Goupil & Cie

Goupil & Cie, également connue comme la maison Goupil, est l'un des principaux marchands d'art et éditeurs français du XIXe siècle, dont le siège se trouvait à Paris. Peu à peu, la société a établi un commerce mondial de reproductions de peintures et de sculptures avec un réseau de succursales et d'agents à Londres, Bruxelles, La Haye, Berlin et Vienne, ainsi qu'à New York et en Australie. Les Ateliers photographiques d'Asnières, une usine située au nord de Paris lancée en 1869 par Michel Manzi, ont joué un rôle déterminant dans cette expansion. La figure principale était Adolphe Goupil (1806-1893), dont la fille Marie a épousé l'artiste français Jean-Léon Gérôme.

Goupil & Cie
Informations générales
Type Galeries, imprimeur d'estampes et marchand d'art
Création 1827
Dissolution 1920
Fondateur Adolphe Goupil
Informations géographiques
Pays France
Ville Paris
Galerie Goupil, place de l'Opéra, à Paris (ancienne photographie, n. d.).
La Galerie Goupil de la rue Chaptal, d'après Alfred Guesdon, paru dans L'Illustration, 10 mars 1860.

Histoire

Les origines

La maison Adolphe Goupil est d'abord fondée en 1827, puis en collectif avec Henry Rittner en 1829[1],[2], quand l'éditeur Adolphe Goupil, descendant de la célèbre famille de peintres Drouais[réf. incomplète], et le marchand d'estampes Henry Rittner se rencontrent par l'entremise du peintre de paysages marins, Charles Mozin, et s'associent pour se consacrer à l'impression et à l'édition d'estampes originales (gravures et lithographies) au boulevard Montmartre à Paris[3]. Grâce à la famille de Rittner, installée à Dresde, la compagnie a dès le début une portée internationale[3].

Elle reproduit essentiellement des estampes de reproduction suivant les procédés traditionnels de taille-douce et de lithographie pour produire des œuvres de maîtres tels que Murillo, Michelange, Raphaël, Titien, Véronèse, ainsi que les peintres qui exposent au Salon de peinture et de sculpture (Paul Delaroche, Ingres, Achille Devéria, Dominique Papety, Charles Jalabert, Ary Scheffer, Horace Vernet, Léopold Robert, etc.)[4]. Pour cela, la compagnie fait appel à des graveurs de grande technicité tels que Louis-Pierre Henriquel-Dupont, Luigi Calamatta, Théophile Victor Desclaux[5], Michele Fanoli, Jules et Alphonse François, Jean-Pierre-Marie Jazet, Paolo Mercuri (it) et les lithographes Émile Lassalle, Adolphe Mouilleron[4].

Après la mort de Rittner, Goupil forme un partenariat avec Théodore Vibert qui est officialisé à Paris en 1842[6].

Dans un mouvement novateur, la firme ouvre ses portes à New York en 1848 sous le nom de Goupil, Vibert et Cie. William Schaus devient le premier directeur de la succursale de New York, mais est remplacé par le fils d'Adolphe Goupil, Léon, puis en 1855 par Michel Knoedler, qui finit par racheter la participation de Goupil en 1857, mais les deux entités resteront en affaires jusqu'en 1914[7].

Adolphe Goupil forme Goupil & Cie en 1850. Au cours des 34 années suivantes, les associés sont Adolphe Goupil, de 1850 à 1884, Alfred Mainguet (1850–1856), Léon Goupil (1854–1855), Léon Boussod (1856–1884), Vincent van Gogh (1861–1872[n 1]), Albert Goupil (1872–1884) et René Valadon (1878–1884). Jusqu'en 1861, l'entreprise se concentre sur l'achat, la vente et l'édition de tirages. Pour alimenter un marché émergent d'art populaire aux classes moyennes émergentes, l'usine de Goupil, située en dehors de Paris, emploie des artisans qualifiés pour produire des copies de peintures gravées, photographiées et même sculptées en quantités considérables. Les reproductions de Goupil ont fait de son gendre Jean-Léon Gérôme, en particulier, un artiste bien connu[9]. La Maison Goupil a également promu, via leurs reproductions imprimées, un nombre important d'œuvres de peintres italiens ayant travaillé pour la maison d'édition au cours des années 1870, notamment des peintures d'Alberto Pasini et de Francesco Paolo Michetti[10]. Lorsque le marchand d'art Vincent van Gogh[n 1] entre dans l'entreprise, les affaires s'ouvrent aux peintures et aux dessins, puis en 1872 aux images industrielles, y compris les procédures photographiques et héliographiques.

