Lena Horne

Lena Mary Calhoune Horne, née le à Brooklyn (New York) et morte le à New York, est une chanteuse de jazz, de chanson populaire, de comédie musicale, une actrice de films musicaux et une militante américaine pour l'égalité des droits civiques en faveur des Afro-Américains et des Amérindiens au sein de la National Association for the Advancement of Colored People.

Lena Horne
Biographie
Naissance

Brooklyn (New York)
Décès
(à 92 ans)
New York
Nom de naissance
Lena Mary Calhoun Horne
Époque
Nationalité
américaine
Domicile
Formation
Boys and Girls High School (en)
Girls' High School (en)
Washington High School (en)
Activité
Actrice, chanteuse, militante
Période d'activité
1933–2000
Père
Teddy Horne
Mère
Edna Scottron Horn
Conjoint
Louis Jordan Jones (1937 -1944), Lennie Hayton (1947- 1971)
Enfant
Gail Lumet Buckley (d)
Autres informations
Mouvement
National Association for the Advancement of Colored People
Label
MGM, RCA Victor, United Artists, Blue Note Qwest/Warner Bros.
Partenaire
Duke Ellington, Cab Calloway, Harry Belafonte, Tony Bennett, Vic Damone, Judy Garland, Billy Strayhorn, Lady Day, Sammy Davis Jr., Barbra Streisand, Teddy Wilson ,Noble Sissle, Ralph Cooper
Genres artistiques
Pop music traditionnelle (en), pop, jazz, jazz vocal
Distinctions
Tony Award, Grammy Award, NAACP Image Awards , médaille Spingarn
Discographie
Lena Horne discography (d)
Signature

Biographie

Lena Horne

Jeunesse et formation

Lena Horne[1] est la fille de Teddy Horne et d'Edna Scottron Horne[2], un couple mixte d'ascendance afro-américaine, amérindienne et européenne[3],[4],[5],[6]. Les membres de la famille Horne font partie de l'élite afro-américaine qui a reçu une éducation universitaire[7].

Ses parents se séparent alors qu'elle a trois ans. Elle est élevée par ses grands parents paternels Cora Calhoun et Edwin Horne[8]. Cora est une membre active de la National Association for the Advancement of Colored People[9], de la National Urban League et une suffragette[10].

La chanteuse

Grâce à sa mère, elle est embauchée en 1934 comme danseuse et choriste dans la troupe du Cotton Club[11], célèbre cabaret de Harlem où elle devient chanteuse trois ans plus tard.

Lena Horne se fait ensuite remarquer sur Broadway par la comédie musicale Dance With Your Gods, puis elle est embauchée comme chanteuse au sein du big-band de Noble Sissle. En 1939, elle remonte sur la scène de Broadway dans la revue Lew Leslie's Blackbirds of 1939, puis, en 1940, elle est embauchée comme chanteuse par Charlie Barnett pour son big-band le Charlie Barnet Orchestra[11], mais à cause des lois ségrégationnistes des états du Sud, elle ne peut chanter dans certaines villes.

En 1941, elle quitte l'orchestre pour retourner à New York pour se produire au Café Society, club de jazz fréquenté par les artistes et intellectuels afro-américains et blancs[12]. C'est à ce moment qu'elle devient l'amie de leaders de la National Association for the Advancement of Colored People tels que Paul Robeson et Walter White[10].

L'actrice

Après un premier rôle dans un film musical de 1938, intitulé « The Duke is Tops »[13], Lena Horne est la première femme afro-américaine à signer un contrat de longue durée avec un studio d'Hollywood[14], la Metro-Goldwyn-Mayer, contrat où des clauses sont imposées par la National Association for the Advancement of Colored People stipulant qu'elle ne peut être cantonnée à des seconds rôles habituellement confiés aux actrices afro-américaines comme ceux de domestiques, de nourrices, d'Africains « sauvage » [12]. Elle y fait ses débuts en 1942 dans Panama Hattie[15] et devient célèbre en 1943 pour son interprétation de Stormy Weather[16] de Ted Koelher et Harold Arlen dans le film du même nom[17],[18],[19]. Elle apparaît ensuite dans de nombreuses comédies musicales de la MGM, toutefois elle n'aura que peu de premiers rôles du fait de sa couleur de peau, par peur du boycott dans les États du Sud ségrégationnistes. C'est ainsi qu'il ne lui sera confié principalement que des rôles de chanteuse dont les séquences pouvaient être coupées lors des projections dans les salles de cinéma du Sud[20].

