Ministère du Travail (France)

En France, le ministère du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion est chargé des thématiques du travail, des relations avec les partenaires sociaux et des thématiques sociales, notamment de la politique générale d'action sociale.

Pour les articles homonymes, voir Ministère des Affaires sociales.

Ministère du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion (appellation depuis 2022)
Histoire
Fondation
Cadre
Sigles
MTPEI, MT
Type
Forme juridique
Domaine d'activité
Administration publique générale
Siège
Pays
Langue
Organisation
Effectif
10 072 (2013)[1]
Ministre du Travail et ministre chargé de l'Insertion
Personnes clés
Organisation mère
Budget
11 544 millions d’euros (2016)[2]
Site web
Identifiants
SIREN
OpenCorporates
data.gouv.fr
Annuaire du service public

Entre sa création en 1906 et 1983, le ministère a quasiment continuellement porté le nom de « ministère du Travail ». Avec l'alternance de 1981, cette aire d'action administrative a souvent changé de nom, alternant les labels de solidarité ou d'affaires sociales, d'emploi ou de travail.

Situé hôtel du Châtelet (127, rue de Grenelle, 7e arrondissement), siège historique depuis sa création, c'est dans ce bâtiment du ministère du Travail que furent négociés et signés les accords de Grenelle qui mirent fin aux événements de mai 1968 en France.

Au sein du gouvernement d’Élisabeth Borne, Olivier Dussopt en est le ministre depuis le 20 mai 2022.

Histoire

Naissance du droit au Travail

L'hôtel du Châtelet, siège du ministère dans le 7e arrondissement de Paris.

Le ministère du Travail peut trouver son origine dès la Révolution française avec l'idée en 1793 (Terreur) que le droit à la subsistance passait par un droit au travail : « la société doit subsistance aux citoyens malheureux soit en leur subsistant du travail soit en donnant du travail à ceux qui veulent du travail ». Il reprend ainsi l'idée de l'existence des ateliers de charité de Turgot, sous Louis XVI, qui consistait à donner du travail à ceux qui n'en avaient pas[réf. nécessaire].

Révolution de 1848

C'est la révolution de 1848, en France, qui va marquer l'émergence idéologique de la prise en compte par l'état du Travail. Du fait d'une situation difficile en France, l'industrialisation (et donc le salariat) conduit à l'augmentation du chômage et, de là, la paupérisation conduit à la Révolution. Le Gouvernement Provisoire de 1848 proclame l'existence d'un « droit au Travail » le , qui donnera lieu à la commission du Luxembourg (ouvrier machiniste Alexandre Martin, dit l'ouvrier Albert, et Louis Blanc, exilé en 1849), censée réfléchir à la question du droit au travail. Cette commission va vite être remise en cause par la frange plus conservatrice de la Révolution. L'idée d'un droit au travail n'est cependant pas reprise dans la conclusion : Adolphe Thiers était contre l'institutionnalisation de l'idée de « devoir de travail » mais favorable a une lutte pragmatique de l'État dans ce domaine, alors que Ledru-Rollin était favorable à ce que « le droit au travail » soit inscrit dans la constitution. De même, Louis-Napoléon Bonaparte développe l'idée d'un devoir étatique afin de lutter contre le chômage, dans son livre Extinction du paupérisme.

Émergence et diffusion de l'idée d'un droit au Travail

Enfin on peut penser aux nombreux débats d'idées et l'émergence d'une volonté de régulation par des pouvoirs publics jusqu'au début de la IIIe république (1870), avec notamment le socialisme municipal, le boulangisme, la politique de Bismarck, le catholicisme social (Alban de Villeneuve de Borgemont qui rédigea un manuel d'économie politique chrétienne). C'est ainsi une question qui va être récurrente tout au long du XIXe siècle.

