Langues officielles de l'Union européenne

Les langues officielles de l'Union européenne sont les langues de communication officielle des institutions de l'Union européenne (UE). Au nombre de quatre à l'origine des Communautés européennes, elles sont aujourd'hui au nombre de vingt-quatre.

Panneaux de signalisation dans le Parlement européen à Bruxelles. « Groupes de visiteurs » y est écrit dans les 23 langues officielles de l'Union à l'époque (2007).

Historique

Panneau à l'entrée du Parlement européen à Bruxelles écrit dans les 11 langues qui étaient les langues officielles de l'UE en 1995.

La Communauté économique européenne (CEE), lors de sa création le par le traité de Rome, reconnaît quatre langues officielles : l'allemand, le français, l'italien, le néerlandais[1].

Le , lors du 1er élargissement de la CEE par le traité de Bruxelles, s'ajoutent l'anglais et le danois.

Le , lors du 2e élargissement de la CEE par le traité d'Athènes, s'ajoute le grec.

Le , lors du 3e élargissement de la CEE par le traité de Madrid/Lisbonne, s'ajoutent l'espagnol et le portugais.

Ainsi l'Union européenne (UE), lors de sa création le par le traité de Maastricht, reconnaît neuf langues officielles : l'allemand, l'anglais, le danois, l'espagnol, le français, le grec, l'italien, le néerlandais, et le portugais.

Le , lors du 4e élargissement de l'UE par le traité de Corfou, s'ajoutent le finnois et le suédois.

Lors du 5e élargissement de l'UE s'ajoutent d'abord le l'estonien, le hongrois, le maltais, le letton, le lituanien, le polonais, le tchèque, le slovaque et le slovène (traité d'Athènes), puis le le bulgare et le roumain (traité de Luxembourg). Le s'ajoute également l'irlandais, qui avait jusqu'alors le statut de « langue des traités » et dont le nouveau statut lui avait été accordé le par le Conseil[2].

Le , lors du 6e élargissement de l'UE par le traité de Bruxelles, s'ajoute le croate.

Les différents élargissements de l'Union ont ainsi mené à 24 le nombre de ses langues officielles[3].

En 2019, le Brexit entraîne des interrogations sur la question linguistique dans l'Union européenne face à la domination de la langue anglaise sur les autres langues officielles et notamment le français[4],[5].

Liste des langues

Voici les vingt-quatre langues officielles de l'Union européenne (depuis 2013) et leur code :

Date Langue Code États membres de l'UE dont c'est une langue officielle
Nom dans cette langue Nom en français
2007 български (bălgarski) bulgare bg Bulgarie
2004 čeština tchèque cs République tchèque
1973 dansk danois da Danemark
1958 Deutsch allemand de Allemagne, Autriche, Belgique, Luxembourg
2004 eesti estonien et Estonie
1981 ελληνικά (elliniká) grec el Chypre, Grèce
1973 English anglais en Irlande, Malte (et Royaume-Uni avant le Brexit)
1986 español (castellano) espagnol (castillan) es Espagne
1958 français français fr Belgique, France, Luxembourg
2007 Gaeilge irlandais ga Irlande
2013 hrvatski croate hr Croatie
1958 italiano italien it Italie
2004 latviešu letton lv Lettonie
2004 lietuvių lituanien lt Lituanie
2004 magyar hongrois hu Hongrie
2004 malti maltais mt Malte
1958 Nederlands néerlandais nl Belgique, Pays-Bas
2004 polski polonais pl Pologne
1986 português portugais pt Portugal
2007 română roumain ro Roumanie
2004 slovenčina slovaque sk Slovaquie
2004 slovenščina slovène sl Slovénie
1995 suomi finnois fi Finlande
1995 svenska suédois sv Finlande, Suède

Pour un exemple d'utilisation de toutes ces langues dans l'Union européenne, voir « In varietate concordia », la devise de l'Union, qui a été adaptée dans chacune des langues officielles de l'Union, ou encore les noms de l'Union dans les différentes langues officielles.

Ces vingt-quatre langues officielles de l'Union européenne ne doivent pas être confondues avec les langues officielles des États membres. En effet, le luxembourgeois, langue officielle au Luxembourg, et le turc, langue officielle à Chypre, ne sont pourtant pas des langues officielles de l'Union.

Langues de travail des institutions européennes

Les institutions de l'Union européenne ont différentes politiques linguistiques[6].

Conseil de l'Union européenne

Pour des raisons pratiques, seules trois langues de travail sont utilisées par les fonctionnaires du Conseil : l'anglais, le français et l'allemand[1].

Commission européenne

Trois des langues officielles de l'Union sont utilisées comme langues de travail au sein de la Commission : l'anglais, le français et l'allemand[7]. Ces langues sont celles qui sont parmi les plus parlées dans l’Union européenne, que ce soit en tant que langue maternelle (français, allemand), ou en tant que seconde langue (anglais).

