Mary Boleyn

Mary Boleyn (vers 1499 – ) est un membre de la famille aristocratique Boleyn, qui a joui d'une influence considérable à la cour d'Angleterre lors de la première partie du XVIe siècle.

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Mary Boleyn
Mary Boleyn, dans le style de Holbein, Hever Castle, Kent.
Titre de noblesse
Lady
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Famille
Boleyn family (en)
Père
Mère
Fratrie
Conjoints
William Stafford (en)
William Carey (de à )
Enfants
Henry Carey
Catherine Carey
Unknown male Stafford (d)
Statut
Signature

Mary fut l'une des maîtresses du roi Henri VIII, après avoir été peut-être celle de son rival le roi de France François Ier. Mariée à deux reprises, elle était la sœur aînée[1],[2] de la reine Anne Boleyn et de George Boleyn.

Biographie

Jeunesse

Fille du diplomate Sir Thomas Boleyn, premier comte du Wiltshire et de son épouse Elizabeth Howard, comtesse de Wiltshire, Mary est probablement née au château d'Hever dans le Kent. Il ne reste aucune preuve de la date exacte de sa naissance, définitivement située entre 1499 et 1508. La plupart des historiens situent sa naissance en 1499[3] et affirment que Mary était l'aînée[4]. La génération suivante de Boleyn croyait qu'elle était l'aînée ; en 1597, son petit-fils, Lord Hundson, réclame le titre de duc d'Ormonde, estimant être l'héritier légitime des Boleyn. Selon les règles très strictes de l'héritage aristocratique, si Anne avait été l'aînée, le titre serait passé à sa fille, la reine Élisabeth Ire puisque le titre se transmet en ligne directe à la femme en l'absence d'homme.

On pensait que Mary avait commencé son éducation à l'étranger en servant de compagne à Marguerite d'Autriche, mais il est maintenant clair qu'il s'agissait de sa sœur Anne. Mary a passé la majeure partie de son enfance en Angleterre. C'est seulement en 1514, qu'à l'âge d'environ 15 ans, elle fut envoyée à l'étranger. Son père lui trouva un poste de dame d'honneur auprès de la princesse Marie Tudor, qui déménageait à Paris pour épouser le roi Louis XII. Après quelques semaines à Paris, plusieurs servantes de la reine ont été priées de quitter le pays, mais Mary est restée, probablement grâce à son père, nouvellement nommé ambassadeur. Lorsque Mary d'Angleterre quitte la France à la suite du décès de son mari le , Mary Boleyn reste à la cour de François Ier.

Maîtresse royale en France

Mary a été rejointe à Paris par son père et sa sœur Anne, qui étudiait aux Pays-Bas lors de l'année précédente. Lors de son séjour comme dame d'honneur en France, Mary est probablement devenue la maîtresse de François Ier de France, qui l'a décrite plus tard dans sa vie comme « une grande putain, la plus infâme (ou tristement célèbre) de toutes »[5]. Après sa relation avec le roi, elle a probablement eu plusieurs aventures qui ont provoqué son renvoi de la cour et son retour en Angleterre[6]. Certains historiens ont mis en doute la question de la liberté de mœurs de Mary, disant qu'elle avait grandement été exagérée, mais il est généralement admis qu'elle est partiellement vraie.

Mortifiée par son comportement, sa famille est soulagée lorsqu'elle peut renvoyer Mary en Angleterre en 1519[7]. Elle prend le rôle de dame de compagnie auprès de la reine d'Angleterre Catherine d'Aragon durant les dix dernières années du mariage de celle-ci à Henri VIII.

Maîtresse royale en Angleterre

Portrait de William Carey, vers 1528.

Un an après son retour en Angleterre, Mary est mariée à William Carey le , un riche courtisan favorisé par le roi, qui était un invité au mariage. Peu de temps après, la liaison royale commence. Celle-ci reste obscure et sa durée exacte est inconnue. De plus, l'affaire n'a jamais été rendue publique et Mary n'a jamais joui ni de la popularité, ni du pouvoir, ni de la richesse d'une telle position[8]. Par la suite, certains soupçonnaient que l'un ou les deux enfants de Mary fussent du roi lui-même.

Selon John Hales, vicaire d'Isleworth, qui avait rencontré « le jeune maître Carey » âgé de dix ans, le fils de Mary avait des ressemblances avec Henry VIII. Certains moines croyaient que c'était l'enfant bâtard du roi. Il n'existe aucune preuve contemporaine qu'Henry Carey était l'enfant biologique du roi et une lecture attentive des Lettres et Papiers[9] relate la naissance de l'enfant en , date à laquelle la liaison semble avoir pris fin[10].

