Modeste (1759)
Le Modeste est un vaisseau de ligne portant 64 canons à deux ponts construit pour la Marine royale française à Toulon sur les plans de Noël Pomet[4]. Sa construction dure de 1756 à 1759. Il est capturé la même année par la Royal Navy à la bataille de Lagos puis intégré à celle-ci jusqu'en 1800 sous le nom de HMS Modeste.
Pour les autres navires du même nom, voir Le Modeste.
Modeste | |
Modèle réduit d'un vaisseau de 64 canons des années 1750-1760 du même type que le Modeste | |
Autres noms | HMS Modeste |
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Type | Vaisseau de 64 canons de troisième rang |
Histoire | |
A servi dans | Marine royale française Royal Navy |
Constructeur | Noël Pomet |
Chantier naval | Arsenal de Toulon |
Quille posée | Avril 1756[1] |
Lancement | |
Armé | Mai 1759 |
Statut | : capturé par la Royal Navy Août 1800 : démoli[2] |
Équipage | |
Équipage | 640 à 650 hommes[3] |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 49,05 m |
Maître-bau | 13,15 m |
Tirant d'eau | 6,39 m |
Tonnage | 1 150 t |
Propulsion | Trois-mâts carré |
Caractéristiques militaires | |
Armement | 64 canons |
Caractéristiques principales
Le Modeste est un bâtiment moyennement artillé mis sur cale selon les normes définies dans les années 1730-1740 par les constructeurs français pour obtenir un bon rapport coût/manœuvrabilité/armement afin de pouvoir tenir tête à la marine anglaise qui dispose de beaucoup plus de navires[5]. Il fait partie de la catégorie des vaisseaux dite de « 64 canons » dont le premier exemplaire est lancé en 1735 et qui sera suivi par plusieurs dizaines d’autres jusqu’à la fin des années 1770, époque où ils seront définitivement surclassés par les « 74 canons[N 1]. »
Sa coque est en chêne, son gréement en pin, ses voiles et cordages en chanvre[8]. Il est moins puissant que les vaisseaux de 74 canons car outre qu'il emporte moins d'artillerie, celle-ci est aussi pour partie de plus faible calibre, soit :
- vingt-six canons de 24 livres sur sa première batterie percée à treize sabords,
- vingt-huit canons de 12 sur sa deuxième batterie percée à quatorze,
- dix canons de 6 sur ses gaillards[4].
Cette artillerie correspond à l’armement habituel des 64 canons. Lorsqu'elle tire, elle peut délivrer une bordée pesant 540 livres (soit à peu près 265 kg) et le double si le vaisseau fait feu simultanément sur les deux bords[9]. Chaque canon dispose en réserve d’à peu près 50 à 60 boulets, sans compter les boulets ramés et les grappes de mitraille[8].
Pour nourrir les centaines d’hommes qui compose son équipage, c’est aussi un gros transporteur qui doit avoir pour deux à trois mois d'autonomie en eau douce et cinq à six mois pour la nourriture[10]. C'est ainsi qu'il embarque des dizaines de tonnes d’eau, de vin, d’huile, de vinaigre, de farine, de biscuit, de fromage, de viande et de poisson salé, de fruits et de légumes secs, de condiments, de fromage, et même du bétail sur pied destiné à être abattu au fur et à mesure de la campagne[10].
Historique
Dans la Marine française (1759)
Le Modeste entre en service en pleine guerre de Sept Ans. A peine armé, il intègre l’escadre de douze vaisseaux et trois frégates aux ordres de La Clue-Sabran qui doit passer dans l’Atlantique pour y rejoindre l’escadre de Brest. L’objectif est de former une armée navale qui doit protéger un débarquement en Angleterre[11]. Elle appareille de Toulon le , mais elle est repérée et prise en chasse par l’escadre anglaise de Gibraltar alors qu’elle se disloque dans la nuit du 17 au à la suite de signaux mal compris[12]. Au matin, elle ne compte plus que sept vaisseaux dont le Modeste alors que quatorze vaisseaux anglais sont lancés à leur poursuite.
Dans la bataille qui s’ensuit l’après-midi, le Modeste occupe la deuxième place sur la ligne française, derrière le Téméraire. Il n’y participe guère car le gros du combat se déroule sur l’arrière-garde française puis sur le centre, là ou se trouve le vaisseau amiral[13]. Un vaisseau seulement est perdu, mais dans la nuit, deux bâtiments font défection, ce qui réduit l’escadre à quatre vaisseaux alors que les Anglais sont toujours là. La Clue donne l’ordre de se réfugier près de Lagos, pensant que la neutralité portugaise va le protéger. En vain. Sans avoir combattu, le Modeste est capturé avec tout son équipage le en compagnie d’un autre vaisseau (les deux autres sont incendiés)[14]. Sur l'intégralité de ce conflit catastrophique (1755-1763), le Modeste est l'un des trente-sept vaisseaux perdus par la France[15].
