Léontine Lippmann

Léontine Lippmann, dite madame Arman de Caillavet, née le dans l'ancien 2e arrondissement de Paris[1] et morte le dans le 8e arrondissement de Paris[2], est une salonnière française.

Pour les articles homonymes, voir Lippmann.

Léontine Lippmann
Léontine Lippmann, dite Mme Arman de Caillavet, photographie non sourcée.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Léontine Charlotte Lippmann
Pseudonyme
Philippe Lautrey
Nationalité
Activité
Fratrie
Maurice Lippmann (d)
Enfants

Son salon littéraire parisien était très en vue sous la Troisième République. Elle est un des modèles de Madame Verdurin. Elle fut également une proche de l'abbé Mugnier.

Biographie

Famille et mariage

Issue d'une famille de banquiers[3] juifs d'origine autrichienne, fille de Frédérike Koenigswarter et d'Auguste Lippmann (1809-1891), Léontine Lippmann épouse en 1868, en la chapelle du palais des Tuileries, en présence de Napoléon III et de l'impératrice, Albert Arman.

Le beau-père de Léontine Lippmann, Lucien Arman, est un armateur bordelais, député de Libourne, proche du couple impérial. Léontine Lippmann construit son nouveau nom de famille à partir de celui de son mari et celui de sa belle-mère, née Caillavet donnant Arman-Cavaillet dans un premier temps puis Arman de Cavaillet[3].

Le frère de Léontine Lippmann, Maurice Lippmann, épouse en 1880 Colette Dumas, fille d'Alexandre Dumas fils.

Le jeune ménage se fait appeler Arman de Caillavet. « M. Arman de Caillavet […] tenait la rubrique du yachting au Figaro ; il affectionnait les croisières à bord de sa Cymbeline : il était passionné des choses de la mer – comme ce M. Arman qui construisait au XIXe siècle des frégates pour l'empereur de Russie et des canonnières pour notre flotte. M. Arman de Caillavet fut aussi à l'origine de la vogue du Cayla[4], cette plage de la côte landaise »[5]. Les Arman de Caillavet possèdent après le Cymbeline un nouveau yacht, le Mélusine, et ils visitent les côtes de Bretagne, d'Angleterre et de Hollande.

Par la suite, Léontine de Caillavet se passionne pour l'Italie et la Grèce, où elle fait de longues croisières, notamment en 1896, où elle emmène son fils, ainsi qu'Anatole France et Maurice Spronck[6] en Corse, en Sardaigne en Sicile, et le long de la côte occidentale italienne.

Gaston Arman de Caillavet, fils de Léontine Arman de Caillavet (1869-1915)

Ils ont un fils, l'auteur dramatique Gaston Arman de Caillavet. Les époux ne sont guère fidèles, mais ils ne divorcent pas. Léontine de Caillavet est farouchement républicaine, à l'inverse de son mari.

Belle dans sa jeunesse, avec des yeux bleu clair, des cheveux noirs, un sourire moqueur, elle est intelligente, cultivée, parle quatre langues.

Salonnière

Léontine de Caillavet fréquente d'abord le salon de Mme Aubernon. C'est sans doute là qu'elle rencontre Anatole France, en 1883[7].

L'hôtel particulier du no 12 avenue Hoche à Paris.

Elle ouvre son propre salon dans son hôtel particulier situé no 12 avenue Hoche[8] près de la place de l'Étoile.

Anatole France, v. 1880

Assise dans une bergère à droite de la cheminée, devant laquelle se tient Anatole France, elle reçoit le dimanche l'élite intellectuelle, mondaine et politique. Comme Madame Verdurin, elle ne redoutait que les ennuyeux. On y trouve des écrivains, des députés, des avocats, des acteurs ; il n'y a pas particulièrement de membres de l'aristocratie, car Léontine de Caillavet souhaite avant tout un salon littéraire et politique ; seuls en sont exclus les musiciens, car ni elle ni France n'aiment la musique. On y trouve donc le comte Joseph Primoli, Jean-Élie, duc Decazes ; le prince et la princesse Bibesco, le baron et la baronne de Rothschild, Robert de Montesquiou (qui met de nombreuses années avant d'être reçu et de la recevoir), Anna de Noailles, Anatole France[9], Louis Barthou, Marie et Pierre Curie, Marcel Proust[9], Leconte de Lisle, J.-H. Rosny aîné, Gabriel Hanotaux, Paul Bourget, Marcel Prévost, Pierre Loti[9], Maurice Barrès, Marcelle Tinayre, Sarah Bernhardt, la comédienne Réjane, Fernand Gregh, l'abbé Mugnier, le comédien Lucien Guitry et son fils Sacha Guitry, le dramaturge Georges Feydeau, le sculpteur Antoine Bourdelle, le peintre Munkaczy, Hugo Ogetti, le commandant Henri Rivière[9], Georg Brandes, Jules Lemaître[9], Gugliemo Ferrero, l'abbé astronome Théophile Moreux, Colette et son premier mari Henry Gauthier-Villars dit Willy, Marcel Schwob, Robert de Flers, Paul de Grunebaum, Charles Rappoport, François Crucy, Michel Corday, Joseph Reinach, Tristan Bernard, la danseuse Loïe Fuller, Georges Clemenceau, le professeur Samuel Pozzi, le docteur Paul-Louis Couchoud, Aristide Briand, Léon Blum, Jean Jaurès, Léopold Kaher, Pierre Mille, Charles Maurras[9] et Raymond Poincaré.

