Marion du Faouët

Marie-Louise Tromel, dite Marion du Faouët ou Marie Finefont, née le au Faouët (Morbihan), est la chef d'une troupe de brigands qui sévit en Cornouaille (Bretagne). Elle est pendue le sur la place Saint-Corentin à Quimper.

Marion du Faouët
Biographie
Naissance
Décès
(à 38 ans)
Quimper
Activités
Autres informations
Condamnation

Biographie

Vie privée

Marion, troisième enfant de Félicien Tromel et d'Hélène Kerleau, est née le dans le hameau de Porz-en-Haie, près du Faouët. Elle a deux frères aînés, François (1712) et Corentin (1714-1766), puis deux frères cadets, Louis (1719-1719) et René-Félicien, (1721-1731).

Marion a quatre enfants de son mariage secret avec Henri Pezron[1] mercier et brigand, né le à Quimperlé[2] :

Son compagnon Henri Pezron est arrêté, soumis à la question et pendu à Rennes le 27 mars 1747[3].

Marion a un autre fils, Joachim, né en 1748, avec Maurice Penhoat, surnommé Jeannot, un jeune monnayeur de 18 ans, membre de la bande de brigands. L'enfant ne vit cependant que quelques heures.

Durant sa vie, Marion demeure en divers lieux du Morbihan (Port-Louis, Saint-Caradec-Trégomel, Le Faouët), mais aussi à Quimperlé (Finistère).

Chef de bande

Marion commence sa carrière de bandit de grand chemin à l'âge de 23 ans, sur une grande partie de la Cornouaille. Elle a jusqu'à quarante hommes sous ses ordres, réunis dans la Compagnie Finefont. Les victimes sont dépouillées sans effusion de sang, et les voisins ou les pauvres sont épargnés. La bande attaque surtout des « étrangers » à la région et, en particulier, les marchands qui reviennent des foires ou des pardons.

La grotte du diable à Huelgoat, ou encore le manoir du Bodénou (Côtes-d'Armor) auraient été parmi les caches de la bande de brigands[4]. Marion du Faouët aurait caché des trésors dans une partie inconnue du manoir.

Arrestations et condamnations

Jugement de condamnation à la pendaison et à la question de Marie Tromel dite Marion du Faouët et ses complices, 6 octobre 1753 - Archives départementales du Finistère

Marion Tromel est arrêtée une première fois dans une ferme dans le village du Boterff (Ploërdut), à l'hiver 1746, en compagnie d'Henri Pezron dit Hanvigen, Nicolas Hirvoy et Jean Lepetitvin. Ils sont emprisonnés et jugés à Hennebont, et condamnés pour multiples vols à être pendus et étranglés. Faisant appel de la sentence, les condamnés sont transférés dans les prisons de Rennes le 18 mars 1747. Henri Pezron est soumis à la question ordinaire et extraordinaire ; il meurt le 27 mars 1747[3]. Dans le procès-verbal de torture, il nie la participation de sa compagne dans les vols avec violence. Par arrêt du 28 mars 1747, elle est néanmoins condamnée à être "fustigée nue de verges par trois jours de marché", marquée au fer rouge de la lettre V (voleur) et bannie à perpétuité hors du ressort du parlement [de Rennes][3].

Marie Tromel, Olivier Guilherm, Marguerite Cariou et Vincent Mahé sont arrêtés le 2 juillet 1752 à Poullaouen et incarcérés à Carhaix[3], dans des prisons en mauvais état. Olivier Guilherm s'échappe dès les premiers jours. Les trois autres complices sont écroués à Quimper le 15 juillet 1752... mais Marie Tromel et Vincent Mahé s'évadent le 9 septembre 1752. Le présidial de Quimper les condamne (ainsi que Joseph et Corentin Tromel) par contumace le 6 octobre 1753 "à être pendus et étranglés jusqu'à ce que mort s'en suive". Faute de prisonniers, des panneaux à leur effigie sont pendus à Quimper en exécution de la sentence.

C'est finalement dans une rue de Nantes, le 21 octobre 1754, que Marion du Faouët est arrêtée. Elle est réintégrée dans les prisons de Quimper. Bien que soumise à la question judiciaire, elle n'avoue rien et est condamnée à être pendue et étranglée par la prévôté de Quimper le . La peine est exécutée le jour-même à 18 heures sur la place Saint-Corentin à Quimper[5]. Marion du Faouët meurt à l'âge de 38 ans.

Le sort de ses complices

L'arrestation de Marion ne met pas fin aux activités de la Compagnie Finefont. De nombreux complices de Marion du Faouët survivent à son arrestation et à son exécution, et continuent leurs exactions.

L'un des membres de cette bande de voleurs, Guillaume Hémery, pilloteux, arrêté à la suite de ses nombreux vols, est emprisonné à Châteauneuf-du-Faou et jugé par la sénéchaussée locale. Il est condamné le à la question ordinaire et extraordinaire « pour avoir révélation de ses complices », « à faire amende honorable devant la porte de l'église de Châteauneuf-du-Faou, une torche de cire ardente à la main et un écriteau sur sa poitrine, à être ensuite rompu vif, enfin à expirer sur la croix de Saint-André, la face tournée vers le ciel ».

