Mitch McConnell

Addison Mitchell McConnell Jr., dit Mitch McConnell, né le à Sheffield (Alabama), est un homme politique américain, membre du Parti républicain. Il est élu sénateur du Kentucky au Congrès des États-Unis depuis 1985.

Pour les articles homonymes, voir McConnell.

Mitch McConnell

Portrait du sénateur Mitch McConnell en 2016.
Fonctions
Chef de la minorité au Sénat
En fonction depuis le
(1 an, 7 mois et 15 jours)
Législature 117e
Prédécesseur Chuck Schumer

(8 ans)
Législature 110e, 111e, 112e et 113e
Prédécesseur Harry Reid
Successeur Harry Reid
Chef de la majorité au Sénat

(6 ans et 17 jours)
Législature 114e, 115e, 116e et 117e
Prédécesseur Harry Reid
Successeur Chuck Schumer
Chef du groupe républicain au Sénat
En fonction depuis le
(15 ans, 8 mois et 1 jour)
Législature 110e, 111e, 112e, 113e, 114e, 115e, 116e et 117e
Prédécesseur Bill Frist
Whip de la majorité au Sénat

(4 ans)
Législature 108e et 109e
Prédécesseur Harry Reid
Successeur Dick Durbin
Whip du groupe républicain au Sénat

(4 ans)
Législature 108e et 109e
Prédécesseur Don Nickles
Successeur Trent Lott
Sénateur des États-Unis
En fonction depuis le
(37 ans, 8 mois et 1 jour)
Élection 6 novembre 1984
Réélection 6 novembre 1990
5 novembre 1996
5 novembre 2002
4 novembre 2008
4 novembre 2014
3 novembre 2020
Circonscription Kentucky
Législature 99e, 100e, 101e, 102e, 103e, 104e, 105e, 106e, 107e, 108e, 109e, 110e, 111e, 112e, 113e, 114e, 115e, 116e et 117e
Groupe politique Républicain
Prédécesseur Walter Huddleston
Biographie
Nom de naissance Addison Mitchell McConnell Junior
Date de naissance
Lieu de naissance Sheffield (Alabama, États-Unis)
Nationalité Américaine
Parti politique Parti républicain
Conjoint Elaine Chao
Diplômé de Université de Louisville
Université du Kentucky
Profession Avocat
Religion Baptiste[1]
Site web mcconnell.senate.gov

Chef de la minorité républicaine au Sénat de 2007 à 2015, il devient chef de la majorité sénatoriale à partir de la 114e session du Congrès, succédant au démocrate Harry Reid. En 2020, il est à la fois le sénateur du Kentucky et le chef du groupe républicain au Sénat à la plus grande longévité.

Souvent accusé d'obstruction durant la présidence de Barack Obama, Mitch McConnell aide le président Donald Trump à nommer un nombre record de juges conservateurs entre 2017 et 2021.

Jeunesse et études

Mitch McConnell, alors lycéen, en 1960.

Mitch McConnell naît en 1942 dans le nord de l'Alabama[2]. Il grandit dans une famille de la classe moyenne, sa mère (Julia Shockley[3]) est secrétaire et son père (Addison Mitchell McConnell[3]) est manager dans une entreprise, après avoir servi dans l'armée[4]. À l'âge de deux ans, alors que son père sert dans la Seconde Guerre mondiale[3], le jeune McConnell est atteint par la polio et doit rester alité pendant de longs mois[2],[4]. En raison de sa maladie, il ne peut marcher qu'à l'âge de cinq ans[3].

Après l'Alabama, il passe une partie de son enfance en Géorgie[4]. Alors qu'il est au collège (middle school aux États-Unis), sa famille s'installe à Louisville dans le Kentucky[2].

En faveur du mouvement des droits civiques, McConnell est présent lors du discours de Martin Luther King à la marche sur Washington pour l'emploi et la liberté, en 1963. L'année suivante, il vote pour le démocrate Lyndon B. Johnson à l'élection présidentielle ; un vote qu'il dira plus tard regretter[4]. Toujours en 1964, il obtient son baccalauréat universitaire en sciences politiques de l'université de Louisville. Trois ans plus tard, en 1967, il est diplômé en droit de l'université du Kentucky[3]. Une fois diplômé il s'engage dans l'armée de réserve américaine, mais il est déchargé pour des problèmes oculaires après quelques semaines[4]. Il réussit également l'examen du barreau Kentucky en 1967[5].

