Louis Botha

Louis Botha[1] (né le à Greytown dans la Colonie du Natal - mort le à Pretoria dans le Transvaal) était un militaire, un homme politique et le premier chef de gouvernement de l'Union d'Afrique du Sud de 1910 à 1919.

Pour les articles homonymes, voir Botha.

Louis Botha
Fonctions
Premier ministre d'Afrique du Sud
Monarque George V
Gouverneur Vicomte Gladstone
Comte Buxton
Coalition Parti sud-africain
Successeur Jan Smuts
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Greytown
(Colonie du Natal)
Date de décès (à 56 ans)
Lieu de décès Pretoria,
(province du Transvaal)
Nationalité sud-africaine
Parti politique Het Volk (1904-1911)
Parti sud-africain
Conjoint Annie Frances Bland Emmett (1864-1937)
Profession Militaire
Religion Calviniste membre de
l'Église réformée hollandaise
Résidence Pretoria


Premiers ministres d'Afrique du Sud

À l'origine un fermier boer au Transvaal, il entre en politique en étant élu député de la république sud-africaine du Transvaal (1897-1900). Durant la seconde guerre des Boers, il est commandant-général des armées de la république et mène les négociations avec les forces britanniques qui aboutissent à la signature du traité de Vereeniging le .

Afrikaner partisan de l’apaisement et de la réconciliation avec les britanniques, il fonde le parti Het Volk qui remporte les premières élections législatives de la colonie du Transvaal (1907-1910) dont il devient le premier ministre. En 1910, il devient le 1er premier ministre du tout nouveau dominion de l'Union d'Afrique du Sud, forme un gouvernement d'union nationale et fonde le Parti sud-africain au côté de Jan Smuts.

En 1914, il engage l'Afrique du Sud dans la première guerre mondiale, conquière notamment le Sud-Ouest africain allemand et réprime une rébellion boer hostile à cet engagement international au côté du Royaume-Uni. En 1919, l'un de ses derniers actes publics est de signer le traité de Versailles et reçoit pour l'Afrique du Sud le mandat de gérer le Sud-Ouest africain sous le contrôle de la future Société des Nations.

Personnalité symbolisant la réconciliation et la cohabitation pacifique entre les anciens ennemis de la seconde Guerre des Boers, de l'alliance loyale avec l’Empire britannique, Louis Botha est l'un des pères de l'État sud-africain.

Origines

Fils de Louis Botha (1827-1882) et de son épouse, née Salomina Adriana Van Rooyen (1829-1885), Louis Botha est né près de Greytown au Natal, 9e enfant et 3e fils d'une fratrie qui en comptera treize.

Descendant d'Allemands de Thuringe venus s'installer dans la colonie du Cap en 1672 et de Français originaires d'Alsace-Lorraine[Quoi ?] venus dans cette région après la révocation de l'édit de Nantes (1685)[2], son grand-père paternel, Philip Rudolph Botha (1800-1875), était l'un des premiers Voortrekkers et avait participé au Grand Trek.

Durant son enfance passé dans l'État libre d'Orange à partir de 1869, d'abord dans la ferme de Vroodepoort près de Vrede puis dans celle de Leeuwkop, Louis Botha, ses frères et sœurs sont élevés parmi les populations noires dans une atmosphère patriarcale. Il apprend notamment le zoulou et le sesotho[3] et est scolarisé à la mission locale allemande.

Le général boer

Fermier, élu Veldkornet du secteur de Vryheid et membre du parlement du Transvaal en 1897, il fut un partisan de l'apaisement avec les Britanniques, ce qui suscita très tôt l'admiration et le soutien du jeune Winston Churchill. Au début de la début de la seconde guerre des Boers , il s'engage dans les rangs du kommando de Vryheid et est promu général deux ans plus tard. Commandant du front est (aux confins du Transvaal et du Natal) avec Piet Joubert, il participa notamment aux combats de Colenso, Ladysmith et Spioenkop.

Au mois de février 1900, après la mort de Piet Joubert, il est nommé commandant-général des armées du Transvaal. Il avait alors à peine trente-sept ans. Sa prise de commandement avait lieu dans les pires conditions car sur tous les fronts, les Boers reculaient. Il tenta néanmoins de ralentir le rouleau compresseur britannique. Après la chute de Bloemfontein et l'abandon de Pretoria en 1900, avec l'aide de Koos de la Rey et Christiaan de Wet, il réorganisa les commandos en les dispersant dans leurs districts de recrutement pour qu'ils y mènent des actions de guérilla.