La première femme d'Henry VIII, Catherine d'Aragon avait été l'épouse d'Arthur Tudor, frère aîné d'Henry VIII, mort avant leur père. Ce dernier (ou Thomas Cranmer) aurait d'ailleurs utilisé cette relation par la suite dans la demande d'annulation de son mariage, se fondant sur le fait que le mariage[11] avec Arthur avait créé un « lien d'affinité » entre Henry et Catherine. Puisque Mary Boleyn avait été la maîtresse (et non la femme) d'Henry, la même affinité aurait également existé entre Henry et Anne Boleyn, la sœur de Mary. Selon le droit canon, un mariage avec la sœur d'une ancienne maîtresse aurait été illégal[12].

Montée au pouvoir d'Anne

La sœur de Mary, Anne Boleyn est retournée en Angleterre en 1522 et s'est bâti une belle popularité à la cour. Les deux sœurs ne sont pas particulièrement proches et Anne fréquente des cercles sociaux différents.

Bien que Mary soit plus attirante que sa sœur selon les canons de beauté de l'époque, Anne est plus ambitieuse et refuse ainsi les avances du roi de peur de perdre l'intérêt qu'il lui porte[13]. Le stratagème fonctionne, car au milieu de 1527 le roi est déterminé à l'épouser et hâte son divorce avec Catherine d'Aragon.

Un an plus tard, lors d'une épidémie de suette, l'époux de Mary décède ; Mary confie la garde de son fils, Henry Carey, à sa sœur Anne. Il est en effet de coutume dans l'aristocratie anglaise de placer les enfants aux bons soins des membres plus aisés de la famille, ce qui est plus que nécessaire dans le cas de Mary, car le décès de son époux la laisse couverte de dettes, et son père ne montre aucune intention de l'aider. Anne prend des dispositions pour que l'enfant soit éduqué dans un monastère renommé et intercède en faveur de Mary pour lui assurer une pension annuelle de cent livres. Celle-ci est arrêtée et ré-assignée selon le bon vouloir d'Anne[14].

Second mariage

Lors de la visite d'Anne et d'Henri VIII à Calais en 1532, Mary est l'une de dames de compagnie. Anne est couronnée reine le  ; à l'automne, Anne donne naissance à son premier enfant, une fille, la future Élisabeth Ire d'Angleterre. En 1534, alors que ses parents avaient d'influents prétendants à lui présenter, Mary épouse secrètement William Stafford, second fils de sir Humphrey Stafford, un hobereau du Hertfordshire[15], et de Margaret Fogge[16]. Lorsque Mary tomba enceinte et l'union découverte, sa famille la désavoue et le couple fut banni de la Cour par la reine Anne.

La situation financière du couple se détériore tellement que Mary est contrainte de demander au conseiller du roi, Thomas Cromwell d'intercéder en leur faveur ; cependant le roi est insensible à sa demande. Mary demanda alors à Cromwell de parler à son père, son oncle, son frère, mais tous ses appels demeurent sans réponse. À la surprise générale, c'est Anne qui répond. Elle envoie à Mary une magnifique coupe d'or ainsi qu'un peu d'argent, mais elle continue de lui dénier l'accès à la cour. Les deux sœurs n'auront jamais été plus proches que lors de cette réconciliation partielle, car elles ne se rencontreront plus entre 1534 et la mort d'Anne en 1536.

Entre 1534 et l'exécution de sa sœur le , la vie de Mary est difficile à retracer. Elle ne rend visite ni à sa mère, ni à sa sœur Anne, même lorsque cette dernière est emprisonnée à la Tour de Londres, pas plus qu'à son frère George condamné pour trahison. Il n'existe par ailleurs aucune preuve qu'elle leur a écrit. Elle a probablement cru, à l'instar de son oncle Thomas Howard, 3e duc de Norfolk, qu'il était sage d'éviter toute association avec les membres de sa famille en disgrâce.

Mary et son mari demeurent isolés et restent sur leurs terres à Rochford dans le comté d'Essex. À la suite de l'exécution d'Anne, leur mère se retire de la cour royale et meurt en réclusion un an plus tard. Sir Thomas décède l'année suivante. Après la mort de ses parents, Mary hérite de plusieurs propriétés dans l'Essex. Il semble qu'elle vit le reste de sa vie dans l'anonymat et un confort relatif avec son second époux. Elle est morte dans la quarantaine le .

