Michel Bernanos

Michel Bernanos est un écrivain français né le à Fressin (Pas-de-Calais). Il utilisa notamment les noms de plume Michel Talbert et Michel Drowin.

Pour les articles homonymes, voir Bernanos (homonymie).

Michel Bernanos
Biographie
Naissance
Décès
Pseudonymes
Michel Talbert, Michel Drowin
Nationalité
Activités
Père
Mère
Jehanne Bernanos (d)
Fratrie
Yves Bernanos (d)
Jean-Loup Bernanos (d)
Conjoint
Sylviane Bernanos (d)
Enfant
Jehanne-Chantal Bernanos

Poète et auteur de romans fantastiques et policiers, il vécut au Brésil dans les états du Minas Gerais au cours de l'adolescence, puis de l'Amazonas après guerre. Il y fera évoluer un grand nombre de ses personnages romanesques.

A tout juste 19 ans, il s'engageait dans les Forces Navales Françaises Libres[1] et participait ainsi au débarquement allié du 6 juin 1944 ainsi qu'à la bataille navale de Normandie qui s'achevait en août 1944. L'intégralité de son œuvre sera profondément marquée par son vécu sur ces années de guerre, en particulier La Montagne Morte de la Vie.

Une vitrine lui est consacrée au Musée Militaire de l'Ordre de la Libération comprenant son uniforme, son acte d'engagement du 11 mars 1943 ainsi que divers documents militaires personnels.[2]

Il décède le 27 juillet 1964 à Fontainebleau[3].

La plupart de ses œuvres sont publiées à titre posthume.

Biographie

Enfance

Michel Bernanos a eu une enfance libre et mouvementée, vivant au rythme des déménagements successifs de ses parents, Jehanne Talbert d'Arc et Georges Bernanos[4].

Il naquit le 20 janvier 1923 à Fressin (Pas-de-Calais), puis vivra près de Hyères à La Bayorre de juillet 1931 à octobre 1934.

La famille s'installe ensuite à Majorque (Espagne) en 1934 puis ils embarquent à Marseille pour rejoindre le Paraguay (Amérique du Sud) et in fine, le Brésil, pays dans lequel ses parents tiennent successivement trois Fazendas (Vassouras, Pirapora et enfin Barbacena dans l'état du Minas Gerais).

Le jeune Michel Bernanos découvre la beauté des paysages du Brésil et la liberté des grands espaces. Spécialisé dans le dressage des poulains, il y mène une vie de cavalier auprès des vachers, apprenant à monter comme les gauchos sans selle ni éperons. Il est raconté qu'il lui arrivait d'effectuer dans une journée de dix heures 150 kilomètres sur des bêtes que l'on ne montait que tous les trois jours pour ne pas les épuiser totalement[5].

La splendeur des paysages de l'état du Minas Gerais se retrouvera notamment dans L'envers de l'Eperon agrémenté de l'univers fantastique qui caractérise les œuvres de l'auteur.

Les Forces Navales Françaises Libres

En septembre 1942, à tout juste 19 ans et une fois l'accord de son père obtenu car encore mineur, Michel Bernanos répond à l'Appel du Général de Gaulle et s'engage dans les Forces Navales Françaises Libres.

Michel Bernanos rejoint ainsi Londres via le Melbourne Star de la Blue Star Line au 30 janvier 1943, bateau de la marine marchande qui connaitra par ailleurs un destin tragique seulement 2 mois plus tard car il sera coulé par une torpille ennemie dans l'océan atlantique (il ne restera que 4 survivants sur les 116 membres de l'équipage)[6].

Une fois à Londres, il suit quelques mois de formation par les Casernes SURCOUF et BIR-HAKEIM qui sont nécessairement rapides à la vue du besoin urgent de nouvelles recrues.[7] Michel Bernanos sera affecté au Chasseur de sous-marins 12 - BENODET en tant que Matelot chargé de l'armement et opérateur radar[8].

Les principales missions du Chasseur 12 consistaient à patrouiller dans la Manche et convoyer les bateaux russes jusque dans les Fjords de Norvège occupés à la suite de l'opération Barbarossa. Le Chasseur 12 prendra également part au débarquement allié du 6 juin 1944 sur les bords de la plage d'Omaha Beach[9] ainsi qu'à la bataille navale de Normandie qui s'en suivra jusque mi-août 1944[10].

