Mors (constructeur)

Mors est un constructeur pionnier de l'automobile français parisien entre 1895 et 1925. Il fut célèbre au début du XXe siècle pour ses nombreux succès sportifs entre 1899 et 1904, rivalisant alors souvent avec Panhard sur route. Mors est dirigé par André Citroën à partir de 1906 puis absorbé par Citroën à sa fondation en 1919.

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Mors

Création 1895
Dates clés 1919
Disparition 1925
Fondateurs Louis et Eugène Mors
Personnages clés André Citroën
Siège social Paris
 France
Activité Automobile

Les frères Mors

Émile Mors 2e de Bruxelles-Spa en 1898.

Louis Mors

Louis Mors (1855-1917) est ingénieur de l’École centrale de Paris (des arts et manufactures), passionné par les nouvelles techniques, fondateur d'un journal spécialisé dans l’électricité, pionnier de la conception d'automobile avec son frère Émile. Il est aussi mécène, collectionneur d'instruments de musique, critique d'art et favorise la création d’une chaire de musicologie au Collège de France. Il possédait d'ailleurs un théâtre privé, rue des Marronniers à Paris, et se lia d'amitié avec Claude Debussy, rencontré en 1889. Après des débuts en course sur Panhard, il finit 8e de Marseille-Nice en 1898. Il est chevalier de la Légion d'honneur, et membre du Comité de l'ACF à son décès[1].

Dans le 16e arrondissement de Paris, il fait bâtir un hôtel particulier dont ne subsiste de nos jours plus que le théâtre, anciennement salon de musique de la propriété, Le Ranelagh[2]. Avec Émile Mors, il fait construire en 1905 une villa de style néo-gothique à Tourgéville (Calvados)[3]. Il possède aussi un yacht à vapeur de 10 tonnes, nommé Le Mythra[4].

Émile Mors

Émile Mors (1859-1952) est ingénieur en électricité, pionnier de la conception d'automobile avec son frère Louis, inventeur en 1900 du système d’allumage par bobine à basse tension et dynamo de ses automobiles. Il est un ancien fabricant de matériels électriques reconverti dans l'industrie automobile naissante en 1895. Il participe avec leurs engins à ses deux premières courses en 1897 (18e du Paris-Dieppe, puis 12e du Paris-Trouville), avant de terminer deuxième de Bruxelles-Château d'Ardenne-Spa en 1898[5],[6] et sixième la même année de Marseille-Nice, puis d'abandonner dans Paris-Bordeaux (le Critérium des Entraîneurs), toujours en 1898. Il est fait chevalier de la légion d'honneur en [7].

Historique

Fabrication de matériel électrique

En 1851, fondation de la société « Mors Électricité » par Louis et Eugène Mors au 28, rue de la Bienfaisance dans le 8e arrondissement de Paris. Spécialisée en fabrication de matériel électrique, téléphone, signalisation ferroviaire...

Pionnier de l'automobile

Affiche de l'illustrateur belge Georges Gaudy (Tournai).

L'industrie des pionniers de l'automobile française connaît son âge d'or à la fin du XIXe siècle et domine le monde avec les célèbres marques et inventeurs : Mors, Léon Serpollet, Léon Bollée, De Dion-Bouton, Armand Peugeot, Panhard, Louis Renault...

En 1885, Émile Mors, construit sa première voiture à vapeur avec un système unique de chauffage à pétrole.

En 1896, il présente avec succès au 4e Salon du Cycle de Paris son premier véhicule à moteur à essence, un landau de type vis-à-vis doté d'un 4 cylindres en V incliné À 45° à soupape d’admission commandée, d’un graissage à carter sec, de culasses refroidies par eau et de cylindres refroidis par air avec l'innovation d'un allumage à rupteur.

En 1898, l'industrie Mors construit 200 voitures par an dans ses ateliers du 48 rue du Théâtre, dans le 15e arrondissement de Paris[8].

Victoires à de nombreuses courses automobile

Fernand Gabriel, déclaré vainqueur, à bord de son automobile Mors Z (Paris-Madrid 1903).

En 1897, Émile Mors débute en compétition avec sa voiture au Paris-Dieppe (Mouter et Viard étant également de la partie), puis il dispute le Paris-Trouville (12e), où André Michelin a aussi pris le volant d'une Mors pour l'occasion. En 1898, les frères Mors disputent la course Marseille-Nice, au mois de mars[9].

