Martin Schongauer
Martin Schongauer , né vers 1445/1450 à Colmar et mort en 1491 à Vieux-Brisach, est un peintre et graveur allemand[1] de la fin du Moyen Âge. Graveur allemand le plus célèbre avant Dürer, il est l'un des premiers artistes à acquérir une reconnaissance à l'échelle européenne.
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« le beau Martin » (« Hübsch Martin » en allemand ; "belo Martino" en italien ; "handsome Martin" en anglais), "Martin Schön", "Martin Schoen" |
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Biographie
Famille
Il est le fils de Caspar Schongauer, un orfèvre originaire d'Ausgsbourg ayant acquis le droit de bourgeoisie à Colmar en 1445.[2]
Formation
En 1465, le jeune Martin Schongauer est inscrit à l'université de Leipzig avant de suivre une formation itinérante dont on sait peu de choses.
Après un possible passage à Nuremberg dans l'atelier d'Hans Pleydenwurff, il se serait rendu dans les Pays-Bas méridionaux où il aurait été en contact direct avec l'art des peintres de cette région (Hans Memling, Dirk Bouts, Rogier van der Weyden)[3]. L'hypothèse selon laquelle Schongauer aurait séjourné à Beaune, en Bourgogne, et y aurait copié à la plume le Jugement dernier de Rogier van der Weyden est désormais entièrement remise en question par la recherche actuelle. En effet, le dessin semble avoir été fait d'après une source secondaire, et non directement d'après le retable[4]. De la même manière, l'hypothèse d'un séjour en Espagne semble aujourd'hui complètement écartée[5].
Bien qu'il fût peut-être l'élève d'un peintre alsacien (peut-être Caspar Isenmann de Colmar), Martin Schongauer rapporte de ses voyages une connaissance approfondie de l'art flamand du XVe siècle qu'il intègre avec beaucoup de finesse à un style pictural joignant l’expressionnisme et l'idéalisme du gothique international au naturalisme de la Renaissance nordique.
De retour à Colmar vers 1470, Schongauer y exécute La Vierge au buisson de roses (1473) et fait l'acquisition de la maison dite « Au Cygne » (1477).
Atelier
Le peintre Hans Burgkmair fut son élève entre 1488 et 1490. Et le monogrammiste AG travailla lui-aussi certainement dans l'atelier du maître[6]. Cependant aucune documentation concernant l'atelier de peinture et de gravure de Schongauer n'est connue actuellement.
Albrecht Dürer veut devenir son disciple, mais Schongauer meurt prématurément avant son arrivée.
Œuvre
Les œuvres les plus célèbres de Schongauer sont les retables de Jean d'Orlier (musée Unterlinden, Colmar) et de La Vierge au buisson de roses (église des Dominicains, Colmar). Ce dernier tableau est considéré par beaucoup comme un chef-d'œuvre de la peinture allemande en raison de son caractère harmonieux, délicat et équilibré, et de la finesse de sa composition (dont la perception cependant est aujourd’hui faussée par le fait que le tableau, à l'origine rectangulaire et de dimensions colossales, a été par la suite découpé des quatre côtés) et de son coloris. Les musées de Berlin, de Vienne (Autriche) et de Munich possèdent quant à eux de petits tableaux, représentant eux aussi des motifs religieux.
La cathédrale de Vieux-Brisach (ville dont le peintre acquit le droit de bourgeoisie en 1489) est ornée de ses fresques représentant le Jugement dernier, sa dernière œuvre, inachevée et très dégradée, mais qui n'en est pas moins impressionnante par ses grandes dimensions (v.1489-1491).
Martin Schongauer a été surnommé « le beau Martin » (Hübsch Martin - orthographes alternatives Hüpsch ou Hipsch, litt. « beau Martin »), en raison de la grâce et du fini de son travail, mais plus probablement encore en raison du raccourcissement de son patronyme en Martin Schön (schön = beau).
Peintures
Seules sept œuvres peintes sur panneaux sont attribuées à Martin Schongauer, trois retables monumentaux et quatre petits panneaux de dévotion privée. À celles-ci s'ajoutent les fresques du Jugement dernier de la cathédrale St. Stephan (de) à Breisach. Aucune de ses peintures n'est signée.
