Néothomisme

Le néothomisme est un renouveau de la philosophie thomiste élaboré à la fin du XIXe siècle et au cours du XXe siècle à l'initiative du pape Léon XIII et de son encyclique Æterni Patris. À sa suite, Pie X voit dans le thomisme le seul rempart efficace contre le modernisme. L'approbation des 24 thèses thomistes en 1914, fait du thomisme la philosophie officielle de l'Église catholique. Cette philosophie est réaffirmée par Benoît XV (encyclique « Fausto appetente » (1921) et donnée au clergé régulier et séculier à travers un code de droit canonique, très inspiré par la doctrine de Thomas d'Aquin. Ses représentants les plus importants sont Jacques Maritain et Étienne Gilson. Il est parfois appelé néoscolastique. Bien que l'Église soit largement responsable du mouvement, plusieurs courants se dégagent dans la mesure où, en dehors des 24 thèses officielles, tout le reste peut-être « librement » débattu et discuté.

Triomphe de Thomas d'Aquin sur Averroès.

Le néothomisme réactualise le réalisme en philosophie.

Précurseurs

Courant traditionnel

Les représentants de ce courant n'ont pas d'abord pour but de s'éloigner de la doctrine thomiste, mais de montrer (ou démontrer) ce qu'elle a d'éternellement durable, en matière de métaphysique notamment. Tous adoptent une attitude critique vis-à-vis de ce qu'ils considèrent être des "erreurs" de la modernité, erreurs auxquelles ils opposent des positions thomistes.[non neutre]La plupart des ouvrages de ce courant sont écrits en latin. Signalons :

  • Abbé Frédéric Lebrethon (1812-1879), auteur d'une Petite somme théologique de Saint Thomas d'Aquin, à l'usage des ecclésiastiques et des gens du monde en 4 vol.
  • Tommaso Maria Zigliara (1833-1893), auteur italien d'une Summa philosophica en 3 vol. Léon XIII le nomma Cardinal et président de l'Académie de Saint Thomas.
  • Mgr Albert Farges, auteur d'Études philosophiques en 9 vol. et d'un Cours de philosophie adopté comme manuel par beaucoup de séminaires.
  • Le père Réginald Garrigou-Lagrange (1877-1964), auteur d'une Synthèse thomiste et de Dieu.
  • Le chanoine Henri Collin (1888-1979), auteur d'un Manuel de philosophie thomiste, adapté aux derniers programme de l'enseignement secondaire en 2 vol.
  • Le Cardinal Billot (1846-1931) dont le retour à saint Thomas manifeste son indépendance vis-à-vis de Suarez (qui influence beaucoup les néo-thomistes allemands).

Courant progressiste

Ce courant ne se contente pas de restaurer les anciennes doctrines thomistes, mais tente d'incorporer tout ce que la pensée moderne a pu découvrir de bon. Il vise à enrichir le thomisme tout en se montrant sévère envers les "erreurs" de la pensée moderne. Le chef de ce mouvement est le Cardinal Mercier.

Plusieurs écoles se réclament de la démarche progressiste :

École historique

L'école historique applique à l'étude du thomisme et de la philosophie médiévale qu'ils ont contribué à redécouvrir tout en la revalorisant, les méthodes de la critique moderne. Retenons :

École progressiste

L'école progressiste tente d'enrichir et de renouveler le thomisme « en lui faisant, dit le père Sertillanges, assimiler toute la substance nutritive que les siècles ont, depuis, élaborée ». En ce sens la réflexion thomiste se répand dans tous les domaines, de la politique à la métaphysique, de la morale à l'épistémologie. Le représentant français majeur de ce courant est certainement, outre Sertillanges, Jacques Maritain. Citons également le cardinal Mercier, fondateur de l'Institut supérieur de philosophie de Louvain où enseigna Joseph Maréchal ainsi que Pierre Scheuer. Enfin, la néoscolastique italienne de l'école de Milan, fondée par le Père Agostino Gemelli, fondateur de la Revue de philosophie Scolastique. Se réclamant eux aussi de Mercier, ils veulent repenser « la philosophie éternelle » du docteur angélique pour répondre aux problèmes actuels. Ils combattent le positivisme scientiste et l'idéalisme hégélien de Croce et Giovanni Gentile. Les travaux s'axent actuellement autour des liens entre le thomisme et les courants actuels tels que la phénoménologie, notamment par les travaux de Emmanuel Falque.

École indianiste

Un groupe de Jésuites belges missionnaires en Inde, résidant au collège Saint-Xavier de Calcutta, va s'atteler à interpréter les doctrines métaphysiques du Vedânta à la lumière du thomisme. Si dans un premier temps il s'est plutôt agi de montrer, avec une visée missionnaire marquée (l'inculturation de la foi chrétienne), en quoi les différentes formes du Vedânta aboutissaient à des explications partielles en accord avec ce que le thomisme à lui seul démontrait, les travaux plus récents de cette école ont davantage été dans le sens d'un dialogue inter-philosophique et -théologique avec enrichissement métaphysique ou même mystique mutuel. Les figures marquantes de cette école sont les Pères Georges Dandoy, Pierre Johanns, et Richard De Smet. On peut aussi citer Michel (Michaël) Ledrus, professeur de philosophie indienne à l'Université Grégorienne, de Rome.

École critique

L'école critique tend à souligner les faiblesses du thomisme et considère certaines des 24 thèses comme seulement probables. Par exemple, Pedro Descoqs critique l'hylémorphisme et discute la distinction entre essence et existence.

Théologiens et philosophes

Ecole néothomiste de Milan :

Voir aussi

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