En 1899, la voiture de course Mors gagne la course Bordeaux-Biarritz (pilotée par Alfred Velghe, dit "Levegh"). Ce dernier finit également premier ex-æquo la même année fin juillet à Paris-Saint-Malo (autre lauréat "Antony", aussi sur Mors, ces deux pilotes ayant été engagés au Criterium des Entraîneurs de ), début septembre à Paris-Ostende (autre lauréat Léonce Girardot), et à Paris-Boulogne (avec toujours Girardot). En Italie, Rossi termine troisième de Padua-Vincenza-Thiene-Bassano-Trevisio-Padua.

Part bénéficiaire de la Société d'Automobiles Mors, en date du 5 novembre 1909

En 1900, un nouveau modèle 16HP[10] remporte la course Bordeaux-Périgueux-Bordeaux (avec "Levegh", vainqueur à l'aller, et au retour) et Paris-Toulouse-Paris (toujours avec "Levegh"). En Italie, Edoardo Corinaldi termine deuxième de Este-Montagnana-Este Race en mai.

En 1901, outre une 10HP à moteur 4 cylindres en ligne refroidi par air, les deux frères construisirent un véhicule de compétition propulsé par un 4 cylindres de 9 232 cm3 de 60 ch. Piloté par Henri Fournier, face à Renault, Hotchkiss ou Vauxhall, il remporte les courses Paris-Bordeaux en mai, puis Paris-Berlin en juin.

En 1902, le baron Pierre de Caters est deuxième au Circuit des Ardennes (troisième Vanderbilt II).

En 1903, Fernand Gabriel termine 1er de la course automobile Paris-Madrid (interrompue à Bordeaux, troisième Jacques Salleron), et 4e de la coupe automobile Gordon Bennett. De Caters obtient aussi de bons résultats en Italie (deuxième de deux sprints à Padoue, en octobre). En 1904 Joseph Salleron cette fois est deuxième lors des premières Éliminatoires Françaises de la Coupe Internationale (Vanderbilt) avec la Z. En 1907, Lavergne participe au Kaiserpreis.

Pour la saison 1908, le Belge Camille Jenatzy est 16e au GP de l'A.C.F., et Victor Demogeot 4e à la Coppa Florio.

En courses de côte[11], la marque s'adjuge la côte Nice - La Turbie en 1900 avec Alfred Velghe le , puis toujours avec ce dernier sur 28HP celle de L'Estérel près de Cannes le 1er avril. Ce sont les deux premiers succès de l'entreprise dans cette spécialité. S'ensuivent des succès à la Course de côte de Gaillon (1900, Brasier sur 24HP), à celles de Mucklow Hill (1900, avec une "Petit Duc"), de Château-Thierry (1902, Fernand Gabriel sur 60HP), de Killorglin Hill à Ballyfinane -ou Kerry Cup- (1903, Charles Stewart Rolls sur 80HP), de Eagle Rock à Newark NJ (1903, Vanderbilt II sur 70HP), de la rampe des Chères à Lyon (1905, Joseph Collomb), de Limonest-Mont Verdun (1906, Collom sur 120HP), de Bormes-les-Mimosas, Beausse, et Nancy (1909, Halut sur 100HP), de Gempen près de Bâle en Suisse (1914, Taddeoli)... et même bien plus tard de Cran d'Escalles près de Calais, grâce à Lacroix en 1921.

Mors obtient aussi le record du monde de vitesse en , à trois reprises, grâce à l'Américain William Kissam Vanderbilt II à Ablis, puis aux Français Henri Fournier et Maurice Augières à Dourdan, avec son modèle Z "type Paris-Vienne".

André Citroën

En décembre 1907, la société est au bord de la liquidation. Emile Mors s'associe alors avec le jeune polytechnicien André Citroën qui est nommé directeur général administrateur le 24 février 1908 lequel réorganise l'étude des besoins clientèles, la gestion, modernise, crée de nouveaux modèles et double la production de la marque en 10 ans. André Citroën est un découvreur de talents et un organisateur de génie. Il n'est ni inventeur, ni technicien. Il se passionne pour la « fabrication et la distribution à grande échelle ».

En 1909, Mors fabrique 2000 voitures.

Au cours d'une tentative de record, les 136 km/h sont atteints.

En 1913, les automobiles Mors ne seront désormais plus équipées que de moteurs Knight du motoriste belge Minerva.

Absorption par Citroën

En 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale, André Citroën reconvertit son usine d'armement en industrie automobile et fonde Citroën en absorbant la partie automobile de Mors (vendue par les Frères Mors).