- 1473 : La Vierge au buisson de roses, église des Dominicains, Colmar ;
- vers 1470-1475 : La Sainte Famille, tempera sur bois, 26 × 17 cm, Alte Pinakothek, Munich ;
- vers 1480 : le retable des Dominicains (musée Unterlinden, Colmar, huile sur sapin), triptyque présentant la Passion du Christ (seize panneaux en intérieur) et les Sept Joies de la Vierge (huit peintures extérieures)[7] ;
- vers 1480 : L'Adoration des Bergers, tempera sur bois, 37,5 × 28 cm, Gemäldegalerie, Berlin ;
- vers 1480 : Retable de la Vierge (retable d'Orlier) (musée Unterlinden, Colmar, huile sur sapin) qui provenant de la commanderie des Antonins d'Issenheim[8] ;
- vers 1485-1490 : Vierge à l'Enfant à la fenêtre, huile sur panneau, 16,5 x 11 cm, Los Angeles, The J. Paul Getty Museum[9]
- vers 1480-1490 : Sainte Famille, huile sur panneau de hêtre, 26,3 cm × 17,2 cm, Vienne, musée d'histoire de l'art de Vienne, .
Peintures précédemment attribuées à Martin Schongauer
- Crucifixion avec Marie, Saint Jean et le donateur, bois 42 x 58 cm, Musée Jeanne d'Aboville de La Fère
Gravures
Les 115 gravures attribuées à Martin Schongauer, et exécutées vraisemblablement entre 1470 et 1480, eurent un énorme impact sur la création artistique européenne à la fin du 15e siècle. Elles offraient un formidable répertoire de formes, transposés dans toutes les techniques et adaptées sur tous les supports. De nombreux artistes s'en inspirèrent, comme Albrecht Dürer, Michel-Ange, Gérard David, Israhel van Meckenem, etc.
Plusieurs artistes s'en servirent pour l'apprentissage par l'assimilation du motif. Ils firent preuve de degrés d'appropriation et de créativité variés. L'Ecole des Beaux-Arts de Paris conserve, par exemple, un dessin représentant Sainte Catherine (plume et encre noire, 21,2 × 13,6 cm), peut-être produit dans l'atelier de Schongauer lui-même[10]. Sa mise en page et son style rappellent un grand nombre de figures de l'œuvre gravé de l'artiste, en particulier la série des Saintes, exécutée en gravure par Schongauer entre 1480 et 1485[11].
- vers 1470-1475 : La Tentation de saint Antoine, gravure au burin sur cuivre[12], dont Michel-Ange s'inspire pour Le Tourment de saint Antoine ;
- vers 1470-1475 : La Vierge au perroquet[13], gravure au burin sur cuivre, 15,2 × 9,9 cm.
- vers 1475-1480 : Ecce Homo, gravure au burin sur cuivre, scène de la Passion du Christ[14] ;
- vers 1475-1480 : Le grand portement de croix, burin sur cuivre, Musée Wittert, Liège, inv. 39076[15].
- vers 1480-1485 : Deux Hommes marchant de compagnie, gravure au burin sur cuivre[16].
Hommages
À Colmar
Une statue de Martin Schongauer réalisée par Bartholdi se trouve dans le cloître du Musée Unterlinden de Colmar.
L'association ayant en charge la gestion du Musée Unterlinden, porte le nom de Société Schongauer.
Après la construction en 1994 d'un nouveau lycée 42 avenue de l'Europe à Colmar, le lycée Camille-Sée, 25 rue Voltaire prend le nom de Martin Schongauer (en forme longue « lycée polyvalent Martin Schongauer ». Le nouveau lycée devient le lycée Camille-Sée, en forme longue « lycée polyvalent régional Camille-Sée ».
À Strasbourg
Martin Schongauer figure en médaillon sur l'une des façades de la Bibliothèque nationale et universitaire (Strasbourg) (BNUS), construite par les Allemands à la fin du XIXe siècle[17].
Un arrêt de tramway de la ligne B de Strasbourg porte également son nom.
Le collège d'Ostwald porte son nom.
Galerie
- Sainte famille
- Adoration des bergers
- Ecce Homo
- Naissance du Christ
- Noli me tangere
- Retable d'Orlier, L'Annonciation
Notes et références
- L'Alsace faisait alors partie du Saint-Empire romain germanique.
- Lucien Sittler, Les listes d'admission à la bourgeoisie de Colmar, 1361-1494, Colmar, Publication des Archives de la ville de Colmar, , voir n° 2604
- (de) Jan Nicolaisen, « Martin Schongauer, ein Mitarbeiter der Werksstatt Hans Memlings?: zur Wanderschaft Schongauers und dem Einfluss der niederländischen Malerei des 15. Jahrhunderts auf sein Werk », Pantheon, 1999, 57, p. 33-56
- Musée du Louvre, « Le Christ du Jugement dernier », sur http://arts-graphiques.louvre.fr, (consulté le )
- (de) Tilman Falk et Thomas Hirthe, Martin Schongauer, das Kupferstichwerk (cat. exp. Staatliche Graphische Sammlung München, 11 septembre - 10 novembre 1991), Munich, , 224 p. (ISBN 978-3-927803-06-0), p. 28
- [1] Ursula Petersen, Der Monogrammist A G Studien zur Schule Martin Schongauers, Albert-Ludwigs-Universität, Fribourg-en-Brisgau, 1953, (thèse de doctorat non publiée).
