Massacre des falaises de Korićani
Le massacre des falaises de Korićani se réfère au meurtre de 200 hommes bosniaques, perpétré le sur les falaises de Donji Korićani (Korićanske stijene), situées sur le mont Vlašić, en Bosnie-Herzégovine, durant la guerre de Bosnie-Herzégovine. Les responsables du massacre, une unité de police de réserve serbe provenant de la ville de Prijedor (nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine), auraient également commis d’autres crimes dans la région, dont certains contre des Serbes locaux[1].
Le massacre
Le , un groupe important de personnes libérées du camp de Trnopolje fut emmené au centre de la Bosnie-Herzégovine, sur le territoire contrôlé par le gouvernement bosnien. Toutefois, à la hauteur du mont Vlašić, plus de 200 hommes furent séparés du groupe, et embarqués à bord de deux bus par un groupe de policiers et de paramilitaires serbes de Bosnie. Cette unité, provenant de Prijedor, était connue sous le nom de « Brigade d’intervention », ses membres étant parfois également appelés « les Souris » ou « les Bérets rouges »[1].
Les policiers dirent aux hommes qu’ils allaient être échangés contre des prisonniers aux mains des forces gouvernementales. Au lieu de cela, les hommes furent menés au bord d’une falaise à Korićani, où ils furent fusillés et poussés dans le ravin, d’une profondeur d’une centaine de mètres. Une liste partielle des victimes a été établie[2].
Douze hommes survécurent à la fusillade et à la chute. Sept d’entre eux furent retrouvés par des membres de l’armée de la République serbe de Bosnie, qui établirent un rapport faisant mention d’« un crime terrible commis contre des civils ». Les prisonniers ne furent néanmoins pas libérés immédiatement, et certains furent encore victimes de sévices alors même qu’ils étaient traités pour leurs blessures à l’hôpital de Paprikovac. Le , ils furent finalement rendus au Comité international de la Croix-Rouge.
Medo Sivac, rescapé du massacre âgé de 18 ans lors des faits, rapporte qu’après que les hommes furent séparés du groupe, « alors que le reste du convoi partait pour Travnik, les policiers nous dépouillèrent de nos valeurs, bijoux, argent, montres… le trajet en direction des falaises de Korićani était insupportable, nous étions beaucoup trop nombreux entassés à bord des bus ».
Après un quart d’heure, les deux bus arrivèrent aux falaises. Les prisonniers du premier bus furent d’abord évacués un par un, puis abattus. Lorsque la moitié des hommes eurent été tués de cette sorte, le reste des passagers furent ensuite évacués et exécutés par groupes de trois.
Silvac raconte : « Dans le second bus, nous avons tous été déchargés d’un coup, et alignés sur le côté gauche de la route, face à la falaise. On nous a ensuite ordonné de nous aligner sur le bord de la falaise, et de nous y agenouiller. Ensuite, l’horrible fusillade a commencé. Je suis tombé dans le ravin. Je n’ai pas perdu connaissance, mais j’ai soudain senti que les buissons accrochés à la falaise avaient interrompu ma chute. Je m’y suis réfugié, m’enfonçant autant que possible dans le buisson pendant la nuit. Le matin, je suis parvenu à descendre, et me suis réfugié dans la forêt voisine. J’ai ensuite entendu des personnes venir brûler les cadavres[1]. »
Avant de partir, les policiers tirèrent sur les corps depuis le bus, et leur lancèrent des grenades[1].
Les suites
En 1999, Zeljko Kopanja, rédacteur en chef du journal serbe bosnien Nezavisne Novine[3], qui avait enquêté sur le massacre et publié plusieurs articles[1] à ce sujet, échappa à un attentat à la bombe[4].
Le meneur des assassins, Darko Mrda[5], fut arrêté en 2002[6], et condamné en 2004 à 17 ans de prison pour deux chefs de crimes contre l’humanité (extermination et actes inhumains), et pour un chef de violations des lois ou coutumes de la guerre (meurtre), incluant la massacre de Korićani[7].
Mrda aurait reçu l’ordre de commettre ce massacre de Simo Drljaca, chef de la police de Prijedor, qui fut tué par des soldats de la SFOR alors qu’ils tentaient de l’arrêter, en 1997[8].
Le procès de huit anciens membres de la Station de sécurité publique de Prijedor et de la Brigade de police d’urgence, inculpés pour les crimes commis sur les falaises de Korićani, s’est ouvert le devant la Cour d’État de Bosnie-Herzégovine[9].
Damir Ivankovic[10], Zoran Babic[11], Gordan Djuric[12], Milorad Radakovic[13], Milorad Skrbic[14], Ljubisa Cetic[15], Dusan Jankovic[16] et Zeljko Stojnic[17] sont inculpés pour crimes contre l’humanité. Ils sont accusés d’avoir participé à l’organisation et à l’escorte d’un convoi composé d’environ 1 200 civils croates et bosniaques qui devaient être échangés le .
Selon l’acte d'accusation, environ 200 hommes auraient été séparés des autres à la hauteur du mont Vlašić. Ils auraient ensuite été abattus par armes automatiques au bord des falaises de Korićani. L’acte d’accusation rapporte que douze hommes ont survécu au massacre. Seuls quatre corps ont été identifiés à ce jour[18].
Les familles de la plupart des victimes n’ont reçu aucune information sur le sort de leurs proches. Les cadavres auraient été enterrés dans plusieurs charniers dispersés en Bosnie-Herzégovine à la suite du massacre, mais ceux-ci n'ont jamais été localisés. Plus de 16 ans après les faits (), aucune enquête d'envergure n’a été ouverte par les autorités pour retrouver les personnes disparues ou leurs corps. En , le Centre d’action juridique de TRIAL (Track Impunity Always) a saisi la Cour européenne des droits de l’homme de six affaires relatives à la disparition de huit hommes disparus lors du massacre du mont Vlašić[19].
Dans la culture populaire
- Joe Sacco a fourni un bref récit du massacre dans son ouvrage Safe Area Gorazde.
Notes et références
- PDF de www.cpj.org
- Page 12 du PDF de www.cpj.org
- www.nezavisne.com
- « The Price Of The Truth », The Independent, 9 février 2001
- www.trial-ch.org
- Statement by the Secretary General of NATO on SFOR's Detention of Indicted War Criminal Darko Mrda, OTAN, 13 juin 2002
- Bosnian Serb jailed for massacre, BBC News, 31 mars 2004
- Human Rights Watch Applauds NATO Efforts to Apprehend War Criminals, Human Rights Watch, 1997/07/10
- www.bim.ba
- www.trial-ch.org
- www.trial-ch.org
- www.trial-ch.org
- www.trial-ch.org
- www.trial-ch.org
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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