En 1921, Mors commercialise un nouveau modèle.

En 1923, commercialisation du dernier modèle sous la marque Mors : la 12/16 HP Sport.

Électricité industrielle

Poste d'aiguillage de la gare de Laon, technologie Mors à enclenchement mécanique de leviers d'itinéraires, construit vers 1925 par la Compagnie du Nord.

En 1925, Mors suspend définitivement ses activités automobile au bénéfice de Citroën et se lance dans l'électroménager.

Entre 1951 et 1955, Mors a distribué puis produit des scooters sous le nom de Mors Speed.

Dans les années 1960, Mors se spécialise dans l'installation électrique pour devenir « Mors Jean Bouchon (MJB) » avant de devenir en 1984 « GTIE » (Générale de Travaux et d’Installations Électriques), à ce jour filiale du groupe Vinci. Mors a continué des activités aéronautiques, ferroviaires et maritimes jusqu'en 1996 ainsi que dans le domaine des contacteurs devenu la société Apem. Ces activités ont été vendues séparément à des groupes français. De 1993 à 1995, son PDG était Claude Manceau.

Scooters

Lors de la vogue du scooter en France au cours des années 1950, la firme Mors industrialisera et commercialisera un scooter innovant, conçu à l'origine par l'ingénieur Pierre Brissonnet. C'est le Mors Speed S1C, qui utilise un châssis en aluminium coulé[12] (technique assez rare et noble que l'on retrouve sur assez peu de 2 roues, utilisée également par la firme MZ et le très performant scooter Rumi Formichino). Ce scooter coûteux à produire fera une modeste carrière commerciale et un autre modèle, plus performant et luxueux, sera lancé (le Mors Paris - Nice)[13] sans plus de succès face aux géants italiens Vespa (qui fabrique en France sous licence à Fourchambault dans la Nièvre) et Lambretta. La société Mors se désengage en 1955, la fabrication étant reprise par les Établissements Alcyon-Gentil pendant quelques années.

Autour de la marque

Le pilote Charles Nungesser était surnommé « le hussard de la Mors » en raison d'un fait de guerre ayant consisté à traverser les lignes ennemies au volant de cette automobile. Détails dans l'article correspondant.

Modèles

Voir aussi

Notes et références

  1. Le Petit Journal, 23 octobre 1917, p. 4.
  2. « Visite libre du théâtre Le Ranelagh - Journées du Patrimoine 2021 », sur parisetudiant.com (consulté le ).
  3. Marie-Noël Tournoux et Didier Hébert, « Maison de villégiature dite La Tour Carrée ou Villa Mors », culture.gouv.fr, 1998.
  4. Union des yachts français, 1897, p. 100.
  5. chapitre Les premières courses à Spa-Francorchamps 1896-1899, Spa-Francorchamps: histoire d'un circuit de 1896 à nos jours, René Bovy, Théo Galle, Herman Maudoux, éd. Luc Pire, coll. VOYAGES, septembre 2009, 223p. (ISBN 978-2507002510).
  6. La Vie au Grand Air du 15 juillet 1898, p.92.
  7. La Justice, 10 janvier 1902, p.1.
  8. Histoire des automobiles Mors. Le sport avant le luxe". Résumé d'un article de Eric Favre in Bull. Soc. hist. & arch. du XVe arrondt de Paris – no 23".
  9. 1897 Grand Prix (team DAN, et années suivantes).
  10. Exposition universelle internationale de 1900 à Paris : Rapports du Jury international : Groupe XVIII : Armées de terre et de mer - Première partie : Classe 116, Imprimerie Nationale, (lire en ligne [PDF]), p. 489-491.
  11. Hill Climb Winners 1897-1914 (Kolombus, par Hans Hetzrodt).
  12. « Mors Speed S1 C 1952 - Moto Passion - Moto Collection François-Marie DUMAS », sur www.moto-collection.org (consulté le )
  13. « Mors Alcyon Paris-Nice 1956 - Moto Passion - Moto Collection François-Marie DUMAS », sur www.moto-collection.org (consulté le )

Bibliographie

  • Automobilisme. La voiture Mors, la Mignonnette, la voiture électrique Jeantaud, Paul Meyan, 1896;
  • Les inventions illustrées, Francis Laur, R. Pitaval & collaborateurs, chapitre Les voitures Mors au Salon de l'Automobile, éd. 1905 puis 1906.

Liens externes

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