Le mercredi, Léontine de Caillavet donne des dîners à la conversation dirigée sur le modèle de ceux de Mme Aubernon où l'on trouve Alexandre Dumas fils, l'helléniste Brochard, le professeur Pozzi, Leconte de Lisle, José-Maria de Heredia, Ernest Renan et Anatole France.

Madame Verdurin

Elle est un des modèles de Madame Verdurin, personnage d'À la recherche du temps perdu de Proust[10] qui est introduit dans son salon en 1889. Il trouve de nombreuses sources d'inspiration pour ses personnages parmi ses invités[10].

Mort

Léontine de Caillavet prend froid à la fin de l'automne 1909 dans sa propriété de Capian et tombe gravement malade, si malade qu'elle est ramenée chez elle avenue Hoche en et y meurt le 12, n'ayant qu'à moitié pardonné l'escapade d'Anatole France avec une actrice, qui se plaint égoïstement de ses maux de reins et n'assiste pas à ses derniers moments. Elle le laisse désespéré : « Comment a-t-elle pu m'abandonner ainsi ? »[11].

Ses obsèques catholiques ont lieu le à Paris à l'église Saint-Philippe-du-Roule, mais elle avait demandé dans ses dernières volontés à être enterrée dans le carré juif du cimetière Montmartre, auprès de ses parents - où son mari et son fils refusèrent de la rejoindre à leur mort. Anatole France, seul dans un coin de l'église, dut subir le regard accusateur de beaucoup de personnes présentes. Il y avait Réjane, Joseph Primoli, Georges Clemenceau, etc. Proust, qui avait promis de venir dans une lettre à l'épouse de Gaston[Qui ?], fit livrer une couronne d'arums, de camélias, de roses et de violettes, à celle qui aimait tant les fleurs.

Vie privée

À partir de 1888, suivent des années d'une liaison passionnée, exclusive, souvent orageuse avec Anatole France car les deux amants sont fort jaloux. Léontine de Caillave inspire Thaïs (1890) et Le Lys rouge (1894). Ils continuent à s'appeler Monsieur et Madame en public. Anatole France prend l'habitude, depuis sa séparation avec sa première épouse en 1891, de déjeuner et de travailler ensuite tous les jours chez Léontine Lippmann[7]. Il est invité aussi à passer un mois d'été dans sa maison de Capian en Gironde[12].

Notes et références

  1. Archives en ligne de Paris, état civil reconstitué, vue 1/41
  2. Archives en ligne de Paris 8e, année 1910, acte de décès no 96, cote 8D 135, vue 13/31
  3. Académie d'Orléans 2002, p. 32
  4. Pyla-sur-Mer ?
  5. André Becq de Fouquières, op. cit., p. 182.
  6. Jeanne Maurice Pouquet, op. cit., p. 171.
  7. (en) William C. Carter, Marcel Proust: A Life, with a New Preface by the Author, Yale University Press, (ISBN 978-0-300-19179-0, lire en ligne)
  8. Acheté en 1878 à Arsène Houssaye, l'adresse était avenue de la Reine-Hortense, nom de l'avenue à l'époque, cf. Jeanne Maurice Pouquet, op. cit., p. 3.
  9. Académie d'Orléans 2002, p. 15
  10. (en-US) Adrienne Farrell, « Strolling, Novel in Hand, To Recapture the Paris of Proust », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  11. George Painter, op. cit., p. 197.
  12. Jeanne Maurice Pouquet, op. cit., p. 125.

Annexes

Bibliographie

  • André Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens, Paris, Pierre Horay, , chap. II (« Le quartier Monceau »)
  • Jeanne Maurice Pouquet, Le Salon de Madame Arman de Caillavet : ses amis, Anatole France, comdt. Rivière, Jules Lemaître, Pierre Loti, Marcel Proust, etc., Librairie Hachette, , 268 p.
  • George Painter, Marcel Proust, Paris, Mercure de France,
  • Jean-Jacques Brousson, Anatole France en pantoufles, Crès,
  • Académie d'Orléans (Bernard Bonneviot), Mémoires de l'Académie d'Orléans : agriculture, sciences, belles-lettres et arts : fondée en 1809 », t. 12, (lire en ligne)

Article connexe

Liens externes

  • Portail de la France au XIXe siècle
  • Portail de la littérature française
  • Portail de la politique française
  • Portail de la culture juive et du judaïsme
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.