Noëlle Vincensini

Noëlle Vincensini, née le à Piedicroce[1] est une réalisatrice, écrivain et militante associative française.

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Noëlle Vincensini
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Biographie

Née en 1927 à Piedicroce (Corse), Noëlle Vincensini est une ancienne résistante. A Montpellier, elle distribue des tracts et des journaux de résistance aux côtés de Jeanne Bleton et d'autres amies[2]. Elle va également plusieurs fois au « centre de la propagandastaffel » et dépose des tracts dans les « brochures de propagandes » nazies[3]. Elle s'engage au sein du mouvement de résistance des Forces unies de la jeunesse patriotique et participe au collage d'affiches prônant la résistance. Elle rejoint ensuite le mouvement des FTP. Durant ses années de résistance elle rassembla des armes pour les maquisards[4] Après une rencontre, en 1944 avec un agent du BRCA[5] Noëlle, Jeanne Bleton et leurs amies devinrent « agents de liaison dans le réseau R3 action». Elles s'occupent alors des liens entre Montpellier et le Vigan.

Noëlle Vincensini est arrêtée sur dénonciation en par la Gestapo et également par des miliciens[6] à l’âge de 17 ans avec trois autres lycéennes à Montpellier[7]. Elle est torturée car elle a les cheveux teints, ce qui laisse penser qu'elle est une « espionne »[8]. De plus elle explique dans un article de Libération qu'elle avait en possession le jour de son arrestation des photos de ses cousins, qui avaient été photographiés « fusils à l'épaule dans le maquis corse » ce qui empira son cas auprès de la Gestapo[9]. Noëlle, Jeanne et leurs amies sont envoyés « à la prison du 32e » et sont dans la même cellule[8]. Noëlle est ensuite déportée dans le camp de femmes de Ravensbrück et envoyée dans le Kommando de travail de Neubrandenburg. Elle s’est évadée pendant « la marche de la mort » en [10].

Elle épouse en 1947 l'écrivain cévenol Jean-Pierre Chabrol avec qui elle milite au PCF à Palaiseau, ville dont elle devient Maire-adjointe en 1953[11]. En 1954 il y a une crise du logement, et Noëlle décide pour venir en aide aux milliers de personnes qui se retrouvent à la rue, de réquisitionner « les villas bourgeoises de sa ville»[9]. Durant sa vie avec Jean-Pierre Chabrol elle sera amie avec « Aragon et Elsa, Brel et Brassens, Montand et Signoret »[9].

Elle divorce et revient dans son village de Piedicroce en Corse en 1970. Elle y mène un combat pour la démocratie en luttant pendant huit années de suite contre la fraude électorale massive affrontant menaces et intimidations. Elle finit par gagner cette bataille avec la publication par la Municipalité de nouvelles listes électorales.

En 1978, elle est à l'initiative de la création d'une des premières radios libres en Corse Radio Balbuzard[12]. Cette année là elle et d'autres femmes vont « dénoncer la dure répression que subissaient alors aussi les nationalistes » en occupant « la rue devant la préfecture d'Ajaccio »[9].

Entre 1976 et 1985, Noëlle Vincensini réalise trois documentaires Da fassi una spulendata (1976), Da la piaghja a la muntagna (1977) prix du Festival vert de Montpellier et Stonde (1985) qui forme une trilogie s'inscrivant dans le cadre du mouvement de réappropriation de la culture corse Riacquistu. En 1981, elle cofonde une association d'aide à la production, Sinemassoci, favorisant un jeune cinéma d'auteurs insulaires[1].

En 1985, elle créé avec plusieurs personnalités corses le collectif anti-raciste Ava Basta. Un concert est organisé pour célébrer la création de l'association et le groupe des Muvrini y participe. Ils sont à la suite de cela boycottés « par les nationalistes pendant quatre ans»[9].

