Montgomery Clift

Edward Montgomery Clift [ˈɛdwɚd mɒntˈɡʌməri klɪft][1], né le à Omaha et mort le à New York, est un acteur américain.

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Montgomery Clift
Montgomery Clift en 1948.
Nom de naissance Edward Montgomery Clift
Surnom Monty
Naissance
Omaha (Nebraska, États-Unis)
Nationalité Américain
Décès (à 45 ans)
New York (NY, États-Unis)
Profession Acteur
Films notables Une place au soleil
Tant qu’il y aura des hommes
Soudain l’été dernier
Les Désaxés
Site internet Montgomery Clift

Biographie

Enfance

Montgomery Clift naît en 1920, précédé par Roberta sa sœur jumelle. Il a un frère, nommé Brooks, de dix-huit mois son aîné. William, le père, gagne aisément sa vie dans le secteur bancaire[2]. Durant ses jeunes années, sa mère est très présente et tente d'éduquer ses enfants de façon aristocratique ; bien que cette tentative soit malmenée durant les années trente et la crise des marchés financiers[3]. Surnommé par ses proches Monty, il fait, à 13 ans[4], ses débuts sur scène à Broadway.

Début professionnel

Servi par un physique avantageux, Clift se fait rapidement une solide réputation d'acteur. Au début des années 1940, l'actrice Libby Holman — qu'il ne laisse pas indifférente — produit à son intention la pièce Mexican Mural. Cette relation avec l'actrice est probablement la dernière relation hétérosexuelle de Clift[2], Libby Holman constatant, comme d'autres femmes, que l'acteur est homosexuel[3]. L'influence de l'actrice n'en est pas moins importante sur sa carrière. Suivant ses conseils, il repousse les offres des studios hollywoodiens, Holman considérant qu'il doit auparavant perfectionner son jeu, dans le but de pouvoir interpréter nombre de personnages dans un large registre d'émotions. C'est ainsi que l'acteur refuse de tourner dans Boulevard du crépuscule (1950), Le train sifflera trois fois, (1952) et À l'Est d'Eden (1955)[2].

Acteur de cinéma

Montgomery Clift a pourtant débuté au cinéma en 1948, sous la direction d'Howard Hawks, incarnant le fils adoptif de John Wayne dans le western La Rivière rouge. Si cette première prestation est remarquée, l'année suivante, le comédien remporte son premier succès personnel avec Les Anges marqués de Fred Zinneman, pour lequel il obtient sa première nomination aux Oscars[3].

En 1951, grâce à son interprétation d'un jeune employé issu d'un milieu modeste, dans le mélodrame Une place au soleil, il devient l'une des plus grandes vedettes d'Hollywood. Il partage l'affiche avec Shelley Winters et Elizabeth Taylor. C'est avec cette dernière le début d'une grande amitié qui perdure au fil des années. Le film obtient un grand succès et le quotidien de Clift en est changé. Désormais il a autour de lui quotidiennement nombre d'admiratrices et de photographes.

En 1953, Zinneman le dirige à nouveau dans Tant qu'il y aura des hommes, un film de guerre qui bouscule les codes et les conventions, traitant d'adultère, de prostitution, d'alcoolisme, de racisme et de torture, dans une Amérique alors en proie à la chasse aux activités antiaméricaines qu'impose le maccarthysme[3]. Montgomery Clift obtient sa seconde nomination à l'Oscar du meilleur acteur.

Avec Marlon Brando, Clift est alors l'acteur le plus prisé des réalisateurs de renom : Alfred Hitchcock le dirige dans La Loi du silence, Vittorio De Sica dans Station Terminus. Malgré le succès et une carrière alors à son sommet, la réussite n'apporte pas le bonheur à Montgomery Clift et l'effraie plutôt. Épuisé par le tournage en quelques mois de trois films, l'acteur se retire. Peu à peu la prise régulière de pilules — prescrites pour soigner des allergies — et l'alcool deviennent de véritables addictions. Son état de santé est tel, qu'il ne tourne plus durant trois ans[3].