Débuts en politique

Durant ses études, Mitch McConnell est stagiaire auprès du sénateur John Sherman Cooper, un républicain modéré[4]. De 1968 à 1970, il travaille en tant qu'assistant de l'autre sénateur républicain du Kentucky, Marlow Cook (en)[5].

McConnell se lance lui-même en politique au sein du Parti républicain. Il fait alors partie de l'aile libérale du parti (les Rockefeller Republicans)[2]. En 1971, il envisage de se présenter à l'Assemblée générale du Kentucky, mais il ne peut pas participer aux élections car il ne respecte pas les conditions de résidence requises[4]. Après cet échec, il exerce la profession d'avocat pendant plusieurs années.

De 1974 à 1975, il travaille dans l'administration Ford[3] en tant qu'adjoint au procureur général des États-Unis pour les affaires législatives[5].

Au Kentucky, il devient président du parti dans le comté de Jefferson, qui comprend Louisville[2]. En 1977, il est élu judge-executive du comté de Jefferson avec 52,94 % des voix[6], face au démocrate Todd Hollenbach[4] et prend ainsi la tête du pouvoir exécutif du comté le plus peuplé du Kentucky[7]. Il est réélu avec 51,19 % des suffrages en 1981[6].

Sénateur des États-Unis

Élections au Sénat

Portrait officiel de McConnell au Sénat après son élection de 1984.

Mitch McConnell se présente aux élections sénatoriales américaines de 1984 dans le Kentucky. Il décroche facilement la nomination républicaine, remportant la primaire avec 79,22 % des voix[6]. Il affronte alors le démocrate sortant, Walter Huddleston, élu depuis 1972. Critiquant notamment l'absentéisme du sénateur, il est élu de justesse au Sénat des États-Unis en devançant Huddleston d'environ 5 300 voix sur 1,3 million[7] (49,9 % contre 49,5 %)[6]. Sa victoire est alors considérée comme une surprise. Malgré la large victoire de Ronald Reagan à l'élection présidentielle concomitante, McConnell est le seul républicain à faire basculer un siège démocrate[7].

En 1990, Mitch McConnell est candidat à sa première réélection. Après avoir remporté sa primaire avec 88,52 % des suffrages[6], les sondages le donnent largement gagnant face à l'ancien maire démocrate de Louisville Harvey Sloane[8]. Il est reconduit par 52,19 % des votants[6]. En 1996, McConnell remporte la primaire républicaine avec un score similaire à 1990 (88,59 %[6]) et bat le démocrate Steve Beshear en novembre avec 55,45 % des voix[6]. En 2002, le sénateur remporte la plus large victoire de sa carrière face à la démocrate Lois Combs Weinberg[9], avec 64,68 % des suffrages[6].

En 2008, Mitch McConnell reçoit l'investiture républicaine en réunissant 86,09 % des voix lors de la primaire républicaine[6]. Pour l'élection sénatoriale de novembre, notamment handicapé par la crise économique, il se retrouve dans une course serrée face au démocrate Bruce Lunsford[10]. En effet, si les sondages lui donnent une confortable avance durant l'été, les candidats sont au coude-à-coude à l'approche de l'élection[11]. Désormais leader des républicains au Sénat, McConnell est une cible privilégiée des démocrates qui dépensent plusieurs millions de dollars contre lui[12]. Il est reconduit pour un cinquième mandat avec 52,97 % des suffrages[6], mais il s'agit de son élection la plus serrée depuis 1990. Le même jour, le républicain John McCain remporte l'État face à Barack Obama avec environ 58 % des voix[13].

Six ans plus tard, en 2014, McConnell affronte l'homme d'affaires Matt Bevin lors de la primaire républicaine. Nouveau venu en politique[14], Bevin estime que McConnell n'est pas assez conservateur et se rapproche progressivement de McConnell dans les enquêtes d'opinion[15]. Si Bevin dépense près de 5 millions de dollars dans la primaire, McConnell en dépense le double[16]. Le sénateur remporte finalement la primaire assez facilement[15], rassemblant 60,19 % des suffrages[6] devant Bevin et trois petits candidats[15]. Pour l'élection générale, il affronte la secrétaire d'État démocrate du Kentucky Alison Lundergan Grimes. Les sondages ne donnent qu'une légère avance à McConnell, en raison de son impopularité dans le Kentucky. Le sénateur républicain lie cependant Grimes à Barack Obama, encore plus impopulaire que lui ; la candidate démocrate refuse d'ailleurs de dire si elle a voté pour le président démocrate par le passé[17]. Malgré les sondages serrés, McConnell bat largement la démocrate et remporte même des comtés historiquement démocrates de l'Est de l'État qui n'avaient jamais voté pour lui[18]. Il devance Grimes de 15 points, avec 56,19 % des voix[6].