- « Le retable des Dominicains, autour de 1480 », sur musee-unterlinden.com (consulté le )
- « Le retable d'Orlier, entre 1470 et 1475 », sur musee-unterlinden.com (consulté le )
- (en) « Madonna and Child in a window » (consulté le )
- « Sainte Catherine, atelier de Martin Schongauer », sur Cat'zArts
- Sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles, Dürer et son temps, dessins allemands de l'Ecole des Beaux-Arts, Beaux-arts de Paris les éditions, , p. 44-49, Cat. 3
- « La Tentation de saint Antoine, 1470-1475 », sur musee-unterlinden.com (consulté le )
- « La Vierge au perroquet, 1470-1475 », sur musee-unterlinden.com (consulté le )
- « Ecce Homo, 1475-1480 », sur musee-unterlinden.com (consulté le )
- « SCHONGAUER Martin, Le grand portement de croix, burin, 1475-1480, Musée Wittert, Liège, inv. 39076 », sur www.wittert.uliege.be (consulté le )
- « Deux Hommes marchant de compagnie, 1480-1485 », sur musee-unterlinden.com (consulté le )
- Serge Dufour, Les Statues de Strasbourg, Coprur, Strasbourg, 1992, p. 17.
Annexes
Articles connexes
Dictionnaires et encyclopédies
- Albert Châtelet, « Martin Schongauer », in Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 34, p. 3530
Articles et monographies
- André Girodie, Martin Schongauer et l'art du Haut-Rhin au XVe siècle, Paris, Plon-Nourrit, (lire en ligne)
- Christian Heck, Martin Schongauer, Ingersheim, Ed. SAEP, , 64 p. (ISBN 978-2-85669-121-2)
- Thomas Koch, « Schongauer's Dragon tree », Print Review 5, , p. 115-119
- (de) Stephan Kemperdick, Martin Schongauer. Eine Monographie, Petersberg, Imhof, , 288 p. (ISBN 978-3-937251-33-2)
- (de) Lothar Schmitt, Martin Schongauer und seine Kupferstiche, Weimar, VDG, , 226 p. (ISBN 978-3-89739-372-1)
- (de) Ulrike Heinrichs, Martin Schongauer, Maler und Kupferstecher, Munich, Berlin, Deutscher Kunstverlag, , 527 p. (ISBN 978-3-422-06555-0)
- Pantxika Béguérie-De Paepe et Magali Haas, Schongauer à Colmar, Anvers, Ludion, , 96 p. (ISBN 978-90-5544-858-6)
- Aude Briau, « Face à leur modèle. Les copies gravées d'après La Mort de la Vierge de Martin Schongauer », Les Cahiers d'Histoire de l'Art, , p. 18-33
Catalogues d'exposition
- S.R de Bussierre, Martin Schongauer - maître de la gravure rhénane, catalogue de l'exposition du Petit Palais, Paris-Musées, 1991, 272 p., (ISBN 2-87900-046-7)
Catalogues raisonnés (gravure)
- (de) Carl Heinrich von Heinecken, Neue Nachrichten von Künstlern und Kunstsachen, Dresde, Leipzig, Breitkopf, (lire en ligne), p. 410-435.
- Adam Bartsch, Le Peintre-Graveur, Vienne, J. V. Degen, , 416 p. (lire en ligne), p. 103-184.
- Johann David Passavant, Le peintre-graveur, vol. 2, Leipzig, , 303 p. (lire en ligne), p. 103-115.
- (de) Max Lehrs, Geschichte und kritischer Katalog des deutschen, niederländischen und französischen Kupferstichs im XV. Jahrhundert, vol. V, t. I : Martin Schongauer und seine Schule, Vienne, , 409 p. (lire en ligne).
- (en) Jane Campbell Hutchison, The Illustrated Bartsch, vol. 8, t. 1 : Martin Schongauer, Ludwig Schongauer and copyists, New York, Abaris Books, (ISBN 978-0-89835-107-1).
- (en) Lothar Schmitt et Nicholas Stogdon, « Ludwig Schongauer to Martin Schongauer », dans Hollstein, Friedrich W. H., Hollstein's German engravings, etchings and woodcuts 1400 - 1700, vol. 49, Amsterdam, Hertzberger, (ISBN 978-90-75607-40-6).
Œuvres de fiction
- Jean-Marie Stoerkel, L'enfer de Schongauer, Editions du Bastberg, 2016.
Liens externes
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