Mikhaïl Prokhorov
Mikhaïl Dmitrievitch Prokhorov (en russe : Михаил Дмитриевич Прохоров), né le à Moscou, est un homme d'affaires russe, ce que l'on appelle en Russie un oligarque. Il est aussi un homme politique et le propriétaire de l'équipe de basket-ball des Nets de Brooklyn.
Pour les articles homonymes, voir Prokhorov.
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Distinctions | Liste détaillée Certificat du mérite du président de la fédération de Russie Ordre de saint Daniel de Moscou, deuxième classe (d) () Ordre de l'Amitié () Chevalier de la Légion d'honneur () Ordre du Mérite pour la Patrie - 1re classe (d) () |
Famille et formation
Il est né le . Son père, Dimitri, travaillait pour le Comité d'État soviétique des sports et sa mère, Tamara dans la recherche scientifique[1]. Dimitri est issu d'une famille de riches paysans de Sibérie. Il a une sœur aînée, Irina, universitaire spécialiste de la littérature anglaise[2].
Prokhorov est titulaire d'un diplôme de la faculté des relations économiques internationales[3] de l'Institut d'État des finances de Moscou (1984-1989)[4].
Carrière financière
Entre 1989 et 1992, il est chef de département dans la Banque internationale pour le commerce extérieur du Comecon. Après 1992, il intègre le secteur privé. Il préside le conseil d’administration de la banque privée Compagnie Internationale Financière de 1992 à 1993, puis le conseil d'administration de la banque privée ONEXIM depuis 1993.
En 1993, Prokhorov fait l'acquisition avec son compatriote Vladimir Potanine de Norilsk Nickel grâce à la banque Onexim, profitant comme tous les oligarques de la privatisation de nombreuses entreprises et conglomérats russes avec la chute de l'URSS. Il tire ainsi sa fortune de son investissement dans le géant russe du nickel Norilsk Nickel dont il est alors le PDG.
Mikhaïl Prokhorov est arrêté le dans la station de ski de Courchevel avec 25 autres personnes dans le cadre d'une enquête sur un réseau présumé de prostitution. Une information judiciaire le visant est ouverte en , et Prokhorov obtient un non-lieu en 2009[5],[6],[7].
Après l'histoire de Courchevel, les relations entre Mikhaïl Prokhorov et Potanine, s'enveniment. Potanine engage une procédure de « divorce » économique d’avec Mikhaïl Prokhorov[8]. Cette procédure est très complexe et donne depuis 2007 lieu à plusieurs litiges entre les deux milliardaires[9]. En , Prokhorov est écarté du poste de PDG de Norilsk au profit de Potanine.
Mikhaïl Prokhorov est président du conseil d’administration de la compagnie Polyus Gold entre 2006 et 2013 et président de Onexim Group depuis 2007[1]. Il est aussi membre du conseil d’administration de MMC Norilsk Nickel depuis . Il contrôle aussi la moitié du capital de la première banque d'affaires russe et RBC Information Systems, un conglomérat médiatique[10].
Mikhaïl Prokhorov détient aussi une partie du capital du journal Rousskyi pionner[6].
En , Mikhaïl Prokhorov est fait chevalier de la Légion d'honneur[2] pour les succès industriels d'Onexim avec les groupes français Dalkia et Bolloré (projet de voiture électrique) ainsi que ses activités philanthropiques[11],[6].
À partir de fin 2012, Mikhaïl Prokhorov se désengage peu à peu de ses activités dans le secteur des matières premières et de l'industrie tout en se renforçant dans le secteur financier (en prenant le contrôle de Renaissance Capital, une banque d'investissement). Il vend ses parts (37,8 %) dans Polyus Gold en à un groupe d'investisseurs dirigé par le milliardaire Suleiman Kerimov pour environ 3,6 milliards de dollars[4],[12].
Politique
En 2010, Mikhaïl Prokhorov, en tant que directeur du Comité pour le marché du travail et les stratégies d'emploi de l'Union des industriels et entrepreneurs de Russie (le syndicat patronal russe), propose d'allonger la semaine de travail à 60 heures. Les autorités russes réagissent, affirmant que la durée légale resterait au maximum actuel de 40 heures (plus éventuellement 20 heures pour un second emploi)[13].
En , Prokhorov accepte de prendre la présidence du parti politique russe Juste Cause[14]. Cette décision est interprétée comme un soutien à la candidature de Dmitri Medvedev en 2012 en lui attirant l'électorat « du monde de l’entreprise et de la jeunesse qui rêve de réussite matérielle »[15],[16]. Il est élu à la présidence du parti le .
Prokhorov se fixe comme objectif de placer Juste Cause à la deuxième place lors des élections législatives de fin 2011[17]. Il promet la possibilité, pour les Russes, de voyager sans visa en Europe, en signant la convention de Schengen ainsi que le remplacement du rouble par l'euro[18].