Cour de justice de l'Union européenne

Les délibérés de la Cour de justice de l’Union européenne se font en français, mais les arrêts sont obligatoirement publiés dans la version du cas[8].

Parlement européen

Interprètes en cabine dans l'hémicycle du Parlement européen.

Le Parlement européen se doit d'assurer un multilinguisme intégral pour l’ensemble des séances plénières, des réunions des organes parlementaires, des commissions parlementaires et des groupes politiques. Jusqu'en 2020, l'irlandais n'est pas une langue de travail du parlement, celui-ci étant soumis à une dérogation[9]. Cependant, les documents écrits sont systématiquement traduits dans les 24 langues (certains documents ne sont pas traduits en irlandais[réf. nécessaire], à cause notamment du peu de traducteurs disponibles pour cette langue). Lors des sessions plénières, les 23 autres langues sont utilisées à l'oral. Seule l'eurodéputée Liadh Ní Riada utilise l'irlandais. Pour les conférences de presse, le nombre de langues est souvent limité à trois : le français, l'anglais et la langue de l'orateur (à défaut l'allemand).

Avec 24 langues officielles, 552 combinaisons linguistiques (permutation mathématique de 24 éléments pris deux par deux) sont possibles (ou 276 couples de langues différents), puisque chaque langue peut être traduite dans 23 autres langues. La difficulté à trouver des interprètes pour tous les couples de langues augmentant avec leur nombre, ont été mises en place des langues pivots ou relais (l'anglais, l'allemand et le français, et selon les députés présents aux réunions l'espagnol, l'italien et le polonais) : le discours est traduit dans une des langues relais, à partir de laquelle (ou desquelles) il est traduit à nouveau dans chacune des autres langues officielles[10].

L'Union européenne dispose de deux services distincts pour les communications interlingues :

  • le Service commun interprétation-conférences (SCIC) pour les traductions orales ;
  • la Direction générale de traduction (DGT) pour les traductions écrites.

Cour des comptes européenne

Les documents publiés par la Cour des comptes européenne le sont dans toutes les langues officielles. En revanche, la langue de travail est majoritairement le français, et dans une moindre mesure l'anglais et l'allemand[6].

Banque centrale européenne

La Banque centrale européenne fonctionne pour sa part uniquement en anglais[11], et ce depuis sa création[12].

Choix des langues officielles

Les langues officielles de l'Union européenne font l'objet d'une décision spécifique, sur base des souhaits des États membres. Certains pays demandent que chacune de leurs langues nationales soit langue officielle de l'Union, d'autres celles les plus en usage. Dans tous les cas, au moins une langue nationale est langue officielle.

La législation de l'Union européenne s'applique directement aux citoyens des États membres, tandis que la politique linguistique de l'Union européenne demande une reconnaissance symbolique de chacune de ces langues, ce qui implique un choix plus large que les langues de travail de l'Union.

Lors de son adhésion, l'Irlande n'opte pas pour l'irlandais, pourtant sa première langue nationale. Un statut spécial prévoit certaines utilisations, comme la traduction des traités. En 2007, l'irlandais devient langue officielle, même si en 2015 les directives ne sont pas traduites dans cette langue.

Pratique des langues officielles de l'UE

Nombre de locuteurs natifs

De nombreuses langues sont parlées dans l’Union européenne. On compte, outre les 24 langues officielles de l'UE, plus de 60 langues autochtones minoritaires ou régionales et enfin, un grand nombre de langues non autochtones parlées par les communautés de migrants.

Pour la population européenne, pour la période avant le Brexit, la langue maternelle la plus parlée était l’allemand (16 %), suivie de l’italien et de l’anglais (13 % pour chacune des langues), puis du français (12 %), et enfin de l’espagnol et du polonais (8 % pour chacune des langues)[13].

Après le Brexit, l'anglais n'est plus la langue maternelle que de 7 millions de personnes soit 2 % des citoyens de l'Union européenne[14].

Pratique des autres langues

54 % des Européens sont capables de tenir une conversation dans au moins une langue étrangère, 25 % de parler au moins deux langues étrangères et un sur dix peut converser dans au moins trois langues étrangères[13]. Les cinq langues étrangères les plus parlées sont l’anglais (38 %), le français (12 %), l’allemand (11 %), l’espagnol (7 %) et le russe (5 %).

  • 44 % des Européens affirment comprendre au moins une langue étrangère suffisamment bien pour suivre les informations à la télévision ou à la radio. L’anglais est la langue la plus largement comprise, citée par 25 % des Européens. Le français et l’allemand sont cités tous deux par 7 % des répondants, l’espagnol et l’italien sont mentionnés par respectivement 5 % et 2 % des répondants ;
  • 44 % des Européens affirment pouvoir lire un article dans un journal ou un magazine en langue étrangère. L’anglais est à nouveau la langue la plus citée, par 25 % des Européens. Le français est cité par 7 % des Européens, et l’allemand par 6 %. L’espagnol est mentionné dans 4 % des réponses, suivi par le russe et l’italien (2 %).

