le décès du maître d'œuvre de ce travail, Hans Makart, travail qui consolide encore sa réputation. Cette même année, le trio enchaîne les commandes : quatre allégories pour le plafond du palais Sturany à Vienne, plafond de l'établissement thermal de Karlsbad[5].

En 1883, il crée un atelier collectif appelé Künstler-Compagnie et travaille avec son frère Ernst Klimt, qui est orfèvre ciseleur, et Franz Matsch. Le trio réalise en particulier de nombreuses fresques, allégories et emblèmes dans un style académique ; la précision des portraits de Klimt est renommée. Il se voit confier la décoration de murs et plafonds de villas mais aussi de théâtres et édifices publics. En 1885, il décore la villa Hermès, dans le Lainzer Tiergarten, d'après les dessins de Hans Makart, le théâtre de Carlsbad en 1886, les plafonds du théâtre de Fiume en 1893. Entre 1886 et 1888, il peint l'escalier du Burgtheater à Vienne et le style de Klimt commence à se différencier de celui de son frère Ernst Klimt et de celui de Franz Matsch. Désormais chacun travaille pour son compte[4].

Les qualités artistiques de Gustav Klimt sont reconnues officiellement et il reçoit, en 1888, à l'âge de 26 ans, la croix d'or du Mérite artistique des mains de l'empereur François-Joseph[6]. En 1890, il réalise la décoration du grand escalier du musée d'Histoire de l'art et reçoit le prix de l'empereur (400 gulden) pour l’œuvre représentant La Salle de l'ancien Burgtheater, Vienne. Ainsi, jusqu'en 1890, Gustav Klimt a un début de carrière fait d'une solide réputation de peintre décorateur répondant à des demandes officielles de peintures architecturales, mais sans réelle originalité. Par la suite, son art devient moderne et plus original. Il s'exprime totalement et librement, comme l'indiquent les inscriptions sur le tableau Nuda Veritas : « Si l’on ne peut par ses actions et son art plaire à tous, il faut choisir de plaire au petit nombre. Plaire à beaucoup n’est pas une solution. »

En 1892, son père meurt d'apoplexie  comme il en mourra lui-même ; son frère Ernst Klimt meurt également la même année, ce qui provoque la dissolution de la Compagnie[7].

Années 1890 : rencontre d'Emilie Flöge et rupture avec l'académisme

Portrait d'Emilie Flöge (1902), musée de Vienne.

Dès ses premières commandes personnelles (les pendentifs du grand escalier du musée d'Histoire de l'art), il se dégage des modèles académiques, inspiré par les estampes japonaises, le symbolisme et l'impressionnisme français.

Il prend pour compagne Emilie Flöge, qui tient une maison de couture, et se rapproche en ces débuts des années 1890 des écrivains Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal et Hermann Bahr. En 1895, lors d'une exposition à Vienne, il découvre les œuvres de Max Liebermann, Félicien Rops, Julius Klinger, Arnold Böcklin et Auguste Rodin.

En 1892, à la mort de son frère, il doit assurer la sécurité financière de sa famille. Il amorce sa rupture avec l'académisme. En 1893, le ministre de la Culture refuse sa nomination à la chaire de peinture d'histoire des Beaux-Arts.

En 1894, il est chargé avec Franz Matsch de la décoration de l'aula magna de l'université et réalise trois œuvres monumentales. L'année suivante, Klimt reçoit à Anvers le grand prix pour la décoration de l'auditorium du théâtre du château Esterházy à Totis (Hongrie)[4].