Il sera ensuite désigné Garde du Corps de l'Amiral Muselier parallèlement à son affectation à la Mission Militaire des Affaires Allemandes dans le Paris d'après guerre[11].

En 1946, il retourne au Brésil, à Manaus (Amazonas), et y occupe un emploi de contrôleur dans une exploitation d'Hévéas principalement destinée à l'extraction du caoutchouc tout en participant à des expéditions dans la forêt amazonienne.[12] L'univers romanesque du Murmure des dieux en sera grandement inspiré.

Il retourne en France courant juillet 1948 afin de rejoindre son père tombé gravement malade, et ne quittera plus le pays depuis lors.

L'écriture comme exutoire

C'est ainsi qu'il commencera à rédiger l'intégralité de son œuvre en quatre années seulement tout en occupant divers emplois dont celui de rédacteur au Dictionnaire des Œuvres de Robert Laffont.

Souhaitant se distinguer de son père, il utilisera différents noms de plume: Michel Talbert puis Michel Drowin.

Son œuvre la plus connue est incontestablement La Montagne Morte de la Vie, que nous pouvons analyser une fois la vie de l'auteur étudiée comme un véritable hommage aux soldats atteints du mal de guerre.

Jugé de santé fragile au retour de la guerre[13], Michel Bernanos rencontrait des difficultés à réintégrer une vie civile classique comme beaucoup de soldats de l'époque qui ont ainsi sacrifié leur jeunesse pour leur patrie. A la lecture de ses œuvres, il apparait clairement que l'écriture en fut son principal exutoire.

Beaucoup de soldats revenants de la seconde guerre rencontraient ainsi des difficultés identiques, intitulée pudiquement à l'époque mal de guerre, elles sont identifiées de nos jours par le syndrome de stress post traumatique. Les soldats de l'époque ne bénéficiaient bien souvent d'aucune prise en charge.

Michel Bernanos se donnait ainsi le mort au 27 juillet 1964, son corps sera retrouvé au pied d'un arbre dans la forêt de Fontainebleau sur la route Amélie en direction de la Croix du Calvaire, près d'Avon[14].

Résumés d'œuvres littéraires

La Montagne Morte de la vie

Récit écrit en 1963 à Gentilly. Court, il se divise néanmoins en deux parties distinctes. La première partie ressemble dans ses débuts à un roman maritime. Un garçon de 18 ans embarque sur un navire, où il est d'abord tyrannisé par les autres membres de l'équipage, puis pris sous l'aile du cuisinier, Toine. Le bateau se trouve ensuite bloqué au niveau de l'équateur pendant des semaines, et s'ensuivent des scènes effroyables. Le galion finit par sombrer dans une tempête, laissant le protagoniste et son ami Toine seuls à la dérive dans la mer. Commence alors la seconde partie, qui s'imprègne beaucoup plus de fantastique. Les deux personnages principaux s'échouent sur une île des plus mystérieuses, où la couleur prédominante semble être le rouge. Il s'agira alors d'atteindre, malgré toutes les embûches parsemées dans ces lieux inconnus qui respirent la mort, l'autre côté de la montagne qui s'étend au loin, seul espoir éventuel de survie pour un humain.

Michel Bernanos laisse transparaître dans son texte une vision de la nature humaine, du monde et de la mort originale et angoissée, mais aussi empreinte d'une rare beauté dans l'expression de son témoignage halluciné.[Interprétation personnelle ?]

Le Murmure des dieux

Récit qui se déroule en Amazonie, à proximité de Manaus. Un jeune ingénieur arrive au Brésil afin de travailler pour le propriétaire d'une société de bois précieux. Ce personnage se verra finalement contraint d'accepter la mission contre son gré, et sera ainsi embarqué avec d'autres protagonistes à la recherche d'un trésor caché au cœur du pays de l'Arbre Dieu. L'auteur embarque ainsi le lecteur dans une expédition en pleine forêt amazonienne, le tout agrémenté d'aventures mortelles et d'une histoire d'amour impossible.

