Nicolas Métru
Nicolas Métru est un maître de musique et compositeur né à Bar-sur-Aube vers 1600-1605[1], et mort probablement à Paris après 1663.
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Biographie
Famille
Métru est repéré à Paris à partir du 13 mars 1631, lorsque son épouse Louise Fontaine est marraine d’un enfant à Saint-Germain-le-Vieil. Entre janvier 1632 et juin 1648, le couple donne naissance à au moins huit enfants, dont deux au moins meurent en bas âge ; aucun ne semble avoir fait carrière dans la musique. Ces actes[2] révèlent deux adresses : de 1632 à 1633 rue Saint-Martin (paroisse Saint-Nicolas-des-Champs), et à partir de 1635 rue Quincampoix (même paroisse, puis paroisse Saint-Martin).
Carrière
L’acte du 13 mars 1631 le mentionne comme « maître compositeur de musique »[3] ; le fait est qu’en 1632 il est déjà suffisamment connu pour que le recueil de La Philomèle séraphique [4] réutilise la musique de quelques-uns de ses airs en en remplaçant le texte profane en chansons spirituelles[5]. En 1643 Annibal Gantez parle de lui dans la Lettre XXII de L’Entretien des musiciens[6] : « Si vous en voulez sçavoir davantage, consultez Messieurs Vincens, Metru & Massé qu’ils sont les trois plus fameux & affamez maîtres de Paris, & ne croyez pas que je me mocque, puisque le premier a esté maistre de Monsieur d’Angoulesme, le second, des Peres Jesuistes & le dernier de Monsieur le Chancelier [Séguier]». Il est donc à cette époque maître de musique chez les Jésuites, activité dont on n’a pas d’autre trace. La publication de ses fantaisies pour la viole laisse supposer qu’il a été gambiste. De son métier de maître de musique, on sait encore, par un factum destiné à défendre la cause des compositeurs et des maîtres de musique contre les prétentions de la confrérie des Ménétriers le cite comme ayant été un des maîtres de musique du jeune Jean-Baptiste Lully, aux côtés de François Roberday et de Nicolas Gigault[7].
L’affaire Ballard-Métru
Le 25 avril 1633, Nicolas Métru obtient des lettres patentes lui permettant de faire imprimer et vendre ses œuvres ; elles sont enregistrées au Parlement le 21 juin 1633[8]. Ce privilège de compositeur, parfaitement courant dans sa formulation, lui permettait de faire imprimer sa musique par un imprimeur de son choix et il semble bien qu’il en fit usage, en imprimant son premier livre d’airs chez un imprimeur de musique non identifié : probablement chez Jacques I de Sanlecque[9] (mais en tout cas chez Pierre I Ballard, qui à cette époque prétendait détenir un privilège exclusif sur la typographie musicale). Le 27 avril 1635, le Conseil privé du roi autorise Pierre I Ballard à assigner Métru en procès[10] et interdit provisoirement à Métru de continuer à se faire publier ailleurs. Peu après, le 3 juillet 1635, un arrêt du même conseil révoque le privilège de Métru mais oblige Ballard à imprimer toutes les œuvres que Métru lui soumettra, en lui en fournissant cent exemplaires gratuitement[11], accord visiblement respecté puisqu’après la mort de Pierre I Ballard, Métru retourna se faire publier par son fils Robert III Ballard dès 1642.
Œuvres
- Recueil des vers du sieur G. de Baïf mis en musique par N. Métru, chantez en l’allegresse de l’heureux retour du roy. – Paris : Pierre I Ballard, 1628. 5 vol. 4°. Guillo 2003 n° 1628-F, RISM M 2464.
- Contient 4 chansons à 4 ou 5 voix (dont deux sur le texte Vive le roy), écrites à l'occasion du retour de Louis XIII à Paris après le siège de La Rochelle (1627-1628). Édition fragmentaire.
- Premier livre d'airs [probablement à 4 voix]. – Paris, probablement Jacques I de Sanlecque, ca. 1633. Édition perdue. Guillo 2003 n° ND-41, ou Guillo 2010 n° JS-1.
- Fantaisies à deux parties, pour les violles, composées par N. Metru, natif de Bar-sur-Aube en Champagne, demeurant à Paris. – Paris : Robert III Ballard, 1642. 2 vol. 4° obl. Guillo 2003 n° 1642-G, RISM 2465.
- Dédicace à Monsieur Regnier, Conseiller du roi, contrôleur général des Bouëttes des Monnaies de France. Contient 36 fantaisies. Édition moderne par Paul Hooreman (Paris, Heugel, 1973, Le Pupitre, n° 47. Le style de ces fantaisies est enlevé, proche de celui des chansons.
- II. livre d’airs à quatre & cinq parties, par N. Métru, natif de Bar-sur-Aube en Champagne. – Paris, Robert III Ballard, 1646. 4 vol. 8° obl. Guillo 2003 n° 1646-F, RISM M 2466.
- Dédicace à Monsieur Payen, sieur des Landes, Conseiller du roi en sa cour de Parlement. Contient 18 airs (dont 2 à 5 v.), et deux airs à boire (à 4 v. et 3 v.).
