Laura Borràs

Laura Borràs i Castanyer, née le à Barcelone, est une femme politique espagnole comptant parmi les dirigeants du mouvement indépendantiste catalan, membre et présidente d'Ensemble pour la Catalogne (Junts).

Pour les articles homonymes, voir Borràs.

Borràs i Castanyer est un nom catalan. Le premier nom de famille, paternel, est Borràs ; le second, maternel, souvent omis, est Castanyer ; les deux sont fréquemment liés par la conjonction « i ».

Laura Borràs

Laura Borràs en 2021.
Fonctions
Présidente d'Ensemble pour la Catalogne
En fonction depuis le
(3 mois)
Élection 4 juin 2022
Secrétaire général Jordi Turull
Prédécesseur Carles Puigdemont
Présidente du Parlement de Catalogne

(1 an, 4 mois et 16 jours)
Législature XIIIe-XIVe
Prédécesseur Roger Torrent
Successeur Alba Vergés (a.i.)
Députée au Parlement de Catalogne
En fonction depuis le
(1 an, 5 mois et 23 jours)
Élection 14 février 2021
Circonscription Barcelone
Législature XIIIe-XIVe
Groupe politique Junts

(1 an, 4 mois et 3 jours)
Élection 21 décembre 2017
Circonscription Barcelone
Législature XIIe
Groupe politique JuntsxCat
Successeur Glòria Freixa
Députée aux Cortes Generales

(1 an, 9 mois et 18 jours)
Élection
Réélection
Circonscription Barcelone
Législature XIIIe et XIVe
Groupe politique Mixte (04-12/2019)
Pluriel (12/2019-2021)
Successeur Pilar Calvo
Conseillère à la Culture de la généralité de Catalogne

(9 mois et 23 jours)
Président Quim Torra
Gouvernement Torra
Prédécesseur Lluís Puig
Successeur Mariàngela Vilallonga
Biographie
Nom de naissance Laura Borràs i Castanyer
Date de naissance
Lieu de naissance Barcelone (Espagne)
Nationalité Espagnole
Parti politique Crida (2018-2020)
Junts (depuis 2020)
Diplômée de Université de Barcelone
Profession Universitaire
Résidence Barcelone, Catalogne

Présidents du Parlement de Catalogne

Universitaire licenciée puis docteure en philologie de l'université de Barcelone, elle est nommée en 2013 directrice de l'Institution des lettres catalanes (ILC). En , elle est élue députée de JuntsxCat au Parlement de Catalogne, puis devient en 2018 conseillère à la Culture de la Généralité.

Elle est élue députée au Congrès des députés en , où elle est porte-parole de JuntsxCat. Elle conserve son mandat lors des élections de novembre suivant. Pour les élections parlementaires catalanes de 2021, elle est cheffe de file de Junts, qui termine troisième du scrutin. Après un accord avec la Gauche républicaine de Catalogne, elle devient présidente du Parlement de Catalogne. Elle est élue présidente de Junts l'année suivante.

Vie privée

Laura Borràs i Castanyer naît le à Barcelone[1]. Son père, Antoni Borràs, a été chef des urgences de l'hôpital clinique et provincial de Barcelone. Elle est mariée à un chirurgien issu d'une famille de notables d'Igualada et mère d'une fille, prénommée Marta, née en 2000 et connue en tant que booktubeuse[2].

Vie professionnelle

Elle passe avec succès en 1993 une licence en philologie catalane à l'université de Barcelone, où elle obtient en 1997 un doctorat avec distinction en philologie romane[3]. Elle est professeure à l'université de Kingston de 2010 à 2012.

En , le conseiller[alpha 1] à la Culture de la généralité de Catalogne Ferran Mascarell (es) annonce qu'elle sera nommée directrice de l'Institution des lettres catalanes (ca) (ILC)[4].

Grande défenseure de la langue catalane, elle co-signe en 2016 avec 170 universitaires une tribune appelant à faire du catalan la principale langue officielle du territoire en cas d'accession à l'indépendance, dénonçant « la subordination politique du catalan » et jugeant que la communauté autonome fait face à une « colonisation linguistique, qui est ici une expression équivalent au remplacement linguistique » par l'arrivée d'Espagnols venus d'autres régions[5].

Vie politique

Au sein du gouvernement catalan

Lors des élections catalanes du 21 décembre 2017, convoquées en vertu de la mise en application de l'article 155 de la Constitution espagnole, elle est élue députée de circonscription de Barcelone sous les couleurs d'Ensemble pour la Catalogne (JuntsxCat) au Parlement de Catalogne. Comptant parmi les personnalités les plus proches du président de la Généralité déchu Carles Puigdemont, elle occupait la 5e place sur la liste de JuntsxCat, et son nom est par la suite évoqué pour occuper la présidence de l'exécutif catalan[6].

Le , elle est nommée conseillère à la Culture dans le gouvernement de l'indépendantiste Quim Torra[7].

