Omar al-Mokhtar
Omar al-Mukhṫār Muḥammad bin Farḥāṫ al-Manifī ( - ), surnommé « Cheikh des Moudjahidins », ou plus connu dans le monde arabe sous le surnom du lion du désert, est un cheikh musulman libyen connu pour avoir organisé la résistance armée à la colonisation italienne de la Libye au début du XXe siècle.
Pour les articles homonymes, voir Mokhtar.
Naissance | |
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Décès |
(à 73 ans) Libye |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle |
عمر المختار |
Pseudonyme |
Cheik Al Moujahidin |
Nom posthume |
Cheikh As-Shuhada' |
Autres noms |
Lion du désert |
Nationalité | |
Activités |
Religion | |
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Ordre religieux | |
Conflit |
Origines
Il est l'une des plus célèbres figures des résistances arabes et musulmanes. Il est d'origine Arabe Adnanite (Arabes du Nord) de la tribu des Banu Hilal, plus précisément à la maison de Farahat, de la tribu arabe Bridan, qui est un ventre de la tribu Al-Manfah ou Al-Munif, qui appartient à Abdul Manaf bin Hilal bin Amer bin Sa`sa bin Mu`awiyah bin Bakr bin Hawazin, la première des tribus Hilalienne à entrer à Barqa. Sa mère est Aisha bint Muhareb[1].
Il perd son père Mokhtar Ben Omar à 16 ans, lorsque celui-ci fait route pour le pèlerinage musulman à La Mecque. Il reçoit une éducation au sein des mosquées de la confrérie Sanoussi. Pendant 8 ans, il suit des cours de sciences islamiques à l'institut supérieur. Ses qualités morales lui attirent l'admiration des cheikhs et la confiance de ses chefs. Il est nommé en 1897, par El-Sayed El-Mahdi, cheikh de la mosquée Al-Okour.
Il ne se marie qu'une seule fois et a un fils, nommé Mohammad Omar al-Mokhtar (1921-2018)[2].
Invasion de la Libye par l'Italie
Dans le cadre de la doctrine du colonialisme développée durant la seconde partie du XIXe siècle, l'Italie fraîchement unifiée décide de constituer son propre empire, jetant son dévolu sur la Libye alors administrée par l'Empire ottoman. La guerre italo-turque débute le et s'achève par l'accord de conciliation d'Ouchy-Lausanne en 1912 qui officialise le contrôle italien sur ce territoire ottoman[3].
Résistance d'Omar al-Mokhtar
Répondant aux directives de l'émir Mohammed Idriss el-Sanoussi, Omar al-Mokhtar se porte à la tête de la résistance à la colonisation italienne et adopte une stratégie de lutte contre les Italiens, fondée sur la formation d'un commandement militaire unifié, sur la collecte de taxes sur les animaux et les récoltes, alors que les tribus équipent les combattants en armes et en approvisionnements. Tous ces efforts font de la résistance un tissu socio-économique très solide.
Il engage une lutte de guérilla dans les forêts et vallées du Djebel al Akhdar (la montagne verte) surplombant la côte de Cyrénaïque dans l'est libyen. Cette stratégie lui permet de tendre de multiples embuscades à l'ennemi et de prendre de surprise l'armée italienne, mieux organisée, nombreuse et bien armée.
En 1922, quand le pouvoir devient fasciste, l'Italie dénonce tous ses accords avec Idriss El-Senoussi et reprend l'épreuve de force militaire. Idriss El-Senoussi doit se réfugier en Égypte cette même année et les tribus de la résistance exercent le commandement effectif sous la direction d'Omar al-Mokhtar.
Quand le mouvement de la résistance est en butte à des problèmes de ravitaillement en armes et en vivres, Omar al-Mokhtar demande l'aide d'Idriss El-Senoussi qui ne peut lui venir en aide en raison de ses propres difficultés financières.
Omar al-Mokhtar poursuit cependant sa lutte. La résistance s'engage dans de multiples combats et le cercle des activités des moudjahidins s'élargit dans le Djebel Akhdar, les tribus arabes se joignent aux rangs des combattants.
Les Italiens essaient de faire cesser son combat en lui proposant une somme mensuelle de 50 000 lires, en échange de la signature par Sayed Reda, représentant d'Idriss El-Senoussi dans le mouvement de la résistance, d'un traité de paix avec eux, mais Omar al-Mokhtar refuse par ces mots : « Notre foi profonde nous incite au djihad ».
