Opossum
Opossum est un nom vernaculaire donné en français à certains petits marsupiaux. Les opossums, ou sarigues, sont à l'origine des petits carnivores présents sur le continent américain et classés dans l'ordre des Didelphimorphia, principalement dans la famille des Didelphidés, et dont le plus connu est l'opossum de Virginie. Par extension, les francophones nomment parfois improprement opossum, ou à l'anglaise « possum », d'autres petits marsupiaux herbivores présents en Océanie et classés dans l'ordre des Diprotodontia, principalement des Phalangeriformes, à la suite d'erreurs d'identification ou de traductions erronées.
l'appellation « Opossum » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Taxons concernés
Dans les genres :
- Caluromys
- Caluromysiops
- Chironectes
- Didelphis
- Glironia
- Hyladelphys
- Lutreolina
- Marmosa
- Metachirus
- Monodelphis
- Philander
- etc.
Dans l'ordre des Diprotodontia
voir texte.Nomenclature
Étymologie
Le nom « opossum », attesté en 1610 sous la forme apossoun, est issu de l'aposon d'un dialecte algonquin de Virginie, sans doute via l'anglais[1].
Le terme « sarigue », utilisé pour la première fois sous la forme sarigoy par Jean de Léry en 1578, vient quant à lui du tupi sarigué, soit directement, soit transmis par le portugais sariguea ou sarigueia[1], et qui a donné en espagnol zarigüeya. Toutes ces formes désignent bien des marsupiaux américains et spécialement sudaméricains, mais il n'est pas certain qu'ils s'appliquent exactement aux mêmes espèces selon la langue.
En français
Désignés historiquement par les francophones du nom de sarigues, en principe seuls les marsupiaux carnivores d'Amérique de la famille des Didelphidés sont appelés des opossums, à moins d'être baptisés localement de noms vernaculaires comme pian ou manicou.
Cependant le terme « opossum » ou l'expression « opossum d'Australie[2] » sont aussi utilisés pour désigner, par analogie, certains marsupiaux d'Océanie.
En français l'usage du mot « possum » est inconnu des dictionnaires classiques[3]. C'est un anglicisme, une erreur de traduction du nom d'animaux appelés possum par les anglophones mais qui portent des noms différents en français : phalanger, couscous, cousou ou encore wyulda. Par exemple le Common Brushtail Possum des anglophones (Trichosurus vulpecula) est appelé généralement Phalanger-renard en français.
Le terme « possum » est cependant parfois adopté par certaines traductions de référence. Par exemple : Possum[4] (Petaurus breviceps), Possum rayé[5] (Dactylopsila trivirgata) ou encore Possum rayé des Iles Fergusson[5] (Dactylopsila tatei), etc.
En anglais
Vers 1770, les premiers colons arrivant en Australie emploient le mot désignant déjà les marsupiaux d'Amérique, opossum, pour baptiser les animaux d'aspect semblable qu'ils découvrent sur ce nouveau continent. Opossum est simplifié ensuite en « 'possum » dans le langage courant de ces nouveaux australiens. Les zoologistes vont découvrir trop tard que les opossums américains sont carnivores alors que leurs cousins australiens sont herbivores, donc très différents. En 1980, l'Australian Mammal Society décide d'utiliser officiellement en Australie l'abréviation locale pour faire la distinction entre « opossum », nom des espèces carnivores américaines, et « possum », nom des espèces herbivores australiennes. En 1981 la Nouvelle-Zélande adopte la même convention[6].
Toutefois, dans le langage courant, hormis les zoologistes, les anglophones utilisent le mot possum pour désigner familièrement l'opossum de Virginie ainsi que d'autres espèces de marsupiaux du continent américain appartenant pourtant à l'ordre des Didelphidae ou des Paucituberculata. Ils désignent également indistinctement par cette abréviation locale les marsupiaux du sous-ordre des Phalangeriformes d'Océanie[7].
Noms vernaculaires et noms scientifiques correspondants
Liste alphabétique des noms vernaculaires attestés[8] en français.
Note : certaines espèces ont plusieurs noms. En gras, les espèces les plus connues des francophones.
Les quelques noms d'opossums donnés à des espèces océaniennes par des ouvrages de référence sont marqués d'une *.
Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un synonyme valide.