Il est effectivement torturé comme l'atteste le procès-verbal de torture du  : « six fois, ses pieds, ses jambes sont exposés au feu torturant, six fois il gémit sous les cuisantes morsures des flammes » dans le cadre de la question ordinaire, et trois autres fois dans le cadre de la question extraordinaire», et finit par donner le nom de ses complices et reconnait « faire partie de la Compagnie de Marion du Faouët, qui a été pendue à Quimper ». Les épreuves du feu terminées, « on le mène, pieds nus, en chemise, sur la Place-aux-Bestiaux » et il est attaché sur une croix de Saint-André « les bras, les jambes écartées, la poitrine contre la croix » et « le bourreau levant sa barre de fer, commence à frapper les bras, les cuisses, les reins (...)». La face tournée vers le ciel, il agonise une partie de la nuit, et expire lentement, comme prescrit par le jugement.

Grâce à ses révélations obtenues sous la torture, plusieurs de ses complices sont arrêtés ; Pierre Bellec le , puis Corentin Bellec, Corentin et Joseph Finefont, Jeanne Tromel, et même Guillaume Tromel, un enfant de 14 ans, et plusieurs autres, la plupart arrêtés au Faouët, sont écroués à Châteauneuf-du-Faou. Or cette prison est dans un terrible état de vétusté et on s'en échappe aisément, ce que font en novembre 1765 plusieurs des bandits arrêtés. L'un d'entre eux, Joseph Tromel, est repris à Port-Louis et reconduit à Châteauneuf-du-Faou. Finalement jugés à Rennes, Corentin et Joseph Tromel, ainsi que Pierre Bellec, sont condamnés aux mêmes sentences que Guillaume Hémery, et exécutés sur la place des Lices à Rennes. Le jeune Guillaume Tromel est condamné à assister au supplice et à être fouetté de verges un jour de marché sur la place de Châteauneuf-du-Faou. Jeanne Tromel, enceinte, est épargnée, et plusieurs complices condamnés aux galères à perpétuité ou pour de longues périodes [3]

Postérité

La rue Marion du Faouët à Carhaix-Plouguer

À l'instar du dauphinois Mandrin, ou du limousin Burgou, Marion du Faouët bénéficie d'une chronique populaire favorable, qui donne l'image d'un « bon bandit », issu du peuple, ne volant que les riches et les « étrangers », protecteur des pauvres, et se jouant de l'autorité.

Cette tradition populaire, qui ne semble pas être parfaitement en phase avec la réalité historique, fait de Marion un héros populaire et l'égérie d'un terroir.

Plusieurs localités du centre-ouest de la Bretagne lui attribuent des noms de rue. Une maison de quartier de Rennes, 10 allée Marion-du-Faouët, est baptisée Maison Marion-du-Faouët.

Les Rives ont écrit une chanson sur Marion, de même que Tri Yann, sur l'album Rummadoù (Générations).

Notes et références

  1. Jean Lorédan et Catherine Borgella 1995, p. 290.
  2. Fils de François et de Marie Le Hanvic. Arbre généalogique sur Geneanet, consultable en ligne.
  3. Jean Lorédan et Catherine Borgella 1995.
  4. Authenticité de ces informations à vérifier ; citées dans Roland Michon (Scénariste), Laëtitia Rouxel (Dessinatrice), Brigande ! Marion du Faouët ; vie, amours et mort (ISBN 9782368332313, lire en ligne)
  5. Archives départementales du Finistère, minutes de la prévôté de Quimper, cote B 824

Annexes

Bibliographie

  • Agnès Audibert, Marion du Faouët : roman historique, Paris, Éditions Jean-Paul Gisserot, (BNF 35796234)
  • Catherine Borgella, Marion du Faouët, brigande et rebelle (1717-1755), Paris, le Grand livre du mois, (BNF 35862701)
  • Margot Bruyère, Marion du Faouët ou la Révolte des gueux, Paris, Éditions Oskar Jeunesse, coll. « Histoire & société », (BNF 41498386, présentation en ligne)
  • Margot Bruyère, Dossier pédagogique autour de Marion du Faouët ou la révolte des gueux, Oskar Jeunesse,
  • Fanny Cheval, Marion du Faouët, une légende du Faouët, Spézet, Editions Beluga/coop breizh, coll. « Pays de légendes »,
  • Brice Evain, « La seconde vie de Marion du Faouët », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, (lire en ligne)
  • Bernard Hautecloque, Brigands, bandits, malfaiteurs : incroyables histoires des crapules, arsouilles, monte-en-l'air, canailles et contrebandiers de tous les temps, Clermont-Ferrand, De Borée, (BNF 45132162), « Marion du Faouët, un Robin des Bois en jupons au cœur de la Bretagne du XVIIIe siècle »
  • Jean-Pierre Imbrohoris, Marion du Faouët, t. I : la femme de feu, Grasset,
  • Jean-Pierre Imbrohoris, La Flibustière, une nouvelle aventure de Marion du Faouët, Grasset,
  • Michèle Lesbre, Chère brigande : lettre à Marion Faouët, Paris, Sabine Wespieser Éditeur, (BNF 45175583, présentation en ligne)
  • Jean Lorédan et Catherine Borgella, La grande misère et les voleurs au XVIIIe siècle : Marion du Faouët et ses associés (1740-1770), Le Faouët, Liv'éditions, (1re éd. 1910) (BNF 35813649, lire en ligne)
  • Jean Rieux et Lice Nédellec (légendes des photographies), Marion du Faouët et ses brigands : une étrange beauté, Quimper, Nature et Bretagne, (BNF 34700964)
  • J. Trévédy, Etudes Bretonnes, Marion du Faouët, chef de voleurs (1715-1755), Vannes, Librairie Lafolye,


Filmographie

  • Un téléfilm en deux parties, Marion du Faouët, chef des voleurs, est réalisé en 1997 par Michel Favart.

Discographie

Article connexe

Liens externes

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