Réorganisation des corps d'infanterie français (1814)

L'ordonnance du est une ordonnance royale qui réorganise les corps de l'armée française[alpha 1] après l'exil de Napoléon Ier à l'île d'Elbe. Elle est signée du roi Louis XVIII et du baron de Vitrolles, secrétaire d'État provisoire.

Pour les articles homonymes, voir Réorganisation des corps d'infanterie français et Amalgame.

Ordonnance du 12 mai 1814
Réorganisation des corps d'infanterie français en 1814

Drapeau du 29e régiment d'infanterie en 1814.

Création 1814
Dissolution 1815
Pays  Royaume de France
Branche Infanterie
Type Loi française (d)
Batailles Aucune

À son retour de l'île d'Elbe, le , Napoléon Ier prend, le , un décret qui rend aux anciens régiments d'infanterie de ligne les numéros qu'ils avaient perdus.

Historique

Après un premier amalgame consistant en une réorganisation des deux armées françaises composées des régiments d'Ancien Régime et bataillons de volontaires nationaux en 1793 puis un second amalgame, en 1796, afin de mettre de l'ordre dans la confusion des corps d'infanterie, le Premier consul prescrivit, par décret du 1er vendémiaire an XII (), la réorganisation des corps d'infanterie (1803) afin de permettre une professionnalisation de l'armée.

Avec cette organisation l'armée française compta jusqu'à 156 régiments de ligne et 37 d'infanterie légère.

En 1814, après la campagne de France et la bataille de Paris, les troupes alliées entrent dans Paris et obligent, par le traité de Fontainebleau, Napoléon Ier à abdiquer, le , sans conditions.

Louis XVIII débarqué à Calais le , fut reconnu le comme roi de France et arrive à Paris le . Il décide rapidement de réorganiser l'armée.

Il confirme le général Dupont dans ses fonctions de ministre de la Guerre.

Une ordonnance royale du institua un conseil de la guerre chargé de réorganiser l'armée. Il fut composé des maréchaux Ney, Augereau et Macdonald, du ministre Dupont, des généraux Compans et Curial pour l'infanterie, Latour-Maubourg et Préval pour la cavalerie, Sorbier et Évain pour l'artillerie, Léry pour le génie, Kellermann pour la garde, du commissaire ordonnateur Marchand et de l'inspecteur aux revues Félix.

L'ordonnance du réorganisa l'infanterie portant à quatre-vingt-dix le nombre des régiments d'infanterie de ligne et à quinze celui des régiments d'infanterie légère.

Cette réorganisation porte, dans un premier temps, principalement sur la numérotation des régiments en raison de la vacance de certaines unités et de la réduction des effectifs.

Les trente premiers régiments de ligne conservèrent leur numéro, les autres changèrent de numéro. C'est ainsi que les régiments sont numérotés, sans discontinuité, de 1 à 90 pour l'infanterie de ligne et de 1 à 15 pour l'infanterie légère.

Dans un second temps, les neuf premiers régiments prennent une dénomination de type Ancien Régime, en prélude à une dénomination généralisée.

Cette réorganisation permettait au roi, outre, de « déterminer la force et l'organisation de l'infanterie de l'armée française pour le pied de paix », l'abandon du drapeau tricolore avec lequel l'armée s'est battue pendant plus de vingt ans[2] au profit du drapeau blanc du royaume de France et de rompre avec les fastes militaires de l'Empire.

L’article 8 indique en effet : « II y aura par régiment un drapeau, dont le fond sera blanc, portant l’écusson de France et la désignation du régiment. Le modèle nous en sera présenté par le ministre de la Guerre, et les drapeaux, seront donnés aux régiments à l'époque que nous fixerons. Outre le drapeau de chaque régiment, chaque bataillon aura un fanion, dont la couleur et les dimensions seront déterminées d'une manière uniforme pour tous les régiments, par un règlement du ministre de la Guerre. »

Une ordonnance du nomma le prince de Condé colonel général de l'infanterie de ligne, le duc de Bourbon colonel général de l'infanterie légère, et le comte d'Artois colonel général des Suisses et de la Garde nationale.

À son retour de l'ile d'Elbe, le , Napoléon Ier, réorganisa les différents corps de l'armée. Un décret du rendit aux anciens régiments d'infanterie de ligne les numéros qu'ils avaient perdus sous la Première Restauration.

En réponse à ce décret et au ralliement de l'armée à l'Empereur, Louis XVIII prend, le suivant, une ordonnance concernant le licenciement de l'armée[3]. Les ordonnances royales de Gand et de Cambrai, des 17 et , prises par Louis XVIII qui créaient deux nouveaux corps d'infanterie légère sous les dénominations de régiment de la Couronne et de régiment du Nord ne furent pas achevées.