En , il est évincé de la présidence du parti Juste Cause. D'abord analysé comme une tentative médiatique de faire croire qu'il est indépendant du Kremlin, ce renversement est ensuite diversement analysé, soit comme la volonté du Kremlin d'écarter un opposant[19], soit comme une révolte des anciens caciques du parti laissés sur la touche[20].
Le , il annonce sa candidature à l'élection présidentielle de 2012 en Russie[21]. Il finit 3e et obtient 7,98 % des voix.
À l'été 2012, il lance un nouveau parti politique, nommé « Plateforme citoyenne »[4]. Le , Evgueni Roïzman, opposant à Vladimir Poutine et soutenu par le parti, est élu maire de Iekaterinbourg, quatrième ville du pays[22].
Estimation de la fortune
En 2008, Mikhaïl Prokhorov est à la tête d'une fortune de 19,5 milliards de dollars, ce qui le place à la 24e place de la liste des milliardaires du monde en 2008[23] d'après le magazine Forbes.
À la suite du divorce d’avec son ex-partenaire en affaires Potanine et de la crise économique mondiale, la fortune de Mikhaïl Prokhorov a été estimée en 2009 à 9,5 milliards de dollars[24] d'après le magazine Forbes; il a perdu en une année presque la moitié de son immense fortune. Il descend à la 40e place des gens les plus riches du monde et occupe la première place parmi tous les milliardaires russes.
En 2010, Prokhorov grimpe une marche pour se placer 39e sur l’échelle mondiale des milliardaires avec 13,4 milliards de dollars de fortune personnelle, estimée selon Forbes[25].
Sport
Sportif et joueur de basket-ball (il mesure 2 mètres[7]), Prokhorov est depuis 2009 le propriétaire de la franchise de la NBA des Nets du New Jersey (devenus ensuite les Nets de Brooklyn) après un investissement de 200 millions de dollars[4]. Il finance la construction de leur nouvelle salle, dans le quartier de Brooklyn. Ce projet porterait sur une somme de 700 millions de dollars. Il gère les Nets avec deux autres actionnaires : Bruce Ratner et Jay-Z[4].
Mikhaïl Prokhorov est ambassadeur de Peace and Sport, organisation internationale basée à Monaco et œuvrant pour la construction d'une paix durable grâce au sport[26].
Il a dirigé le club de basket CSKA de Moscou[2].
De 2008 à 2014, Mikhaïl Prokhorov est président de l'Union russe de biathlon[27].
En 2017, Prokhorov vend 49 % des parts des Nets de Brooklyn à Joseph Tsai. Prokhorov reste l'actionnaire majoritaire des Nets mais la vente comprend une clause permettant à Tsai d'acquérir la majorité en 2021. Cette vente ne comprend pas le Barclays Center, la salle des Nets, dont Prokhorov est aussi propriétaire[28].
Mécénat
Mikhaïl Prokhorov fonde en 2004 une organisation non lucrative et non commerciale « Fondation philanthropique Mikhaïl Prokhorov » pour réaliser les projets à long terme et socialement importants dans les domaines de la culture et de l’éducation dans la région de Krasnoïarsk en Sibérie centrale[29]. Cette fondation est dirigée par sa sœur Irina Prokhorova[6].
Controverses
Villa Leopolda
En , Prokhorov se porte acquéreur de la villa Leopolda à Villefranche-sur-Mer, appartenant à Lily Safra, veuve du milliardaire suisse d'origine libanaise Edmond Safra. Le coût estimé de la villa est alors de 390 millions d'euros ce qui en fait la villa la plus chère au monde. Il dépose une caution de 39 millions d'euros puis renonce finalement à cet achat après le retournement du marché immobilier mondial[30].
La presse prétend que le coût de l'achat est de 496 millions. Prokhorov a longtemps nié avoir voulu acheter la villa[31].
Le , le tribunal de grande instance de Nice décide que la propriétaire, Lily Safra, conserve les 39 millions d'euros d'arrhes. À cette occasion on apprend que le montant de la vente était de 370 millions d'euros[32].
Procès contre Grigory Rodchenkov
Le , il est rapporté que Prokhorov avait versé à un athlète olympique russe des millions de roubles en argent caché pour ne pas révéler le schéma de dopage élaboré par la Russie. Prokhorov dirigeait l'Union de biathlon russe de 2008 à 2014 et offrait des services juridiques aux biathlètes russes disqualifiés[33].
Après la suspension de la Russie des Jeux olympiques d'hiver de 2018 et le retrait des médailles de plusieurs athlètes russes, Prokorov a accepté en de financer un procès en diffamation à New York contre Grigory Rodchenkov, l'ancien cerveau du programme de dopage olympique parrainé par l'État russe. La poursuite affirme que Rodchenkov a diffamé trois biathlètes russes - Olga Zaïtseva, Iana Romanova et Olga Vilukhina - lorsque Rodchenkov les a inclus sur une liste d'athlètes ayant pris des drogues améliorant la performance dans le cadre d'un programme contrôlé par l'État qui a corrompu les Jeux olympiques d'hiver de 2014 à Sotchi. Les femmes, dépossédées de la médaille d’argent remportée dans le cadre du relais, réclament dix millions de dollars de dommages et intérêts[34].
