La force tranquille

La force tranquille est le slogan de François Mitterrand lors de la campagne présidentielle française de 1981. C'est avec celui-là qu'il remportera l'élection cette même année.

Origine

François Mitterrand en meeting en .

François Mitterrand entame sa troisième candidature à l'élection présidentielle, après 1965 et 1974. Ancien ministre à huit reprises, secrétaire d'état à trois reprises et président du parti socialiste, il est vu comme le candidat de la sagesse et de la connaissance en politique.

Face à lui, Valéry Giscard d'Estaing, président de la République sortant. Sa campagne plus compliqué marquée par l'affaire des diamants voit tout de même sa popularité remonté avec le slogan , « Il faut un président à la France »[1]. C'est pourquoi, pour marquer le coup, François Mitterrand attache une importante forte à une trouvaille de phrase qui marquera sa campagne. Il va longuement en parler avec ses équipes de communication. Composées de grands noms de la politique tels que Jacques Pilhan, Jacques Séguéla, Gérard Colé en petit comité proche du candidat, ils auront pour but de moderniser son image par un slogan choc[2]. Nommé l‘homme du passé par Valéry Giscard d'Estaing, les équipes de communication vont jouer de son âge plus élevé que son concurrent, 65 ans pour François Mitterrand quant à 55 ans pour Valéry Giscard d'Estaing. N'étant pas un grand utilisateur des nouvelles technologies, il était vu par les Français comme un homme âgé mais doté d'une grande sagesse[2]. C'est pourquoi celles-ci vont vouloir accentuer le coup pour en faire une grande qualité face à son concurrent.

Contrairement à ce que beaucoup ont pu croire, son inventeur n'est pas Jacques Séguéla, à l'époque directeur de la stratégie et de la communication de François Mitterrand, mais une jeune stagiaire, Anne Storch[3].

L'histoire raconte que lors c'est lors d'une discussion consacrée à trouver le slogan que « La force tranquille » fut trouvé. Le débat réunissait les conseillers en communication Jacques Pilhan, Jacques Séguéla, Gérard Colé et Anne Storch. C'est cette dernière qui prononcera la phrase décisive : « Mitterrand, ce n'est pas seulement l'homme tranquille, c'est la force tranquille ! »[3].

Mythe du clocher

L'église paroissiale.

Jacques Séguéla est le « maître d'œuvre » de l'affiche de campagne. Le village en arrière-plan, ainsi que son clocher, ne sont pas pris au hasard. François Mitterrand était alors encore maire de Château-Chinon, une commune située à une dizaine de kilomètres du petit village de Sermages, où la photographie a été prise[4]. Il était en outre député et président du conseil général de la Nièvre, dans lequel se situe la commune. L'église est le siège de la paroisse Saint-Pierre. Cependant, pendant de nombreuses années, des villes et villages de France se sont impunément attribué le toit de ce clocher visible sur l'affiche de campagne[5].

Le candidat à l'élection présidentielle voulait que sa photographie soit la plus laïque possible. Une croix se trouvait sur le clocher de l'église. Par un logiciel de photomontage, celle-ci a été enlevée alors que la forme du clocher a été modifiée[4],[6].

Prise de la photo

La photo est prise fin , début . Toute l'équipe de François Mitterrand se rend dans ce petit village. Ce jour-là, la météo n'est pas très clémente, le temps est froid, gris et pluvieux. L'équipe s'installe un peu en hauteur de la ville pour avoir en arrière pan le clocher[7]. Le candidat n'est toutefois pas dans la bonne tenue, il doit se mettre en costume. Mais il n'a pas le temps de trouver un lieu pour se changer. François Mitterrand veut faire cela vite, en quelques minutes. Il se retrouve donc à se changer derrière une voiture au bord d'une petite route. Son photographe, Patrick de Mervelec[4], racontera par la suite : « Il était quand même derrière la voiture en caleçon pour se changer. Je n'ai pas osé faire la photo parce que je me suis dit que j'allais avoir des problèmes »[6].

Après plusieurs grandes respirations de François Mitterrand, la photo finit par être prise quelques minutes plus tard lors d'un rayon de soleil parmi les nuages.

Postérité

Outre la victoire de François Mitterrand deux mois plus tard à l'élection présidentielle, cette photo ainsi que cette célèbre phrase sont connues par une grande partie des Français. Plus récemment en 2012, lors de la campagne de François Hollande, son affiche de campagne rappelait fortement celle de son confrère du Parti socialiste. L'arrière-plan montrant la ville dont est originaire François Mitterrand est semblable au choix de François Hollande montrant la Corrèze, sa terre d'élection[8].

De même pour Ségolène Royal dans son discours pour la Fête de la Fraternité en . On lui demanda ce que la fraternité représentait pour elle. Elle répondit naturellement : « La force tranquille »[9].

Références

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