Elle participe à la fondation de l'Appel national pour la République (Crida), dont elle est élue membre de la direction le [8].

Au Congrès des députés

Après que le président du gouvernement espagnol a décidé de convoquer des élections générales anticipées le suivant, elle est investie en deuxième position sur la liste de JuntsxCat menée par Jordi Sànchez  en détention provisoire  dans la circonscription de Barcelone[9].

Elle est élue au Congrès des députés et siège au sein du groupe mixte, qui regroupe les députés n'ayant pu former de groupe parlementaire. En sa qualité de porte-parole parlementaire de JuntsxCat, elle est reçue en audience par le roi Felipe VI le , dans le cadre des consultations royales pour désigner un candidat à l'investiture du Congrès pour la présidence du gouvernement espagnol. À la suite de cet entretien, elle affirme avoir déclaré au monarque que « les Catalans n'ont pas de roi », critiqué le discours très ferme qu'il avait tenu deux jours après le référendum d'indépendance du 1er octobre 2017 et lui avoir transmis un message de Carles Puigdemont, qui disait préférer le souverain « comme prince de Gérone plutôt que roi ». Le souverain lui aurait répondu que lui aussi préférait Puigdemont « comme maire de Gérone plutôt que président de la Généralité »[10].

Pour les élections du 10 novembre 2019, elle est automatiquement remontée à la première place de sa liste de candidats après que Sànchez a été condamné à de la prison ferme pour son rôle dans l'organisation du référendum d'indépendance[11].

Après avoir échoué à former un groupe avec Más País, la Coalition Compromís et le Bloc nationaliste galicien, JuntsxCat s'associe en décembre à ces derniers ainsi que la Coalition canarienne (CCa), Nouvelles Canaries (NCa), le Parti régionaliste de Cantabrie (PRC) et Teruel Existe afin de former le « groupe parlementaire pluriel » (Plural). Laura Borràs en est ensuite désignée porte-parole avec le nationaliste galicien Néstor Rego comme adjoint, mais sa fonction sera tournante entre les représentants des huit partis qui constituent ce groupe présenté comme « pragmatique » et « non-idéologique ». La formation du groupe pluriel répond en effet à la nécessité de vider le groupe mixte d'une partie de ses 21 députés et faciliter la répartition des moyens financiers, techniques et du temps de parole entre les parlementaires dont le parti n'a pu former de groupe seul[12].

Élections catalanes de 2021

Laura Borràs se présente aux primaires d'Ensemble pour la Catalogne (Junts) pour la désignation du chef de file aux élections parlementaires catalanes du 14 février 2021, organisées les et et qui l'opposent au conseiller du gouvernement Damià Calvet (ca) ; celui-ci est issu de l'ancienne Convergence démocratique alors que Laura Borràs représente les personnalités plus récemment engagées, convaincues par le discours indépendantiste de Carles Puigdemont[13]. Elle s'impose lors du vote des militants, remportant 75,8 % des voix, soit 2 954 suffrages favorables, le taux de participation s'élevant à 76 % des adhérents de Junts, dont elle devient ainsi la candidate à la présidence de la Généralité[14].

Junts, arrivé troisième du scrutin, propose le que Laura Borràs soit candidate à la présidence du Parlement, son élection étant assurée en raison d'un pacte conclu avec la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) et la Candidature d'unité populaire (CUP) sur la composition du bureau de l'assemblée[15]. Elle est effectivement élue le lendemain présidente du Parlement de Catalogne en obtenant au second tour 64 voix, contre 50 à la socialiste Eva Granados et 18 bulletins blancs ; elle devient la dixième personne et la troisième femme à occuper ce fauteuil, après Núria de Gispert et Carme Forcadell[16].

Présidente de Junts

Dans la perspective du 2e congrès national d'Ensemble pour la Catalogne, prévu le , Laura Borràs est citée comme une candidate certaine à la direction du parti, au même titre que Jordi Turull, tous deux représentant les deux principaux courants internes : elle, les indépendantistes recrutés par Carles Puigdemont au cours des dernières années sans cohérence idéologique réelle ; lui, les historiques de Convergence démocratique de Catalogne[17]. Elle passe le , à quelques heures de la date du dépôt des candidatures, un accord avec son principal concurrent afin de présenter une seule liste pour la direction, Borràs occupant une présidence aux attributions renforcées et Turull le secrétariat général[18].

Elle est effectivement proclamée présidente le , lors de la réunion du congrès à Argelès-sur-Mer. Elle recueille 1 776 voix parmi les militants, soit moins que les 1 854 obtenues par Turull et les 1 791 reçues par la vice-présidente Anna Erra (es). Les personnalités qu'elle a proposées dans le cadre de son pacte avec le nouveau secrétaire général obtiennent dans l'ensemble un soutien plus faible que les proches de Turull et ceux de Puigdemont, son candidat au secrétariat à l'Organisation David Torrents échouant même à obtenir les 50 % des suffrages exprimés nécessaires pour être élu[19].