Tragique accident et second retour sur les écrans

En 1956, Montgomery Clift reprend le chemin des studios. Partageant une nouvelle fois l'affiche avec Elizabeth Taylor, il tourne L'Arbre de vie dirigé par Edward Dmytryk. Sans elle, Clift ne serait peut-être jamais revenu au cinéma et il semble serein sans doute pour la première fois de sa carrière[3]. Tout s'interrompt le , jour où le comédien est victime d’un accident d’automobile au volant de sa Chevrolet Bel Air[5] ; il heurte un pylône à une centaine de mètres de la propriété d'Elizabeth Taylor. C'est d'ailleurs cette dernière qui lui sauve la vie en retirant ses dents arrachées qui menaçaient de l'étouffer[6]. Il en sort défiguré. Malgré les tentatives de la chirurgie plastique, son visage n'est plus jamais le même[5].

Malgré tout sa carrière se poursuit et, en 1958, il entreprend un second « come-back », sous la direction une fois encore de Dmytryk dans Le Bal des maudits. Marlon Brando partage l'affiche avec lui et tente de l'aider à surmonter ses problèmes d'alcoolisme et les multiples dépendances qui fragilisent sa santé[3]. L'année suivante, il retrouve son amie Elizabeth Taylor pour le tournage de Soudain l'été dernier que réalise Joseph L. Mankiewicz. C'est elle qui l'impose à la production et au cinéaste. Pour la première fois, Clift n'incarne pas un être angoissé et son interprétation d'un médecin devant effectuer une lobotomie sur une patiente, mais qui auparavant va chercher à comprendre la raison de sa psychose, constitue l'un des sommets de sa carrière[3]. Très actif, il tourne pour Elia Kazan, en 1960 Le Fleuve sauvage. Un tournage difficile où, plus que jamais, il se bat contre ses addictions, son alcoolisme semblant sans fin. À l'écran, il apparaît très amaigri et fatigué.

Déclin et disparition de Montgomery Clift

En ce début de décennie, l'image de Montgomery Clift n'est plus la même. Il est loin à présent de l'image du jeune premier aux milliers d'admiratrices. Son attitude sur les tournages le pénalise. Malgré cette mauvaise réputation et faisant fi des médisances, le cinéaste John Huston l'engage pour son prochain film Les Désaxés, avec en vedette Marilyn Monroe, Clark Gable et Clift. Le tournage est éprouvant et difficile, Clift allant de mal en pis. Toujours devant la caméra de Huston, il est Sigmund Freud, l'année suivante dans Freud, passions secrètes. La relation entre l'acteur et le réalisateur se dégrade, leurs personnalités diffèrent et Huston a bien du mal à admettre l'homosexualité de son interprète. Clift, qui peine à se souvenir de son texte, est malmené par le réalisateur. Sur le plateau, deux camps s'affrontent, l'un soutenant Huston, l'autre Clift. Un temps, Universal projette de remplacer celui-ci par Eli Wallach, mais y renonce finalement[3].

La même année, Montgomery Clift obtient une nouvelle nomination à l'Oscar, cette fois du meilleur second rôle (pour Jugement à Nuremberg).

Au milieu des années 1960, l'acteur interrompt complètement sa carrière. Son intérêt pour le septième art n'est plus le même et il quitte les studios californiens pour New York. François Truffaut le veut dans son prochain film Fahrenheit 451, mais Clift décline l'offre[3]. En 1966, L'Espion de Raoul Levy est sa dernière apparition sur les écrans. Il consent à participer au prochain film de John Huston, Reflets dans un œil d'or, uniquement parce qu’il a à nouveau l'occasion de partager l'affiche avec Elizabeth Taylor. Mais le destin en décide autrement : le , son compagnon Lorenzo James[2], entrant dans sa chambre, le découvre mort, terrassé par un infarctus[3].

De sa disparition, le professeur d'art dramatique Robert Lewis a dit : « Sa mort a été appelée le plus long suicide de l'histoire »[2].

Montgomery Clift est enterré à Brooklyn au cimetière quaker de Prospect Park. Sa pierre tombale, perdue parmi les autres, n'est pas librement accessible au public. Sa famille a justifié ce choix pour préserver la paix éternelle (enfin trouvée) de l'acteur. En , sa résidence brownstone de New York, située au 217 East 61 Street, a été proposée à la vente pour la somme de 5,5 millions de dollars. Monty Clift en avait fait l'acquisition en 1960 et c'est d'ailleurs dans cette demeure qu'il est décédé en 1966. Sur le mur du côté de la rue de la brownstone, une plaque commémorative avait été apposée, mais elle a été enlevée, car trop de curieux venaient se faire photographier devant cette demeure et importunaient les propriétaires.