Conséquences

En revenant sur le trône en 1814, Louis XVIII multiplie les décisions maladroites et s'aliène une partie de la population. Pendant que les autorités font construire une chapelle expiatoire en la mémoire de Louis XVI et Marie-Antoinette, la Grande Armée ne reçoit pas l'ombre d'un hommage, bien au contraire, car Louis XVIII considère qu'il est inutile d'encenser une armée vaincue.

Avec cette ordonnance, Louis XVIII continue de dénigrer l'action de l'armée en réduisant les effectifs de l'armée et en restituant le drapeau blanc du royaume de France, aux dépens du drapeau tricolore, révolutionnaire, avec lequel l'armée a combattu depuis 1792[2].

Ainsi, des soldats français sont morts pour leur pays en héros mais sont complètement oubliés par le nouveau régime ce qui frustre beaucoup. De plus, c'est parce qu'ils ont perdu en défendant la nation qu'ils sont relégués au ban de la société.

À la suite de cette ordonnance, une bonne partie des soldats napoléoniens sont mis à la retraite ou en disponibilité forcée et sont contraints de vivre à demi-solde, ce qui les exaspère.

Le concept de nationalisme échappe alors complètement au roi et à ses conseillers, ce qui fait le jeu de Napoléon Ier, qui se réclame de ce nationalisme. Cette ordonnance met l'armée française à dos du nouveau régime et le prive du soutien nécessaire au combat contre Napoléon lors de son « vol de l'aigle », condamnant la monarchie à l'exil et instaurant le régime des Cent-Jours.

En effet nombre de soldats se rallient à l'Empereur pour cette raison, considérant qu'ils servent un ingrat en la personne du roi[4].

L'ordonnance du 12 mai 1814

Amalgames des unités et répartition

Les 30 premiers régiments de ligne conservèrent leur numéro, les autres changèrent de numéro en raison de la vacance de certaines unités et l'ensemble des régiments de ligne à partir du 112e régiment d'infanterie de ligne (jusqu'au 156e régiment d'infanterie de ligne) ainsi que des régiments légers à partir du 16e régiment d'infanterie légère (jusqu'au 37e régiment d'infanterie légère) furent licenciés et leur personnel fut versé dans les corps conservés conformément à la répartition faite par le ministre de la Guerre.
Ainsi, les débris du 145e régiment d'infanterie de ligne sont incorporés dans le 16e régiment d'infanterie de ligne le .

Régiments de ligne

II y aura quatre-vingt-dix régiments d'infanterie de ligne formés à trois bataillons de six compagnies, dont deux d'élite.

Les trente premiers régiments de ligne conservent leurs numéros[6].

Les nouveaux régiments furent formés de la manière suivante :

Régiments d'infanterie légère

Il y aura quinze régiments d'infanterie légère formés à trois bataillons de six compagnies, dont deux d'élite.

Les quinze premiers régiments conserveront leurs numéros, les autres sont dissous.

Régiment d'infanterie légère dissous

Notes et références

Notes

  1. Cette ordonnance concerne les organisations de l'infanterie, de la cavalerie, de l'artillerie, du génie et de la Vieille Garde[1].

Références

  1. Duvergier, p. 32-34 pour l'infanterie. Toutefois cette ordonnance concerne également l’organisation de la cavalerie (p. 34-38), l'organisation de l'artillerie (p. 38-45), l'organisation du génie (p. 45-50) et celle de la Vieille Garde (p. 50).
  2. Ordonnance sur l'organisation de l'infanterie.
  3. Duvergier, p. 371-372.
  4. Mollier, Reid et Yon 2005, p. 60-62.
  5. Ordonnances du roi concernant l'organisation de l'armée et le rétablissement des gardes du corps[source insuffisante].
  6. Ordonnance royale du 12 mai 1814.
  7. Fresnel, p. à préciser.
  8. Il devait recevoir initialement les 1er et 2e bataillons du 32e régiment d'infanterie légère, les 1er et 4e bataillons du 36e régiment d'infanterie légère et le 1er bataillons de chasseurs de montagne

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Jean-Yves Mollier (dir.), Martine Reid (dir.) et Jean-Claude Yon (dir.), Repenser la Restauration, Nouveau Monde, , 375 p. (ISBN 2-84736-106-5 et 978-2847361063, présentation en ligne). 
  • Henri Victor Dollin du Fresnel, Un régiment à travers l'histoire, le 76e, ex-1er léger (lire en ligne).
  • Adrien Pascal, Histoire de l'armée et de tous les régiments, t. IV.
  • François Joseph Michel Noel et M. Carpentier, Nouveau dictionnaire des origines, inventions et découvertes, t. IV.
  • Jean-Baptiste Duvergier, Lois, décrets, ordonnances, règlements, avis du conseil-d'État, t. XIX.

Liens externes

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