L'envers de l'Eperon

Une course poursuite effrénée entre deux frères dans l'état du Minas Gerais, dont l'un est chargé de tuer le second pour le compte d'un grand propriétaire terrien. Les personnages évoluent dans un univers mêlant fantastique et réalité, se retrouvant in fine dans une ville abandonnée des hommes, la nature ayant repris totalement ses droits.

La Grande Bauche

Une vielle tante aigrie converti son patrimoine en pièces d'or et les cache dans son grand manoir lugubre perdu au milieu de nulle part. Son testament spécifie que ce sera celui des héritiers qui le trouvera qui pourra en disposer. S'ensuivent des meurtres non élucidés et une maison qui se transforme en de véritables sous-sols dignes d'un Indiana Jones: des flèches sortent des tableaux, des couteaux du plafond, on entend des pas dans les murs comme si une personnes pouvait les traverser.

La Neige qui Tue

Un commissaire de police assiste au décès de sa sœur ayant fait une overdose de cocaïne causée par le chef d'un cartel de drogue brésilien. Il décide de le poursuivre mais se verra ainsi mêler à des affaires qu'il n'avait pas anticipé. Un homme se ferait passer pour lui auprès des services de police, en profitant ainsi pour causer des meurtres en tous genres.

Liste des œuvres de Michel Bernanos

Principales œuvres de Michel Bernanos publiées sous ses noms de plume Talbert et Drowin, puis sous le nom Bernanos à titre posthume[15]:

Romans fantastiques

  • La Montagne Morte de la Vie [Michel Bernanos]: dernière publication de l'Arbre Vengeur, Préface de Juan Asensio, 2017, 219 p.
  • Le Murmure des dieux [Michel Bernanos]: dernière publication de l'Arbre Vengeur, Préface de Sébastien Lapaque, 2021, 263 p.
  • L'envers de l'Eperon [Michel Bernanos]: dernière publication de l'Arbre Vengeur, Préface de Jean-François Merle, 2018, 221 p.

Traductions de La Montagne Morte de la Vie

  • The other side of the Mountain, traduit par Elaine P. Halperin (England and United-States), Cherokee Publ. 2007, 107 p.
  • The other side of the Mountain, traduit par Gio Clairval (England and United-States), Tor Books, Ann and Jeff VanderMeer, Mai 2012, in The Weird, a compendium of strange and dark stories, 1152 p.
  • Al otro lado de la Montana, traduit par Ediciones Valdemar (Espana), in Estado de Alarma: antologia de relatos para un confiniamento, Coll. El club diogenes, 2021, 800 p.
  • Terra Infernalis, traduit par Eric Hauser (Deutschland), Waldgut Verlag, 2009, 144 p.
  • La Montana morta della Vita, traduit par Diana Artom (Italia), Valentino Bompiani, 1970, 45 p.
  • A Montanha morta da Vida, traduit par Maria do Carmo Santos (Portugese), Publicacoes Europa-America, 1977, 107 p.
  • বাংলাদেশ শিশু একাডেমি, traduit par Abdar Rachid (Bengladesh), Académie de Sishu du Bengladesh, 60 p.

Romans policiers

Tous sous la dernière publication de Fleuve Noir, in "On lui a fait mal - Romans policiers", Préface de Hubert Sarazin, 1993, 713 p :

  • La Grande Bauche [Michel Talbert]
  • Les Nuits de Rochemaure [Michel Talbert]
  • Le Mort veille [Michel Talbert]
  • La Neige qui tue [Michel Bernanos
  • On lui a fait mal [Michel Bernanos]

Contes et Nouvelles

Sous la dernière publication de Fleuve Noir, in "On lui a fait mal - Romans policiers", Préface de Hubert Sarazin, 1993, 713 p:

  1. La Parole donnée [Michel Talbert]
  2. La Forêt complice [Michel Drowin]
  3. Le cri des oiseaux [Michel Bernanos]
  4. La Prière à l'Etoile [Michel Bernanos]
  5. La tempête [Michel Bernanos]
  6. Le Passage [Michel Bernanos]
  • Ils ont déchiré son image [Michel Bernanos]: dernière publication sous "La Montagne Morte de la Vie, suivie de Ils ont déchiré son Image", l'Arbre Vengeur, Préface de Juan Asensio, Postface de Dominique de Roux, 2017, 219 p.
  • Un conte de Noel: Le petit bonhomme en rouge: dernière publication in Les Cahiers Bleus, n°46, Librairie Bleue, 1989, p.20