Dans la Marine anglaise (1759-1800)
Le Modeste est amené jusqu’à Portsmouth où il stationne jusqu’en décembre. En , il est intégré à la Royal Navy sous le nom de HMS Modeste. Entre juin et , il subit une rénovation puis prend part aux opérations contre la France car la guerre se poursuit. Il est envoyé en Méditerranée. Le , alors qu’il patrouille avec le HMS Thunderer (74) et deux frégates (la Thetis et la Favourite) au large de Cadix, il croise le vaisseau français l’Achille (64) et une frégate, la Bouffonne de 32 canons[16]. Il réussit, avec la Thetis à rattraper cette dernière et à lui faire baisser pavillon (pendant que le HMS Thunderer fait la même chose avec l’Achille (en)[16]).
Le HMS Modeste traverse ensuite l’Atlantique pour naviguer dans les Antilles (fin 1761). Il y intègre la puissante escadre de trente-cinq navires chargée d’attaquer la Martinique en . Après la capitulation de l’île le HMS Modeste reste dans les Antilles jusqu’à la fin de la guerre. Le vaisseau rentre en Angleterre en 1764. Il subit diverses réparations puis est affecté comme navire de garde à Portsmouth début 1771. En juin de cette même année, il part pour la Jamaïque et en revient fin 1772. De nouveau stationné à Portsmouth, il est aménagé en ponton entre juillet et , chargé d’héberger les nouvelles recrues de la Navy. Ne participant plus à aucun conflit, il conserve ce rôle jusqu’en 1800, date de sa mise à la casse[2].
Notes et références
Notes
- Les 74 canons en étaient par ailleurs un prolongement technique apparu neuf ans après le lancement du premier 64 canons, le Borée[6],[7]. Sur la chronologie des lancements et les séries de bâtiments, voir aussi la liste des vaisseaux français.
Références
- Demerliac 1995.
- Winfield 2007.
- Le ratio habituel, sur tous les types de vaisseau de guerre au XVIIIe siècle est d'en moyenne 10 hommes par canon, quelle que soit la fonction de chacun à bord. Cet effectif réglementaire peut cependant varier considérablement en cas d'épidémie, de perte au combat ou de manque de matelots à l'embarquement. Acerra et Zysberg 1997, p. 220.
- « Le Modeste », sur threedecks.org (consulté le ).
- Meyer et Acerra 1994, p. 90-91.
- Acerra et Zysberg 1997, p. 67.
- Meyer et Acerra 1994, p. 90-91.
- Acerra et Zysberg 1997, p. 107 à 119.
- Selon les normes du temps, le navire, en combattant en ligne de file, ne tire que sur un seul bord. Il ne tire sur les deux bords que s'il est encerclé ou s'il cherche à traverser le dispositif ennemi. Base de calcul : 1 livre = 0,489 kg.
- Jacques Gay dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487 et Jean Meyer dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1031-1034.
- Les autres vaisseaux sont l’Océan (80 canons, navire amiral), le Redoutable (74 canons), le Guerrier (74), le Centaure (74), le Souverain (74), le Téméraire (74), le Triton (64), le Lion (64), le Fantasque (64), le Fier (50) et l’Oriflamme (50). Les frégates sont la Minerve (26), la Chimère (26) et la Gracieuse (24). Lacour-Gayet 1902, édition revue et augmentée en 1910, p. 514-515.
- Vergé-Franceschi 2002, p. 827-828
- Troude 1867-1868, p. 373-379.
- Le Redoutable et l’Océan. Monaque 2009, p. 55.
- Dix-huit vaisseaux pris par l'ennemi ; dix-neuf vaisseaux brûlés ou perdus par naufrage. Vergé-Franceschi 2002, p. 1327.
- Troude 1867, p. 427-428.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Alain Demerliac, La Marine de Louis XV : Nomenclature des Navires Français de 1715 à 1774, Nice, Oméga,
- Jean-Michel Roche (dir.), Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, t. 1, de 1671 à 1870, éditions LTP, , 530 p. (lire en ligne)
- Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins »,
- Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
- Martine Acerra et André Zysberg, L'essor des marines de guerre européennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, BNF 36697883)
- Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)
- Rémi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, éditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
- Rémi Monaque, Suffren : un destin inachevé, Paris, édition Tallandier, , 494 p. (ISBN 978-2-84734-333-5)
- Onésime Troude, Batailles navales de la France, t. 1, Paris, Challamel aîné, 1867-1868, 453 p. (lire en ligne)
- Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Honoré Champion éditeur, 1902, édition revue et augmentée en 1910 (lire en ligne)
- Jonathan R. Dull (trad. de l'anglais), La Guerre de Sept Ans, histoire navale, politique et diplomatique, Bécherel, Les Perséides, , 536 p. (ISBN 978-2-915596-36-6)
- (en) Brian Lavery, The Ship of the Line, vol. 1 : The development of the battlefleet 1650-1850, Conway Maritime Press, 2003), 224 p. (ISBN 978-0-85177-252-3 et 0-85177-252-8)
- (en) Rif Winfield, British Warships in the Age of Sail 1714-1792 : Design, Construction, Careers and Fates, Seaforth Publishing, , 400 p. (ISBN 978-1-84415-700-6, lire en ligne)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) « French third rate ship of the line 'Modeste' (1759) », sur Three Decks (consulté le )
- (en) « British third rate ship of the line 'Modeste' (1759) », sur Three Decks (consulté le )
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