La seule exception notable est Un petit coin aux cieux (1943)[21] de Vincente Minelli, bien qu'une des parties de son corps y soit coupée car considérée comme trop suggestive par les censeurs[22].

Lena est surnommée « la tigresse » en raison de sa silhouette féline[23],[24].

Sélectionnée pour jouer le rôle de Julia LaVerne dans la version de 1951 de Show Boat, elle est éliminée à cause de sa couleur de peau, le rôle échoit finalement à Ava Gardner[25],[26].

Dans les années cinquante, elle et son époux Lennie Hayton sont accusés d'« activités anti-américaines » par Commission parlementaire aux activités anti-américaines, ce qui vaudra à Lena Horne une traversée du désert émaillée de quelques disques qu'elle parvient tout de même à enregistrer pour la RCA.

C'est en 1957, et grâce à la revue Jamaïca[27], qu'elle renoue avec le succès, malgré un puissant boycott[28]. Elle enchaînera avec des tournages et un certain nombre de revues jusque dans les années 1970.

Elle fait un retour dans les années 1990 avec deux albums enregistrés pour le label Blue Note.

L'engagement social

Lena Horne participant à la Marche sur Washington.

La carrière de Lena Horne est marquée contre le racisme et les lois ségrégationnistes[29].

Dès son enfance, elle subit le racisme, pour les blancs elle n'était qu'une « négresse » et pour certains de ses camarades afro-américains elle était trop blanche[22]. Ballottée entre ses diverses racines (afro-américaine, amérindienne, européenne), elle aurait pu être désorientée, mais elle a la chance d'être entourée par des grands parents militants des droits civiques et qui l'ont aidée à se positionner à refuser d'être une presque blanche[30],[31].

Elle continue son expérience du racisme au Cotton Club, les musiciens étaient des afro-américains, mais la salle leur était strictement interdite[32].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle devient une pin-up et un symbole de la « black beauty /beauté noire »[33], en faisant une tournée pour les troupes, elle découvre que ses concerts sont ségrégués, pire elle découvre que des prisonniers de guerre allemands sont devant alors que soldats afro-américains sont repoussés au fond de la salle, scandalisée elle interrompt sa tournée[34] pour ne visiter que des cantonnements de soldats afro-américains[35].

En 1963, elle participe à la Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté derrière Martin Luther King[36]. La même année, lors d'un rassemblement, elle prend la parole aux côtés du militant afro-américain, défenseur des droits de l'homme, Medgar Evers, peu de temps avant son assassinat en [37].

Vie privée

En 1937, Horne épouse Louis Jones. Ils ont deux enfants, Gail et Theodore[9]. Le couple divorce en 1944.

En 1947, elle épouse l'arrangeur et compositeur Lennie Hayton, qui décède en 1971[2]. Le mariage s'est fait discrètement à Paris, car les mariages mixtes étaient interdits en Californie[28]. Lennie Hayton, un juif américain, est l'un des premiers chefs d'orchestre arrangeurs de la Metro Goldwyn Mayer. Malgré les préjugés racistes, l'union dure jusqu'à la mort de Hayton en 1971, en effet, les directeurs exécutifs des studios désapprouvent cette union inter-raciale et le couple est mis au ban. Dans sa biographie coécrite avec Richard Schickel, Horne raconte les pressions énormes et les injures qu'ils durent subir.

De 1950 à sa mort, Lena Horne vivait à Manhattan[38].

La fin

Le , elle décède à l'hôpital presbytérien de New York[39]

Ses obsèques sont célébrées en l'église Saint-Ignace-de-Loyola de New York, sur Park Avenue, en présence de nombreuses personnalités comme Jessye Norman, Leontyne Price, Dionne Warwick, Lauren Bacall, Chita Rivera, Cicely Tyson, Vanessa Williams et le gouverneur de l'État de New York David Paterson[40].

Après sa crémation, ses cendres ont été remises à des proches[41].

