Louise Bertin
Louise-Angélique Bertin (Roches, hameau près de Bièvres, – Paris, ) est une poétesse et compositrice française.
Pour les articles homonymes, voir Bertin.
Biographie
Louise Bertin naît à Bièvres[1] dans la propriété familiale, dont elle hérite plus tard[2]. Elle est la fille de Louis-François Bertin († 1841), directeur du Journal des débats et de Geneviève-Aimée-Victoire Boutard[3]. Avec l'arrêt momentané de son activité de journaliste par la suppression de la presse indépendante en 1811 et de l'infirmité de sa fille, incapable de toute activité physique, son père s'occupe personnellement de l'éducation de l'enfant. Sa mère, qui était pianiste, lui enseigne sans doute l'instrument[4]. Elle grandit dans un milieu artistique et littéraire. Son énergie est canalisée dans la peinture et la poésie ainsi que la musique[5].
Elle se forme en privé auprès de François-Joseph Fétis pour le chant, ainsi qu'à la tradition des compositions de style italien. Pour le contrepoint elle se tourne vers Reicha[6] — un ami de Haydn, dans la mouvance allemande des compositions de Mozart, Beethoven et Weber — également professeur de Berlioz et Liszt.
Les œuvres principales de Louise Bertin, sont des opéras, Fausto (1831) et un opéra-comique, le Loup-garou (24 représentations en 1827), qui obtiennent un succès honorable à la salle Favart. En 1836, l’Opéra (Académie royale de musique) donne une œuvre plus importante, La Esmeralda — avec Cornélie Falcon dans le rôle-titre — qui n'est jouée que six fois, lors de représentations houleuses dues aux querelles politiques dirigées contre le Journal des débats fondé par son père Louis-François Bertin[7]. Le livret écrit par Victor Hugo à partir de son drame Notre Dame de Paris est également sous le coup de la censure (d'où le changement de titre)[8], Hugo est alors un poète avec de nombreux détracteurs : en 1832 c'est la « bataille d'Hernani » et sa pièce Le roi s'amuse est interdite, après une unique représentation… Franz Liszt réalise une réduction chant et piano de l'œuvre[9],[10].
Louise Bertin ne jouit pas de la reconnaissance due à la qualité de ses compositions, en raison aussi de la condescendance des critiques envers une femme handicapée[6] (à la suite d'une poliomyélite, elle se déplace avec des béquilles) qui voient dans ses compositions des « consolations à ses infirmités physiques » (journal Le Siècle), alors que Berlioz, qui dirige les répétitions à l'Opéra, atteste dans sa correspondance des qualités musicales et des nouveautés harmoniques d'une œuvre qu'il qualifie de « virile, forte et neuve ». Si « l’opéra survole largement les productions lyriques de l’époque »[10], l'échec de La Esmeralda détourne la compositrice de la scène[9].
On lui doit également douze cantates, quelques œuvres instrumentales dont six ballades pour piano, cinq symphonies de chambre (toutes restées en manuscrits), ainsi que, dans le domaine de la poésie, deux recueils de vers.
Œuvre
Compositions
- Guy Mannering, 1825
- Le Loup-garou, opéra comique en un acte, paroles d'Eugène Scribe et Édouard-Joseph-Ennemond Mazères, 1827
- Fausto, 1831
- La Esmeralda, livret de Victor Hugo, 1836[11]
- Trio avec piano, op. 10 (éd. Schoenenberger 1875)[12]
- Six Ballades (1842)
- 5 symphonies de chambres (inédites)[13]
- L'Hirondelle (rêverie), paroles d'Alphonse de Lamartine, 1877
- Reviens !, fantaisie pour piano sur une romance de M. L. M., 1878
Poésies
- Les Glanes ; A. René, 1842. Recueil couronné par l'Académie française[14] [lire en ligne]
- Nouvelles Glanes ; Charpentier, 1876
- Si la mort est le but, mélodie, pour contralto. Poème de Louise Bertin, musique de Charles Gounod, 1866, et Maurice Desrez, 1921
- L'amour (Dans le sentier, la violette), musique de Napoléon Henri Reber.
Hommages
Hector Berlioz lui a dédié la première version, pour chant et piano, de son cycle de mélodies Les Nuits d'été, op. 7, en 1841.
Enregistrement
- La Esmeralda - Maya Boog, soprano (La Esmeralda) ; Manuel Nùñez Camelino, ténor (Phoebus) ; Francesco Ellero d'Artegna, basse (Claude Frollo) ; Frédéric Antoun (Quasimodo) et Yves Saelens (Clopin), ténors ; Eugénie Danglade, mezzo-soprano (Fleur de lys) ; Eric Huchet, ténor (Vicomte de Gif) ; Marie-France Gascard, mezzo-soprano (Madame Aloïse de Gondelaurier) ; Evgueniy Alexiev (Monsieur de Morlaix), Marc Mazuir (Monsieur de Chevreuse), barytons ; Sherri Sassoon-Deshler (Diane), Alexandra Dauphin-Heiser (Bérangère), mezzo-sopranos ; Chœur de la Radio lettone ; (chef de chœur : Sigvards Klava, dir. Muriel Bérard) ; Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, dir. Lawrence Foster (Montpellier , 2CD Accord B002698DCU)[15] (OCLC 758627320)
Notes et références
- Bièvres, NMD, an XIII-1812, vue 12/184
- Launay 2006, p. 74, 122.
