Maître de Badia a Isola

Maestro di Badia a Isola est un peintre italien siennois anonyme, actif entre 1285 et 1315 environ.

Maître de Badia a Isola
Activité
Lieu de travail

Le Maître de Badia a Isola est « un peintre tellement proche de Duccio et dont l'art offre une telle qualité que certaines œuvres ont été attribuées tantôt à l'un tantôt à l'autre » (G. Ragionieri[1]). Et si Enzo Carli[2] va jusqu'à considérer son œuvre comme celle du jeune Duccio, il est tout au moins « un très fin disciple de la première heure » (G. Chelazzi Dini[3]), catalogué parmi ceux de la « première génération » aux côtés notamment du Maître de Città di Castello et du Maître des Albertini[4].

Il doit son nom à une Maestà exposée ab antiquo dans l'abbaye Santi Salvatore e Cirino (it) à Badia a Isola (it), frazione de Monteriggioni, et conservée depuis 1995 au Museo civico e d'arte sacra de Colle di Val d'Elsa, en Toscane[5].

Présentation

La définition du corpus de ce maître anonyme tire son origine du doute entourant l'attribution de la Madone Rucellai à Duccio, après des siècles d'attribution à Cimabue. Plusieurs critiques (Perkins, Suida, Berenson, Cecchi e Toesca) réunissent un ensemble d’œuvres cimabuesques de très belle facture et très proches stylistiquement de la Madone Rucellai, sous le nom de convention de Maître de la madone Rucellai (Berenson[6]). Lorsque quelques années plus tard les historiens d'art entérinent l'attribution à Duccio, l’œuvre la plus remarquable de ce corpus devient la Madone de Badia a Isola.

Un des éléments stylistiques essentiels et caractéristiques du Maître de Badia a Isola est le rendu tridimensionnel des volumes - Stubblebine[7] parle de « peintures décidément sculpturales ». Le maître est manifestement sensible à la leçon des fresques de Giotto à Assise, probablement transmise de manière indirecte via Duccio. Ainsi la représentation architectonique du trône (non plus en bois comme chez Cimabue, mais en pierre) est très proche de celle des trônes de la voûte des docteurs à Assise - représentation reprise très précocement par Duccio à la fois dans la grande rosace du dôme de Sienne (1287-88) et dans la petite Maestà de Berne.

On distingue deux périodes dans sa production selon la couleur du maphorion de la Vierge : rouge dans la tradition séculaire byzantine - caractérisant ses œuvres les plus anciennes (Madone no 593, Maestà éponyme, polyptyque Ramboux); blanc selon la proposition nouvelle de Duccio (cf. Madone Stoclet) : Madone d'Indianapolis, œuvres de Montepulciano...

Gertrude Coor-Achenbach[8],[9] estimant que la douceur du style du Maître de Badia a Isola se retrouvait dans les œuvres plus tardives du peintre ducciesque Ugolino di Nerio, fils de Nerio da Siena, lui-même peintre, a donc proposé d'identifier notre maître anonyme à ce dernier.

Œuvres

  • Vierge à l'Enfant, tempera sur bois, 65 × 50 cm, Sienne, Pinacoteca Nazionale, no  593 [BRANDI 1933]/[TOESCA 1951].
  • Vierge en majesté et anges (Maestà éponyme), or et tempera sur panneau, 204,5 × 125 cm, Colle di Val d'Elsa, Musée civique et d'art sacré
  • Polyptyque Ramboux [COOR-ACHENBACH 1952]/[1960]
    • Vierge à l'Enfant, fragment de 40 × 41 cm, Utrecht, musée de l'archevêché, inv. no  SK-C-1597-A [VAN MARLE 1924]
    • Saint Jean Baptiste, 62 × 30 cm, Cologne, Wallraf-Richartz Museum, inv. 608
    • Saint Paul (fragment), 47,6 × 45,1 cm, South Hadley (Massachusetts), Mount Holyoke College Art Museum, MH 1965.49a.P.PI
    • Saint Jean l'Évangéliste (fragment), 47,6 × 44,8 cm, South Hadley (Massachusetts), Mount Holyoke College Art Museum, MH 1965.49b.P.PI
    • Saint Pierre (fragment), South Hadley (Massachusetts), Mount Holyoke College Art Museum, MH 1965.49c.P.PI
    • Christ Rédempteur bénissant et anges, couronnement de la pala (localisation inconnue)
autres œuvres proposées
  • Maestà Kress, tempera su tavola, 230 × 142 cm, Washington (DC), National Gallery of Art, inv. 1961.9.77 - Kress 2063, provenant de l'église des SS. Quirico e Giulitta de San Quirico d'Orcia (auj. attribuée au Maître de San Quirico d’Orcia)
  • Madone de Buonconvento, tempera et or sur bois, 67 × 48 cm, Buonconvento, Museo d'arte sacra di Val d'Arbia (auj. attribuée à Duccio)
  • Madone de Castelfiorentino, Castelfiorentino, (S.Verdiana, Pinacothèque) (La critique est divisée entre une attribution à Cimabue, Duccio ou Giotto)
  • Crucifix dans l'église de S. Francesco à Grosseto (auj. attribuée à Guido di Graziano ou Duccio)
  • Crucifixion avec la Vierge et saint Jean l'évangeliste, Massa Marittima, cathédrale
  • Vierge à l'Enfant, Montecchio, église de la Compagnia della Grotta
  • Vierge à l'Enfant, de l'église de S. Rocco a Pilli (Province de Sienne).
  • Vierge à l'Enfant, tempera sur bois, 65 × 50 cm, Sienne, Pinacoteca Nazionale, no  583 [BRANDI 1933]
  • Vierge à l'Enfant et deux anges / Madone Hurd (c. 1310-20), 66,7 × 43,8 cm (cf. vente Sotheby , lot 80) (œuvre longtemps attribuée à Segna di Bonaventura)