Mise en examen

Elle est mise en examen le par le Tribunal suprême le , des chefs de faux en écriture, fraude, prévarication et détournements de fonds publics pour des faits remontant à l'époque où elle dirigeait l'Institution des lettres catalanes (ILC)[alpha 2]. Selon la chambre pénale, en accord avec le ministère public, Borràs aurait fractionné entre 2013 et 2017 plusieurs marchés publics d'informatique de l'ILC afin de pouvoir les attribuer de manière discrétionnaire à son ami Isaías Herrero, un narcotrafiquant condamné par la justice espagnole, pour un montant hors taxes de 259 000 euros[20].

Elle réagit le lendemain en réaffirmant son innocence et dénonce une mise en examen illégale puisqu'il existe un rapport de la Garde civile estimant que les faits reprochés ne sont pas constitutifs d'un délit. Elle ajoute ne pas avoir l'intention de se mettre en retrait de la vie politique ou de démissionner de son mandat, expliquant qu'elle n'est pas concernée par les règles internes au PDeCAT  principale formation composant la coalition JuntsxCat  concernant le code éthique de ses élus. Elle met alors en cause « les bas-fonds de l'État » (en espagnol : las cloacas del Estado) pour avoir fait filtrer un certain nombre d'informations à la presse[21].

Notes

  1. En Espagne, un conseiller (en catalan : conseller) est un membre de gouvernement dans les communautés autonomes.
  2. Les parlementaires des Cortes Generales bénéficient d'un privilège de juridiction par lequel seul le Tribunal suprême peut mettre en cause leur responsabilité pénale, y compris pour des faits antérieurs au début de leur mandat.

Références

  1. (es) Congrès des députés, « XIII Legislatura ( 2019-2019 ) Borràs Castanyer, Laura », sur congreso.es (consulté le ).
  2. (es) Fidel Masreal, « Laura Borràs, prestidigitadora de las palabras », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
  3. (ca) « Laura Borràs serà la nova directora de la Institució de les Lletres Catalanes », La Xarxa, (lire en ligne, consulté le ).
  4. (ca) « Laura Borràs serà la nova directora de la Institució de les Lletres Catalanes », Ara, (lire en ligne, consulté le ).
  5. (es) Pere Ríos, « Laura Borràs: una consejera contra el bilingüismo », El País, (lire en ligne, consulté le ).
  6. (es) « Vergés, Chacón, Calvet y Borràs: así son los nuevos consejeros del Govern », El País, (lire en ligne, consulté le ).
  7. (ca) « Aquests són els 13 consellers del Govern de Quim Torra », Ara, (lire en ligne, consulté le ).
  8. (ca) « Qui és qui en la direcció de la Crida que lidera Jordi Sànchez », Nació Digital, (lire en ligne, consulté le ).
  9. (ca) « Jordi Sànchez i Laura Borràs lideraran la candidatura de JxCat a Barcelona el 28-A », Ara, (lire en ligne, consulté le ).
  10. (es) Ana Sánchez, « El Rey a Borràs: «Me gustaba más Puigdemont como alcalde que como presidente de la Generalitat» », ABC, (lire en ligne, consulté le ).
  11. (es) « Laura Borràs, la voz de Puigdemont y Torra en el Congreso de los Diputados », RTVE, (lire en ligne, consulté le ).
  12. (es) Álvaro Carvajal, « JxCat y los minoritarios forman el Grupo Plural en el Congreso para tener más tiempo y recursos », El Mundo, (lire en ligne, consulté le ).
  13. (es) Camilo S. Baquero, « Junts escoge candidato en unas primarias que enfrentan a las dos almas del partido », El País, (lire en ligne, consulté le ).
  14. (es) Àngels Piñols, « Laura Borràs será la candidata de Junts a la presidencia de la Generalitat », El País, (lire en ligne, consulté le ).
  15. (es) Fidel Masreal, « Laura Borràs será la nueva presidenta del Parlament », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
  16. (es) « Laura Borràs (Junts) elegida presidenta del Parlament en segunda vuelta », Europa Press, (lire en ligne, consulté le ).
  17. (es) A. Fernández, « Junts descabezada: Puigdemont abandona la presidencia de JxCAT », El Confidencial, (lire en ligne, consulté le ).
  18. (es) Europa Press, « Borràs y Turull acuerdan presentar una candidatura única para liderar Junts », El Confidencial, (lire en ligne, consulté le ).
  19. (es) Marta Lasalas, « Turull y Erra consiguen más votos que Borràs en la votación de la nueva ejecutiva de Junts », El Nacional, (lire en ligne, consulté le ).
  20. (es) « El Supremo imputa a la diputada Laura Borràs (JxCat) por malversación, prevaricación y fraude », El Independiente, (lire en ligne, consulté le ).
  21. (es) Luis García, « Laura Borràs defiende su inocencia y carga contra las “filtraciones de las cloacas del Estado” », La Vanguardia, (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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