Mariages et descendance

De son mariage avec William Carey ( – 1529) naissent deux enfants :

De son mariage avec sir William Stafford († ) naissent également deux enfants :

  • Anne Stafford (1534 – ?) probablement appelée ainsi en l'honneur de la reine Anne ;
  • Edward Stafford (1535 – 1545).

Mary Boleyn est une ancêtre lointaine de plusieurs personnalités de l'histoire récente, dont Winston Churchill, Pelham Grenville Wodehouse[17],[18], Elizabeth Bowes-Lyon, Diana, princesse de Galles, Sarah, duchesse d'York et la reine Élisabeth II et ses enfants et petits-enfants, ainsi que de Kate Middleton.

Dans la fiction

Littérature

  • (en) The Secret Diary of Anne Boleyn par Robin Maxwell
  • (en) I, Elizabeth par Rosalind Miles
  • (en) The Rose of Hever par Maureen Peter
  • (en) The Lady in the Tower par Jean Plaidy
  • (en) Mistress Anne par Norah Lofts
  • (en) Anne Boleyn par Evelyn Anthony
  • (en) Dear Heart, How Like You This? par Wendy J. Dunn
  • (en) Young Royals: Doomed Queen Anne par Carolyn Meyer
  • (en) Court Cadenza (plus tard réédité sous le titre The Tudor Sisters) par l'auteur britannique Aileen Armitage
  • (en) The Last Boleyn par Karen Harper
  • (en) The Other Boleyn Girl par Philippa Gregory[19]

Cinéma

Séries télévisées

Articles connexes

Notes et références

  1. (en) Jonathan Hughes, « Stafford, Mary (c.1499–1543) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press,
  2. Il n'y a pas de preuve des dates de naissance des sœurs Boleyn.
  3. Ives 2004, p. 15-17
  4. Ives 2004, p. 17 ; Fraser 1992, p. 119 et Denny 2004, p. 27 : tous trois sont d'avis que Mary était l'aînée.
  5. State Papers of Henry VIII, vol. X, 450, 10 March, 1536 ; Henry VIII, King & Court, Alison Weir, Jonathan Cape, 2001, p. 221 ; The Rise and Fall of Anne Boleyn, Retha M. Warnicke, Cambridge University Press, 1989, p. 46 : François Ier y décrit Mary Carey comme « una grandissima ribalda et infame sopre tutte ».
  6. Denny 2004, p. 38
  7. Bruce 1972, p. 13
  8. Weir 1991, p. 133-134
  9. Une collection de documents qui a survécu jusqu'à notre époque
  10. Letters & Papers viii. p. 567 et Ives 2004, p. 16-17
  11. Catherine d'Aragon a toujours nié avoir consommé le mariage avec Arthur Tudor.
  12. Ives 2004, p. 354.
  13. Weir 1991, p. 160
  14. Lindsey 1995, p. 73
  15. 'Parishes: Cottered', A History of the County of Hertford: volume 3 (1912), p. 226–232.
  16. Richardson IV 2011, p. 64.
  17. Charles Mosley, Burke's Peerage and Baronetage, 107th edition
  18. thePeerage.com - Person Page 3638
  19. Gregory a désigné Mary comme son héroïne personnelle dans une entrevue au BBC History Magazine ; son livre a été un best-seller et est le premier d'une série de cinq consacrés à l'histoire des Tudor. Toutefois, il demeure controversé auprès des historiens qui lui reprochent d'avoir pris une trop grande liberté. Le film tourne principalement autour des manigances de Thomas Boleyn et de son beau-frère pour mettre, à tour de rôle, leurs filles et nièces dans le lit du roi dans le but d'attirer ses faveurs sur leur famille. Il y est principalement question de l'exploitation des femmes à la cour des rois pour satisfaire l'ambition d'une famille.

Sources

  • (en) Eric Ives, The Life and Death of Anne Boleyn,
  • (en) Joanna Denny, Anne Boleyn : A new life of England's Tragic Queen,
  • (en) Karen Lindsey, Divorced Beheaded Survived : A Feminist Reinterpretation of the Wives of Henry VIII,
  • (en) Lady Antonia Fraser, The Wives of Henry VIII,
  • (en) Alison Weir, The Six Wives of Henry VIII,
  • (en) Marie-Louise Bruce, Anne Boleyn,
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