- Opossum américain - voir Opossum gris[9]
- Opossum d'Amérique - Didelphidae spp. et notamment l'Opossum de Virginie[4]
- Opossum d'Amérique du Nord - voir Opossum de Virginie
- Opossum aquatique - Chironectes minimus[10],[11]
- Opossum australe - voir Opossum commun[5]
- Opossum d'Australie* - Phalanger spp.[2] et Trichosurus vulpecula[12]
- Opossum commun - Didelphis marsupialis[5],[2],[11]
- Opossum commun du Brésil - Didelphis aurita[5]
- Opossum à épaules noires - Caluromysiops irrupta[5],[11]
- Opossum gris - Monodelphis domestica[5]
- Opossum gris à queue courte - voir Opossum gris[13]
- Opossum à grosse queue - Lutreolina crassicaudata[2],[11]
- Opossum de Kalinowski - Hyladelphys kalinowskii
- Opossum laineux - Caluromyinae spp.[11] et en particulier Caluromys lanatus[2]
- Opossum laineux d'Amérique centrale - voir Opossum laineux de Derby[11]
- Opossum laineux de Derby - Caluromys derbianus[5],[11]
- Opossum laineux équatorien - Caluromys lanatus[11]
- Opossum laineux jaune - Caluromys philander[2]
- Opossum laineux à queue nue - voir Opossum laineux jaune[11]
- Opossum mexicain - Marmosa mexicana[5]
- Opossum murin - Marmosa murina[2]
- Opossum-musaraigne - Monodelphis sp.[11]
- Opossum-musaraigne commun - voir Opossum gris[2]
- Opossum nain des montagnes* - Burramys parvus[5]
- Opossum à oreilles blanches - voir Didelphis albiventris[11]
- Opossum à oreilles noires - voir Opossum commun[11]
- Opossum de Patagonie - Lestodelphys halli[11]
- Opossum pygmée* - Burramyidae spp. et surtout Cercartetus spp.[5]
- Opossum aux quatre yeux - Philander spp. et notamment Philander opossum[5]
- Opossum quatre-yeux brun - voir Opossum à queue de rat[11]
- Opossum quatre-yeux gris - Philander opossum[11]
- Opossum quatre-yeux de Macilhenny - Philander mcilhenny[11]
- Opossum quatre-yeux noir - voir Opossum quatre-yeux de Macilhenny[11]
- Opossum à queue courte - Monodelphis sp.[11]
- Opossum à queue en brosse* - Trichosurus vulpecula[2]
- Opossum à queue de rat - Metachirus nudicaudatus[5],[2]
- Opossum à queue touffue - Glironia venusta[2] et Caluromysiops irrupta[11]
- Opossum-soricidé commun - voir Opossum gris[2]
- Opossum-souris cendré - Marmosa canescens[11]
- Opossum sud-américain - voir Opossum gris
- Opossum de Virginie - Didelphis virginiana[5],[2]
- Souris-opossum
- etc.
Caractéristiques
Espèces carnivores d'Amérique
Ces opossums « vrais » sont originaires du continent américain. Ils ne peuvent pas se pendre aux branches par leur queue et sont carnivores. Ce sont des animaux au museau pointu qui font le mort et dégagent une odeur repoussante s'ils sont mis en danger.
De nombreuses espèces d’opossums d'Amérique du Sud n’ont pas de poche marsupiale et les larves accrochées sous le ventre de la femelle sont parfaitement visibles[14].
L'Opossum gris (Monodelphis domestica), élevé en captivité, sert d'organisme modèle et éventuellement d'animal de compagnie.
Espèces herbivores d'Océanie
Ces possums selon les zoologues anglophones, c'est-à-dire les couscous, cousous, opossums ou phalangers en français, sont originaires d'Australie, de Nouvelle-Guinée et du Sulawesi. Ce sont de petits marsupiaux arboricoles à fourrure grise ou brune dont la taille varie de 10 à 40 cm suivant les espèces. Ils peuvent se suspendre aux branches, la tête en bas, à l'aide de leur queue fortement préhensile. Leur odeur fétide est due à des glandes à musc situées derrière les oreilles. Ce sont des animaux nocturnes omnivores, cachés dans une cavité d'arbre dans la journée et sortant la nuit pour chercher leur nourriture. Ils jouent le même rôle dans l'écosystème océanien que les écureuils dans l'hémisphère Nord, auxquels ils ressemblent beaucoup. Certaines espèces comme le phalanger renard (Trichosurus vulpecula) sont considérées comme invasives en Nouvelle-Zélande.