Avec plusieurs de ses amis, dont Koloman Moser, Joseph Maria Olbrich, Carl Moll, Josef Hoffmann, Max Kurzweil, Josef Engelhart (de) et Ernst Stöhr, il crée le le groupe des sécessionnistes qui fonde en une revue d'art intitulée Ver sacrum Printemps sacré »)[4]. Le groupe ambitionne de construire un édifice consacré aux arts. Klimt participe la même année à la fondation de l'Union des artistes figuratifs, appelée la Sécession viennoise avec 19 artistes du Künstlerhaus[8]. Cette séparation marque le désir de nouveauté de Klimt et d'une multitude d'autres artistes face à « l'inflexible résistance au changement » de l'académisme viennois, responsable d'un véritable « obscurantisme » artistique. De son côté, le Künstlerhaus ne met pas réellement en place une transmission entre les artistes étrangers innovants et leurs confrères autrichiens.

Il devient président de cette association, dont l'objectif est de réformer la vie artistique de l'époque et de réaliser des œuvres d'art qui élèvent « l'art autrichien à une reconnaissance internationale à laquelle il aspire ». Il s'agit aussi de combler le fossé entre les arts dit mineurs, de rapprocher les objets utilitaires et les objets d'art  pour créer une œuvre d'art totale, selon une citation de Wagner , de transformer le monde au moyen des arts. Les arts doivent éveiller les consciences et s'éloigner de toute compromission avec l'art et l'académisme établis.

Cette fondation est en quelque sorte la réponse au mouvement Art nouveau en France et au Jugendstil qui se développe en Allemagne. La revue Ver sacrum devient le moyen d'expression de la Sécession, et le porte-parole de cette volonté de changer le monde. Josef Maria Olbrich parvient à réaliser l'édifice dédié aux arts souhaité par Klimt, le palais de la Sécession, qui donne aux jeunes artistes figuratifs un lieu permanent d'exposition pour leurs œuvres, et cristallise comme une sorte de manifeste les idées du groupe : « À chaque époque son art, à tout art sa liberté. »[9].

À partir de 1897, Klimt commence à passer ses étés avec Emilie Flöge dans le Kammer et la région de l'Attersee, où il peint ses premiers paysages.

En 1898, il crée une affiche pour la première exposition et l'ouverture de la Sécession[4]. Elle représente Thésée, entièrement nu, terrassant le Minotaure[10]. Cette affiche est censurée par les autorités viennoises, les parties génitales de Thésée étant couvertes, ce qui ne manque pas d'irriter Klimt[10].

Pallas Athéna

Pallas Athéna (1898), huile sur toile, 75 × 75 cm, musée de Vienne.

En 1898, il peint le célèbre tableau Pallas Athéna, qui sera utilisé comme affiche à l'occasion de la deuxième exposition de la Sécession, lors de l'inauguration de l'édifice de Joseph Maria Olbrich. Il détourne la représentation traditionnelle du sujet, d'inspiration classique, en montrant sous le visage de la déesse une Gorgone tirant la langue, représentation traditionnelle de l'époque archaïque.

1900-1907 : La Philosophie, La Médecine et La Jurisprudence

Ces toiles commandées par l'université de Vienne pour décorer le hall d'entrée, connue sous le nom de Peintures des Facultés, ont été détruites par les nazis en 1945, et presque aucune trace n'a été trouvée. Il existe peu de représentations de cette œuvre.

La Philosophie

La Philosophie (œuvre détruite en 1945 par les nazis).

Au cours de l'année 1900, lors de la septième exposition de la Sécession, Klimt présente sa toile intitulée La Philosophie, qui est la première des trois toiles préparatoires, avec La Médecine et La Jurisprudence, qui lui avaient été commandées en 1886 pour illustrer les voûtes du plafond de l'aula magna, le hall d'accueil de l'université de Vienne. Il choisit de représenter la Philosophie sous la forme d'une sphinge aux contours flous, la tête perdue dans les étoiles, tandis qu'autour d'elle se déroulent tous les cycles de la vie, de la naissance à la vieillesse, en passant par les étreintes de l'amour. À gauche, à l'avant-plan, la connaissance revêt les traits d'une femme fatale fixant de ses yeux froids et sombres le spectateur.