En 1902, il mène les négociations avec les britanniques qui aboutissent à la paix de Vereeniging signée à Pretoria le .

L'homme de la réconciliation

Le général Louis Botha, chef des Boers, avec signature personnelle.

Botha se reconvertit dans la politique et avec De la Rey et De Wet entreprend une tournée[Quand ?] en Europe pour collecter des fonds afin de reconstruire économiquement le pays. Ils ne récoltent que 125 000 £ et pour convaincre le Premier ministre britannique d'augmenter la somme, rédige un article persuasif où il expose tous les avantages qu'aurait l'Empire britannique à aider à la reconstruction des deux pays vaincus. Peu de temps après, le parlement britannique débloque la somme de huit millions de livres pour aider à la reconstruction. Botha obtient également l'amnistie pour les rebelles boers du Cap et du Natal.

Revenu en Afrique du Sud, Louis Botha entreprend de réconcilier les peuples boers et britanniques dans l'intérêt du pays. En 1903, cependant, ses revendications pour la parité de l'afrikaans et de l'anglais sont ignorées tout comme son opposition et ses avertissements à l'importation de main d'œuvre asiatique. En mai 1904, avec Jan Smuts et d'autres vétérans boers, il crée un parti politique afrikaner, Het Volk (le peuple), suffisamment modéré pour séduire un électorat anglophone en prônant la réconciliation nationale et l'autonomie de l'Afrique du Sud.

En 1905, le parti a déjà reçu le soutien de plusieurs hommes d'affaires et peut se permettre de critiquer le système colonial imposé aux anciennes républiques boers. Après la victoire des libéraux au Royaume-Uni en 1905, Botha envoie Smuts à Londres négocier le principe de l'autonomie. En décembre 1906 la colonie du Transvaal et en juin 1907, celle de l'Orange, reçoivent enfin l'autorisation de former leur propre gouvernement. Le , Het Volk, qui rallie dorénavant des anglophones, remporte les élections du Transvaal et Louis Botha en devient le premier ministre.

Lors de la conférence impériale, Botha affirma la loyauté des Afrikaners à l'Empire et présenta le diamant Cullinan au roi Édouard VII. Alors que Botha devait faire face aux critiques boers qui l'accusaient d'être plus britannique que boer, le parlement britannique accorda en remerciement une rallonge budgétaire de cinq millions de livres qui permit à Botha de créer notamment une banque agricole d'aide aux fermiers, de développer le chemin de fer et d'introduire une éducation primaire gratuite.

La modération de Botha le conduisit à admettre seulement l'anglais comme langue officielle alors que la question des travailleurs chinois était réglée par leur rapatriement en Chine.

Premier ministre d'Afrique du Sud

Statue de Louis Botha, par Raffaello Romanelli, devant le Parlement du Cap. En , Julius Malema appelle ses partisans à renverser cette statue, pour lui, un symbole de la domination blanche en Afrique du Sud[4].

En 1910, le Parlement britannique vote le South Africa Act le établissant l'Union d'Afrique du Sud. Lord Gladstone demande à Louis Botha de former le premier gouvernement provisoire de la jeune Union plutôt qu'au Premier ministre anglophone du Cap, John X Merriman. Botha doit cet honneur à son prestige et à sa position parmi les Afrikaners, plus nombreux par ailleurs que les Britanniques en Afrique du Sud.

Il forme un gouvernement d'union nationale comprenant des Afrikaners et des anglophones et se présente aux élections de contre Percy Fitzpatrick dans la circonscription de Pretoria-Est. À la surprise générale, Botha est battu. En catastrophe, le député élu à Standerton démissionne pour que Botha puisse se présenter à sa place, être élu et gouverner.

La constitution du dominion n'incluant pas de Déclaration des Droits (Bill of Rights), elle permet la mise en place d'une législation contraignante pour les noirs qui aboutit à leur exclusion territoriale (Native Land Act) et politique, prémices de l'apartheid mis en place en 1948.

