Chemin de fer Matadi-Kinshasa

La ligne de chemin de fer Matadi-Kinshasa fut construite de 1890 à 1898 entre le port de Matadi, dans le Bas-Congo, et Kinshasa (Léopoldville à l'époque). Sa longueur est de 366 kilomètres et elle est exploitée par l'Office national des Transports (ONATRA).

Matadi-Kinshasa
Ligne de Matadi à Kinshasa

Carte de la ligne

Parcours dans le Bas-Congo oriental en 2003.
On remarque les couleurs des voitures qui sont toujours celles du Zaïre
Pays République démocratique du Congo
Historique
Mise en service 1898
Caractéristiques techniques
Longueur 366 km
Écartement étroit (1 067 mm)
Électrification Non électrifiée
Nombre de voies Voie unique
Trafic
Exploitant(s) Office national des Transports (ONATRA)
Trafic Expres & Omnibus
Schéma de la ligne
Légende
0 Port de Matadi
Matadi
Kuyi
Lufu
111 Songololo
Malanga
Kimpese
Kimiala
Bangu
Mbanza-Ngungu (Thysville)
Inkisi
Kisantu
267 Madimba
Kisembo
Kasangulu
Kilembo
Aéroport international de Ndjili
Kitambo (Kinshasa Ouest)
366 Kinshasa Est

Historique

Arrivée de la première locomotive à Léopoldville en 1898
La ligne en 1913
Avancement des travaux de transformation de la ligne le 25 juillet 1927.
Train en gare de Matadi en 2015.
Photo de cheminots construisant le chemin de fer Matadi-Léopoldville vers 1885 - 1889 dans l'État indépendant du Congo.

Depuis les années 1880, l'exploration puis l'exploitation du territoire du Congo par l'État indépendant du Congo étaient réalisées en profitant du réseau hydrographique du fleuve. Mais, entre Matadi et Kinshasa, le fleuve n'était pas navigable à cause de la présence des chutes Livingstone, puis des chutes d'Inga, qui se succèdent sur 300 kilomètres. Le transport se faisait dès lors par portage, système peu efficace et qui était devenu dangereux en raison de l'augmentation des charges et des cadences de transport de marchandises. Le portage était également extrêmement meurtrier pour les porteurs eux-mêmes, esclaves ou population locale enrôlée de force. On décida alors de construire une ligne de chemin de fer sur ce parcours.

La Compagnie du Congo pour le Commerce et l'Industrie (CCCI) fut fondée le par devant Maîtres Van Halteren et Van Bevere, notaires à Bruxelles (Moniteur du ). L'assemblée générale constitutive eut lieu le au Palais de la Bourse. Deux ans plus tard, le , fut créée sa filiale la Compagnie du Chemin de Fer du Congo (CCFC). Les travaux de construction de la ligne entre Matadi et le Stanley Pool ont été dirigés par Albert Thys qui donnera son nom à l'une des étapes, Thysville. La réalisation du chemin de fer coûta la vie à 1 932 personnes (1800 noirs et 132 blancs, d'après une inscription à la gare centrale de Kinshasa).

Les conditions de vie pendant la construction de ce chemin de fer étaient absolument épouvantables. Les installations sanitaires et médicales étaient inférieures aux normes. En 1892, environ 2000 personnes travaillaient sur le chemin de fer, et une moyenne de 150 travailleurs par mois ont perdu la vie à cause de la variole, de la dysenterie, du beriberi et de l’épuisement. Vers la fin de 1892, 7000 travailleurs avaient déjà été recrutés, dont 3500 étaient morts ou avaient fui (par exemple dans les forêts voisines). Dans ces circonstances, il était plus difficile de recruter des travailleurs. Thys attira donc des gens de la Barbade et de Chine en septembre et novembre 1892. Les Barbadiens ont refusé de quitter les bateaux dans le port de Matadi jusqu’à ce qu’ils soient forcés par des armes à feu. Sept personnes laissèrent la vie dans cette action[1].

La principale difficulté fut de permettre à la ligne de chemin de fer de sortir des gorges du Congo, par le canyon de la rivière M’pozo, puis le passage par les monts de Cristal. Passés les premières dizaines de kilomètres, la construction ne présenta pas de difficultés particulières à travers les plaines des plateaux du Bas-Congo. La voie gagne la capitale en empruntant les vallées de la Lukaya et de la Ndjili jusqu'au fleuve.

Ce dur labeur, dont a été témoin Joseph Conrad alors qu'il travaillait pour l'État indépendant du Congo vers 1890, est évoqué dans son roman Au cœur des ténèbres.

Commencée en 1890, la ligne fut achevée en 1898. Des travaux d'aménagement furent entrepris de 1923 à 1931 avec changement d'écartement et de tracé (y compris un échange de terrain, dans la région de Matadi, avec le Portugal, qui contrôlait l'Angola)[2]. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, forçats et travailleurs réquisitionnés, furent employés pour cette rénovation. 7 000 y perdirent la vie[3].

Malgré les difficultés techniques et financières liées à la construction de cette ligne de chemin de fer, celle-ci s'avéra très rapidement rentable, principalement grâce à l'exploitation de l'ivoire et du caoutchouc.

1898-1932 1932-[4]
Écartement 0.765 m 1.067 m
Rails 21.5 kg/m 33.4 kg/m
Charge totale ±10 t par essieu ±15 t par essieu
Longueur 400 km 366 km[5]
Pente max. 45‰ 17‰
Rayon min. 50 m 250 m

Après le changement de voie, un train express avec des voitures de la CIWL circula entre Matadi et Léopoldville. Il fut nommé Train Blanc.

Principales gares

Actualité

La ligne de chemin de fer et le port de Matadi sont actuellement le principal lien de Kinshasa avec le monde extérieur. La réhabilitation de la route de Matadi début des années 2000 a cependant quelque peu relativisé cette situation.

La ligne est sous-exploitée et dangereuse. Le , un train a déraillé et s'est abîmé dans le fleuve, occasionnant officiellement 10 morts.

Citation

« Sans chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny »

 Henry Morton Stanley

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • René J. Cornet, La Bataille du Rail. La construction du chemin de fer de Matadi au Stanley Pool, L. Cuypers, Bruxelles, 1953
  • A Egoroff et J. Snel, Observations géologiques le long de la ligne de chemin de fer entre Léopoldville et Matadi, imp. de l'Institut géographique du Congo belge, Léopoldville, 1959
  • Louis Goffin, Le chemin de fer du Congo : Matadi-Stanley Pool, Weissenbruch, Bruxelles, 1907, 214 p.

Liens internes

Liens externes

Notes

  1. Verbeeck, M., 2019. Masterproef: Dwangarbeid in de Belgische rechtsgeschiedenis (1885-1945). Université de Gand https://lib.ugent.be/fulltxt/RUG01/002/790/223/RUG01-002790223_2019_0001_AC.pdf
  2. Changement de voie de 765mm à 3½ pieds et renouvellement du tracé, ce qui n'était possible qu'après un échange de terrain entre le Congo Belge et le Portugal (Angola). cf. Blanchart Charles : Le Rail au Congo Belge. Bruxelles, 1999.
  3. source manquante; il semble incertain que meurent 1932 en XIX s. et 7000 dans les années 1930. Probablement chiffre du Congo-Océan au Congo-Brazzaville?
  4. Blanchart Charles : Le Rail au Congo Belge (2 tomes). Bruxelles : Blanchart, 1993/1999.
  5. 396 km avec les antennes pour Ango-Ango et Thysville
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