Mitch McConnell est candidat à un septième mandat lors des élections sénatoriales américaines de 2020, couplées à l'élection présidentielle. Comme souvent, le chef de la majorité sénatoriale met en avant sa position centrale au Congrès et les bénéfices qu'en tire le Kentucky, qui reçoit des sommes considérables du gouvernement fédéral pour soutenir des projets locaux[19]. Il remporte la primaire républicaine de juin avec 82,80 % des suffrages[6], devant six candidats dont l'ancien représentant du Kentucky C. Wesley Morgan[20]. En novembre, il affronte la démocrate Amy McGrath, ancienne pilote de l'armée qui a perdu une élection à la Chambre des représentants en 2018. McGrath accuse McConnell d'avoir privilégié la nomination d'Amy Coney Barrett à la Cour suprême plutôt que l'adoption d'un plan d'aide économique pour faire face à la pandémie de Covid-19[19]. En retour, McConnell l'accuse d'être une extrémiste et promeut sa propre proximité avec Donald Trump[21]. McGrath lève des fonds considérables (près de 90 millions de dollars contre 57 pour McConnell[21]), lui permettant de faire diffuser de nombreuses publicités en sa faveur[19]. Les commentateurs politiques estiment toutefois que l'État est trop conservateur au niveau fédéral pour une victoire démocrate, malgré l'élection d'un gouverneur démocrate l'année précédente (Andy Beshear)[19]. Le , McConnell est facilement réélu avec 57,76 % des voix, soit près de 20 points d'avance sur McGrath[6].

Carte des résultats électoraux de McConnell depuis 1984.
Les comtés remportés par McConnell sont en rouge.

De 1985 à la présidence du groupe républicain

McConnell en 1992.

D'abord considéré comme relativement modéré, Mitch McConnell évolue progressivement vers la droite à l'image du Parti républicain[22].

Après la victoire des républicains lors des élections sénatoriales de 1994, il prend la présidence de la commission du Sénat sur l'éthique durant le 104e congrès (1995-1997)[5]. Après avoir échoué à obtenir le poste en 1991[6], il devient président du National Republican Senatorial Committee en 1997[5], poste auquel il est reconduit en 1999[6]. De 1999 à 2001, il préside également la commission du Sénat sur l'administration[5].

Durant le 109e congrès, il critique férocement le Bipartisan Campaign Reform Act de 2002, dite loi McCain-Feingold, visant à limiter les dépenses en matière de publicités électorales. Il dépose ainsi une requête devant la Cour suprême, invoquant le caractère anti-constitutionnel de la loi (procédure dite du facial challenge (en)), mais celle-ci est rejetée par la Cour dans McConnell v. Federal Election Commission (en) ().

À partir de 2002, Mitch McConnell est vice-président du groupe des sénateurs républicains au Sénat (whip). À l'approche des élections sénatoriales de 2006, il entend prendre la tête du groupe républicain, Bill Frist n'étant pas candidat à sa réélection. Alors qu'il espérait devenir chef de la majorité républicaine, les élections sont remportées par les démocrates. Il est néanmoins désigné chef du groupe républicain au Sénat sans opposition, prenant la tête d'un groupe minoritaire qui comprend 49 sénateurs sur 100[23].

Administration Obama (2009-2017)

McConnell et Barack Obama à la Maison-Blanche en 2014.

Quand Barack Obama arrive au pouvoir en 2009, Mitch McConnell  au Sénat  et Eric Cantor  à la Chambre des représentants  s'entendent pour s'opposer frontalement au nouveau président démocrate. McConnell estime alors que les républicains n'ont rien à gagner d'une coopération avec le président, alors que les démocrates sont majoritaires au Sénat[24]. Durant les deux premières années du mandat d'Obama, le Président et le Congrès démocrates adoptent de nombreuses réformes (Obamacare, plan de relance, réforme de Wall Street) auxquelles s'oppose McConnell. De par son opposition systématique, il aide à rendre ces réformes impopulaires, même s'il est parfois critiqué par une partie du Tea Party pour ne pas en faire assez contre le président démocrate[2]. Il négocie en effet parfois avec les démocrates sur les questions budgétaires, notamment lors de la crise budgétaire de 2013[25].