Recueils de Poésies

  • "Michel Bernanos, un Pélerin de l'Absolue", recueil de poèmes, présentation de Pierrette Sartin, Agessac, Editions Associatives Clapas, circa 1997, 7p., Coll. "France Lippée", n°105 (11ème série)
  • In Les Cahiers Bleus n°46: "Michel Bernanos", recueil de poèmes, Librairie Bleue, Hiver 1988-1989 (1er Trim. 1989)
  • "Au devant de vous", recueil de poèmes [Michel Bernanos], Librairie Bleue, 1984, 83 p., Textes établis par Sylvianne Bernanos, Préface de William Bush
  • "Drôle de Monde que le Monde de mon Père", recueil de poèmes [Michel Bernanos], Librairie Bleue, 1987, 96 p., Textes établis par Sylvianne Bernanos, Préface de Dominique Daguet
Articles
  • "Pierre Bourdan, Leclerc, mon père..." [Michel Bernanos]: dernière publication in Album Pierre Bourdan - 50ème anniversaire de la Libération/ Album réalisé par Hélène Vercors-Bourdan et Jacqueline Maltret
  • "Pas d'hommage pour Cadou, du respect" [Michel Bernanos]: dernière publication in Les Cahiers Bleus, n°46, Michel Bernanos, 1989, p.1

Biographies publiées sur l'auteur

  • Salsa Bertin, Michel Bernanos, l’insurgé, Éditions de Paris, 2005
  • Sylvianne Bernanos, Hommes et destins, Académie des sciences d'Outre-Mer, 10 avril 1984, p. 53 à 55 - 573 p.

Notes et références

  1. « Michel Bernanos - Les Français Libres », sur www.francaislibres.net (consulté le )
  2. Les Cahiers Bleus, Michel Bernanos, Librairie Bleue, , 151 p., p. 23
  3. « Michel Bernanos, fils de l'écrivain, découvert mort dans la forêt de Fontainebleau », Nice Matin,
  4. Jean-Loup Bernanos, Georges Bernanos à la merci des passants, Plon, , 505 p. (ISBN 2-259-01432-1)
  5. Salsa Bertin, Michel Bernanos: L'insurgé, Editions de Paris, , 246 p. (ISBN 2-85162-093-2)
  6. « Lest We Forget - Friday 2nd April 1943 - MV Melbourne Star was sunk by enemy torpedo in the Atlantic Ocean », sur melbournestar.co.uk
  7. Jean-Charles Stasi, Les Marins Français du Jour J - FNFL NORMANDIE 44, HEIMDAL, , 96 p.
  8. « Liste des marins FNFL - Michel Bernanos : Matelot Canonnier - Date de ralliement sept.1942 - Date d'engagement : 11 mars 1943 - Matricule : 779 FN42 - Grade : Matelot Canonnier - Caserne SURCOUF - Caserne BIR-HAKEIM - Chasseurs », sur France-Libre.net,
  9. Librairie Bleue, Michel Bernanos, Les Cahiers Bleus, 1er trim. 1989, 151 p., Jean Livet : La Grande Aventure de la France Libre, p.21
  10. Librairie Bleue, Michel Bernanos, Les Cahiers Bleus, 1er trim. 1989, 151 p., Jean Livet : La Grande Aventure de la France Libre, p.22
  11. Sylvie Lefevre, Les relations économiques franco-allemandes de 1945 à 1955, Institut de la Gestion publique et du développement économique, , 527 p. (lire en ligne), Chapitre II - La politique économique de la France dans sa zone occupée
  12. Sylvianne Bernanos, Hommes et Destins, Académie des sciences d'Outre-Mer, , 573 p. (ISBN 2-900098-05-X), p. 53 à 55
  13. « Michel Bernanos, fils du grand écrivain, trouvé mort en forêt de Fontainebleau », Le Figaro,
  14. « Michel Bernanos, fils de l'écrivain, est découvert mort en forêt de Fontainebleau », Le Monde,
  15. Bibliothèque Nationale de France, « Michel Bernanos (1923-1964) », sur data.bnf.fr (consulté le )

Liens externes

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