Leïla Slimani
Leïla Slimani, née le à Rabat au Maroc, est une journaliste et femme de lettres franco-marocaine. Elle a notamment reçu le prix Goncourt 2016 pour son deuxième roman, Chanson douce.
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Naissance |
Rabat (Maroc)[1] |
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Nationalité |
Marocaine Française |
Activité principale | |
Distinctions |
Langue d’écriture | français |
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Genres |
Œuvres principales
Dans le jardin de l'ogre
Chanson douce
Sexe et Mensonges
Le Pays des autres
Biographie
Famille et formation
Leïla Slimani nait le à Rabat[2], dans une famille d'expression française[2]. Son père, Othman Slimani, est un banquier et un haut fonctionnaire marocain, secrétaire d'État chargé des Affaires économiques de 1977 à 1979[3]. Sa mère, Béatrice-Najat Dhobb Slimani[4] (1948-)[5], est médecin ORL et a été la première femme médecin à intégrer une spécialité médicale au Maroc[6]. Ses grands-parents maternels se sont rencontrés en 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale, quand Lakhdar Dhobb, un spahi algérien[2],[4],[7],[8] ou marocain[9], participe à la Libération de Blotzheim, le village d'Anne Ruetsch (1921-2015), issue de la bourgeoisie alsacienne[10]. Après la guerre, elle s'installe avec lui au Maroc. Anne sera l'une des rares non-Marocaines décorée de l'ordre du Ouissam alaouite, une des plus hautes distinctions accordées par le roi du Maroc[11],[10]. Leïla Slimani a deux sœurs[11].
Après son baccalauréat, obtenu au lycée français Descartes à Rabat en 1999, elle vient à Paris pour ses études en classes préparatoires littéraires au lycée Fénelon[12]. Elle sort ensuite diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris[13],[14]. Elle s'essaie au métier de comédienne (en participant au Cours Florent) puis décide de compléter ses études à l'ESCP Europe pour se former aux médias. À cette occasion, elle rencontre Christophe Barbier, alors parrain de sa promotion, qui lui propose une formation à L'Express[2]. Finalement, elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008[15] et y traite des sujets touchant à l'Afrique du Nord[16]. Elle démissionne de la rédaction de Jeune Afrique en 2012 pour se consacrer à l'écriture littéraire tout en restant pigiste pour le journal[17].
Carrière d'écrivain
En 2013, son premier manuscrit est refusé par toutes les maisons d'édition auxquelles elle l'avait envoyé. Elle entame alors un stage de deux mois à l'atelier de l'écrivain et éditeur Jean-Marie Laclavetine. Elle déclare par la suite : « Sans Jean-Marie, Dans le jardin de l'ogre n'existerait pas[11]. »
En 2014, elle publie son premier roman, Dans le jardin de l'ogre. Le sujet (l'addiction sexuelle féminine) et l'écriture sont remarqués par la critique[2],[18],[16],[19] et l'ouvrage est sélectionné dans les cinq finalistes pour le prix de Flore 2014[20].
Son deuxième roman, Chanson douce, obtient le prix Goncourt en 2016[21],[22].
Le , elle devient la représentante personnelle du président Emmanuel Macron pour la francophonie, afin de siéger au Conseil permanent de l'Organisation internationale de la francophonie[23],[24].
Elle est la présidente du prix du Livre Inter en 2018 et est membre du jury du Festival du cinéma américain de Deauville 2018[25].
En 2020, elle publie son nouveau roman Le Pays des autres, premier tome d'une trilogie[26]. En 2021 paraît Le Parfum des fleurs la nuit, un récit autobiographique et de réflexion sur le métier d'écrivain[27].