Bien que dans la minorité, McConnell utilise les moyens d'obstruction parlementaire (en anglais : filibuster) à sa disposition pour retarder les nominations de juges par Barack Obama, y compris pour des juges qui sont finalement confirmés à l'unanimité du Sénat[2]. En effet, au Sénat, 60 sénateurs (sur 100) sont requis pour clôturer les débats sur une nomination ; la minorité peut donc faire durer les débats avant qu'un vote ne soit finalement organisé. La même technique est utilisée par McConnell contre certaines nominations au sein de l'administration, provoquant de nombreuses vacances au sein des administrations et des cours de justice fédérales américaines. En réponse à ces blocages, le chef du groupe démocrate Harry Reid choisit de mettre fin à cette règle des 60 votes pour toutes les nominations, à l'exception de la Cour suprême[26]. Pour la presse, McConnell devient le visage de l'obstruction parlementaire[2],[25].

Après les élections sénatoriales américaines de 2014, les républicains redeviennent majoritaires au Sénat et McConnell réalise son ambition de toujours, devenir chef de la majorité du Sénat[25]. S'il annonce vouloir remettre le Sénat au travail[25], il poursuit l'obstruction. Durant les deux dernières années du mandat d'Obama, seuls 29 % des juges nommés par le président démocrate sont confirmés par le Sénat dirigé par McConnell. Lorsque Barack Obama quitte la Maison-Blanche en 2017, McConnell a créé une centaine de vacances de postes au sein de la justice fédérale, qui seront remplacées par Donald Trump[27]. L'un des principaux exemples de cette opposition aux juges nommés par Obama est le cas Merrick Garland. En , McConnell refuse d'organiser des auditions et un vote sur Garland, juge modéré nommé à la Cour suprême des États-Unis par Barack Obama après le décès du juge conservateur Antonin Scalia. S'agissant d'une année électorale, McConnell avance que c'est au futur président, élu en novembre, de choisir ce juge[28]. Donald Trump choisira le remplaçant de Scalia, Neil Gorsuch, un juge conservateur[29].

Administration Trump (2017-2021)

McConnell et Donald Trump dans le bureau ovale en 2018.

Malgré ses différences avec Donald Trump, notamment sur le style, Mitch McConnell devient l'un des principaux alliés du président républicain à Washington. Son épouse, Elaine Chao, est d'ailleurs ministre des Transports sous Trump[4].

Durant les deux premières années de la présidence de Donald Trump, les républicains contrôlent les deux chambres du Congrès des États-Unis. Malgré cela, le Sénat n'arrive pas à adopter l'abrogation de l'Obamacare, tendant la relation entre Trump et McConnell. Leur relation s'améliore par la suite, notamment pour le passage d'une importante réforme des impôts[30]. Ces deux premières années sont également marquées par un nombre record de confirmations de juges, en raison des vacances organisées par McConnell sous Obama ; la désignation de juges conservateurs est un des grands objectifs communs du président et du chef des sénateurs républicains[29].

Les élections de 2018 voient les républicains conserver le Sénat, mais perdre la Chambre des représentants. Après la victoire des démocrates à la Chambre des représentants, McConnell refuse de soumettre à un vote de nombreux textes adoptés par la Chambre notamment en matière de droit de vote, de contrôle des armes à feu ou d'immigration[31]. Il est alors surnommé la Faucheuse (Grim Reaper) par Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants[32], puis par la presse[19],[31] et lui-même[33]. En , McConnell confirme bloquer environ 400 propositions de lois votées par la chambre basse du Congrès, critiquant la « parade gauchiste » proposée par la Chambre des représentants[32].

Lors de la procédure de destitution de Donald Trump durant l'hiver 2019-2020, Mitch McConnell fixe les règles du procès se tenant devant le Sénat[34],[35]. Avant le procès, il prévient qu'il ne sera pas un juge impartial[35] et prédit un acquittement du président par sa majorité[36]. Donald Trump est effectivement acquitté par le Sénat en [36]. Son soutien au président lui permet d'améliorer sa popularité dans son État du Kentucky[4].

Pendant les quatre années de l'administration de Donald Trump, McConnell fait confirmer plus de juges qu'aucun gouvernement fédéral depuis Jimmy Carter dans les années 1970[37],[38]. En , les cours d'appel fédérales et les cours de district du pays ne comptent plus un seul siège vacant, une première depuis quatre décennies. Les juges confirmés par le Sénat sous Trump et McConnell sont davantage conservateurs, mais aussi plus blancs (à 85 % contre 64 % sous Obama) et masculins (à 76 % contre 58 % sous Obama)[38]. Ces nouveaux juges sont également relativement jeunes, souvent trentenaire ou quadragénaire, permettant aux républicains de rendre la justice plus conservatrice pour de nombreuses années, au grand dam des démocrates[39].