Cette toile fait l'objet d'une critique sévère des autorités universitaires, qui s'attendaient à une représentation classique du sujet, et qui considèrent alors cette allégorie comme une provocation au libertinage et une atteinte aux bonnes mœurs. La critique violente de la presse accuse Klimt d'outrager l'enseignement et de vouloir pervertir la jeunesse. On lui reproche ses peintures trop érotiques, et on s'interroge sur sa santé mentale et sur ses crises de dépression. « Il est trapu, écrit-on, un peu lourd, athlétique… pour allonger son visage sans doute, il porte ses cheveux en arrière et rejetés très haut au-dessus des tempes. C'est le seul signe qui pourrait faire penser que cet homme est un artiste[11]. »

Critiquée par 87 professeurs de l'université qui la refusent lorsqu'ils la découvrent à l'exposition de la Sécession, La Philosophie reçoit une médaille d'or en 1900 à l'Exposition universelle de Paris[4].

La Médecine et La Jurisprudence

Les compositions qui suivent, La Médecine et La Jurisprudence déchaînent et amplifient les critiques.

L'exposition de la Sécession de 1901 voit un nouveau scandale, et cette fois, ce sont les députés qui interpellent le ministre de l'Éducation à propos de La Médecine[4]. Celle-ci est représentée par une femme qui offre son corps, au côté des représentations de la Souffrance et de la Mort. On peut reconnaître la femme en bas de la toile par les attributs représentés par le peintre, notamment le serpent qui s'avance sur son bras pour boire dans la coupe qu'elle tient dans sa main gauche[12]. Il s'agit de Hygie, déesse dans la mythologie grecque de la santé, de la propreté et de l'hygiène. Elle est la fille d'Asclépios, dieu de la médecine. La Jurisprudence, quant à elle, est représentée par un criminel en proie à ses instincts, tandis que la Justice reste figée et impassible enchâssée dans une mosaïque d'inspiration byzantine.

Klimt doit renoncer à voir ses peintures décorer l'aula magna, sans pourtant renoncer à son invention esthétique.

La Frise Beethoven

La Frise Beethoven est présentée pour la première fois par Klimt en 1902 : lors de la quatorzième exposition de la Sécession, consacrée à la musique de Beethoven, Klimt expose une fresque murale de 34,14 m de long sur 2,15 m de haut en sept panneaux[13], représentant la Neuvième Symphonie, destinée à illustrer un décor pour l'architecte Josef Hoffmann, chargé de réaliser un monument en mémoire du musicien. Destinée uniquement à l'exposition, la frise a été peinte directement sur les murs. Cette œuvre est approuvée par Gustav Mahler lui-même : pour lui, elle représente l'aspiration au bonheur de l'humanité souffrante, qui cherche son apaisement dans les arts. Dans son esprit, Klimt réalise une œuvre d'art totale, en réunissant la peinture avec la musique et l'architecture (de par l'utilisation de l'espace, les trois murs, la frise en hauteur, et le bâtiment de la Sécession). Cette œuvre fait de nouveau l'objet de critiques violentes au nom de la morale. Mais elle est appréciée par Auguste Rodin qu'il rencontre en 1902.

La frise est acquise en 1907 par Carl Reininghaus puis, en 1915, par la famille de l'industriel juif autrichien August Lederer. Après sa spoliation par les nazis, l'État autrichien la restitue aux Lederer, assortissant cette restitution d'une interdiction d'exportation, puis finalement l'achète en 1972, après de longues négociations, pour 15 millions de schillings (près d'un million d'euros). La frise est exposée dans le palais de la Sécession depuis 1986[14]. Une reconstitution fidèle fut présentée en 2015, à Paris, lors de l'exposition Au temps de Klimt. La Sécession à Vienne, à la Pinacothèque de Paris.

Le Cycle d'or

Les années 1902-1903 constituent un tournant dans l'œuvre de Klimt, et une période d'intense créativité. Il entame la réalisation du Cycle d'or (ou « période dorée »), avec les Serpents d'eau, le Portrait d'Adele Bloch-Bauer et Danaé.