Double nationalité
Dans une interview à Telquel, elle se confie sur ses deux nationalités :
« Je suis née avec la nationalité française et je me suis toujours sentie 100 % française et 100 % marocaine, donc je n’ai jamais eu de problème par rapport à ça. Le regard de l’autre, je m’en fiche complètement. Je ne me laisse pas enfermer dans des identités. Ce serait un peu malvenu de ma part de me plaindre alors que c’est beaucoup plus une souffrance pour des gens qui sont nés en France, qui ont des noms maghrébins, et qui sont constamment ramenés à leur identité maghrébine. Pour moi, c’est différent. J’ai une “vraie” double nationalité, une vraie double appartenance. Donc, que les gens me ramènent à mon identité marocaine, eh bien tant mieux, je suis marocaine[4]. »
Vie privée
Leïla Slimani est mariée depuis 2008 à un banquier[15] avec lequel elle a deux enfants (un garçon né en 2011 et une fille en 2017)[17],[11].
Décoration
Prises de position
Au lendemain des attentats du en France, elle rédige une tribune dans Le 1 intitulée « Intégristes, je vous hais »[11].
Au second tour de l'élection présidentielle de 2017, elle apporte son soutien à Emmanuel Macron pour contrer « le déclinisme et la haine » qu'incarne à ses yeux Marine Le Pen, mais aussi « par adhésion », car « la jeunesse, la modernité d'Emmanuel Macron – également fervent défenseur de l'égalité des hommes et des femmes – donneront un nouvel élan à la France, qui est actuellement enlisée dans une forme de grand pessimisme »[29]. Elle refuse ensuite la proposition d'Emmanuel Macron de devenir ministre de la Culture, mais accepte le poste de représentante personnelle d'Emmanuel Macron pour la francophonie[3]. Malgré cette fonction, elle publie en novembre 2018 un pamphlet en réaction à un échange, à Verdun, entre Emmanuel Macron et un ancien combattant, au sujet des sans-papiers, dénonçant le mépris à l'encontre de ces derniers[3]. En , elle s'oppose publiquement à l'expulsion de Samira, une fillette ivoirienne de 10 ans finalement autorisée à rester en France[3].
En , Leïla Slimani reçoit l'Out d'or du « coup de gueule » de l'Association des journalistes LGBT, pour avoir critiqué la pénalisation de l'homosexualité au Maroc et le contrôle du corps des femmes[30].
En , peu après la naissance du mouvement #MeToo, elle publie dans Libération un texte dans lequel elle réclame « le droit de ne pas être importunée »[31], en réponse à une tribune portée notamment par Catherine Deneuve et Catherine Millet[3].
Dans le livre Femmes puissantes de Léa Salamé paru en 2020, Leïla Slimani précise une de ses prises de parole citée par Léa Salamé indiquant « Je suis contre le voile, qui est un signe de soumission féminine, mais je ne suis pas contre les femmes voilées ». En effet, Leïla Slimani indique que jamais elle ne se battrait contre les femmes voilées, « parce que ma bataille est menée pour la liberté des femmes et le libre choix. Si une femme a envie de se voiler, jamais je n'irai m'immiscer dans ce choix-là. Mais je me battrai toujours contre ceux et celles qui veulent l'imposer. »[32]
Dans le récit autobiographique Le Parfum des fleurs la nuit (2021), l'auteure évoque les écrivains et la création littéraire[33],[34].
Proximité avec la monarchie marocaine
Citée par le journaliste marocain Omar Brouksy[35], auteur du livre enquête La République de Sa Majesté sur l'ingérence marocaine en France[36], Leila Slimani est considérée[Par qui ?] comme faisant partie du lobby de la monarchie marocaine en France.
Dès 2016, Leila Slimani travaille pour le site média Le360.ma[37] organe médiatique du secrétaire particulier du roi du Maroc, Mounir Majidi[38], et considéré par les professionnels[Lesquels ?] comme porte voix des services sectaires du régime et faisant partie du phénomène de la presse de diffamation au Maroc.