McConnell et Amy Coney Barrett en 2020.

Parmi les juges nommés par Trump et confirmés par le Sénat dirigé par McConnell figurent trois juges à la Cour suprême des États-Unis : Neil Gorsuch en 2017, Brett Kavanaugh à 2018[40] et Amy Coney Barrett en 2020[41]. Cette dernière nomination est particulièrement décriée par le camp démocrate, qui pointe l'hypocrise de McConnell : Barrett est confirmée par le Sénat en à quelques jours de l'élection présidentielle, alors que McConnell avait refusé d'auditionner Merrick Garland en 2016, à huit mois de l'élection, pour laisser les électeurs choisir l'orientation prise par la Cour suprême[41]. McConnell estime cependant que la situation est différente, puisqu'en 2016 le président et la majorité sénatoriale n'appartenaient pas au même parti[42].

Même après la défaite de Trump à l'élection présidentielle de 2020, Mitch McConnell continue à faire approuver les nominations du président au sein du système judiciaire, une première depuis 1896 (à l'exception d'un vote bipartisan en 1980). S'il brise les traditions, le chef de la majorité reste fidèle à sa promesse de ne laisser aucun siège vacant au sein de la justice américaine[43].

Durant les dernières semaines de la présidence de Donald Trump, et dans le contexte de pandémie de Covid-19, Mitch McConnell bloque la proposition du président  soutenue par les démocrates  d'accorder un chèque de 2 000 dollars à tous les Américains, estimant qu'« emprunter à nos petits-enfants pour faire du socialisme pour les riches est une mauvaise manière d'aider les familles qui en ont vraiment besoin »[44],[45].

Le , soit 42 jours après l'élection présidentielle, Mitch McConnell prend acte de la défaite de Donald Trump et adresse ses félicitations à Joe Biden, le lendemain du vote des grands électeurs. Jusqu'à cette date, il soutenait le droit de Donald Trump à contester les résultats des élections en justice[46],[47]. Le , alors que plusieurs élus du Congrès comptent contester le résultat de l'élection présidentielle, Mitch McConnell prononce un discours critique à l'égard de ces élus : « Les électeurs, les tribunaux, et les États ont tous parlé […] si nous les rejetons tous, cela endommagerait notre république pour toujours »[48],[49]. Son discours est considéré comme une rupture, tardive, avec le président sortant. Il intervient une heure avant l'assaut du Capitole des États-Unis par des partisans de Donald Trump[48],[50]. Convaincue par McConnell ou inquiétée par l'attaque contre le Capitole, la grande majorité des sénateurs républicains choisit de ne pas contester les résultats[49],[51], contrairement à leurs collègues de la Chambre des représentants[50]. Toutefois, tous les nouveaux sénateurs républicains, élus en , contestent les résultats[49].

Premiers mois

Malgré sa reconnaissance de la défaite de Donald Trump à la mi-, le Sénat dirigé par Mitch McConnell n'organise aucune audition des membres du gouvernement nommés par Joe Biden avant le . Cette date est bien plus tardive que pour les précédentes administrations, intervenant la veille de la prise de fonction de Joe Biden, le [52].

En , Mitch McConnell est reconduit sans opposition à la tête du groupe républicain au Sénat. Le groupe devient cependant minoritaire, en raison des victoires démocrates lors des élections sénatoriales (en particulier des victoires de Raphael Warnock et Jon Ossoff en Géorgie) et de la victoire démocrate à l'élection présidentielle, la vice-présidente Kamala Harris devenant en effet la voix décisive du Sénat qui comprend 50 républicains et 50 démocrates (dont deux indépendants siégeant aux côtés des démocrates)[53].

Seconde procédure de destitution de Donald Trump

Le , lors du second procès en destitution de Donald Trump devant le Sénat, Mitch McConnell vote « non coupable » mais se lance dans une diatribe envers l'ancien président[54].

Dans son discours après l'acquittement, il déclare que « les actions de l'ancien président Trump qui ont précédé l'émeute ont été un manquement honteux et scandaleux à son devoir », lorsqu'il a incité puis n'a rien fait pour arrêter une attaque meurtrière contre le Capitole[55],[56],[57] : « Il ne fait aucun doute - aucun - que le président Trump est concrètement et moralement responsable d'avoir provoqué les événements de la journée » du , déclare-t-il à l'issue du procès « dans une diatribe anti-Trump si cinglante qu'elle aurait pu être livrée par n'importe lequel des neuf procureurs de la Chambre »[54],[55],[56],[57],[58].