En 1903, Klimt visite Venise, Ravenne et Florence. Les panneaux pour l'aula magna sont placés à l'Österreichische Galerie, Klimt proteste et rachètera les panneaux au ministère en 1905. En 1903, a également lieu la rétrospective Klimt au palais de la Sécession[4].

En 1904, le banquier belge Adolphe Stoclet lui commande la réalisation des mosaïques murales de la salle à manger d'un luxueux palais qu'il construit à Bruxelles sur les plans de l'architecte Josef Hoffmann. Klimt dessine les cartons qu'exécutera la Wiener Werkstätte. La richesse décorative de Klimt éclate dans L'Attente et dans L'Accomplissement, qu'il réalise pour Adolphe Stoclet.

Le Baiser et fin de la Sécession

Le Baiser, qui est le tableau le plus représentatif de Gustav Klimt et qu'il peint de 1908 à 1909, sera reproduit dans le thème de L'Accomplissement pour la fresque d'Adolphe Stoclet.

En 1907, Klimt rencontre le jeune peintre Egon Schiele (1890-1918) qu'il va beaucoup influencer : Klimt sera pour lui un modèle et un maître.

À partir de 1905[15], devant les désaccords avec de nombreux artistes du groupe, il quitte, avec plusieurs de ses amis, la Sécession, qui, selon lui, tend à se scléroser. « Il se retire en 1905 avec Carl Moll, tandis que Josef Hoffmann et Koloman Moser fondent la Wiener Werkstätte (atelier viennois) en 1907-1908[15]. » En 1908, Klimt expose 16 toiles à la Kunstchau ; la Galleria d'arte moderna achète Les Trois Âges de la femme et l'Österreichische Staatsgalerie achète Le Baiser.

Il épure son style, évitant l'or à partir de 1909. Klimt va à Paris où il découvre avec intérêt l’œuvre de Toulouse-Lautrec[4]. Il découvre aussi le fauvisme et ses précurseurs : Vincent van Gogh, Edvard Munch, Jan Toorop, Paul Gauguin, Pierre Bonnard et Henri Matisse sont exposés à la Kunstschau Wien 1908. Il se consacre alors à la peinture de paysages ou des scènes allégoriques très ornementées, de plus en plus stylisées et aux couleurs vives, ce qui le rapproche du pointillisme de Seurat, mais aussi de Van Gogh et de Bonnard. En 1909, il commence la Frise Stoclet.

Fin de carrière : décorateur « fin de siècle »

(Attribution) Femme se masturbant (1913), localisation inconnue.

Il s'intéresse davantage à la peinture intimiste et aux portraits. Il réalise des tableaux de femmes de grandes dimensions, avec des compositions richement décorées, pour flatter une clientèle riche et bourgeoise qui lui fait des commandes, et il réalise aussi de nombreuses scènes de femmes nues ou aux poses langoureuses et érotiques, en tenues extravagantes dans des compositions asymétriques, sans relief et sans perspectives, riches d'une ornementation chatoyante, envahissante et sensuelle.

En 1910, Klimt participe à la 9e Biennale de Venise, où il retrouve le succès et la notoriété d'avant l'aula magna. Il reprend le titre de décorateur « fin de siècle », de peintre de l'intelligentsia autrichienne et d'inventeur de l'art décoratif.

En 1911, La Vie et la Mort reçoit le 1er prix à l'Exposition internationale de Rome. Klimt voyage à Florence, Rome, Bruxelles, Londres et Madrid. En 1912, il remplace par un fond bleu (à la Matisse) le fond or de La Vie et la Mort[4].

En 1914, les expressionnistes critiquent l’œuvre de Klimt.[précision nécessaire]

Sa mère meurt en 1915, la palette de l'artiste s'assombrit, ses paysages tendent vers la monochromie.

En 1916, Klimt participe avec Egon Schiele, Oskar Kokoschka et Anton Faistauer à l'exposition du Bund Österreichischer Künstler à la Sécession de Berlin.