Enseignement des langues dans l’UE

68 % des Européens ont appris une langue étrangère à l’école, tandis que 16 % ont appris en discutant avec un interlocuteur de langue maternelle, 15 % par des cours de langue hors de l’école, 15 % par des séjours dans un pays où la langue est parlée. L’UE a une influence limitée dans les domaines de l’éducation et des politiques linguistiques qui relèvent de la compétence des États membres. Les recommandations en France sont d'étudier deux langues étrangères pendant la scolarité.

En 2015, une étude publiée par Eurostat a porté sur le premier cycle de l'enseignement secondaire dans les pays de l'UE. Parmi les 17 millions d'élèves, âgés de 11 à 15 ans, qui étudiaient au moins une langue étrangère, la plupart (97,3 %) apprenaient l’anglais, 5 millions (33,8 %) le français, (23,1 %) l’allemand et (13,6 %) l'espagnol[15].

Références

  1. Thomas Ferenczi, « Union européenne : alerte sur les langues », Le Monde, .
  2. « L'irlandais devient la 21e langue officielle de l'Union européenne » (version du 24 mai 2009 sur l'Internet Archive), sur Europa : « Le règlement initial du Conseil de 1958 [...] a été modifié pour y inclure l'irlandais, qui devient la 21e langue officielle de l'Union, sur le même plan que l'allemand, l'anglais, le danois, l'espagnol, […] », mais la place accordée à cette langue semble être plus limitée : « Pour des raisons pratiques, le Conseil a décidé que seuls les règlements adoptés par le Parlement européen et le Conseil dans le cadre de la procédure de codécision devraient être disponibles en irlandais. »
  3. « Langues officielles de l'UE » (version du 19 avril 2016 sur l'Internet Archive), sur Europa.
  4. Pierre Desorgues, « Brexit : le français peut-il redevenir la langue de travail de l'Union européenne ? », TV5 Monde,
  5. Thomas Smets, « Quelle place pour l’anglais dans l’Union européenne post-Brexit ? », sur eyes-on-europe.eu, (consulté le ).
  6. Phoebus Athanassiou, « The application of multilingualism in the European Union context », Legal Working Paper Series, Francfort-sur-le-Main, Banque centrale européenne, no 2, (lire en ligne).
  7. Commission européenne - Direction Générale de la Traduction, Étude sur la traduction et le multilinguisme, Bruxelles, (lire en ligne), « Glossaire », p. 148
    « À la Commission, [...] Les trois langues procédurales sont l’anglais, le français et l’allemand. En fonction du dossier traité (par exemple, s'il concerne un État membre particulier), d’autres versions linguistiques peuvent être nécessaires »
  8. (en) Mathilde Cohen, « On the Linguistic Design of Multinational Courts : The French Capture », International Journal of Constitutional Law, vol. 14, no 2, , p. 498–517 (DOI 10.1093/icon/mow023).
  9. Samuel Morgan, « L’irlandais s'impose dans les institutions européennes », sur euractiv.com, (consulté le ).
  10. « Parlez-vous européen ? », France-Soir, (consulté le ).
  11. Commission européenne - Direction Générale de la Traduction, Étude sur la traduction et le multilinguisme, Bruxelles, (lire en ligne), p. 129 (interview du 24 avril 2008 de Jacques Santer, président de la Commission européenne 1995-1999)
    « Voyez la Cour de justice! Les arrêts n'ont d'effet juridique que publiés dans la version du cas. […] Par contre, les délibérés se font en français. La Banque centrale européenne, elle, fonctionne en anglais uniquement. »
  12. (en) Todd Buell, « Translation Adds Complexity to European Central Bank’s Supervisory Role », The Wall Street Journal, .
  13. « Les Européens et leurs langues » [PDF], Commission européenne, .
  14. Jean Quatremer, « UE : après le Brexit, la fin de l'unilinguisme anglophone ? », Libération, .
  15. Alice Develey, « Le français est la deuxième langue la plus étudiée dans l'Union européenne », Le Figaro, .

Compléments

Bibliographie

  • José Carlos Herreras (dir.), L'enseignement des langues étrangères dans les pays de l'Union européenne, Louvain-la-Neuve, Peeters Publishers, coll. « Bibliothèque des cahiers de l'Institut de linguistique de Louvain » (no 92), , 401 p. (ISBN 90-429-0025-3 et 2-87723-376-6, lire en ligne).
  • Thomas Szende (dir.), Politiques linguistiques, apprentissage des langues et francophonie en Europe centrale et orientale : Les défis de la diversité (colloque international organisé par l'Équipe de recherche Pluralité des langues et des identités, didactique, acquisition, médiations (PLIDAM) de l'INALCO, Paris, -), Paris, Archives contemporaines, , 189 p. (ISBN 978-2-8130-0003-3, lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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