Dans sa condamnation la plus accablante de Trump jusqu'alors, McConnell accuse l'ancien président d'avoir répandu des mensonges sur une élection volée dont il savait qu'ils alimenteraient des actes dangereux de ses partisans[55]. Il ajoute : « Il n'a pas fait son travail. Il n'a pas pris les mesures nécessaires pour que la loi fédérale puisse être fidèlement exécutée et l'ordre rétabli. Non, au contraire, selon les rapports publics, il a regardé la télévision avec joie - avec joie - pendant que le chaos se déroulait »[55]. « Quelle que soit la réaction qu'il dit qu'il voulait produire d'ici cet après-midi là, nous savons qu'il regardait la même télévision en direct que le reste d'entre nous. Une foule attaquait le Capitole en son nom. Ces criminels portaient ses bannières, arboraient ses drapeaux et criaient leur loyauté envers lui »[55]. « Ils ont fait cela parce que l'homme le plus puissant de la Terre leur avait raconté des mensonges sauvages parce qu'il était furieux d'avoir perdu une élection »[58].

Mais, par ailleurs, McConnell souligne : « Nous n'avons pas le pouvoir de condamner et de disqualifier un ancien fonctionnaire qui est maintenant un citoyen privé »[55]. Il déclare que sa lecture de la Constitution montrait que la mise en accusation était un « outil étroit » destiné à démettre des fonctionnaires de leurs fonctions et non à les poursuivre après leur départ[55] : il considère donc que ce second procès en destitution est inconstitutionnel, car Donald Trump n'est plus président[54].

Par contre, Mitch McConnell a ensuite souligné que d'autres recours existent contre l'ancien président, qui ne bénéficie d'aucune immunité et peut donc être poursuivi au criminel en tant que citoyen ordinaire[54],[56],[57]. « Nous avons un système de justice pénale dans ce pays. Nous avons un système de justice civile. Et les anciens présidents ne sont pas à l'abri d'être tenus responsables par l'un ou par l'autre »[57]. « Le président Trump est toujours responsable de tout ce qu'il a fait pendant son mandat. Il ne s'en est pas encore tiré »[58].

Pour McConnell, la décision du Sénat « ne cautionne rien de ce qui s'est passé avant ou pendant cette terrible journée »[57].

Selon le New York Times « Les démocrates sont furieux, soulignant que leur vote de destitution est intervenu alors que Trump était toujours en fonction et que c'est McConnell qui a refusé de rappeler le Sénat en session pour entamer le procès avant qu'il ne quitte son poste »[56]. La présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, fustige McConnell peu après le vote d'acquittement, publiant une déclaration dans laquelle elle déclare qu'il était « pathétique que le sénateur McConnell ait maintenu le Sénat fermé afin que le Sénat ne puisse pas recevoir l'article de destitution et qu'il ait utilisé cela comme excuse pour ne pas voter la condamnation de Donald Trump »[57]. Et Pelosi de conclure : « Je salue les sénateurs républicains qui ont voté selon leur conscience et pour notre pays. Le refus des autres sénateurs républicains de tenir Trump pour responsable d'avoir déclenché une violente insurrection pour s'accrocher au pouvoir sera considéré comme l'un des jours les plus sombres et des actes les plus déshonorants de l'histoire de notre nation »[58].

Vie privée

Mitch McConnell et Elaine Chao en 2019.

Mitch McConnell épouse en premières noces Sherrill Redmon, avec qui il a trois filles : Eleanor, Claire et Porter. Le couple divorce en 1980[4].

Il rencontre Elaine Chao au début des années 1990, par le biais d'un ami commun. Ils se marient le [59]. Chao, dont la famille a fait fortune dans le transport de marchandises entre la Chine et les États-Unis[59], est également engagée en politique. Elle est notamment secrétaire au Travail dans l'administration de George W. Bush (2001-2009) puis secrétaire aux Transports dans celle de Donald Trump (2017-2021).