Vie privée

Tout comme Marlon Brando et James Dean, Montgomery Clift est bisexuel[7],[8],[9],[10],[11].

Montgomery Clift a eu une relation avec l'actrice Libby Holman, qui est probablement sa principale et dernière relation hétérosexuelle[4]. Au début des années 1950, Montgomery Clift évolue vers un comportement amoureux uniquement homosexuel, et cela même s'il entretient des liens amicaux forts avec certaines relations féminines venues du théâtre, des relations largement encouragées par les publicitaires des studios[4].

L'acteur ne supportant plus « le regard des autres sur sa sexualité »[12] quitte Hollywood pour New York et se désintéresse du cinéma. Au moment de sa disparition, il envisageait de tourner un nouveau film — Reflets dans un œil d'or de John Huston — uniquement parce qu'il aurait eu, une nouvelle fois, comme partenaire, son amie Elizabeth Taylor[13], avec laquelle il entretenait depuis le début des années 1950 une solide et durable relation mi-amicale mi-amoureuse, qui serait restée purement platonique[N 1]. Il fut très lié avec Myrna Loy durant le tournage de Cœurs brisés, à tel point que persistaient des rumeurs de mariage entre les deux[14].

Filmographie

Télévision

  • 1939 : Hay Fever d'Ed Sobol : l'enfant cadet

Cinéma

Théâtre

En 1954, il adapte et joue La Mouette de Tchekhov.

Pièce radiophonique

Notes et références

Notes

  1. « Elle tenta vainement de le fléchir, et elle comprit peu à peu qu'il avait une vie homosexuelle secrète qui l'empêcherait toujours de se vouer entièrement à elle — ce qu'elle attendait désespérément d'un homme. Elizabeth confiera plus tard à l'écrivain Thomas Thompson qu'elle n'y était « jamais arrivée » sexuellement avec Monty. […] « Il y a eu des hommes que j'ai vraiment aimés, mais qui n'aimaient vraiment pas les femmes. » - Source : Elizabeth Taylor - La dernière star, éditions Sylvie Messinger, 1982, p. 55 ; biographie d'Elizabeth Taylor par Kitty Kelley.

Références

  1. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
  2. « Montgomery Clift - IMDb », sur imdb.com (consulté le ).
  3. http://cinemaclassic.free.fr/montgomery/biographie_montgomery.htm.
  4. (en) Montgomery Clift Biography, Internet Movie Database.
  5. Dictionnaire du cinéma : Les acteurs, Jean Tulard, édition Robert Laffont, collection Bouquins, sixième édition, 2001.
  6. Olivier Rajchman, « Montgomery Clift - Une place en enfer », Studio Ciné Live n°76, , p. 128 à 131.
  7. (en) Michelangelo Capua, Montgomery Clift: A Biography, p. 22
  8. (en) Ronald Fox, Current Researsh on Bisexuality
  9. Patricia Bosworth, dans (en) Montgomery Clift: A Biography fait appel au témoignage de son frère Brooks, qui indique notamment avoir rencontré deux jeunes femmes enceintes de Montgomery.
  10. (en) Steve Cohan, Masked Men: Masculinity and the Movies in the Fifties, p. 226
  11. (en) The Advocate, 9 juillet 2002, p. 39.
  12. Biographie de Montgomery Clift sur CinemaClassic.fr : « Le regard des autres sur sa sexualité l'empêche de trouver toute forme de sérénité et son goût pour le cinéma semble avoir diminué. Au milieu des années 60, il s'enfuit d'Hollywood et se réfugie à New York. ».
  13. Biographie de Montgomery Clift sur CinemaClassic.fr.
  14. Montgomery Clift: A BiographyPatricia Bosworth (2012).

Voir aussi

Bibliographie

  • Patricia Bosworth, Montgomery Clift : Portrait d'un rebelle, Paris, Mercure de France, , 329 p. (ISBN 978-2-7152-0015-9)
  • Sébastien Monod, Montgomery Clift : L'enfer du décor, LettMotif, La Madeleine, (ISBN 978-2-36716-213-3)

Liens externes

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