- Portrait
- Launay 2006, p. 74.
- Grove 2001.
- Launay 2006, p. 35.
- Launay 2006, p. 415.
- Arnaud Laster, « Bertin, famille », dans Pierre Citron et Cécile Reynaud (dir.), Dictionnaire Berlioz, Paris, Fayard, , 616 p. (ISBN 2-213-61528-4, OCLC 231979662, BNF 39086596), p. 72–75.
- Fauquet 2003, p. 138.
- Serna 2008.
- La Esmeralda, grand opéra de Louise Bertin Thèse de Mateo Crémades, université de Tours
- Launay 2006, p. 282.
- Launay 2006, p. 315.
- Lettre de Victor Hugo en 1842.
- Stéphanie Bataille, « Louise Bertin: La Esmeralda, 1836. Première mondiale France Musique. Vendredi 25 juillet 2008 à 20h », sur classiquenews.com, .
Bibliographie
Sources anciennes
- Hector Berlioz, « Académie royale de musique: La Esmeralda », dans Revue et gazette musicale de Paris, no 3, 1836, p. 409–411.
- Henri Blaze de Bury, « La musique des femmes : Mlle Louise Bertin », Revue des deux mondes, Paris, t. 8, , p. 611–625 (lire sur Wikisource)
- Hector Berlioz, « Six ballades par Mlle Louise Bertin », dans Journal des débats, .
- Hector Berlioz, Mémoires, chapitre XLVIII (éd. 1870) [lire en ligne].
- François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique. [vol. 1], Paris, Librairie Firmin Didot, 1866–1868, 522 p. (OCLC 614247299, lire en ligne), p. 384
- Georges D’Heylli, Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique, t. 3, Paris, Librairie des Bibliophiles 1877, p. 336.
- Michel Brenet, « Quatre femmes musiciennes » : Louise Bertin, L’Art 2e série, tome 4 (1894), p. 177-183, [lire en ligne].
- Alphonse Séché, Les Muses françaises : Anthologie des femmes poètes, Paris, L. Michaud, , 408 p. (lire en ligne), p. 261 sqq
Ouvrages modernes
- (en) Denise Lynn Boneau (thèse de doctorat), Louise Bertin and Opera in Paris in the 1820s and 1830s, Université de Chicago, 1989 (OCLC 470702441), (BNF 41406698)
- (de) Rémy Campos, « Bertin, Louise », dans MGG Online, Bärenreiter et Metzler, .
- (en) Hugh Macdonald, « Bertin, Louise », dans Grove Music Online, Oxford University Press,
- Joël-Marie Fauquet, « Bertin, Louise-Angélique », dans Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle, Fayard, , xviii-1406 (ISBN 2-213-59316-7, OCLC 936927646, BNF 39052242), p. 137–138.
- Florence Launay, Les Compositrices en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, , 544 p. (ISBN 2-213-62458-5, OCLC 191078494, BNF 40145281), p. 34–35, 414–422.
Article connexe
Liens externes
- Notices d'autorité :
- Fichier d’autorité international virtuel
- International Standard Name Identifier
- CiNii
- Bibliothèque nationale de France (données)
- Système universitaire de documentation
- Bibliothèque du Congrès
- Gemeinsame Normdatei
- Bibliothèque nationale d’Espagne
- Bibliothèque royale des Pays-Bas
- Réseau des bibliothèques de Suisse occidentale
- WorldCat
- Ressources relatives à la musique :
- Présence Compositrices
- (en) International Music Score Library Project
- (en) Grove Music Online
- (en) MusicBrainz
- (en) Muziekweb
- (de) Operone
- (en + de) Répertoire international des sources musicales
- Ressource relative à la littérature :
- Ressource relative au spectacle :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Pierre-René Serna, « La Esmeralda, un opéra de Victor Hugo, Louise Bertin et… Berlioz ? », sur hberlioz.com,
- Lettres de Victor Hugo aux Bertin Dans cette correspondance, on trouve les lettres à Louise Bertin à propos de La Esmeralda ; la dernière lettre fait part de la lecture faite par Hugo des Nouvelles glanes
- Partition autographe de « La Esmeralda », acte 3 (BnF MS-3624, 3) sur Gallica | acte 4 (BnF MS-3624, 4) sur Gallica
- Portail de la musique classique
- Portail de l’opéra
- Portail de la littérature française
- Portail de la poésie
- Portail du romantisme
- Portail de la France au XIXe siècle