Notes et références

  1. (en) « Faith on the Hill », sur pewforum.org, (consulté le ).
  2. (en) Joshua Green, « Strict Obstructionist », sur theatlantic.com, The Atlantic, (consulté le )
  3. (en) Sarah Ladd, « 5 things you might not have known about Sen. Mitch McConnell », sur courier-journal.com, The Courier-Journal, (consulté le ).
  4. (en) Jane Mayer, « How Mitch McConnell Became Trump’s Enabler-in-Chief », sur newyorker.com, The New Yorker, (consulté le ).
  5. (en) « McCONNELL, Addison Mitchell (Mitch) (1942-) », sur bioguideretro.congress.gov, Biographical Directory of the United States Congress (consulté le ).
  6. (en) « Candidate - McConnell, Mitch », sur ourcampaigns.com (consulté le )
  7. (en) Sam Roberts, « Walter Huddleston, Senator Toppled by Mitch McConnell, Dies at 92 », sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le )
  8. (en) Mark R. Chellgren, « Sloane Seeks Spark Against McConnell », sur apnews.com, Associated Press, (consulté le )
  9. (en) Bill Bryant, « McConnell seeking seventh term in office », sur wkyt.com, WKYT, (consulté le )
  10. (en) Brian Naylor, « Sen. McConnell In A Tough Race In Kentucky », sur npr.org, National Public Radio, 2008-101-23 (consulté le )
  11. (en) David McArthur, « Polls put McConnell in tight race with Lunsford », sur wave3.com, Wave 3, (consulté le )
  12. (en) Martin Kady II, « McConnell survives close Kentucky race », sur politico.com, Politico, (consulté le )
  13. (en) Richard Pérez-Peña, « Election Results 2008: Kentucky », sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le )
  14. (en) James Hohmann, « Insurgent groups embrace McConnell », sur politico.com, Politico, (consulté le )
  15. (en) Joseph Gerth, « McConnell crushes Bevin; Grimes cruises to win », sur courier-journal.com, The Courier-Journal, (consulté le )
  16. (en) Sean Sullivan, « Matt Bevin spent $5.3 million losing to Mitch McConnell », sur ashingtonpost.com, The Washington Post, (consulté le )
  17. (en) Aaron Blake, « People don’t like Mitch McConnell. That’s why Alison Lundergan Grimes still has a shot. », sur washingtonpost.com, The Washington Post, (consulté le )
  18. (en) Manu Raju et Lucy McCalmont, « McConnell defeats Grimes in Ky. », sur politico.com, Politico, (consulté le )
  19. (en) Li Zhou, « Mitch McConnell’s grip on Kentucky, explained », sur vox.com, Vox, (consulté le )
  20. (en) Leigh Searcy, « Sen. Mitch McConnell will not be in Kentucky on Primary Election Day, will stay in D.C. », sur lex18.com, WLEX-TV, (consulté le )
  21. (en) Clare Foran, « Mitch McConnell wins reelection in Kentucky, defeating Democrat Amy McGrath », sur edition.cnn.com, Cable News Network, (consulté le )
  22. (en) James Politi, « Mitch McConnell, the US Senate’s Republican roadblock », sur ft.com, Financial Times, (consulté le ).
  23. (en) Carl Hulse, « Senate G.O.P. Leader Adapts to an Unexpected Role », sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
  24. (en) Michael Grunwald, « The Victory of ‘No’ », sur politico.com, Politico, (consulté le )
  25. (en) Alisa Chang, « Mitch McConnell's Mission: Making The Senate Work Again », sur npr.org, National Public Radio, (consulté le )
  26. Pierre Martin, « Le Sénat américain, la Cour suprême et «l’option nucléaire» », sur journaldemontreal.com, Le Journal de Montréal, (consulté le )
  27. (en) Alex Woodward, « Mitch McConnell laughs about stopping Obama hiring judges, allowing Trump to fill courts with conservatives », sur independent.co.uk, The Independent, (consulté le )
  28. (en) Ron Elving, « What Happened With Merrick Garland In 2016 And Why It Matters Now », sur npr.org, National Public Radio, (consulté le )
  29. (en) Sean Sullivan et Mike DeBonis, « With little fanfare, Trump and McConnell reshape the nation’s circuit courts », sur washingtonpost.com, The Washington Post, (consulté le ).
  30. (en) Sean Sullivan et Seung Min Kim, « Trump and McConnell, once adversaries, have realized they need each other », sur washingtonpost.com, The Washington Post, (consulté le ).
  31. (en) Lisa Mascaro, « Senate GOP leader relishes role as ‘Grim Reaper’ », sur apnews.com, Associated Press, (consulté le )
  32. (en) James Crowley, « 'Grim Reaper' Mitch McConnell Admits There Are 395 House Bills Sitting in the Senate: 'We're Not Going to Pass Those' », sur newsweek.com, Newsweek, (consulté le )
