Nuages flottants
Nuages flottants (浮雲, ukigumo) est un film japonais en noir et blanc, réalisé par Mikio Naruse, sorti en 1955. Le film est une adaptation du roman homonyme de Fumiko Hayashi, publié au Japon en 1951 et traduit en français par Corinne Atlan pour les Éditions du Rocher en 2005.
Titre original |
浮雲 Ukigumo |
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Réalisation | Mikio Naruse |
Scénario |
Fumiko Hayashi (roman) Yōko Mizuki (adaptation) |
Musique | Ichirō Saitō |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Tōhō |
Pays de production | Japon |
Genre | Drame |
Durée | 123 minutes |
Sortie | 1955 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Hiver 1946. Une jeune femme, Yukiko Koda, comme plusieurs de ses compatriotes, rentre dans un Japon anéanti par la guerre et moralement affecté par la défaite. Elle a passé plusieurs années à Dalat en Indochine française après son occupation par son pays comme secrétaire du ministère de l'Agriculture et des Forêts et cherche à revoir Tomioka, un collègue avec qui elle a vécu là-bas une ardente passion. Celui-ci avait fait le serment de l'épouser. Lorsqu'elle le retrouve, elle avoue sa tristesse et sa déception de le voir distant et maussade et craint qu'il veuille l'abandonner et renier sa promesse. Effectivement, Tomioka, qui s'est lancé depuis dans le commerce du bois, lui avoue qu'il n'a plus l'intention de quitter son épouse, laquelle l'a attendu patiemment et fidèlement durant de nombreuses années. Il lui demande instamment d'oublier leur amour passé et d'accepter la rupture. Courroucée, Yukiko proteste et l'insulte. Désormais seule, elle erre dans les ruelles de Tokyo à la recherche d'un toit et d'un travail... Mais Yukiko et Tomioka ne finiront pourtant pas de se revoir. « Le film déroule, dans un lancinant mouvement sans progrès, le fil d'une relation qui, sans cesse, se renoue pour se défaire »[1].
Fiche technique
- Titre : Nuages flottants
- Titre original : 浮雲 (ukigumo)
- Réalisation : Mikio Naruse
- Assistant réalisateur : Kihachi Okamoto
- Scénario : Yōko Mizuki, d'après le roman de Fumiko Hayashi
- Photographie : Masao Tamai (ja)
- Décors : Satoru Chūko (ja)
- Montage : Eiji Ōi
- Son : Hisashi Shimonaga (ja)
- Musique : Ichirō Saitō
- Production : Sanezumi Fujimoto (ja)
- Société de production : Tōhō
- Pays de production : Japon
- Langue originale : japonais
- Format : noir et blanc - 1,33:1 - 35 mm - son mono
- Genre : drame
- Durée : 124 minutes (métrage : douze bobines - Modèle:3387[2])
- Dates de sortie :
Distribution
- Hideko Takamine : Yukiko Koda
- Masayuki Mori : Kengo Tomioka
- Mariko Okada : Osei Mukai
- Daisuke Katō : Seikichi Mukai, le mari d'Osei
- Isao Yamagata : Sugio Iba, le beau-frère de Yukiko
- Nobuo Kaneko : Kanō
- Chieko Nakakita : Kuniko Tomioka, la femme de Kengo
- Mayuri Mokushiyō (ja) : coursière d'un bar, amante de Kengo
- Noriko Sengoku : la logeuse de Yukiko à Yakushima
- Fuyuki Murakami (ja) : Makita
- Heihachirō Ōkawa : le docteur Higa
- Roy James : le soldat américain
- Yaeko Izumo
- Akira Sera (ja)
- Akira Tani (ja)
Analyse
La passion amoureuse, qui unit Yukiko et Kengo, a pris naissance dans la jungle indochinoise, lors d'une randonnée sous le soleil. Elle se prolonge dans les ruines de Tokyo, sous un ciel gris. Elle se termine dans la jungle d'une île japonaise soumise à un déluge de pluie. Beaucoup de scènes sont tournées en extérieur. Yukiko est plus jeune que Kengo. Mais le temps ne compte pas pour les amoureux. Ils recherchent le passé, le Japon d'avant guerre, en allant prendre des bains à Kyoto, la vieille capitale historique qui a été épargnée par la guerre. Ils se rendent compte qu'ils ont vieilli. De temps en temps, on les voit seuls au milieu de la foule. Ils se séparent et se retrouvent plusieurs fois. Ils s'aiment et se disputent. Tous les clichés sur les amants sont là. Mais la mise en scène est d'une sensibilité extraordinaire. Le réalisateur réussit à montrer les grandes douleurs psychologiques sans faire crier les acteurs, sans dramaturgie excessive, juste avec des regards, des mots, des nuages. Les personnages ne sont ni riches, ni pauvres, ni intelligents, ni fous, ni trop complexes, ni trop simples. Mais leur vie est transcendée par l'amour. Le film recevra les compliments cités dans le paragraphe À noter, ci-dessous. Il est souvent considéré comme le meilleur de Mikio Naruse.