Dans les années 1860 et 1870, la maison Goupil tient un rôle de premier plan dans la promotion des artistes parisiens sur le marché de l'art international. Elle s'appuie sur un vaste réseau de marchands d'art et de collectionneurs pour distribuer la production de ses artistes français et étrangers. par ses intervention sur les marchés internationaux, elle vise non seulement à accroître le volume de ses ventes, mais cherche aussi à faire grimper la cote des œuvres. Ses relations dans le monde entier la mettent en contact avec des clients collectionneurs de la première génération, pour leur grande majorité novices mais compétents, prêts à payer les œuvres qu'ils convoitent à des prix nettement supérieurs à ceux du marché, dans une recherche de prestige personnel. Cette dimension internationale provoque fréquemment des rivalités pour les mêmes tableaux des deux côtés de l'Atlantique[11].

Vincent van Gogh tombe malade et prend sa retraite en 1872, mais reste associé jusqu'en 1878. Ses fonctions sont reprises par René Valadon. À partir de ce moment, le cabinet est entièrement entre les mains de la famille Goupil et de leurs gendres Léon Boussod et René Valadon.

En 1884, Adolphe Goupil prend sa retraite et la société est à nouveau transformée et renommée Boussod, Valadon & Cie, successeurs de Goupil & Cie. Trois ans plus tard, du 25 au , le stock de la galerie est vendu aux enchères, « du fait du renouvellement de l'ancienne société Goupil & Cie »[réf. souhaitée]. En 1886, la société rachète la revue Paris illustré à Ludovic Baschet[12].

En 1897, Octave Bernard, futur fondateur de la Société de l'Estampe moderne (1918), entre en formation chez Goupil, avant de rejoindre la galerie Georges Petit en 1904[13].

Fonctionnement de la société

Les Ateliers Goupil à Asnières-sur-Oise, paru dans L'Illustration, 12 avril 1873.
Carte album Goupil et Cie éditeur reproduisant un tableau d'Alphonse de Neuville.

Goupil et ses associés font travailler les graveurs et lithographes les plus compétents et n'hésitent pas à faire appel à des techniques moins onéreuses : eau-forte, aquatinte, manière noire mêlées au burin, ainsi qu'à la technique photographique dès 1853, publiant des albums avec des photographies de Félix Teynard et F. A. Renard. Ils améliorent encore la qualité d'impression en achetant en 1867, les droits d'exploitation du procédé « Woodbury » (photoglyptie) pour la France. La photoglyptie permet de produire en grande quantité des images d'un aspect proche d'un tirage argentique et ne s'altérant pas à la lumière. Ils l'utiliseront jusqu'à la découverte d'abord de la photogravure, puis de la typogravure, perfectionnée par Michel Manzi, qu'ils adoptent et diffusent à l'ensemble de la profession dès 1873, notamment aux Ateliers d'Asnières ouverts en 1869, véritables laboratoires de la photomécanisation[14] et jusqu'à la fermeture de l'établissement en 1921.

.De 1871 à 1885, ils ont un contrat d'exclusivité avec le peintre Giovanni Boldini. En 1887, sa galerie est connue sous le nom de « Boussod, Valadon et Cie » et signe un contrat avec Léon Lhermitte dans lequel celle-ci s'engage à lui acheter toute sa production avec abandon du droit de reproduction à charge pour elle de lui fournir ses encadrements. Lhermitte touche en plus la moitié des bénéfices sur la vente de ses œuvres hormis quelques-unes. L'acheteur potentiel ne traite plus avec l'artiste, mais avec la galerie et paye 133 % de plus, l'artiste gagnant lui aussi 66 % de plus qu'en traitant directement[3].

Goupil & Cie est également, à la fin du XIXe siècle, éditeur de périodiques, produisant des revues grand format contenant en plus d'articles critiques des gravures photocomposées en noir ou en couleurs : Le Théatre (1898-1914), Les Modes (1901-1937)[15] et Les Arts (1902-1920)[16].