  33. (en) « This is why McConnell calls himself the 'Grim Reaper' », sur edition.cnn.com, Cable News Network, (consulté le )
  34. Sophie-Hélène Lebeuf, « Le procès de Trump s'amorcera sans entente avec les démocrates, indique McConnell », sur ici.radio-canada.ca, ICI Radio-Canada Télé, (consulté le )
  35. Gilles Paris, « Au Sénat, Mitch McConnell, verrou du procès en destitution de Donald Trump », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le )
  36. Adrien Jaulmes, « Procès en destitution: Donald Trump acquitté par le Sénat américain », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le )
  37. (en) Josh Bresnahan et Burgess Everett, « No apologies: McConnell says Barrett a ‘huge success for the country’ », sur politico.com, Politico, (consulté le ).
  38. (en) Leigh Ann Caldwell et Sahil Kapur, « McConnell reaches milestone on judges by filling final Circuit Court vacancy », sur nbcnews.com, NBC News, (consulté le ).
  39. (en) Carrie Johnson, « Wave Of Young Judges Pushed By McConnell Will Be 'Ruling For Decades To Come' », sur npr.org, National Public Radio, (consulté le ).
  40. Lawrence Hurley et Andrew Chung, « La juge à la Cour suprême Ginsburg est décédée, Trump veut la remplacer "sans délai" », sur reuters.com, Reuters, (consulté le ).
  41. Hélène Vissière, « Amy Coney Barrett à la Cour suprême : ultime victoire de Donald Trump ? », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le ).
  42. Philippe Berry, « Présidentielle américaine : Guerre totale pour remplacer « RBG » à la Cour suprême à six semaines du scrutin », sur 20minutes.fr, 20 Minutes, (consulté le ).
  43. (en) Chris Cioffi, « Trump lost, but the Senate keeps confirming his nominees », sur rollcall.com, Roll Call, (consulté le ).
  44. (en) Burgess Everett et Quint Forgey, « McConnell: House’s $2,000 stimulus checks are ‘socialism for rich’ », sur politico.com, Politico, (consulté le ).
  45. « Le républicain Mitch McConnell inflige un revers aux Américains dans le besoin », sur france24.com, France 24, (consulté le ).
  46. « « Le collège électoral a parlé » : le chef de file des républicains au Sénat finit par reconnaître la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
  47. « Élection présidentielle américaine. Le puissant sénateur Mitch McConnell lâche Trump à son tour », sur courrierinternational.com, Courrier international, (consulté le ).
  48. (en) Chris Cillizza, « Mitch McConnell just went off on Donald Trump and the election deniers », sur edition.cnn.com, Cable News Network, (consulté le ).
  49. (en) Alan Fram et Andrew Taylor, « Senate GOP leader: Challenging Biden win threatens republic », sur apnews.com, Associted Press, (consulté le ).
  50. (en) David Catanese, « McConnell finally rejected Trump. Then pro-Trump rioters overtook the Capitol », sur kentucky.com, Lexington Herald-Leader, (consulté le ).
  51. (en) Caroline Linton et Melissa Quinn, « Key Republican senators withdraw objections to Electoral College count after Capitol siege », sur cbsnews.com, CBS News, (consulté le ).
  52. (en) Ian Millhiser, « McConnell is already sabotaging Biden’s presidency », sur vox.com, Vox, (consulté le ).
  53. (en) David Catanese, « McConnell will now lead a fractious GOP minority, but he still wields real power », sur kentucky.com, Lexington Herald-Leader, (consulté le ).
  54. Azeb Wolde-Giorghis, « Le mystérieux Mitch McConnell », Radio Canada,
  55. (en) Nicholas Fandos et Carl Hulse, « McConnell, Denouncing Trump After Voting to Acquit, Says His Hands Were Tied », sur New York Times, (consulté le )
  56. (en) Jennifer Rubin, « Opinion: This is how bad McConnell really is », Washington Post,
  57. (en) Alex Rogers, Manu Raju, « McConnell blames Trump but voted not guilty anyway », CNN,
  58. (en) Amanda Holpuch, « Mitch McConnell savages Trump – minutes after voting to acquit », The Guardian,
  59. (en) Shana Lebowitz, « Inside the marriage of Elaine Chao and Mitch McConnell, a political power couple who met later in life and got married on Ronald Reagan's birthday », sur businessinsider.com, Business Insider, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Modèle:Palette

  • Portail du Kentucky
  • Portail de la politique aux États-Unis
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.