Omar al-Mokhtar réussit à remporter plusieurs victoires contre l'armée italienne qui font sa renommée, dont les combats d'El-Kafra, El-Rahiba, Akila, El-Matmoura, Karassa.
Capture et exécution
Le , alors qu'il effectue une mission de reconnaissance à la tête de 40 cavaliers, Omar al-Mokhtar tombe dans une embuscade tendue par les Italiens. Il est arrêté et livré au commandement italien.
Graziani, le vice-maréchal du gouverneur général Baudina, de Tripoli et Cyrénaïque lui propose l'amnistie générale, à condition qu'il adresse un appel aux combattants (moudjahidins), les incitant à arrêter les combats. Mais Omar al-Mokhtar refuse l'offre, préférant la mort au déshonneur[4].
Le , il est jugé rapidement en une heure et quart, et condamné à mort. L'exécution a lieu le , 20 000 Libyens y assistent. Al-Mokhtar s'avance à pas sûrs, répétant la chahada (profession de foi musulmane), avant d'être pendu. Puis les Italiens transportent sa dépouille vers le cimetière d'El-Saberine à Benghazi et font garder sa tombe[5].
Commémoration
La Libye considère le jour de deuil et de commémoration du martyr Omar al-Mokhtar. Un musée dédié à sa mémoire a été érigé; y sont exposées, les armes utilisées par Omar al-Mokhtar et ses compagnons contre les Italiens. Sous le régime de Mouammar Kadhafi, le billet de 10 dinars libyens de 2004 est frappé à l'effigie d'Omar al-Mokhtar.
Il existe aussi un pont du nom de Omar al-Mokhtar dans le Wadi al-Kuf et son portrait y est suspendu. On peut enfin encore voir la grotte où il se réfugiait souvent. Son mausolée, autrefois Place des Martyrs à Benghazi, a été déplacé récemment à Solouk, petite ville à 70 km au sud de Benghazi, où il fut pendu.
Durant la première guerre civile libyenne, les forces rebelles se réapproprient l'image d'Omar al-Mokhtar qui est utilisée pour symboliser une Libye libre et unie. Le héros national est représenté sur divers drapeaux et affiches des insurgés libyens[6].
La version actuelle de l'hymne national libyen Libye, Libye, Libye l'évoque[7].
Postérité
Le personnage de Omar al-Mokhtar devient par l'intermédiaire du film américano-libyen, Le Lion du désert (Lion of the Desert), du réalisateur américain d'origine syrienne, Moustapha Akkad, le héros de l'un des épisodes les plus importants et symboliques de la résistance libyenne et, par extension, de la mythologie nationale libyenne. Le film le dépeint en une figure emblématique de la résistance anticolonialiste, et en un martyr de la cause nationale libyenne[8].
Omar al-Mokhtar est incarné dans le film par l'acteur mexico-américain Anthony Quinn.
Notes et références
- Omar El Mokhtar : formation de la mémoire et cas du groupe insurrectionnel du même nom. Marco Boggero dans Afrique contemporaine 2007/3-4 (n° 223-224), pages 433 à 460
- « Décès du fils unique d'Omar al-Mokhtar à l'âge de 97 ans », sur www.aa.com.tr (consulté le ).
- Quand les fascistes italiens voulaient faire main basse sur la Libye
- Dialogue entre Omar al-Mokhtar et le général Rodolfo Graziani
- Omar al-Mokhtar (عمر المختار), figure de la résistance anticolonialiste libyenne
- Omar al-Mokhtar, le Che Guevara des rebelles
- (ar) جعفر خليف, « رابطة أدباء الشام - شجون حول الأناشيد الوطنية », sur www.odabasham.net (consulté le ).
- « Le Lion du désert » (1981) : Quand Kadhafi faisait son cinéma
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Enzo Santarelli, Giorgio Rochat, Romain Rainero et Luigi Goglia, Omar al-Mukhtar : the Italian reconquest of Libya (trad. de l'italien) par John Gilbert), Darf, Londres, 1986, 208 p. (ISBN 1850770956)
- (fr) Omran Mohamed Burwais, Chronique d'une pendaison mémorable : Omar al-Mokhtar et la résistance libyenne à l'Italie coloniale (trad. par Michel Quitout et Ali Chouehdi), L'Harmattan, 2007, 225 p. (ISBN 9782296023307)
Liens externes
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