En 1917, l'Académie des beaux-arts de Vienne et celle de Munich le nomment membre honoraire. Klimt commence L'Épousée et Adam et Ève.

Les dates et les circonstances de la mort de l'artiste diffèrent selon les ouvrages. Selon le catalogue collectif du Centre Pompidou, « au retour d'un voyage en Roumanie, Klimt est frappé d'une congestion cérébrale. Il meurt le à Vienne[15]. » Selon Ilona Sármány-Parsons, « il meurt d'une hémorragie cérébrale ou congestion cérébrale le à Vienne[16]. » Selon le catalogue de l'exposition présentée au Leopold Museum à Vienne en 2012, Klimt subit un accident vasculaire cérébral dans son appartement à Vienne le et est alors à moitié paralysé. Il meurt à l'hôpital le et est enterré trois jours plus tard[17]. Certaines sources indiquent qu'il était atteint par l'épidémie de grippe mortelle ayant sévi cette année-là[18].

Il est enterré dans cette même ville au cimetière de Hietzing à Vienne. Il laisse de nombreuses toiles inachevées[16].

Célibataire, il vit avec sa mère et ses sœurs. Il a cependant de nombreuses maîtresses, notamment Emilie Flöge, qu'il rencontre au début des années 1890. Elle sera sa principale compagne jusqu'à la fin de sa vie. De ses nombreuses conquêtes naîtront quatorze enfants illégitimes officiels[réf. souhaitée].

Style et thèmes récurrents

Son œuvre comprend 230 tableaux, dont 54 tableaux représentant des paysages. Ses principaux travaux incluent les peintures, les fresques, les croquis et autres objets d'art, dont plusieurs sont exposés à la galerie Vienna Secession. La profusion des détails, la richesse des décors et de la coloration en sont caractéristiques, ainsi que la précision des portraits. Il utilise souvent les formes phalliques dans ses œuvres, notamment dans Judith II (1909), dans Le Baiser (1907-1908), mais surtout dans Danaé (1907). Un des thèmes récurrents du travail de Klimt est la femme dominatrice, personnifiée par la femme fatale.

Klimt est connu pour son utilisation de l'or dans les peintures, qu'il découvre après avoir vu des mosaïques byzantines de Ravenne : voir le tableau de droite, Judith I, peint en 1901. Mais ses inspirations sont éclectiques. Les historiens de l'art répertorient des inspirations aussi diverses que celles de la Grèce classique, minoenne et égyptienne. Il est aussi inspiré par les ciselures d'Albrecht Dürer, les peintures européennes de la fin du Moyen Âge et de l'école japonaise de Rimpa.

Klimt peint également quelques paysages, privilégiant le format carré (comme beaucoup d'artistes de la Sécession), avec une absence de personnage, ce qui donne une ambiance de particulière sérénité. Ces tableaux sont peints sur le motif et terminés en atelier.

Klimt a beaucoup dessiné. Le catalogue raisonné de ses dessins comporte plus de 3 700 numéros mais il est probable que ce nombre soit largement sous évalué, l'artiste n'étant guère conservateur de ses feuillets[19].

Citation

« Il n'existe pas d'autoportrait de moi. Je ne m'intéresse pas à ma propre personne comme “objet de représentation”, mais aux autres êtres, surtout féminins, et plus encore aux apparitions. »

Principales œuvres

Œuvre mineure

Expositions

  • 2005 : Vienne 1900. Klimt, Schiele, Moser, Kokoschka, Paris, Grand Palais.
  • 2012 : Vienne rend hommage à Gustav Klimt à l'occasion de son 150e anniversaire. La capitale autrichienne organise l'année Gustav Klimt[23]. Dix grands musées viennois présentent une série d'expositions temporaires consacrées à l'artiste.
  • 2015 : Au temps de Klimt. La Sécession à Vienne, à la Pinacothèque de Paris. Le cœur de l’exposition s’appuie sur une sélection des travaux majeurs de Gustav Klimt, de ses premières années d’études, jusqu’aux grandes œuvres de son âge d’or, comme Judith I (1901) ou la frise Beethoven, œuvre monumentale reconstituée à l’échelle et présentée pour la première fois en France.