IIIe République

L'idée d'organiser les relations entre l'État, les entreprises, les salariés n'est pas nouvelle. Elle commence avec l'instauration du syndicalisme (Loi Waldeck-Rousseau). De plus Camille Raspail, député du Var propose à la Chambre des députés la création d'un ministère du travail en 1886, 1889, 1890 et 1892, qui est tout le temps rejeté (du fait de la méfiance de l'épisode de la révolution de 1848). Cependant des Inspecteurs du travail sont créés en 1892 afin de faire respecter les lois votés (travail des enfants...). D'autres hommes politiques demanderont la création d'un ministère du travail comme Édouard Vaillant (socialiste révolutionnaire) mais aussi l'abbé Lemire, chrétien démocrate. Toutes ces demandes aboutiront en 1906 grâce à Georges Clemenceau.

Création du ministère du Travail

René Viviani, premier ministre du Travail.

Déjà, en mars 1906, le ministère du Commerce avait été renommé en ministère du Commerce, de l'Industrie et du Travail au sein du Gouvernement Ferdinand Sarrien. Mais c'est le 25 octobre de la même année que le « ministère du Travail et de la Prévoyance sociale » fut créé par le président du Conseil Georges Clemenceau (1er cabinet), et fut confié au socialiste indépendant René Viviani. Dans le contexte social agité de 1906 (mille trois cents grèves d’une durée moyenne de dix-neuf jours), qui voit la montée en puissance de la Confédération générale du travail (CGT) notamment à l’occasion des manifestations du 1er mai, le gouvernement ne peut plus ignorer les revendications sociales. La création de ce ministère répond à ce contexte, mais c’est aussi un habile coup politique pour valoriser les socialistes indépendants qui, contrairement à la jeune Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), soutiennent le gouvernement des radicaux[3]. Le nouveau ministère regroupe la direction du Travail et celle de l’Assurance et de la Prévoyance sociale, alors rattachées au ministère du Commerce, ainsi que celle de la Mutualité, supervisée elle par le ministère de l’Intérieur.

On doit aux premières années de ce ministère les bases du dialogue social :

Durant la Première Guerre mondiale, ce ministère est alors chargé d'organiser l'effort de guerre à l'arrière et de trouver une main d'œuvre (essentiellement féminine, étrangère ou infantile) pour remplacer les hommes partis sur le front, notamment sous l'impulsion à partir de 1916 d'Étienne Clémentel qui organise la France alors en régions économiques.

Le ministère du Travail est également mis à l'honneur sous le gouvernement de Front populaire avec son ministre Jean-Baptiste Lebas et surtout avec les Accords Matignon de 1936 qui sont vus comme les premières réformes sociales d'importance.

La mise en place du système de protection sociale est dirigée par Ambroise Croizat, ministre (communiste) du travail du au .

Un périmètre mouvant

Depuis 1966, en parallèle du ministère des Affaires Sociales et de la Santé, le ministère du Travail a souvent pris la dénomination ministère des Affaires sociales, notamment de 1966 à 1969, de 1983 à 1984 ou de 1986 à 1988. De 1984 à 1986 et de 1988 à 1995, le ministère du Travail et le ministère des Affaires sociales sont séparés. Entre 2002 et 2010, la Solidarité et /ou la Cohésion sociale est plutôt à la charge du ministère du Travail tandis que la Santé est à part. Entre 2010 et 2012, le Travail et la Santé sont regroupés et le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale est créé[4],[5]. Depuis 2012, le ministère du Travail et le ministère des Affaires sociales (devenues Solidarités en 2017) sont de nouveau séparés.

En 1981, le ministère est piloté par une ministre d'État et revêt le label de change de la Solidarité nationale, avec deux ministres en appui. En 1983, il devient le Ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale.

Il a connu une importance considérable sous le gouvernement de Lionel Jospin de 1997 à 2001. En effet, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité arrive en tête des ministères dans l'ordre de préséance du gouvernement, une première, et la ministre Martine Aubry est à l'origine de plusieurs réformes phares de la majorité de gauche plurielle (35 heures, emplois-jeunes).