En 1911, avec Jan Smuts, Botha forme le Parti sud-africain (South African Party - SAP). En nommant James Barry Hertzog, un ancien général boer, ministre de la Justice et des Affaires indigènes, Botha s'aliène les anglophones modérés consternés par les déclarations nationalistes et anti-britanniques d'Hertzog ce qui aboutit à la démission du ministre du commerce, le colonel Leuchars. L'adoption de la loi imposant le bilinguisme dans certains services d'état va provoquer la démission de ministres anglophones modérés et une crise politique qui aboutit à la dissolution du cabinet et l'expulsion d'Hertzog du gouvernement. Perçu comme trop conciliant par plusieurs de ses anciens compagnons de combat, Botha essuie une révolte interne de membres de son parti qui claquent la porte et vont créer en 1914 le Parti national dirigé par James Barry Hertzog.

Les généraux Louis Botha et Jan Smuts en 1917
Panneaux de rue à Paris

Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Botha engage son gouvernement au côté des alliés britanniques et envoie des troupes envahir le Sud-Ouest africain allemand, ce qui provoque la révolte des boers et la mort accidentelle du général De la Rey tué par la police. La mise au pas de l'insurrection provoque de profonds ressentiments chez les boers et les anciens camarades de combat de Louis Botha.

En 1915, le SAP remporte les élections avec une majorité relative mais son soutien a considérablement faibli dans la communauté afrikaner qui se rallie de plus en plus au parti national. Botha reprend le portefeuille de la défense à Smuts qui, après avoir commandé les troupes en Afrique orientale allemande, est envoyé en Europe au cabinet de guerre britannique.

En 1917, pour s'allier les Afrikaners du Parti national dont les idées républicaines ont le vent en poupe, Botha tente de faire voter la Native Affairs Administration Bill classifiant et ségréguant les africains noirs entre eux en leur octroyant des terres où ils pourront vivre. Cette loi est repoussée par la conjonction des votes des modérés qui jugent la loi irréaliste et injuste et par les nationalistes qui la jugent trop libérale. En 1918, Botha fait face au mécontentement successif des Afrikaners nostalgiques des républiques boers dont ils demandent la restauration, d'éléments unionistes incontrôlés qui tirent sur des afrikaners, et des noirs qui se mettent en grève à Johannesbourg.

À la fin de l'année 1918, il se rend à Paris pour procéder personnellement au rapatriement des troupes sud-africaines et se joindre à la conférence de paix à Versailles. En 1919, bien qu'hostile au traité de Versailles dont il dénonce l'intransigeance, il le signe. Alors qu'il en avait demandé l'annexion, Botha ne reçoit que le mandat de gérer le Sud-Ouest africain sous le contrôle de la future Société des Nations.

De retour en Afrique du Sud, il contracte une pneumonie. C'est à Prétoria quelques jours plus tard qu'il décède d'une crise cardiaque. Le , il est enterré au cimetière de Rebecca Street.

Famille

Le , Louis Botha épousa Annie Frances Bland Emmett (1864-1937) avec laquelle il eut au moins 5 enfants :

  • Helen Leititia Botha (1888-1974) qui épousa Gideon Daniel de Waal (1873-1938). Avec postérité.
    • L'acteur et musicien Steve Hofmeyr est l'arrière arrière petit-fils de Louis Botha, via la descendance d'Helen Leititia (Botha) de Waal[5].
  • Louis Botha (1891-1952), futur aide de camp de Douglas Haig. Sans postérité.
  • Minnie Frances Botha (1894-1972), qui épousa Hubert Gordon Reid (1882-1944) et eurent 4 enfants[6]
  • John Cheere Emmett Botha (1896-1970), avec postérité (4 enfants)
  • Phillip George Botha (1901-1972), avec postérité (4 enfants)

Hommages

Dans ses mémoires, Winston Churchill distingue le général Louis Botha au côté de William Booth et de Robert Baden-Powell[7]. Aujourd'hui de nombreux monuments et noms de rue honorent sa mémoire :

Notes et références

  1. la prononciation sud-africaine anglophone est parfois Leviss Botha mais la prononciation afrikaans usuelle est à la française Louis
  2. Harold Spender, General Botha, the career and the man, Boston, New York, Houghton Mifflin Company, 1916, p 13-14
  3. Harold Spender, General Botha, the career and the man, Boston, New York, Houghton Mifflin Company, 1916, p 23
  4. Malema declares war on Cape Town's 'apartheid regime', Mail and guardian, 22 mars 2015
  5. Steve’s no Afrikaner Moses, the Citizen, 4 novembre 2013
  6. A wedding in war
  7. Louis Botha, Soldier and Statesman, South Africa

Bibliographie

Antoine Capet, Churchill : Le dictionnaire. Paris : Perrin, 2018 (862 p.), Rubrique "Louis Botha", p. 374-375.

Liens externes

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