Postérité dans la culture populaire

  • Le générique de l'animé tiré du manga Elfen Lied s'inspire de ses œuvres.
  • En 2005, Raoul Ruiz réalise le film Klimt, avec John Malkovich dans le rôle du peintre.
  • Dans le film Dracula de Francis Ford Coppola, sorti en 1992, la robe portée par Dracula dans la scène de lutte finale dans le château a été inspirée par la peinture de Gustav Klimt intitulée Le Baiser.
  • Les groupes de musique électronique The Bloody Beetroots a rendu hommage en titrant une de leurs chansons Gustav Klimt Was a Dark, chanson qui traduit phonétiquement l'art de Gustav Klimt.
  • Le style graphique de l'animé Gankutsuou est inspiré du style de Gustav Klimt.
  • Dans la série d'animation Miraculous, les aventures de Ladybug et Chat Noir, le portrait d'Emilie Agreste est inspiré de la peinture Adèle Bloch-Bauer de Gustav Klimt.
  • La direction artistique du jeu-vidéo Transistor s'inspire en partie du style de Gustav Klimt.

Marché de l'art

  • En , Sotheby's à New York vend Litzlberg Am Attersee, un paysage du lac Attersee pour 40,4 millions de dollars (29,3 millions d'euros). Il avait été restitué quelques mois plus tôt par le musée d'art moderne de Salzbourg au petit-fils de sa propriétaire d'avant-guerre, spoliée par les nazis.

Portrait d'Adele Bloch-Bauer I

Adele Bloch-Bauer I (1907), huile sur toile, 138 × 138 cm, New York, Neue Galerie.

En juin 2004, la Cour suprême des États-Unis permet à Maria Altmann, nièce d'Adele Bloch-Bauer, de poursuivre l'État autrichien pour obtenir la restitution de cinq peintures de Klimt volées par les nazis en 1938. Gardées par l'Autriche après la guerre, les peintures étaient visibles au palais du Belvédère de Vienne. Les cinq tableaux incluaient le célèbre Adele Bloch-Bauer I, surnommé « la Joconde d'Autriche ».

Le , un tribunal arbitral siégeant à Vienne rend un jugement sans appel qui ordonne la restitution des œuvres à la vieille dame[24].

Le , le tableau Adele Bloch-Bauer I est adjugé pour 135 millions de dollars chez Christie's[25]. Il est conservé à New York à la Neue Galerie.

Le , la maison Christie's annonce qu'elle va s'occuper de la vente des quatre autres tableaux. Le Portrait d'Adèle Bloch-Bauer II est vendu aux enchères pour 87,9 millions de dollars, la troisième plus grosse vente lors d'une vente aux enchères à cette époque. Le Pommier I (1912) est vendu pour 33 millions de dollars, La Forêt de Birch (1903) est vendu pour 40,3 millions de dollars et Les Maisons d'Unterach sur le lac Utter (1916) est vendu pour 31,4 millions de dollars. La vente des cinq tableaux a rapporté 327,6 millions de dollars[26].