Citations

« "Don't be afraid to feel as angry or as loving as you can, because when you feel nothing, it's just death." » / Ne soyez pas effrayé d'éprouver de la colère, de l'amour ou ce que vous pouvez, parce que lorsque vous n'éprouvez plus rien, c'est juste que vous êtes morts[42]

« Yet it was the rape of slave women by their masters which accounted for our white blood, which, in turn, made us Negro ‘society. » / c'est parce que les maîtres ont violé leurs esclaves que le sang des blancs coule en nous, et en retour cela fait de nous la "société nègre"[43].

« I was lucky, as many of my generation was, in having a man like Dr. King in our lives. He came at a time that we needed to take a long look at each other and see how similar we were. » / J'ai eu la chance, comme beaucoup de ma génération l'a été, d'avoir un homme comme le Dr King dans nos vies. Il est venu à un moment où nous avions besoin de prendre le temps de nous regarder les uns les autres et de voir comment nous étions semblables[44].

« "Always be smarter than the people who hire you." » / Soyez toujours plus fins que les gens qui vous embauchent[45].

« Malcolm X made me very strong at a time I needed to understand what I was angry about. He had peace in his heart. He exerted a big influence on me. » / Malcolm X m'a rendu très forte à un moment où j'avais besoin de comprendre contre quoi j'étais en colère. Il avait la paix dans le cœur. Il a exercé une grande influence sur moi[46].

« My identity is very clear to me now. I am a black woman. I’m free. I no longer have to be a ‘credit.’ I don’t have to be a symbol to anybody; I don’t have to be a first to anybody. I don’t have to be an imitation of a white woman that Hollywood sort of hoped I’d become. I’m me, and I’m like nobody else. »[31]

Qui peut être traduit par :

Maintenant, pour moi, mon identité est très claire.

Je suis une femme noire.

Je suis libre.

Je n'ai plus besoin d'être une caution.

Je n'ai pas besoin d'être un symbole pour qui que ce soit.

Je n'ai pas besoin d'être une première pour qui que ce soit.

Je n'ai pas besoin d'être une imitation d'une femme blanche comme Hollywood le désirait.

Je suis moi, et je suis comme personne d'autre.

Prix et distinctions

Comédies et revues musicales (sélection)

Lena Horne dans Un petit coin aux cieux.

Filmographie

Cinéma

Albums

  • It's Love (1955; RCA)
  • Stormy Weather (1956; RCA)
  • At the Waldorf-Astoria (1957; RCA)
  • Jamaica [Original Cast Recording] (1957; RCA)
  • Give the Lady What She Wants (1958; RCA)
  • Porgy & Bess (1959; RCA) - avec Harry Belafonte
  • Songs by Burke and Van Heusen (1960; RCA)
  • At the Sands (1961; RCA)
  • Lena on the Blue Side (1962; RCA)
  • Lovely & Alive (1963; RCA)
  • Lena Goes Latin (1963; Charter)
  • Sings Your Requests (1963; Charter)
  • Here's Lena Now! (1964; 20th Century)
  • Feelin' Good (1965; UA)
  • Lena in Hollywood (1966; UA)
  • Merry from Lena (1966; UA)
  • Soul (1966; UA)
  • Lena & Gabor (1970; Skye)
  • Nature's Baby (1971; Buddah)
  • Lena and Michel (1975; RCA)
  • Lena: A New Album (1976; RCA)
  • The Lady and Her Music (1981; Qwest) -
  • The Men in My Life (1988; Three Cherries)
  • We'll Be Together Again (1994; Blue Note)
  • An Evening with Lena Horne (1995; Blue Note)
  • Being Myself (1998; Blue Note)
  • Seasons of My Life (2005; Blue Note; enregistré en 1999)

Bibliographie

Livres

  • (en-US) James Haskins et Kathleen Benson, Lena : A Personal and Professional Biography of Lena Horne, Chelsea Mich., Stein and Day, , 230 p. (ISBN 0-8128-8524-4),
  • (en-US) Lena Horne et Richard Schickel, Lena, Limelight Editions, , 300 p. (ISBN 0-87910-066-4),
  • (en-US) Brett Howard, Lena Horne, Los Angeles (Calif.), Melrose Square Publishing Company, , 222 p. (ISBN 0-87067-572-9),
  • (en-US) Leslie Palmer et Nathan Irvin Huggins, Lena Horne, Chelsea House Publications, , 127 p. (ISBN 0-7910-0226-8),
  • (en-US) Gail Buckley, The Hornes : An American Family, Applause Books, , 288 p. (ISBN 1-55783-564-0),
  • (en-US) James Gavin, Stormy Weather : The Life of Lena Horne, Atria Books, , 608 p. (ISBN 978-0-7432-7143-1 et 0-7432-7143-2),
  • (en-US) Carole Boston Weatherford, The Legendary Miss Lena Horne, Atheneum Books for Young Readers, , 48 p. (ISBN 978-1-4814-6824-4 et 1-4814-6824-3, lire en ligne),