Autour du film
- Yasujirō Ozu qui devint, avec Mikio Naruse, l'un des plus brillants illustrateurs du shomingeki au cinéma, fut très impressionné par la vision de Nuages flottants. Il confessera, quelque temps après, qu'avec Les Sœurs de Gion de Kenji Mizoguchi, Nuages flottants était l'unique film qu'il aurait été incapable de réaliser. Il écrivait d'ailleurs : « L'autre jour, j'ai vu Nuages flottants qui m'a plu énormément. Il fait appel à nos sentiments adultes ». Mais, le plus important est à venir : « Depuis que j'ai vu ce film, j'ai observé une pause dans mon travail de l'année en cours. Je me suis dit que je devais travailler plus. Je n'ai pas été assez bon. (...) », poursuivait Ozu[4].
- Jean Narboni, commentateur de l'œuvre de Mikio Naruse, indique : « Les phrases d'Ozu expriment beaucoup plus qu'une simple admiration (...), mais témoignent d'une sorte d'ébranlement ou de trouble proches de l'inquiétude, assez puissants pour le conduire » à remettre en question son propre travail. Il croit en percevoir, par ailleurs, les effets dans le film Crépuscule à Tokyo (Tōkyō boshoku, 1957), œuvre sombre et violente, complètement atypique dans la filmographie d'Ozu. « Crépuscule à Tokyo ne témoignerait-il pas, consciemment ou non, du choc provoqué chez Ozu par Nuages flottants, et plus profondément d'une influence sur lui du climat des films de Naruse ? », écrit Jean Narboni[5].
Récompenses et distinctions
- 1956 : Blue Ribbon Award du meilleur film[6]
- 1956 : Kinema Junpo Awards du meilleur acteur pour Masayuki Mori, de la meilleure actrice pour Hideko Takamine, du meilleur réalisateur et du meilleur film[7]
- 1956 : prix Mainichi de la meilleure actrice pour Hideko Takamine, du meilleur réalisateur, du meilleur film et du meilleur son pour Hisashi Shimonaga (ja)[8]
Notes et références
- Jean Narboni, Mikio Naruse, les temps incertains, Cahiers du cinéma, , 288 p. (ISBN 978-2-8664-2283-7), p. 135.
- (ja) Nuages flottants sur la Japanese Movie Database.
- « Nuages flottants », sur Centre national du cinéma et de l'image animée (consulté le ).
- Mikio Naruse, Publication du Festival de San Sebastian, 1998
- Jean Narboni, Mikio Naruse, les temps incertains, Cahiers du cinéma, , 288 p. (ISBN 978-2-8664-2283-7), p. 147.
- (ja) « 1955年 第6回 ブルーリボン賞 », sur allcinema.net (consulté le ).
- (en) Stuart Galbraith, Japanese Filmography : A Complete Reference to 209 Filmmakers and the Over 1250 Films Released in the United States, 1900 Through 1994, Mcfarland, , 509 p. (ISBN 978-0-7864-0032-4), p. 475.
- (ja) « 10e cérémonie des prix du film Mainichi - (1955年) », sur mainichi.jp (consulté le ).
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- (en) AllMovie
- (en) Internet Movie Database
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
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