Marie Colombier

Marie Colombier est une actrice de théâtre et écrivaine, née Anne Marie Thérèse Colombier à Auzances (Creuse) le [1] et décédée le à Garches[2].

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Marie Colombier
Portrait de Marie Colombier par Édouard Manet, Collection Burrell, Glasgow
Biographie
Naissance
Décès
(à 65 ans)
Garches
Sépulture
Nationalité
Activités
Fratrie
Amélie Colombier (d)

Biographie

Fille d'un officier réfugié en France nommé Pablo Martinez, Marie Colombier est élevée par sa grand-mère à Auzances (Creuse). À l'âge de sept ans, elle rejoint sa mère, installée à Paris ; elle est maltraitée par son beau-père. À l'âge de quinze ans, elle s'enfuit du domicile familial, et trouve refuge chez le pianiste Charles de Bériot, fils du violoniste Charles-Auguste de Bériot et de feue la Malibran. Celui-ci ne tarde pas l'emmener en Belgique où vit son père. Marie y prend des leçons d'art dramatique avec le directeur du Théâtre de la Monnaie Quélus.

De retour en France en 1862, elle entre au Conservatoire national supérieur d'art dramatique dans la classe de Regnier où elle obtient en 1863 un 1er prix de tragédie et un 2e prix de comédie[3].

Marie Colombier débute au Théâtre du Châtelet le dans le rôle de Paolo dans La Jeunesse du roi Henri[4]. En 1870, elle est repérée par George Sand qui la fait embaucher pour jouer sa pièce L'Autre dont le rôle principal est tenu par Sarah Bernhardt[3], au Théâtre de l'Odéon.

Le 25 janvier 1879[5] elle se produit au côté de Sarah Bernhardt pour l'inauguration de l'opéra de Monte-Carlo (représentation du Passant de François Coppée)[6].

En octobre 1880, Sarah Bernhardt l'emmène pour une tournée théâtrale de huit mois aux États-Unis et au Canada. Marie Colombier en tire deux pamphlets : Voyage de Sarah Bernhardt en Amérique en 1881, puis Les Mémoires de Sarah Barnum en 1883. Le scandale est énorme. Octave Mirbeau, très ami avec Sarah Bernhardt, provoque en duel le préfacier du livre, Paul Bonnetain, et le blesse légèrement. Sarah Bernhardt entraîne son fils et le poète Jean Richepin dans une expédition punitive pour saccager l'appartement de Marie Colombier, rue de Thann.

« Sarah Bernhardt eût mieux fait de rester chez elle, de s'envelopper dans sa dignité de grande artiste et de laisser le dédain public faire justice d'un livre abominable. Maintenant, le mal est fait; le volume dont personne n'avait parlé s'arrache; c'est Sarah qui l'aura voulu ainsi, la colère est toujours mauvaise conseillère[7]. »

 Albert Wolff du Figaro cité dans , Affaire Marie Colombier - Sarah Bernhardt, les pièces à convictions, Paris, 1884

« Avant le scandale, on avait fait de Sarah Barnum un tirage de dix mille. En trois jours, Paris a acheté ces dix mille volumes. La maison Marpon, qui s'était faite l'éditeur anonyme du livre, ne s'était jamais trouvée à pareille fête. (...) le succès de ce mauvais ouvrage est le plus grand succès de librairie de l'année. Et cela va continuer. L'éditeur a été forcé de suspendre la vente avant-hier soir, pour cause d'épuisement de l'édition (...) Les commissionnaires en librairie d'Allemagne, à Leipzig, Stuttgart, Berlin, ont déjà fait des commandes qui se montent à quinze mille exemplaires; l'Italie en demande autant; la Russie davantage. Et nous ne parlons pas de la province qui réclame par centaines de télégrammes des envois énormes qu'on ne peut lui faire. (...) La diffamation dont se plaint très justement celle qu'on a voulu peindre aura donc une publicité énorme. Et qui a fait autour de cette diffamation toute cette publicité? La diffamée, la victime[8]. »

 Mermeix dans Le Gaulois cité dans , Affaire Marie Colombier - Sarah Bernhardt, les pièces à convictions, Paris, 1884

Marie Colombier sera condamnée pour « outrage aux bonnes mœurs » en 1884, le livre est retiré de la vente bien qu'il ait déjà connu 92 éditions en France[9].