Articles de revues

  • (en-US) Megan E. Williams, « The "Crisis" Cover Girl: Lena Horne, the NAACP, and Representations of African American Femininity, 1941—1945 », American Periodicals, vol. 16, n° 2, , p. 200-218 (lire en ligne),
  • (en-US) Shane Vogel, « Performing "Stormy Weather": Ethel Waters, Lena Horne, and Katherine Dunham », South Central Review, Vol. 25, No. 1,, , p. 93-113 (lire en ligne)
  • (en-US) Megan E. Williams, « "Meet the Real Lena Horne": Representations of Lena Horne in "Ebony" Magazine, 1945–1949 », Journal of American Studies, Vol. 43, No. 1, , p. 117-130 (lire en ligne),
  • (en-US) Megan E. Williams, « "Lena Not the Only One": Representations of Lena Horne and Etta Moten in the Kansas City "Call", 1941-1945 », American Studies, vol. 51, n° 1/2, , https://www.jstor.org/stable/41287810 (lire en ligne)

Notes et références

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  2. (en-US) Caroline Cason, « Lena Horne », sur New Georgia Encyclopedia, (consulté le )
  3. (en-US) « Lena Horne », sur www.bluenote.com (consulté le )
  4. (en-US) « Forebears: The Endearing Grace Of Lena Horne », sur NPR.org (consulté le )
  5. « BEST Actress Lena Horne Biography: Ethnicity, Parents Race, Movies, Death », sur Arogundade (consulté le )
  6. (en-GB) Interview by Liz Hoggard, « Clarke Peters: ‘Many people aren’t aware of Lena Horne’s struggle’ », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  7. « International Civil Rights: Walk of Fame - Lena Horne », sur www.nps.gov (consulté le )
  8. (en-US) « Lena Horne | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com, (consulté le )
  9. (en-US) « Horne, Lena (1917—) | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com, (consulté le )
  10. (en-US) « Lena Horne », sur Spartacus Educational (consulté le )
  11. (en-US) Margena A. Christian, « Blowing Lena’s Horne », sur EBONY, (consulté le )
  12. (en-US) « Lena Horne », sur Biography, (consulté le )
  13. (en-US) John Kinloch, « Reviews - The Duke is Tops », California Eagle, (lire en ligne)
  14. AFP, « L'Américaine Lena Horne est décédée », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  15. (en-US) Jeff Campagna, « Who Wouldn't Want Some Face Time With Lena Horne? », sur Smithsonian Magazine (consulté le )
  16. « Lena Horne - Stormy Weather [1943] » (consulté le )
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  18. (en-US) James Gavin, « 'Stormy Weather: The Life of Lena Horne,' by James Gavin », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
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  20. (en) « Lena Horne, 1917-2010: A Star Who Broke Racial Barriers », sur VOA (consulté le )
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  22. « Lena Horne, trop noire, trop blanche, trop rouge », sur Slate.fr, (consulté le )
  23. « La chanteuse de jazz Lena Horne n'est plus », sur www.chartsinfrance.net (consulté le )
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  25. (en-GB) « Whitewashing and black-face in the movies: Hollywood's colourful history of race-bending », The Telegraph, (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )
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  27. (en-US) « Jamaica - 1957 Broadway Tickets, News, Info, Photos, Videos », sur www.broadwayworld.com (consulté le )
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  36. Paris Match, « Lena Horne, la disparition d'une artiste engagée », sur parismatch.com (consulté le )
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  46. (en-US) Lilly Pace, « Words to Live By: Lena Horne », sur CR Fashion Book, (consulté le )
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  52. « Lena Horne – Broadway Cast & Staff | IBDB », sur www.ibdb.com (consulté le )
  53. (en) « Lena Horne Theatre Credits, News, Bio and Photos », sur www.broadwayworld.com (consulté le )
  54. (en-US) « Lena Horne - The Lady and Her Music (1982) full show » (consulté le )

Articles connexes

Liens externes

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