En , Rodchenkov, par l'intermédiaire de son avocat, Jim Walden, a attaqué Prokhorov en vertu de la loi anti-SLAPP de New York, affirmant que la plainte de Prokhorov était frivole et visait à limiter les droits d'un individu au premier amendement. Selon des rapports publiés, la poursuite avait pour but de faire connaitre les noms d'autres personnes qui financent le procès contre Rodchenkov, ainsi que des informations sur les avoirs de Prokhorov[35].
Walden a déclaré qu'il pensait que le procès intenté par Prokhorov avait pour but de révéler où se trouvait Rodchenkov aux États-Unis et de permettre aux agents du gouvernement russe de le retrouver[36].
Notes et références
- (en-GB) « Profile: Mikhail Prokhorov », BBC, (lire en ligne, consulté le )
- Le Point magazine, « La vie dorée de Prokhorov », sur Le Point, (consulté le )
- (ru) Site des anciens élèves de la faculté MEO de l'IFM
- (en) Katya Soldak, « Russian Billionaire Mikhail Prokhorov: From Oligarch To President? », Forbes, .
- (ru) Arrestation de Prokhorov à Courchevel.
- « Mikhaïl Prokhorov décoré de la Légion d'honneur », .
- « Un Russe se paie la villa la plus chère du monde », Le Figaro, .
- (ru) Prokhorov et Potanine divorcent.
- (ru) Prokhorov vs Potanine.
- « Mikhail Prokhorov : "J'aime l'énergie des Français" », La Tribune, .
- « Remise à M. Mikhaïl Prokhorov des insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur », ambassade de France à Moscou, .
- (en) « Billionaire Prokhorov Said to Agree on Polyus Stake Sale », Bloomberg, .
- Russie : Poutine exclut un allongement de la semaine de travail, RIA Novosti, 12 janvier 2011.
- (en) « Russian tycoon and New Jersey Nets owner agrees to head pro-Kremlin political party », Associated Press, .
- « L’oligarque Prokhorov se lance en politique pour soutenir Medvedev en 2012 », Tribune de Genève, .
- Mikhaïl Prokhorov se lance dans la politique, Le Figaro, 16 mai 2011.
- (en) « Prokhorov looks to head A Just Cause », Moscow News, .
- (en) « Prokhorov's political platform », Moscow Times, .
- « Prokhorov, faux opposant, vrai point d’interrogation », sur Libération.fr, .
- (en) « Signs of Faux Foul Play in Russian Politics », sur The New York Times, .
- « Russie : un milliardaire candidat », Agence France-Presse,
- Pierre Avril, « Moscou : le bon score de Navalny requinque l'opposition », in Le Figaro, mardi , page 9.
- Liste des milliardaires 2008 #24 Mikhail Prokhorov
- (en) Liste des milliardaires 2009 #40 Mikhail Prokhorov.
- (en) « The World's Billionaires, #39 Mikhail Prokhorov », .
- (en) « Mikhail Prokhorov – Billionaire, Peace and Sport ambassador, and Jay-Z's buddy? » Sportsdoinggood.com, .
- (en) Onexim Group President Mikhail Prokhorov Heads Russia's Biathlonists Union
- (en) Adrian Wojnarowski, Zach Lowe, « Joseph Tsai agrees to purchase 49 percent minority stake in Nets, sources say », ESPN, .
- (ru) Création de la fondation philanthropique Prokhorov.
- « Villa Léopolda : l'oligarque Prokhorov perd la main », Le Figaro, .
- (en) « The Reporter | Rupert Jones takes a sideways look at the news », The Guardian, .
- « Villa Leopolda La justice tranche en faveur de la veuve d'Edmond Safra », Nice-Matin, .
- « Mikhail Prokhorov, Nets owner, paid Russian Olympic athlete millions of rubles to keep quiet amid doping scandal: report », Daily News (New York), (lire en ligne, consulté le )
- « Russian Olympians file libel suit against doping whistleblower », New York Post, (lire en ligne, consulté le )
- « Doping Whistleblower Sues Russian Olympians and Their Oligarch Backer, an N.B.A. Owner », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- « Russian Doping Whistleblower Counter-sues Athletes, Russian Tycoon », The Moscow Times, (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) Le site personnel de Prokhorov
- (ru) Le blog de Prokhorov dans le LiveJournal
- (ru) Le dossier sur Mikhaïl Prokhorov sur le site Компромат.ру
- (fr) Mikhaïl Prokhorov : « Je ne rêve pas »
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