Interrogée au micro de RTL au sujet du mouvement populaire du Rif qui apparaît en 2016 au Maroc, Leïla Slimani déclare : « Ah non, je fais le débat, par contre le Rif je ne connais pas […]. Je ne connais pas malheureusement les tenants et les aboutissants de ces contestations, je me renseignerai de manière un peu plus profonde, et voilà[39] ». Cette déclaration est interprétée par plusieurs internautes et journalistes[40] critiques vis-à-vis du régime marocain comme une manière d'épargner le roi Mohammed VI. Cette position lui sera de nouveau reprochée après sa prise de position sur l'affaire de la journaliste marocaine Hajar Raissouni.
Polémiques
La sortie en 2017 de son essai Sexe et Mensonges : La Vie sexuelle au Maroc, encensé par l'écrivain Kamel Daoud[41] et remarqué par la critique[42], déclenche une polémique avec les Indigènes de la République après que Houria Bouteldja, porte-parole de l'association, a qualifié la romancière de « native informant »[43] — anglicisme signifiant littéralement informateur autochtone — « notion que les études post-coloniales ont forgée pour désigner les personnes de couleur qui, surcompensant un complexe d'infériorité à l'égard des Blancs, imitent ces derniers pour leur plaire et être reconnues par eux », avance Fatiha Boudjahlat[43]. Sur les réseaux sociaux, elle est régulièrement insultée par des racistes et par des islamistes[11].
En , lors du premier confinement en France pour lutter contre la pandémie de Covid-19, le journal Le Monde lui ouvre ses colonnes pour un « journal du confinement »[44]. Plusieurs critiques jugent, sur les réseaux sociaux et dans la presse, la chronique indécente[45]. Johan Faerber écrit dans Diacritik que ce journal du confinement « est indécent parce que, par les temps qui courent, il dit l’hébétude non des uns et des autres mais d’une bourgeoisie qui se rêve écrivain, écriture en temps de pandémie mais qui n’exhibe que sa folie de classe à l’heure où les gens meurent, les ouvriers partent travailler au péril de leur vie, où tout s’effondre[46]. » L'essayiste Diane Ducret réagit aussi dans Marianne : « Nos élites intellectuelles me semblent parfois hors sol, comme si la révolution française n’a pas eu lieu dans tous les domaines, et que seule une certaine classe sociale était autorisée à exprimer le goût de l’époque. Hélas, les écrivains, penseurs et artistes ne se cantonnent pas nécessairement à trois arrondissements bourgeois du centre de Paris, je regrette que Le Monde l’ait oublié[47]. »
Œuvres
- 2013 : La Baie de Dakhla : Itinérance enchantée entre mer et désert, Casablanca, Malika Éditions, 200 p. (ISBN 978-9954-0-3766-9)
- 2014 : Dans le jardin de l'ogre, Paris, éditions Gallimard, coll. « Blanche », 214 p. (ISBN 978-2-07-014623-9)
- 2016 : Chanson douce, Paris, éditions Gallimard, coll. « Blanche », 226 p. (ISBN 978-2-07-019667-8) — Prix Goncourt 2016
- 2016 : Le diable est dans les détails, La Tour-d'Aigues, éditions de l'Aube, coll. « Le 1 en livre », 62 p. (ISBN 978-2-8159-2144-2)
- 2017 : Sexe et Mensonges : La Vie sexuelle au Maroc, Paris, Les Arènes, 188 p. (ISBN 978-2-35204-568-7)
- 2017 : Paroles d'honneur, ill. Laetitia Coryn, Paris, Les Arènes, 105 p. (ISBN 978-2-35204-654-7) — roman graphique
- 2017 : Simone Veil, mon héroïne, ill. Pascal Lemaître, La Tour-d'Aigues, éditions de l'Aube, coll. « Le 1 en livre », 89 p. (ISBN 978-2-8159-2663-8)