- III. livre d’airs à quatre parties, par N. Métru, sur la Paix et le mariage du Roy. – Paris, Robert III Ballard, 1661. 4 vol. 8° obl. Guillo 2003 n° 1661-N, RISM M 2467.
- Dédicace à Monsieur de Pellissari, conseiller du Roy, Seigneur de la Maison Blanche, & Trésorier general de la Marine. Content 19 airs (dont 3 à 3 voix et un en italien). Certains de ces airs célèbrent le mariage de Louis XIV, tenu en juin 1660. Dans ce livre, le grand nombre de notes pointées et de monnayages fait penser à une musique d’origine instrumentale.
- Missa quatuor vocum, ad imitationem moduli Brevis oratio, authore N. Metru. – Paris : Robert III Ballard, 1663. 1 vol. 2°, Guillo 2003 n° 1663-I, RISM M 2468.
- L’édition est datée 1663, elle est précédée d’un bifeuillet de dédicace daté 1662 (mais on n'a pas la dédicace). Outre les chants habituellement composés de l'Ordinaire (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus et Agnus Dei), elle inclut la première strophe de l'hymne pour l'élévation O Salutaris Hostia, ainsi que la première phrase du motet Domine salvum fac Regem qui vient clôturer l’œuvre en rendant hommage au roi de France, comme cela est l'usage durant l'Ancien-Régime.
Notes et références
- Sa ville de naissance est précisée au titre de ses éditions ; sa date de naissance s’estime à partir de son emploi de maître de musique en 1631 : on peut supposer qu’il est déjà majeur (25 ans) à cette date.
- Brossard 1965, p. 216.
- Il a été cité comme organiste de l'église Saint-Nicolas-des-Champs, mais ceci ressort d’une mauvaise lecture du factum de 1695 cité plus bas ; voir Morin 1934 p. 266.
- Tournai : Adrien Quinqué, 1632 (RISM 16323).
- L’imprimeur du volume dit dans sa préface que « ces airs sont tirez des œuvres de Guedron, Signac, Moulinié, Boyer, Boesset, Richart, Vavasseur, & du Metru, auteurs plus signalez de ce temps & pour le contentement des curieux, l’auteur en a entremeslez d’autres venans tout fraichement de France, qui n’ont pas encore esté imprimez ». Voir f. g8v.
- Gantez 1643, p. 125.
- Raisons 1695, p. 32-33.
- Paris AN : X/1a/8652, f. 144v.
- C’est l’époque où Jacques I de Sanlecque fait ses premiers essais de typographie à Paris. Sur cette hypothèse (qui revient à supposer qu’en fait c’est Métru qui a fait les frais de la première mésentente entre la maison Ballard et la maison Sanlecque), voir Guillo 2003 vol. I p. 29-31 et Guillo 2010.
- Paris AN : V/6/104. Transcrit dans Lepreux 1911, Doc. 120.
- Paris AN : V/6/106. Transcrit dans Lepreux 1911, Doc. 121.
Bibliographie
- Yolande de Brossard. Musiciens de Paris 1535-1792 d’après le fichier Laborde. Paris : Picard, 1965.
- Georgie Durosoir, L'air de cour en France : 1571–1655, Liège, Mardaga, 1991.
- Annibal Gantez, L’Entretien des musiciens..., Auxerre, J. Bouquet, 1643, Sur Gallica.
- Laurent Guillo. Pierre I Ballard et Robert III Ballard, imprimeurs du roy pour la musique (1599-1673). Sprimont et Versailles : 2003. 2 vol.
- Laurent Guillo, « Les éditions musicales imprimées par Jacques I de Sanlecque, Jacques II de Sanlecque et Marie Manchon, veuve Sanlecque (Paris, c. 1633-1661) », La, la, la… Maistre Henri » : mélanges de musicologie offerts à Henri Vanhulst (Turnhout : Brepols ; Tours : CESR, 2010), p. 257-295.
- Denise Launay, « La fantaisie en France jusqu’au milieu du XVIIe siècle », La musique instrumentale de la Renaissance, Paris, 1954, p. 327–338.
- Georges Lepreux, Gallia typographica… Série parisienne. 1 : Livre d’or des imprimeurs du roi. Paris : H. Champion, 1911. Sur Internet Archive.
- Jean-Paul Montagnier, The polyphonic mass in France, 1600-1780 : the evidence of the printed choirbooks, Cambridge : Cambridge University Press, 2017.
- Louis Morin, « Nicolas Métru de Bar-sur-Aube, compositeur et maître de chapelle à Paris au XVIIe siècle », Mémoires de la société académique d’agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l’Aube, 96 (1933-1934), p. 257-274. Sur Gallica.
- Raisons qui prouvent manifestement, que les compositeurs de musique ou les musiciens qui se servent de clavecins, luths, & autres instrumens d'harmonie pour l'exprimer, n'ont jamais esté, & ne peuvent estre de la communauté des anciens jongleurs & menestriers de Paris... [Paris, 1695]. Paris BnF : V-16930 (sur Gallica).
Liens externes
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