La droite revenue au pouvoir en 2002 confirme le poids important de ce ministère dans le gouvernement, puisque son titulaire, d'abord François Fillon est numéro 3 du gouvernement et mène l'une des réformes les plus importantes de cette législature, la réforme des retraites en 2003. La Politique de la ville lui est rattaché, et le reste jusqu'en 2010. Entre 2007 et 2010, l’Emploi est associé au ministère de l’économie, alors que le travail est associé à la solidarité et à la fonction publique. Puis entre 2010 et 2012, le gouvernement a un ministère du travail, de l'emploi et de la santé[6].

En 2012, le ministère prend les attributions relatives au travail, à l'emploi, à la formation professionnelle et au dialogue social. En 2017, il porte simplement le nom de « ministère du Travail ».

Identité visuelle (logotype)

Le logotype du ministère varie régulièrement au gré des changements de dénominations. Le logotype suit systématiquement les règles et principes de la charte graphique de la communication gouvernementale en France avec le système du « bloc marque » depuis 1999.

Organisation

Ministre

Le , Olivier Dussopt est nommé ministre du Travail dans le gouvernement Élisabeth Borne.

Administration centrale

Le ministre du Travail, de l'Emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social a autorité sur[7] :

Il dispose de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, de la direction générale de la cohésion sociale, de la direction générale de l’Institut national de la statistique et des études économiques et, en tant que de besoin, de la délégation interministérielle à la lutte contre la fraude, de la direction générale de l'Enseignement scolaire, du délégué à l'information et à l'orientation, du secrétariat général des ministères économique et financier et de la direction des Affaires juridiques des mêmes ministères.

Secrétariat général des ministères sociaux

Le secrétariat général des ministères chargés des affaires sociales, est conjointement placé sous l'autorité de plusieurs ministres, dont le ministère chargé du travail. Créé en 2005, il a été réorganisé et remanié en 2011 et 2013.

Chargé essentiellement de « fonctions support », il regroupe depuis le [8] :

  • la direction des ressources humaines ;
  • la direction des finances, des achats et des services ;
  • la direction des systèmes d'information ;
  • la direction des affaires juridiques ;
  • la délégation aux affaires européennes et internationales ;
  • la délégation à l'information et à la communication ;
  • la délégation à la stratégie des systèmes d'information de santé.

Services déconcentrés

Les services déconcentrés du ministère sont, depuis 2021, organisés en directions régionales de l'Économie, de l'Emploi, du Travail et des Solidarités (DREETS) et directions départementales de l'Emploi, du Travail et des Solidarités (DDETS).

Notes et références

  1. [PDF] Effectifs 2013 du ministère sur le site www.performance-publique.gouv.fr
  2. En 2016, les autorisations de paiement des crédits dont dispose le ministre dans le budget général sont, selon le décret no 2015-1801 du 29 décembre 2015 portant répartition des crédits et découverts autorisés par la loi no 2015-1785 du 29 décembre 2015 de finances pour 2016 de 11 544 015 026  pour la mission « Travail et emploi » Ne pas confondre ces chiffres avec ceux de l’assurance chômage.
  3. Alternatives économiques, nº 250, septembre 2006, pp. 87–88
  4. Décret du 14 novembre 2010 relatif à la composition du Gouvernement
  5. Décret no 2010-1455 du 25 novembre 2010 relatif aux attributions du ministre des solidarités et de la cohésion sociale
  6. « Présidents de la République et Gouvernements sous la Ve », sur www.assemblee-nationale.fr (consulté le )
  7. Article 2 du décret du 16 avril 2014
  8. Article 3 du décret du 12 août 2013

Voir aussi

Bibliographie

  • Boris Dänzer-Kantof, Véronique Lefebvre & Félix Torres, Un siècle de réformes sociales, Une histoire du ministère du travail 1906-2006, Paris, La Documentation française, 2006, 264 p., (ISBN 2-11-006264-9)
  • Bruno Béthouart, Le ministère du Travail et de la Sécurité sociale. De la Libération au début de la Ve République, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, « Pour une histoire du travail », 2006, 368 p.
  • Alain Chatriot, Odile Join-Lambert & Vincent Viet (ÉD.), Les politiques du travail (1906-2006). Acteurs, institutions, réseaux, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, « Pour une histoire du travail », 2006, 518 p.

Décrets d'attribution

Décrets d'organisation

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