- 2018 : Comment j'écris : Conversation avec Éric Fottorino, La Tour-d'Aigues, éditions de l'Aube, coll. « Le 1 en livre », 66 p. (ISBN 978-2-8159-2779-6)
- Le Pays des autres, Paris, éditions Gallimard, coll. « Blanche » :
- 2020 : 1re partie : La guerre, la guerre, la guerre, 365 p. (ISBN 978-2-07-288799-4)
- 2022 : 2e partie : Regardez-nous danser, 367 p. (ISBN 978-2-07-297255-3) [présentation en ligne]
- À mains nues (scénario), dessin de Clément Oubrerie, couleurs de Sandra Desmazières, Paris, Les Arènes, coll. « Les Arènes BD » :
- 2021 : Le Parfum des fleurs la nuit, Paris, éditions Stock, coll. « Ma nuit au musée », 128 p. (ISBN 978-2-234-08830-6)
Participations à des ouvrages collectifs
- Dans 13 à table !, Paris, Pocket :
- 2017 : Zina, dans 13 à table ! 2018 (no 17059), 282 p. (ISBN 978-2-266-27952-9)
- 2018 : La Fête des voisins, dans 13 à table ! 2019 (no 17272), 283 p. (ISBN 978-2-266-28641-1)
- 2019 : Je t'emmène, dans 13 à table ! 2020 (no 17728), 332 p. (ISBN 978-2-266-30550-1)
- 2020 : Heureux au jeu, dans 13 à table ! 2021 (no 18254), 236 p. (ISBN 978-2-266-30754-3)
- 2021 : La Chambre verte, dans 13 à table ! 2022 (no 18272), 278 p. (ISBN 978-2-266-31648-4)[48]
- 2019 : postface dans Sexualités, identités & corps colonisés, XVe siècle-XXIe siècle, Paris, CNRS Éditions, coll. « Corps », 667 p. (ISBN 978-2-271-13050-1)
- 2021 : Faut pas rêver, dans Chirine El Messiri (dir.), Il était une fois... les révolutions arabes, Paris, Institut du monde arabe et Seuil, coll. « Araborama », 264 p. (ISBN 978-2-02-146998-1)
Notes et références
- « Leïla Slimani, l’altérité pour patrie », La Grande Table, France Culture, .
- Alexandra Schwartzbrod, « Leïla Slimani. “Madame Bovary X” », Libération, (consulté le ).
- Vanessa Schneider, « Auteure à facettes », M, le magazine du Monde, no 426, , p. 51-57 (lire en ligne, consulté le ).
- Thomas Savage, « Leïla Slimani: “Je suis entrée chez Gallimard par moi-même” », Telquel, .
- « Dhobb-Slimani, Béatrice Najat (1948-....) », 138991804, sur IdRef, Sudoc.
- « Leïla Slimani », La Bande originale, France Inter, .
- Mehdi Ouassat, « “Dans le jardin de l’ogre” de Leila Slimani bientôt sur grand écran », Libération, .
- Leila Slimani, « Française, enfant d'étrangers », Le 1, no 88, (lire en ligne), repris dans Le diable est dans les détails, p. 45-47 : « Mon grand-père, musulman et algérien, était colonel dans l'armée coloniale ».
- Olivier Brégeard, « Leïla Slimani, un Goncourt alsacien », L'Alsace, .
- Olivier Brégeard, « Leïla Slimani fait revivre sa grand-mère alsacienne », L'Alsace, .
- Marie-France Etchegoin et Gaspard Dhellemmes, « “Je ne servirai pas d'alibi” », Vanity Fair, no 64, décembre 2018-janvier 2019, p. 120–125.
- Houda Benjelloun, « Leïla Slimani, l’ogre littéraire », À nous Paris, .
- Sanaa Eddaïf, « Un beau livre consacré à la baie de Dakhla », L'Économiste, .
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- A.D., « Le “journal de confinement” de Leïla Slimani suscite l'indignation », 20 Minutes (consulté le ).
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- Diane Ducret, « "Journal du confinement" : la vie un peu trop rose de Leïla Slimani », Marianne, (consulté le ).
- Lisette Didon et Pierrot Bacon, « 13 à table ! : le petit livre au service des Restos du cœur », Le Figaro, (consulté le ).
Annexes
Article connexe
Liens externes
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