Marie Colombier renonce peu à peu au théâtre et publie plusieurs romans et plusieurs volumes de ses mémoires.

Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (41e division)[10].

Vie privée

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Charles de Bériot

Jusqu'à 1867, Marie Colombier entretint une première liaison avec le pianiste Charles de Bériot, chez qui elle avait emménagé après avoir fugué du domicile familial.

La goût du jeu de Charles, la vie mondaine de Marie et ses aventures mit un terme à la relation[11]:

« Il avait écrit à Marie pour lui offrir de l’épouser, à condition qu’elle quittât le théâtre, et se contentât de la pension que lui faisait son père, et de ce qu’il gagnait. [...] Elle refusa donc, en son insouciance de la vie. »

Parmi les liaisons de cette époque on compte le journaliste Léon Duchemin (1840-1876) ou encore le duc de Fernán-Núñez (1828-1892)[11].

Après 1870

À la réouverture des théâtres, au lendemain de la guerre de 1870, du siège de Paris et de la Commune, Marie Colombier entretient quelques mois une liaison avec le poète François Coppée (fin 1871), dont elle avait repris sa comédie à succès, le Passant[12].

Elle fréquenta ensuite Henri Thierry, le fils de l’un des propriétaires des grandes fonderies de Mulhouse, qui partira exploiter des mines d'or au Pérou[12]. Puis Arthur Rostand, un jeune banquier, qui la quittera au bout de deux ans sous la pression de sa famille[12].

Anecdotes

Bibliographie

  • Le Voyage de Sarah Bernhardt en Amérique, récit, M. Dreyfous, 1881
  • Le carnet d'une Parisienne, nouvelles, 1882
  • Le pistolet de la petite baronne, roman, 1883
  • Les Mémoires de Sarah Barnum, roman, 1883
  • Affaire Marie Colombier - Sarah Bernhardt, les pièces à convictions, Paris, 1884
  • Bianca, Théâtre, 1884
  • Mères et Filles, roman, 1885
  • La Plus Jolie Femme de Paris, roman, 1887
  • Courte et Bonne, Flammarion, 1888
  • Nathalie : on en meurt, Flammarion, 1888
  • Mémoires fin d'empire, Flammarion, 1898
  • Mémoires fin de siècle, Flammarion, 1899
  • Mémoires fin de tout, Flammarion, 1900

Théâtre

(principales pièces)

Notes et références

  1. Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français. N.B. : son acte de naissance est introuvable à Auzances...
  2. Acte de décès à Garches, n° 83, vue 40/56.
  3. Affaire Marie Colombier - Sarah Bernhardt, les pièces à convictions, Paris, 1884
  4. Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français
  5. Les débuts (site officiel de l'opéra de Monte-Carlo).
  6. La Presse, 3 février 1879 : Nous ayons parlé de l'ouverture du théâtre de Monte-Carlo. On a joué le Passant, avec Mlle Sarah Bernhardt, et un concert des plus agréables a permis d'applaudir Mmes Carvalho, Judic et MM. Capoul et Diaz de Soria. Mlle Marie Colombier a eu deux succès : succès d'artiste et succès de costume.
  7. Le Figaro, article d'Albert Wolff
  8. Mermeix in Le gaulois
  9. Hélène Tierchant, Sarah Bernhardt, madame « Quand même », éditions Télémaque, 2009.
  10. Paul Bauer, Le Père-Lachaise : Monuments d'hier et figures d'aujourd'hui, Histoires & Guide, (ISBN 978-2-9538453-1-0), p. 229
  11. Marie Colombier, Mémoires, t. I (1898).
  12. Marie Colombier, Mémoires, t. II (1899).

Liens externes

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