Moruroa
Moruroa, aussi transcrit en Mururoa[2],[3] et historiquement appelé Aopuni[4], est un atoll de l’archipel des Tuamotu, situé en Polynésie française. Il a servi, comme un autre site de l’océan Pacifique, l’atoll de Fangataufa distant de 45 kilomètres, de lieu d’expérimentation à 193[5] essais nucléaires français. Moruroa appartient en pleine propriété à l’État français depuis 1964.
Moruroa Mururoa | |||
Carte de Mururoa. | |||
Géographie | |||
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Pays | France | ||
Archipel | Tuamotu | ||
Localisation | Océan Pacifique | ||
Coordonnées | 21° 50′ 00″ S, 138° 50′ 00″ O | ||
Superficie | 15 km2 | ||
Géologie | Atoll | ||
Administration | |||
Statut | Possession française sous l'autorité directe du gouvernement | ||
Démographie | |||
Population | Aucun habitant (2017[1]) | ||
Autres informations | |||
Fuseau horaire | UTC-10 | ||
Géolocalisation sur la carte : îles Tuamotu
Géolocalisation sur la carte : Polynésie française
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Atolls en France | |||
Géographie
Moruroa est un atoll de 28 km de longueur et 11 km de largeur maximales pour une superficie de terres émergées d’environ 15 km2 situé à 1 250 km au sud-est de Tahiti. L’atoll est composé de plusieurs motus de tailles variées.
D’un point de vue géologique, l’atoll est l’excroissance corallienne (de 295 mètres) du sommet d'un des plus importants monts volcaniques sous-marins de la traînée des Tuamotu[réf. nécessaire] (d'un volume de 8 514 km3), qui mesure 3 325 mètres depuis le plancher océanique et qui s'est formé il y a environ 32,9 à 42,6 millions d'années[6].
Histoire
La première mention de l’atoll par un Européen est faite par Philip Carteret le quelques jours après sa découverte de l'île Pitcairn. Il baptise l'atoll du nom de Bishop of Osnaburgh Island (île de l’évêque d'Osnaburgh)[7]. Le , la baleinière britannique Matilda fait naufrage à proximité de Moruroa où les rescapés, commandés par le capitaine Weatherhead[8], trouveront refuge et à partir de laquelle ils rejoindront Tahiti en canots de fortune. En , c'est le navigateur français Louis Isidore Duperrey qui visite Moruroa, à bord du navire La Coquille, puis c'est au tour du Britannique Frederick William Beechey de l'aborder le [8].
Essais nucléaires
En 1964, l’Assemblée territoriale de Polynésie cède gratuitement à l’État français Moruroa et Fangataufa, déjà occupé par l’Armée[9], par une délibération précisant : « Au cas de cessation des activités du centre d'expérimentation du Pacifique, les atolls de Moruroa et de Fangataufa feront d’office retour gratuit au domaine du territoire dans l’état où ils se trouveront à cette époque, sans dédommagement ni réparation d’aucune sorte de la part de l’État. Les bâtiments qui s’y trouveront édifiés à cette même époque, ainsi que le matériel laissé sur place, deviendront la propriété du territoire, sans indemnité[10]. »
Ce site présentait des critères alors jugés adaptés pour y tester des armes nucléaires : lieu éloigné et désertique, ne présentant qu'une faible densité de population (moins de 2 300 habitants dans un rayon de 500 km et moins de 5 000 dans un rayon de 1 000 km), venté avec un régime de vents dirigeant le nuage radioactif vers 6 000 km d’océans réputés déserts[10]. Les deux atolls sont classés terrain militaire en 1964[11] puis en zones protégées de défense nationale[12].
Le premier des 138 essais effectués au total à Moruroa est réalisé le [13].
Les essais nucléaires français suscitent des inquiétudes et des oppositions locales et internationales. En le voilier Fri [14] (liberté en Danois) parti de Nouvelle Zélande se dirige vers Moruroa pour protester contre les essais nucléaires . Il est arraisonné par la marine française le . Le , le Rainbow Warrior, un bateau de l’organisation écologiste Greenpeace en route vers l’atoll est coulé à Auckland en Nouvelle-Zélande par des agents des services secrets français, causant la mort du photographe portugais Fernando Pereira et provoquant le scandale de l’affaire du Rainbow Warrior.