Conservation et mémoire

Créé en 1991, le Musée Goupil - Conservatoire de l'image industrielle est destiné à présenter les archives de la maison Goupil & Cie et montrer l'évolution de la mécanisation de la production des images est au centre de sa mission. Le musée fonctionne actuellement comme un cabinet d'arts graphiques[17]. Les collections Goupil conservent 70 000 photographies, 46 000 estampes, 7 200 matrices (cuivres gravés, pierres lithographiques, blocs typogravures et chromotypogravures, négatifs sur verre), 1 000 livres et revues illustrées[18].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Goupil & Cie » (voir la liste des auteurs).

Notes
  1. L'oncle du célèbre peintre Vincent van Gogh[8].
Références
  1. La société est officiellement enregistrée sous seing privé le (Archives de Paris, D31 U3 40).
  2. Olivier Bonfait, « Les coulisses d’une création de base de données : Les livres d’inventaires de la maison Goupil conservés au Getty Research Institute, Los Angeles », APAHAU, 15 juin 2011.
  3. Lafont-Couturier 1996, p. 59.
  4. Lafont-Couturier 1996, p. 60.
  5. « Desclaux, Victor », in: Henri Beraldi, Les graveurs du Dix-neuvième siècle, Léon Conquet, 1886, tome 5, pp. 195-196.
  6. Linda Whiteley, « Art et commerce d'art en France avant l'époque impressionniste », Romantisme, no 40, , p. 73-74.
  7. Penot 2017.
  8. (en) « Fiche biographieque de Vincent van Gogh (oncle) », sur vggallery.com (consulté le ).
  9. (en) Ken Johnson, « A Return to the Junction Of Art and Commerce », sur New York Times, .
  10. (en) Rosalba Dinoia, « The Maison Goupil and the Triumph of Italian Painters », Print Quarterly, vol. XXXI, no 2, , p. 195-198.
  11. Boldini. Les plaisirs et les jours, p. 57
  12. Paris illustré, Catalogue général de la BNF.
  13. Octave Bernard et l'autre Estampe Moderne, Auguste Brouet. Le Journal, 15 janvier 2018.
  14. Le Cercle de la librairie de Paris à l'Exposition du Livre, Paris, 1890, p. 50 — sur Gallica.
  15. Catalogue général de la BNF, en ligne.
  16. Catalogue général de la BNF, en ligne.
  17. « Musée Goupil, conservatoire de l’image industrielle », Réseau des musées et collections techniques.
  18. « Présentation du musée Goupil », sur musee-aquitaine-bordeaux.fr (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Hélène Lafont-Couturier, « La maison Goupil ou la notion d’œuvre originale remise en question », Revue de l'art, no 112, , p. 59-69 (lire en ligne). .
  • (en) Agnès Penot, « The Perils and Perks of Trading Art Overseas: Goupil’s New York Branch », dans Nineteenth-Century Art Worldwide, (lire en ligne).
  • Agnès Penot, La maison Goupil, Galerie d'art internationale au XIXe siècle, Paris, Mare & Martin, , 454 p. (ISBN 979-10-92054-56-9, BNF 45326803).
  • (en) John Rewald, Theo van Gogh, Goupil, and the Impressionists, Gazette des beaux-arts, janvier et , p. 1-107.
  • (en) Chris Stolwijk et Richard Thompson, ed., Theo van Gogh (1857–1891), Art dealer, collector and brother of Vincent, Waanders, Zwolle, 1999 (ISBN 90-400-9359-8).
  • Gérôme & Goupil: Art and Enterprise, Réunion de musées nationaux, Paris, 2000 (ISBN 2-7118-4152-9).
  • Delphine Travers (dir.), La maison Goupil (1829-1920), éditeur et marchand d'art. De Gérôme au frères Van Gogh, exposition du au , Auvers-sur-Oise, Maison Gachet, 2015, (ISBN 978-2-915541-81-6).
  • sous la direction de Barbara Guidi et Servane Dargnies-de Vitry, Boldini. Les plaisirs et les jours, Paris, Paris Musées, , 256 p. (ISBN 978-2-7596-0508-8).

Liens externes

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