Bibliographie

  • [VAN MARLE 1924] (en) Raimond Van Marle, The Development of the Italian School of Painting (t.II), Den Haag, , p. 77-79
  • [BERENSON 1932] (en) Bernard Berenson, Italian Pictures of the Renaissance, Oxford, p.439
  • [BRANDI 1933] (it) Cesare Brandi, La Regia Pinacoteca di Siena, , p. 164-168
  • [CARLI 1946] (it) Enzo Carli, Vetrata Duccesca, , p. 36, 42-43
  • [LONGHI 1948] (it) Roberto Longhi, « Giudizio sul Duecento », Proporzioni, vol. II, , p. 5-54
  • [CARLI 1952] (it) Enzo Carli, Duccio, Milano-firenze, , p. 4-9
  • [COOR-ACHENBACH 1952] (en) G. Coor-Achenbach, « A Dispersed Polyptych by the Badia a Isola Master », The Art Bulletin, t. XXXIV, , p. 311-316
  • [COOR-ACHENBACH 1955] (en) G. Coor-Achenbach, « Contributions to the Study of Ugolino di Nerio's Art », The Art Bulletin, t. XXXVII, , p. 153-165
  • [COOR-ACHENBACH 1956] (en) G. Coor-Achenbach, « The Missing Panel from a Dispersed Polyptych by the Badia a Isola Master », The Art Bulletin, t. XXXVIII, , p. 119
  • [BOLOGNA 1960] (en) F. Bologna, « Ciò che resta di un capolavoro giovanile di Duccio », Paragone, t. 11,
  • [COOR-ACHENBACH 1960] (en) G. Coor-Achenbach, « The Early Nineteenth-century Aspect of a Dispersal Polyptych by the Badia a Isola Master », The Art Bulletin, t. XLII, , p. 143
  • [PADOVANI 1979] (it) Serena Padovani, « Scheda », dans AA. VV., Mostra di opere d'arte restaurate nelle province di Siena e Grosseto, cat. (Siena 1979), Genève, , p. 31
  • [STUBBLEBINE 1979] (en) J.H. Stubblebine, Duccio di Buoninsegna and his school, Princeton (N.J.), , p. 75-85
  • [BELLOSI 1985] L. Bellosi, La pecora di Giotto, Turin, Einaudi, , p. 198
  • [BAGNOLI 1987] (it) Alessandro Bagnoli, « Ma non è Duccio. La Maestà di Badia a Isola (Siena) », Art dossier, vol. X, , p. 12-13
  • [RAGIONERI 1989] (it) Giovanna Ragioneri, Duccio : Catalogo completo dei dipinti, Florence, Cantini Editore, (ISBN 88-7737-058-0)
    • trad. fr : [RAGIONERI 1989 FR] Giovanna Ragioneri (trad. de l'italien par Marianne Lonjon), Duccio : Catalogue complet des peintures, Paris, Bordas, , 159 p. (ISBN 2-04-019954-3)
  • [BRANDI 1991] (it) Cesare Brandi, Pittura a Siena nel Trecento, Florence,
  • [WEIDMAN 1993] (de) Dieter Weidmann, Zur Genese der Trecentomalerei in der Generation zwischen Cimabue und Giotto. : Das Werk der Maler Salerno di Coppo, Lippo di Benivieni und Guido da Siena und das Assisiproblem, Munich, Tuduv-Verlags-Gesellschaft mbh, , 150 p. (ISBN 3-88073-488-7)
  • [ANTETOMASO1997] (it) E. Antetomaso, « Maestro di Badia a Isola », dans Enciclopedia dell' Arte Medievale, (lire en ligne)
  • [CHELAZZI DINI 1997] Giuletta Chelazzi Dini (trad. Maïa Rosenberger), « La peinture siennoise de 1250 à 1450 », dans Alessandro Angelini, Giuletta Chelazzi Dini, Bernardina Sani, Les Peintres de Sienne, Paris, Imprimerie Nationale Editions, (ISBN 2-7433-0237-2), p. 9-261
  • [BAGNOLI 2003.1] (it) Alessandro Bagnoli, « I Pittori Ducceschi », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, Duccio, Alle origini della pittura senese, Milano, Silvana Editoriale, (ISBN 88-8215-483-1), p. 266-277
  • [BAGNOLI 2003.2] (it) Alessandro Bagnoli, « Cat.39 - Madonna col Bambino e Angeli [di Colle di Val d'Elsa] », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, Duccio, Alle origini della pittura senese, Milano, Silvana Editoriale, (ISBN 88-8215-483-1), p. 282-285
  • [BAGNOLI 2003.3] (it) Alessandro Bagnoli, « Madonna San Biagio », dans L. Martini (A cura di), Memorie d'arte antica. restauri a Montepulciano, catalogo della mostra, Montepulciano, , p. 11-13
  • [MASIGNANI 2003] (it) Silvio Masignani, « Maestro di Badia A Isola », dans A. Bagnoli, R. Bartalini, L. Bellosi, M. Laclotte, Duccio, Alle origini della pittura senese, Milano, Silvana Editoriale, (ISBN 88-8215-483-1), p. 281
  • [NEPI SCIRE 2008] Giovanna Nepi Sciré, La Peinture dans les Musées de Venise, Éditions Place des Victoires, (ISBN 978-2-8099-0019-4)


Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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