Noëlle Vincensini fait également des interventions auprès des scolaires, en Corse, pour les sensibiliser au problème du racisme[9].

Elle a également participé à un colloque pour la paix « à l'invitation de l’Église de Corse »[9].

Dans le documentaire historique du réalisateur Frédéric Vidal La mémoire et le silence, sorti en 2013 et consacré aux portraits de femmes résistantes déportées au camp de Ravensbrück, Noëlle Vincensini livre un témoignage de cette épreuve intitulé La norme c’était la mort[13].

Le documentaire historique de la réalisatrice Jackie Poggioli, 70 ans après, résistantes corses déportées, trace son portrait ainsi que ceux de 17 autres résistantes nées en Corse telles que Danielle Casanova et passées par les camps de Ravensbrück, Mauthausen et Auschwitz. Ce documentaire fut projeté à l’Assemblée Nationale le [14].

Décorée du grade de Chevalier de la Légion d'honneur en 2008, Noëlle Vincensini a été élevée au grade d'Officier de la Légion d'honneur le [15].

Elle publie Le gendarme paysan : Alentours d'une vie[16] en 2014 et un ouvrage autobiographique[17] en 2018.

Distinctions

Notes et références

  1. Fiche de Noëlle Vincensini, article biographique de Noëlle Vincensini dans l'ouvrage collectif Le Dictionnaire universel des créatrices de Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber et Béatrice Didier
  2. Françoise Nicoladzé, Passant, souviens-toi ! Montpellier : lieux de mémoire 1940-1945, Les Presses du Languedoc, , p. 81
  3. Françoise Nicoladzé, Passant, souviens-toi ! Montpellier : lieux de mémoire 1940-1945, Les Presses du Languedoc,
  4. Françoise Nicoladzé, Passant, souviens-toi ! Montpellier : lieux de mémoire 1940-1945, Les Presses du Languedoc, , p 82
  5. Françoise Nicoladzé, Passant, souviens-toi ! Montpellier : lieux de mémoire 1940-1945, Les Presses du Languedoc, , p83
  6. Françoise Nicoladzé, Passant, souviens-toi ! Montpellier : lieux de mémoire 1940-1945
  7. Récit. Mémoire vive des camps de la mort, article paru le 25 juin 2018 dans L'Humanité
  8. Françoise Nicoladzé, Passant, souviens-toi ! Montpellier : lieux de mémoire 1940-1945, Les Presses du Languedoc, , p84
  9. Annick Peigne-Giuly, « Noëlle Vincensini se bat pour une Corse tolérante. Pour éradiquer la violence, la porte-voix d'Ava Basta, ressuscite les « pacere », qui tentaient de mettre fin aux vendettas familiales. Noëlle ou le refus du « vendettariat » », Libération, (lire en ligne)
  10. La mémoire et le silence, Portraits de femmes résistantes déportées au camp de Ravensbrück, film documentaire réalisé par Frédéric Vidal en 2013
  11. Jean-Pierre Chabrol collaborait au bulletin municipal de la ville, où sa femme avait été élue adjointe, sur la liste communiste en 1953. Cf le témoignage de Robert Vizet p. 39-41, Robert Vizet, un parcours citoyen, Le Temps des cerises, de Olivier Mayer, 2005
  12. Noëlle Vincensini se bat pour une Corse tolérante, portrait paru le 12 avril 1996 dans Libération
  13. La mémoire et le silence, documentaire de Frédéric Vidal sorti en 2013
  14. Un film sur les résistantes corses déportées au programme de l'Assemblée Nationale, article publié le 26 janvier 2016 sur le site de FranceInfo
  15. Noëlle Vincensini, promue au grade d'Officier de la Légion d'honneur, article édité le 4 juin 2016 par France 3 Corse ViaStella
  16. Fiche de Noëlle Vincensini sur le site de la BNF
  17. Le morceau de sucre, ouvrage publié chez l'éditeur Albiana

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