Fourrure
Un opossum peut aussi signifier une fourrure en pelage d'opossum.
- Fourrure d'Opossum de Virginie
- Découpes pour assembler des fourrures d'opossums.
- Manteau en « opossum » d'Australie
Alors que les espèces arboricoles, les « possums », sont protégés en Australie, l'opossum kiwi ou phalanger renard, introduit par l'homme, est devenu une espèce invasive en Nouvelle-Zélande. Sans prédateurs naturels sur cette ile, ces animaux causent des dégâts importants à la faune et à la flore locale, et transmettent des maladies comme la tuberculose bovine. La population néo-zélandaise, soutenue par les autorités aussi bien que par les associations écologistes, fait tout pour les exterminer et, dans ce contexte, la commercialisation de sa fourrure est encouragée avec des slogans tels que « Achetez du possum et sauvez une forêt[15] ! »
Possums et opossums dans la culture
Le mot possum est souvent repris dans la culture nord-américaine ou australienne.
Par exemple le chanteur de musique country George Jones est appelé aussi The Possum, Awesome Possum Kicks Dr. Machino's Butt! est un titre de jeu vidéo et Fat Possum Records est un label indépendant d'Oxford dans le Mississippi.
En raison du mauvais caractère que l'on prête volontiers aux opossums, l'artiste nord-américain Lou Reed a écrit et interprété une chanson intitulée Like a Possum dans son album Ecstasy en 2000.
En Europe, le réseau Possum était un réseau clandestin franco-belge de résistance au nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale.
Louis Aragon cite l'opossum dans deux de ses poèmes : « Les Fourreurs », du Roman inachevé (1957), mis en chanson par Léo Ferré :
Que la loutre marine
Oh qui dira l'ennui qui prend le commerçant
Derrière ses vitrines »
et plus curieusement dans « Programme », dans le recueil Feu de joie (1920) :
Ma bande réunit les plus grands noms de France »
Le terme « possum » apparaît également dans le titre de l'œuvre du poète T.S. Elliot The Old Possum's Book of Practical Cats.
L'opossum Pogo est le personnage principal d'un comic strip américain à succès.
Dans Fantastic Mr. Fox, l'opposum Kylie Sven est un complice du personnage principal.
Eddie et Crash sont deux frères opossums dans la saga L'Âge de glace, qui apparaissent à partir du deuxième opus L'Âge de glace 2[16].
Notes et références
- Entrée sarigue, Trésor de la langue française informatisé, lire en ligne, consulté le 18 novembre 2021
- C. Meyer, Dictionnaire des Sciences Animales, ed. sc., 2009. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
- Centre National de Ressources textuelles et Lexicales (CNRTL) : possum
- Nom vernaculaire français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen.at
- (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0444518770), 9780444518774. 857 pages. Rechercher dans le document numérisé
- Les possums sur Toothbrush Nomads
- (en) Are possums and opossums the same animal?
- Attention aux appellations et traductions fantaisistes circulant sur l'Internet
- Le premier génome de marsupial séquencé, dans Bestoz, n°41 de juin 2007, p7. Bulletin électronique édité par l'Ambassade de France en Australie. « Lire le document pdf »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- « Opossum aquatique - Sarigue d’eau »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) sur le site de l'ONCFS Outre-mer, consulté en mai 2010.
- Opossum sur l'Encyclopédie contributive Larousse en ligne, consultée en novembre 2010.
- Phalanger vulpin dans le Dictionnaire Dandenault de la langue française.
- Ha-Loan Phan, L’opossum brésilien gris à queue courte Monodelphis domestica, Modèle de recherche sur le développement des systèmes locomoteurs chez les mammifères. Publié dans Dire, automne 2009. Lire le document pdf pp 48 à 54.
- Une journée type par le biologiste Directeur Recherche CNRS François Catzeflis. Sur futura-sciences.com
- La vie de l'opossum ne tient qu'à un poil. Publié le 28 février 2009 dans Les nouvelles calédoniennes, consultées le 20 mai 2010.
- 20th Century Fox, « Crash & Eddie, "L'Age de glace" », sur Ice Age Movies (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
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