Alors que la France observe depuis plusieurs années un moratoire sur les essais nucléaires, le nouveau président français Jacques Chirac autorise en 1995, une dernière campagne d’essais, avant la ratification du traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Ces essais ont pour objectif de valider différents modèles permettant des simulations ultérieures en laboratoire. Ils provoquent une vive campagne internationale de protestations allant jusqu’au boycott, avec en pointe les pays d’Océanie et des organisations internationales, dont Greenpeace. Cette campagne d’essais nucléaires prend fin l’année suivante. L’évolution de la géologie et de la radioactivité de l’atoll est depuis surveillée attentivement par l’armée française. Une étude de l'Inserm menée de 2002 à 2005 affirme dans sa conclusion que « les essais nucléaires réalisés par la France ont très probablement accru le nombre de cancers de la thyroïde, mais ceci de manière très limitée »[15]. En outre, selon le Conseil économique, social et culturel de la Polynésie française (en 2006), ils ont « causé une déstabilisation des flancs de l’atoll de Moruroa »[10] et « des fuites d’éléments radioactifs des cavités-cheminées, notamment du tritium, se sont produites et continuent de se produire »[10]. Actuellement, les sous-sols de Mururoa et de Fangataufa recéleraient près de 500 kg de plutonium[16]. Pour le chef du département de suivi des centres d’expérimentations nucléaires (DSCEN), même si ces atolls ne présentent pas de danger, « il n’est pas souhaitable de [les] rendre au public, pour des raisons simples de contention » du plutonium, qui est accessible[17]. Les deux atolls devraient être considérés comme des sites de stockage de déchets nucléaires[18].
Moruroa et Fangataufa appartiennent en pleine propriété à l’État français depuis 1964[10]. Malgré le vote en 2012 par le Sénat d’une proposition de loi proposant leur rétrocession à la collectivité de Polynésie française[19], le gouvernement Ayrault n’inscrit pas ce texte à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale[20].
Notes et références
- Répartition de la population de la Polynésie française par île en 2017, Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 27 février 2019.
- L’appellation « Mururoa » est plus courante en français, et figure comme première entrée dans des dictionnaires d'usage courant, mais le nom polynésien de l’atoll est bel et bien Moruroa.
- Le Petit Larousse 2008, éd. Larousse, Paris (ISBN 978-2-03-582503-2) p. 1542.
- Names of the Paumotu Islands, with the Old Names So Far As They Are Known par J.L. Young dans The Journal of the Polynesian Society, vol. 8, no 4, décembre 1899, pp. 264-8.
- « Polynésie française: le niveau de radioactivité lors des essais nucléaires français aurait été sous-évalué », sur TV5MONDE, (consulté le )
- (en) Moruroa Seamount sur le catalogue Seamount de earthref.org.
- John Byron, Philip Carteret, Samuel Wallis, An Account of the Voyages Undertaken by the Order of His Majesty, 1775, James Williams, p. 173.
- Jacques Bonvallot, Les Atolls des Tuamotu, éditions de l'IRD, , 296 p. (ISBN 978-2-7099-1175-7, lire en ligne), p. 275-282.
- « Les atolls de Moruroa et de Fangataufa ont été cédés gratuitement en toute propriété à l’État par le territoire » de la Polynésie française, « par délibération n° 64 - 27 du 6 février 1964, soit après l’implantation du CEP et de la DIRCEN ».
- Conseil économique, social et culturel de la Polynésie française (2006) Rapport sur la reconnaissance par l’État des droits des victimes des essais nucléaires français et leurs impacts sur l’environnement, l’économie, le social et la santé publique en Polynésie français; rapporteurs Paul Tony ADAMS, Jean-Marie CHEUNG, Daniel PALACZ et Hanny TEHAAMATAI
- Arrêté no 1878/DOM du 4 août 1964.
- Arrêtés de la République française, du 1er août 1980
- Les atolls de Moruroa et Fangataufa sont cédés par délibération du Territoire de Polynésie no 64-27 du 6 février 1964, rendue exécutoire par arrêté no 290/AA/DOM du 8 février 1964.
- voilier FRI
- http://moruroa.assemblee.pf/medias/pdf/De%20vathaire%20fr.pdf.
- État des lieux à Moruroa et Fangataufa sur moruroa.assemblee.pf
- Nucléaire: “Il n’est pas souhaitable de rendre Moruroa et Fangataufa” sur http://www.ladepeche.pf, site de la Dépêche de Tahiti.
- [PDF] Que sont devenus Moruroa et Fangataufa? sur inis.iaea.org, site de l'Agence internationale de l'énergie atomique (IAEA). Voir en particulier page 14.
- Proposition de loi relative au suivi des conséquences environnementales des essais nucléaires français en Polynésie française, dossier législatif sur le site du Sénat.
- Question no 5966 et réponse publiées au Journal officiel des 2 octobre 2012 p. 5306 (question) et 5 mars 2013 p. 2570 (réponse), sur le site de l'Assemblée nationale.
Voir aussi
Bibliographie
- Marie-Thérèse et Bengt Danielsson, Moruroa, notre bombe coloniale. Histoire de la colonisation nucléaire de la Polynésie française, Paris, Ed. L’Harmattan, 1993, 656 p.
- Jean-Marc Regnault, La France à l’opposé d’elle-même, Les Editions de Tahiti, 2006, 228 p.
- Jean-Marc Regnault, La bombe française dans le Pacifique, Polymages-Scoop, 1993, 186 p.
Articles connexes
Liens externes
- Mémorial des essais nucléaires français
- Dossier Moruroa par l’armée française
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
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