Galerie

Notes et références

  1. Serge Sanchez, Klimt, Éditions Gallimard, , p. 87.
  2. O'Connor 2012, p. 14.
  3. Klaus Carl, Klimt, Parkstone International, , p. 5.
  4. Gilles Néret, Klimt.
  5. O'Connor 2012, p. 15.
  6. O'Connor 2012, p. 16.
  7. O'Connor 2012, p. 17.
  8. O'Connor 2012, p. 23.
  9. O'Connor 2012, p. 24.
  10. O'Connor 2012, p. 25.
  11. Alfred Lichtwark, Reisebriefe, 22 mai 1905, Berlin, 1924 cité par François Blondel in Gustav Klimt (1862-1918), entre femmes et paysages, VisiMuZ Editions, 2017
  12. Tina Marlowe-Storkovich, « "Medicine" by Gustav Klimt », Artibus et Historiae, vol. 24, no 47, , p. 231 (DOI 10.2307/1483769, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Stephan Koja, Gustav Klimt. Landscapes, Prestel, , p. 199.
  14. (en) Peter Vergo, Art in Vienna, Phaidon Press, , p. 70.
  15. Collectif Jean Clair et al 1986, p. 724.
  16. Sármány-Parsons 1987, p. 94.
  17. (de) Tobias G. Natter (Hrsg.), Klimt persönlich : Bilder, Briefe, Einblicke, Wien, Brandtstätter, , 431 p. (ISBN 978-3-85033-657-4).
  18. C. Hannoun, « Sur la piste du virus de la grippe espagnole (1918-1919) », Virologie, vol. 5, no 1, (ISSN 1267-8694, lire en ligne, consulté le ).
  19. P. Pinchon, « La ferveur intime du trait », Dossier de l'art, no 191, décembre 2011, p. 58-63.
  20. klimt.com.
  21. 3.bp.blogspot.com.
  22. klimt.com.
  23. Présentation de l'année Klimt à Vienne, « Embrasse-moi », de Julien Walterscheid-Finlay, le 6 mars 2012, à lire sur L'Intermède.
  24. jugement dans l'Express
  25. « Un portrait d'Adele Bloch-Bauer de Gustav Klimt vendu aux enchères 135 millions de dollars », La Presse canadienne, 19 juin 2006.
  26. (en) « How Checkbook Art History Elevated Gustav Klimt to the $100 Million Club ».

Annexes

Bibliographie

  • (en) Anne-Marie O'Connor, The Lady in Gold: The Extraordinary Tale of Gustav Klimt's Masterpiece, Bloch-Bauer, Knopf Doubleday Publishing Group, (ISBN 9780307957566, lire en ligne)
  • René Passeron (trad. de l'italien), Tout l'œuvre peint de Klimt, Paris, Flammarion, , 164 p. (ISBN 2-08-011220-1).
  • Ilona Sármány-Parsons, Gustav Klimt, Paris, Flammarion, , 96 p. (ISBN 2-08-011526-X).
  • Collectif Jean Clair et al., Vienne 1880-1938. L'apocalypse joyeuse, Paris, éditions du Centre Pompidou, , 767 p. (ISBN 2-85850-322-2), p. 82-93, 192-227, 723-724.
  • Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, vol. 7, Paris, éditions Gründ, , 4e éd., 13440 p. (ISBN 978-2-7000-3017-4 et 2700030176, LCCN 2001442437), p. 853-856.
  • Salfellner Harald, Klimt. Une vie en couleurs. Prague, Vitalis, 2018, p. 104. (ISBN 978-3-89919-549-1).
  • Gilles Néret, Klimt, Cologne, Taschen, , 96 p. (ISBN 978-3-8228-5940-7).
  • Agnes Hussein-Arco, Markus Fellinger et Alfred Weidinger, Au temps de Klimt. La Sécession à Vienne, Éd. Pinacothèque de Paris et 24 Ore Cultura, 2015 (ISBN 9788866482550).
  • Gottfried Fliedl, Klimt, Taschen, 2003

Filmographie

  • Gustave Klimt au musée Maillol : papiers érotiques, film de Christian Guyonnet, Naïve vision, Paris ; Artstudio, 2005, 54 min.
  • Klimt ou le testament d'Adele, film documentaire de Michel Vuillermet et Gilbert Charles, France, 2005, 55 min.
  • Vienne 1900 : Klimt, Schiele, Moser et Kokoschka, film de Valérie Manuel, RMN, Paris, 2005, 52 min (DVD).
  • Klimt, film de Raúl Ruiz, 2006, 127 min (DVD).

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